Alors que la Bataille de Normandie achève sa dernière phase (Poche de Falaise), la Résistance parisienne décide de déclencher son insurrection contre la garnison allemande du Gross-Paris que commande le général Dietrich von Choltitz.
En voici un résumé chronologique.
– Courant juillet et au début du mois d’août, la Résistance parisienne monte uneinsurrection armée en profitant de l’affaiblissement progressif des forces allemandes en Normandie. Seulement, des divisions apparaissent surtout quant à la date.
– Le Colonel Rol-Tanguy, (ancien ouvrier communiste et combattant des Brigades Internationales – photo ci-dessous) qui commande aux FFI de la Région Île-de-France pilote l’organisation depuis son PC de Denfert-Rochereau, pressé par sa base souhaite déclencher le soulèvement au plus vite. A l’opposé, Jacques Chaban-Delmas, Délégué Militaire de la France Libre et Alexandre Parodi Représentant du Gouvernement Provisoire de la République Française (GRPF installé à Alger) veulent que l’insurrection aient lieu si les armées alliées arrivent aux portes de Paris.
– Après de vifs débats entre Communistes et Gaullistes que nous ne détaillerons pas ici, le soulèvement est prévu pour la mi-août. Même si grâce au Noyautage de l’Administration Publique (N.A.P), bien organisé par Rol-Tanguy au sein des services des Postes, de Police, des Transports et des PTT, les insurgés manquent d’armes. Toutefois, elle ne manquera pas d’hommes car beaucoup d’hommes et de femmes qui ne s’étaient pas engagés dans la Résistance trouvent-là un moyen d’agir et de combattre.
– PARIS INSURGÉE
– Le jeudi 17 août, la Radio Nationale (qui était jusque-là sous le contrôle du Gouvernement de Vichy puis des autorités d’occupation) suspend ses émissions. Le vendredi 18 août , les imprimeurs sont en grève, plus aucun journal ne paraît. L’information qui avait été noyautée par le PCF n’est plus diffusée. D’autre part, ce sont les PTT (autre ancien foyer électoral du PCF) qui cessent le travail le même jour. Toutefois, le téléphone continuera de fonctionner normalement dans certaines parties de la capitale.
– Le samedi 19 août au matin, plusieurs mairies et quelques ministères passent aux mains des insurgés FFI-FTP. Enfin, la Préfecture de Police est occupée par des FFI menés par Rol-Tanguy. Cela ayant été permis par le « noyautage » des services de police par les FFI. Une poignée d’hommes investi même Notre-Dame pour y faire sonner le tocsin, ce qui est tout un symbole.
– Simultanément, environ 3 000 policiers (en uniforme et en civil) devançant les ordres du Comité Parisien de Libération pénètrent dans la Préfecture de Police, Ile de la Cité. Le Préfet Bussière, fidèle au Gouvernement de Vichy et quelques-uns de ses Directeurs sont arrêtés. Boucher, responsable du N.A.P prend possession de la caserne au nom du général de Gaulle et fait hisser les couleurs. Le colonel Rol-Tanguy, chef régional des F.F.I, venant à passer par là, reprend les choses en mains après une courte discussion et donne ses ordres. La police fait partie intégrante des F.F.I et tiendra le bâtiment. Les premières barricades se dressent, essentiellement dans les arrondissements de la rive droite (IIIe, IVe, IXe, XIe, XIXe…) et dans les Ve et VIe pour la rive gauche.
– Dès le déclenchement de l’insurrection, les FFI vont recevoir l’aide de toute une foule de Parisiens, hommes, femmes, voire même enfants. Habillés comme pour une kermesse et armés de bric et de broc, ces Parisiens dressent des barricades à l’aide d’arbres, de meubles, de véhicules, de poubelles… Bref, à l’aide de tout et de n’importe quoi ! Enfin, de jeunes parisiens sensibles à l’appel de la poudre mais qui n’avaient pu rejoindre la résistance clandestine, trouvent là de quoi chercher à s’illustrer.
– A côté, les Gardes Mobiles de la Préfecture de Police et la Garde Républicaine qui sont restés jusque-là toujours fidèles au Gouvernement légal, décident de répondre à l’appel que leur a lancé la Résistance. Ses unités en uniforme noir, vont alors coopérer avec des insurgés en civil. En somme, à côté d’une planification décidée et organisée pendant l’été avec de fortes dissensions entre Gaullistes et Communistes, on trouve des comportements quasi-spontanés.
