20 août 1648 : Guerre de Trente Ans, victoire du Grand Condé à Lens

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Victoire française de Louis de Bourbon-Condé Duc d’Enghien sur les Impériaux et Espagnols de l’Archiduc Leopold-Guillaume et Jean de Beck.

Lens a d’abord été prise en 1647 par le Maréchal Jean de Gassion, l’autre grand artisan de la victoire de Rocroi, qui y fut gravement blessé avant d’expirer à Arras. Ensuite, Mazarin qui assure la Régence ordonne au Marquis de Villequier, puis à l’Ingénieur Langre de détruire les fortifications de la cité.
Seulement, à l’été 1648, Jean de Beck revient vers Lens à la tête d’une armée. Informé, Mazarin réagit et octroie le commandement de l’Armée des Flandres au Prince de Condé.

Les Français sont en infériorité numérique (16 000) mais ont pour eux une bonne cohésion, un bon commandement et une très bonne cavalerie. En face, Beck s’appuie sur ses 20 000 Espagnols, Wallons et Allemands formés en Tercios, même si ceux-ci ont amorcé leur déclin à Rocroi cinq ans auparavant.

Le Prince de Condé et Duc d’Enghien rassemble ses troupes près d’Abbeville où il a pris ses quartiers d’hiver pour déboucher dans les Flandres et assiéger Ypres, tout en laissant tomber Tournai. Puis, le 18 août, il arrive devant Lens déjà prise par le Prince Léopold. Le jeune vainqueur de Rocroi prend le commandement de l’aile droite, laissant l’aile gauche au Maréchal Antoine III de Gramont, pendant que l’artillerie reste placée sous le commandement du Comte de Cossé.

Aux dires du Marquis de Quincy dans L’Histoire militaire de Louis le Grand, Roy de France, Condé donne les instructions suivantes à ses soldats : « la première ; regarder leur droite et leur gauche en marchant afin que l’infanterie et la cavalerie fussent sur la même ligne et puissent bien observer les distances et les intervalles ; la seconde de n’aller à la charge qu’au pas et la troisième de laisser les ennemis tirer les premiers. »
Toujours selon Quincy, l’idée est excellente mais Condé commet une erreur d’appréciation sur la disposition de Beck. En effet, celui-ci a disposé son aile droite dans les taillis et les chemins creux pendant que son aile gauche occupe le plateau au-dessus de Lens. Prudemment, le Prince de Condé n’engage pas le combat et se contente d’échanger des tirs d’artillerie avec Beck.

Le 20 août, le jeune Prince français harangue ses troupes en ces termes : « Amis, vous souvenez-vous de Rocroi, de Fribourg, de Nordlingen ? Il nous faut vaincre ou mourir. Vous marcherez sur une seule ligne. Vous conserverez quoi qu’il en coûte votre ordre de bataille. Vous essuierez sans tirer le premier feu de l’ennemi. Ensuite seulement vous pourrez tirer. » Puis, il lance ses forces dans la bataille au cri de « Vive le Roi ! »

S’ensuit alors une furieuse bataille qui dure toute la journée. La grande réussite du Prince de Condé est d’avoir bien utilisé ses Cavaliers pour mettre à mal celle de Jean de Beck afin de priver les Tercios de toute protection comme à Rocroi.

Mais laissons donc Quincy conclure : «  Jamais on ne vit une victoire plus complète. Le général Beck y fut blessé à mort et fait prisonnier (par le Marquis de Coligny-Saligny – NDLR). Le prince de Ligne, général de la cavalerie espagnole, eut la même destinée, aussi bien que presque tous les principaux officiers allemands et tous les officiers, tant espagnols qu’italiens. Ils laissèrent sur le champ de bataille, trente-huit pièces de canon et huit mille hommes. On leur prit un grand nombre de canons et d’étendards et tout leur bagage. Le nombre de prisonniers s’élevait à cinq mille ». Parmi les cinq mille se trouvaient dit La Gazette n°137, datée de 1648 « près de 300 Espagnols naturels, 700 à 800 officiers, sans compter 600 blessés sont demeurés à Arras pour s’y faire panser et quelques-uns ont même fini dans notre  armée. »Et le 26 août, Anne d’Autriche et Louis XIV font chanter un Te Deum à Notre-Dame de Paris en l’honneur de cette victoire.Source :
– JANICKI J : La puissance espagnole est anéantie en 1648 à la Bataille de Lens, in L’Avenir de l’Artois, édition internet, 2009