– Le retour de Napoléon en France est une surprise pour les coalisés et les Bourbon, pendant que diplomates et souverains négocient les Traités de Vienne.
A vrai dire l’Empereur déchu avait préparé son retour durant son exil à l’Île d’Elbe. Au début 1815, il a le déplaisir d’apprendre que plus les Coalisés ont décidé de ne plus verser la pension qui lui était allouée après son abdication de Fontainebleau. D’autre part, les Anglais qui l’estiment toujours menaçant, prévoient de l’envoyer aux Açores. Aprenant cela par ses informateurs, Napoléon décide de revenir en France. Dans une très grande discrétion, il rassemble plusieurs navires à Portoferraio avec quelques troupes, dont des grognards de la « Vieille garde », des lanciers Polonais, ainsi que plusieurs fidèles comme les Généraux Pierre Cambronne et Antoine Drouot. On décide de naviguer de nuit, afin d’éviter la Royal Navy qui croise en Méditerranée. Napoléon et ses officiers de marine décident de ne pas débarquer dans un port du sud de la France mais dans la baie de Golfe Juan, non loin de Cannes et protégée par les Îles de Lérins.Durant le Directoire, Napoléon a connu la vie de garnison à Antibes, vieille ville fortifiée située à quelques kilomètres du lieu d’acostage. Il connaît donc bien la côte.
– Le 1er mars à 11h00, les navires apparaissent dans la Baie de Golfe Juan, juste au large de la petite commune de Vallauris. Ce que l’on appelera plus tard la Côte d’Azur ne ressemble pas du tout au littoral urbanisé que nous connaissons. La baie de Golfe Juan est peu peuplée, avec des marécages dans les terres. En ce premier jour de mars, il fait un temps radieux. Quelques pêcheurs relèvent leurs filets. A 15h00, l’Empereur et ses fidèles débarquent en chaloupe sur le sable de Golfe Juan. C’est le début de la reconquête mais « l’Aigle » a ordonné à Cambronne de pas tirer un coup de feu car il souhaite « reconquérir son trône sans verser une goutte de sang ».
– Bien accueilli par la population locale, Napoléon fait halte durant plusieurs heures dans un mas, propriété d’un conseiller municipal local. Il avait envoyé des émissaires pour rallier la garnison d’Antibes mais ceux-ci ont été arrêtés. Parallèlement, le Général Cambronne parvient sans encombre à Cannes. Napoléon l’y rejoint sur le coup de neuf heures du soir et y fait dresser le bivouac. Avec ses généraux, il convient de remonter vers Paris en traversant les montagnes du Département du Var (qui englobait une partie des Alpes-Maritimes actuelles) via Mougins et Grasse, avant d’atteindre les Alpes de Provence et le Dauphiné. Mais ont doit abandonner les quelques canons et chariots que Cambronne a pu rassembler, tout simplement parce que le seul moyen de rallier Digne est de passer par des chemins de muletiers de montagne. Et tant pis si ses soldats sont mal chaussés, ils le suivront.
– Le 2 mars, Napoléon et ses soldats se mettent en route. Ils traversent d’abord Le Cannet, Mougins, Mouhans-Sartoux et atteignent Grasse, où l’on réussit à rallier le Général Gazan de la Peyrière (qui hésite d’abord). En revanche le maire royaliste, le Marquis de Lombard, refuse toute entrevue avec « l’usurpateur ». Aucune troupe royale n’est là pour s’opposer. Napoléon fait alors disposer des troupes sur le Plateau de Roquevignon en amont de Grasse, ce qui lui permet d’avoir une bonne vue d’ensemble sur les environs. Ses troupes font ensuite marche sur Saint-Vallier-de-Thiery où le maire favorable aux Bourbon préfère prendre la fuite. Après, une pause la marche reprend de plus belle. On traverse Escargnolles et le Col de Valferrières et à 20h00, Séranon est atteint. En une journée, les grognards de l’Empereur, malgré leurs mauvaises chaussures et leur lourd barda, on marché soixante-trois kilomètres. En attendant la suite de la progresion, l’Empereur s’installe à la Bastide du Brondet.
Source :
– Chronique des Cent Jours dans La Croix (sur la base du Souvenir Napoléonien)