– Immédiatement des mesures sont prises afin de protéger la Caserne de la Cité et ses policiers insurgés d’une éventuelle contre-attaque allemande. Des postes de combat sont installés à toutes les issues, des hommes patrouillent sur les toits. Une deuxième ligne de défense, plus éloignée, occupe la place Saint Michel, la Place du Châtelet, le Quai Montebello, les Jardins de Notre-Dame, le Quai de Gesvres. Il s’agit d’interdire aux troupes allemandes de s’approcher de l’édifice par les ponts Saint Michel, Pont au Change, Notre Dame, Arcole, Saint-Louis, Pont au Double et Petit Pont.
– TRÊVE
– Le 20 août, les combats font rage sur l’Île de la Cité. Depuis son PC de l’Hôtel Meurice, Von Choltitz envoie tout ce qu’il a. Notons que les troupes allemandes stationnées dans Paris sont bien mieux armées que les Résistants, sauf que la multiplication des barricades et des points d’accrochage de facilite en rien la coordination de la contre-attaque. Toutefois, devant la violence des affrontements, le Consul de Suède Raoul Nordling réussit à réunir Alexandre Parodi et Dietrich von Choltitz à l’Hôtel Meurice. Trêve assez brève, mal acceptée par les FFI-FTP et les Communistes qui ne souhaitent pas arrêter les combats. Toutefois, cela permet à la Croix Rouge d’intervenir dans plusieurs points de la capitale.
– Du côté allemand, si le général von Choltitz peut donner des ordres à sa garnison, il n’a aucun pouvoir sur les troupes qui traversent Paris (celles-ci dépendant du Groupe d’Armées B de Walter Model), refluant du front de Normandie. Elle ne sera donc pas véritablement respectée mais permettra la prise des principaux édifices gouvernementaux sans trop de difficultés. Depuis le début de l’insurrection la garnison allemande se montre particulièrement nerveuse quand elle patrouille dans les rues avoisinantes ou qu’elle lance des chars sur le boulevard Saint-Michel en direction de la Préfecture de police.
– Le 21 août, la trêve est plus ou moins respectée. Dans certains points de la capitale, des combats se poursuivent ici et là. Hormis l’île de la cité, les Allemands tiennent encore tous les points clés de la capitale et les grands monuments (Assemblée, Invalides, Grand Palais, Concorde, Rue du Faubourg Saint-Honoré…).
– Pendant ce temps, les premiers journaux de la libération sortent des imprimeries clandestines (Combat, Libération, L’Humanité, L’Aube, L’Aurore…) et sont mis en vente. Le 22 août , le Colonel Rol-Tanguy adresse un Ordre pour la Défense de la Population Parisienne
LES FFI ET LA POPULATION ONT ENGAGE LA BATAILLE POUR PARIS. CHAQUE FOIS QUE NOS SOLDATS ONT RESPECTE LA TACTIQUE MOBILE, ILS ONT ECRASE L’ADVERSAIRE. CEPENDANT UN DANGER SUBSISTE : LES MOUVEMENT RAPIDES DES CHARS ENNEMIS.
CE DANGER EST FACILE A CONJURER
IL SUFFIT D’EMPÊCHER LES BOCHES DE ROULER
POUR CELA, IL FAUT QUE TOUTE LA POPULATION PARISIENNE, HOMMES, FEMMES, ENFANTS, CONSTRUIRE DES BARRICADES, QUE TOUS ABBATENT DES ARBRES SUR LES AVENUES, BOULEVARDS ET GRANDES RUES. QUE TOUTES LES PETITES RUES SOIT PARTICULIÈREMENT OBSTRUÉES PAR DES BARRICADES EN CHICANE. ORGANISEZ VOUS PAR MAISON ET PAR RUE POUR GARANTIR VOTRE DÉFENSE CONTRE TOUTE ATTAQUE ENNEMIE.
DANS CES CONDITIONS, LE BOCHE SERA ISOLE ET CERNE DANS QUELQUES CENTRES. IL NE POURRA PLUS EXERCER DE REPRÉSAILLES.
TOUS AUX BARRICADES !
LE COLONEL COMMANDANT DU GRAND PARIS
[SUITE]