Véritable réussite militaire pour Louis XIII et le Cardinal de Richelieu, le siège de la Cité Rebelle Huguenotte fut terrible pour ses habitants. Du point de vue politique, sa fin concrétise la victoire de la couronne sur les Places de Sûreté du Parti Protestant.
D’autre part, le siège nourrira a posteriori (notamment grâce à Alexandre Dumas) la réputation implacable du Cardinal.
– Le siège de La Rochelle parachèvela campagne contre les Huguenots du Duc de Rohan-Soubise en Poitou, Languedoc, Gascogne et Béarn démarrée en 1623. Après la mort du Duc de Luynes ancien favori du Roi qui avait mené la campagne avec peu de succès, la guerre est reprise en mains par le Roi et le Cardinal de Richelieu.
– Le siège de La Rochelle commence au début de l’année 1627. La cité huguenotte qui refuse de se soumettre est dirigée par un Conseil dominé par la figure du Maire Jean Guiton qui est l’âme de la résistance. Outre le Roi (qui n’hésite pas à converser avec ses soldats dans les tranchées) et le Cardinal Ministre, l’Armée royale est placée sous un triple commandement : Louis de Nogaret d’Epernon Cardinal de la Valette, Jean de Saint-Bonnet de Toiras et Henri de Schomberg.
– En juillet 1627, Charles Ier Stuart Roi d’Angleterre envoie une flotte au secours des Rochelais. Les navires britanniques, placés sous le commandement de Georges Villers Duc de Buckingham (« Bouquingamp » pour les Français) appareillent début juillet et débarquent sur l’Île de Ré (Saint-Martin-en-Ré) le 12. L’idée est de s’assurer une base terrestre pour des opérations de secours Les Anglais tentent de alors de s’emparer de l’Île de Ré mais Louis XIII y a dépêché Jean de Toiras qui résiste fermement aux 6 000 hommes de Buckingham en dépit de sa nette infériorité numérique (1 400 hommes environ).
– Ce dernier qui escomptait réussir un assaut en force est donc contraint d’assiéger et de bloquer Saint-Martin-en-Ré jusqu’en octobre. Louis XIII ne reste pas inactif et envoie 35 navires forcer le blocus anglais pour débarquer 4 000 hommes placés sous les ordres de Henri de Schomberg sur l’Île de Ré.
– Après avoir reçu un renfort de 2 000 soldats venus d’Irlande commandés par Sir Ralph Bingley, Buckingham tente de reprendre Saint-Martin-de-Ré, toujours très bien défendue. Toiras fait canonner les troupes anglaises (déjà décimées par la maladie) qui sont finalement forcées de rembarquer le 27 octobre.
Le Duc Buckingham a perdu entre 5 000 et 7 000 hommes dans l’affaire.
– Suite à l’échec anglais et comprenant que la Rochelle ne tombera qu’à l’issue d’un siège, Richelieu fait construire une digue géante pour empêcher La Rochelle de recevoir des vivres et des armes. Considérée comme l’une des plus grands ouvrages du génie militaire de l’époque, l’édification de la digue de la Rochelle en novembre 1627 mobilise près de 4 000 ouvriers et soldats. Elle est en fait érigée sur la mer, reposant littéralement sur des navires échoués. Achevée, elle s’étire sur près de 1 500 mètres et est garnie de canons. Jean-Christian Petitfils, dans la biographie qu’il consacre à Louis XIII, indique que le Roi n’hésite pas à prêter main forte aux ouvriers et sapeurs, les pieds dans l’eau et à leur prodiguer des encouragements.
– Au cours de l’année 1628, deux autres expéditions navales anglaises (Feilding et Lindsey) tenteront de secourir La Rochelle mais la grande digue empêchera les navires anglais d’atteindre le port.
– Dans la ville, la population commence à souffrir du manque de nourriture et de l’hygiène déplorable. Jean Guiton fait évacuer femmes et enfants mais refuse de se rendre à plusieurs reprises. Finalement, le 28 octobre, sans assaut de l’Armée Royale, Jean Guitton et le Conseil décident de remettre les clés de la Ville à Louis XIII. Le Roi décide de pardonner à La Rochelle mais conformément à ce que préconise le Cardinal contre les places de sûretés et les forteresses du Royaume, la quasi-totalité des murs de la cité sont détruits, excepté les tours protégeant l’entrée du port.
– Fort de ce succès, le Roi de France peut redéployer ses forces vers les citadelles du Languedoc toujours tenues par les soldats du Duc de Rohan.
Lire :
– PETITFILS Jean-Christian : Louis XIII, Perrin
– HILDESHEIMER Françoise : Richelieu, Flammarion
– ERLANGER Philippe : Richelieu, Perrin, coll. Tempus
– CARMONA Michel : Richelieu. L’ambition et le pouvoir, Fayard