– Entièrement méconnue de nos jours, la Révolte des Cabochiens – ou des « Écorcheurs » – est un épisode marquant de la guerre civile que se livrent Armagnacs et Bourguignons dans les derniers feux du règne du Roi fou Charles VI.
– Après avoir fait assassiner son cousin Louis d’Orléans (frère de Charles VI et premier chef du Parti Armagnac) six ans plus tôt, le Duc de Bourgogne Jean Sans Peur a besoin de s’assurer le contrôle de Paris tenu par le parti adverse rassemblé autour du Comte Bernard VII d’Armagnac.
– Pour assurer le succès de son entreprise, Jean Sans Peur s’associe au fils d’une vendeuse de tripes, un certain Simon Le Coutelier ou Simon Caboche*, boucher-écorcheur de son état. Comme l’explique Georges Minois dans son ouvrage consacré à la Guerre de Cent Ans, la Corporation des Bouchers est l’une des corporations les plus puissantes de Paris mais au sein des quartiers et non au sein de la Prévôté. Les Bouchers font partie des plus réfractaires à la centralisation de l’État amorcée sous Charles V, marquée par une fiscalité plus insistante. L’esprit de corps des Bouchers les conduit à se rallier à Jehan Sans Peur qui se présente comme le défenseur des bonnes coutumes et des privilèges. En retour, le Duc de Bourgogne voit dans la Corporation, un soutien très utile contre les Armagnacs.
– Recouverts d’un capuchon blanc, les Cabochiens poursuivent les Armagnacs dans la capitale, notamment dans le quartier de la Bastille-Saint-Antoine et se livrent à de féroces massacres. Ils assassinent sans remords Pierre des Essarts, proche du Dauphin Louis de Guyenne mais pourtant protégé du Duc de Bourgogne. La terreur durera encore plusieurs jours.
* On pense que ce surnom vient du fait que lorsqu’il était jeune, Simon Le Coutelier ouvrait le crâne – la caboche – des bœufs et des porcs pour en retirer la cervelle.