Victoire française de la Guerre de Trente Ans, Allerheim (ou seconde bataille de Nördlingen) oppose donc Louis II de Bourbon-Condé Duc d’Enghien et Henri Vicomte de Turenne au Maréchal bavarois Franz von Mercy. On la nomme aussi « Seconde bataille de Nördlingen » en référence à la première bataille qui s’était déroulée en 1634 et avait vu le victoire des Impériaux sur les Suédois et les troupes protestantes allemandes de Bernhardt de Saxe-Weimar.
– Allerheim se situe en Franconie, région septentrionale de la Bavière, entre Stuttgart et Ingoldstadt, à une bonne quarantaine de kilomètres au nord-ouest d’Augsbourg. Le terrain où vont s’affronter les deux armées présente une vaste plaine encastée entre deux vallons.
– Décidant d’attendre les Français, Franz von Mercy établit son quartier général sur la colline escarpée de Vineberg. Il peut compter sur 15 000 soldats (en majorité des Bavarois), bien souvent des anciens des batailles antérieures contre les Suédois, ainsi que sur 28 pièces d’artillerie. L’aile droite de l’armée de von Mercy est commandée par von Gleen, tandis que la gauche est placée sous les ordres de Jean de Werth. Mercy commande lui-même au centre. Von Mercy a placé le gros de son artillerie (14 canons) sur son centre.
– Face aux Impériaux, l’Armée française commandée par le Prince de Condé compte 17 000 hommes. Turenne commande l’aile gauche près du village de Warnitz avec 16 Escadrons de Cavalerie et 6 Bataillons d’Infanterie. Le Comte Jean-Gaspard de Marsin commande le centre face à Allerheim. Enfin, le Duc Antoine III de Grammont commande l’aile gauche en face d’Elger. Enfin, une partie de la réserve est placée sous les ordres du Comte de Chabot.
– La bataille commence au milieu de soirée par la canonade des 14 bouches à feu du centre impérial qui veut rombre les liches du Comte de Marsin. Mais Condé lance immédiatement ses troupes à l’assaut en colonnes. Marsin attaque en tête et malgré les tirs ennemis, parvient à l’entrée d’Allerheim. Un assaut furieux du centre français permet d’emporter les premières lignes ennemies. Mercy lance alors des troupes de réserve contre la colonne de Marsin. Les Impériaux vont avancer leurs canons qui tirent à mitraille et trouent les rangs français. Marsin est grièvement blessé, pendant que ses soldats doivent reculer. Condé envoie alors le Maréchal de Camp Amaury de La Moussaye soutenir Marsin. Le combat redouble en intensité mais les Impériaux repoussent encore les français. La Moussaye est blessé à son tour.
Pensant sa victoire proche, von Mercy lance alors toute ses forces contre le centre du Prince de Condé. Celui-ci paie de sa personne en dirigeant le combat au plus près du feu ennemi. Bon nombre d’officiers de sa suite (ses proches rassemblés dans la « Cornette ») tombent tués ou blessés. Mais dans l’affrontement, von Mercy est tué d’une balle de mousquet. Un flottement se fait donc sentir dans les lignes impériales et Condé en profite pour relancer ses troupes à l’assaut et finit par s’emparer d’Allerheim. Mais les Bavarois se ressaisissent et réussissent à maintenir leurs positions en amont de village.
– Condé ordonne alors à Turenne de tourner l’aile droite impériale par Vineberg. Turenne s’exécute et marche contre le feu de von Gleen mais se trouve bloqué et reçoit lui-même une blessure. Il faut que Condé face donner ses réserves composées de Hessois et de Weimariens pour dégager le sommet de Vineberg pour y massacrer les fantassins impériaux qui s’y sont accrochés.
– C’est alors que Jean de Werth vient percuter l’aile droite française (Grammont) qui résiste à plusieurs attaques avant de céder. Mais Werth apprend la mort de von Mercy et n’ose pas avancer alors que l’opportunité s’y prête. Ce manque de résolution va lui coûter la victoire. Condé voit alors tout de suite le danger et expédie Chabot et la réserve renforcer l’aile droite. Jean de Werth préfère alors se retirer sur Donawerth avec tout le reste de l’Armée.
Malgré les pertes (4 000 hommes tués et blessés), la victoire est française. Les Bavaro-Impériaux laissent 4 000 tués et blessés, ainsi que 2 000 prisonniers.
– Marque de l’estime et la courtoisie que l’on pouvait encore se porter entre Capitaines, le Prince de Condé fait donner de très belles funérailles à von Mercy. Il fera notamment graver sur sa tombe l’épitaphe suivant : « Sta, Viator, Heroem calcas ». Ce qui signifie : « Arrête-toi voyageur, tu foules un héros ».
– Plus de cent-cinquante ans plus tard, commentant la direction de la bataille par le Duc d’Enghien, Napoléon critiquera la décision d’avoir attaqué Allerheim et Vineberg avec de l’artillerie en sous-nombre. En revanche, il reconnaîtra les qualités manœuvrières, l’audace et l’opiniâtreté du grand Prince.
Source :
– http://www.aufildesmotsdelhistoire.unblog.fr