19 septembre 1691 : Victoire de Leuze (guerre de la Ligue d’Augsbourg)
Lors de la Campagne des Flandres démarrée en mars 1691 qui voit la prise de Mons, François-Henri de Montmorency-Bouteville Maréchal de Luxembourg et le Prince Guillaume III d’Orange rivalisent d’esquives sans s’affronter. Finalement le Prince d’Orange repart en Angleterre sans avoir affronté le Tapissier de Notre-Dame.
Le commandement de l’Armée coalisée revient alors au
Prince Frédéric-Georges de Waldeck qui est déjà à la tête des Impériaux et des Hollandais. Lui et Luxembourg se sont déjà affrontés à Fleurus, la victoire étant revenue au Maréchal de Louis XIV.
Alors qu’il s’apprêtait à quitter les Provinces-Unies après le départ de Guillaume III d’Orange pour l’Angleterre, le Prince Waldeck positionne son armée entre Ath et Bruxelles. Le Maréchal de Luxembourg s’ancre le long de l’Escaut entre Pont-de-Laye (nord – gauche) et Hérinnes (sud – doite). La protection des convois de ravitaillement du Maréchal de Luxembourg sont assurés par Mr. de Villars, avec quatre Bataillons d’Infanterie, (2 du Régiment du Roussillon, 1 du Régiment de Dauphiné et 1 du Régiment de Saint-Laurent).
Grâce à Villars et aux agents dont il dispose dans la région, le Maréchal de Luxembourg apprend que Waldeck vient camper à Leuze, près de Tournai. 400 Cavaliers (200 Gardes du Corps et 200 Dragons) commandés par Mr. de Marcilly, un lieutenant de Villars, sondent les lignes adverses et repèrent les mouvements de troupes ennemies vers le nord-est. Luxembourg comprend que Waldeck tente se redéployer au nord-est, vers Cambron.
Le Maréchal français décide de se porter contre Waldeck avec la Cavalerie de la Maison du Roi, élite de l’Armée Royale. Celle-ci compte les Gardes du Corps, les Gendarmes du Roi, les Chevau-Légers, les Compagnies des Mousquetaires (Gris et Noirs) et la nouvelle Compagnie des Grenadiers à Cheval. Ce dernier se distingue des autres unités de Cavalerie par le port de la moustache et l’origine plus modeste de ses officiers et soldats. Luxembourg peut compter aussi sur le renfort de la Gendarmerie de France, des Dragons de Tessé (Mestre de Camp des Dragons), ainsi que des Régiments de Mérinville et de Quadt.
Rejoignant Marcilly, Luxembourg voit les 12 escadrons et 5 Bataillons d’Infanterie d’arrière-garde de Waldeck, postés entre Leuze et Catoire. Le Maréchal français déploie la Maison du Roi au centre, couverte à l’aile gauche (nord – Mr. d’Auger) par le Régiment de Mérinville ; les Dragons de Tessé assurant la droite (sud – Mr. de Choiseul). Avec les renforts venant se coller à l’arrière de son centre, Luxembourg dispose d’un centre fort de 25 à 28 escadrons, soit une masse d’environ 2 500 cavaliers.
Le 19 septembre donc, le Maréchal de Luxembourg ordonne à Marcilly de charger les Bataillons d’Infanterie impériaux. Selon le Marquis de Quincy, auteur de L’Histoire militaire de Louis le Grand, Roy de France, la Maison du Roi donnent « la charge la plus belle et la plus vigoureuse qu’on eut vu ». Un tir de mousqueterie des fantassins impériaux trouent les rangs français, Monsieur de Marcilly a lui-même la jambe cassée. Les escadrons français chargent toujours « à la forte épée » et culbutent le centre des Impériaux sur cinq lignes d’affilée. Les cavaliers français s’illustrent en plusieurs exploits. La Compagnie des Grenadiers à Cheval perd son chef, le Capitaine de Riotort mais s’empare de quatre étendards ennemis. L’un des escadrons de la Gendarmerie Royale aux ordres de Monsieur de Tresnel défait deux escadrons impériaux. Enfin, le Duc du Maine, fils naturel de Louis XIV, se comporte bravement durant la bataille.
Le Prince de Waldeck renforce alors ses éléments, obligeant le Maréchal de Luxembourg à arrêter la charge de la Maison du Roi, à la renforcer par la Gendarmerie de France et le Régiment de Quadt. Le Maréchal français vient lui-même inspecter ses rangs et donner ses ordres au vu de l’ennemi. Deux cavaliers de la Compagnie d’Osmond (Garde du Prince d’Orange) tentent alors de charger pour le prendre mais sont tués juste en arrivant sur à lui.
La Gendarmerie lance une autre charge qui cause d’importantes pertes dans les rangs ennemis, mais Waldeck se ressaisit et renforce son dispositif. Luxembourg retire alors ses forces derrière les ruisseaux de Leuze et de Catoire afin de reposer ses forces. Plus de 600 cavaliers français sont tombés ce 19 septembre 1691. Luxembourg a perdu cinq de ses officiers généraux dont Messieurs d’Auger et de Toiras.
En revanche, Waldeck a laissé 1 500 tués sur le champ de bataille et 400 prisonniers aux Français. En outre, les Princes d’Anhalt-Nassau et de Tilly, les Comtes de Lippe Père et Fils et le Baron de Skelin sont tombés au combat.
Source :
– DESCHARD Bernard : « Le combat de Leuze », in Persée Revue Scientifique, N°151 Histoire, économie et société, http://www.persee.fr