4 août 1914 : L’Armée allemande attaque la Belgique
– Pourtant garante de la neutralité belge depuis 1839, le Chancelier allemand Bethmann-Hollwegg adresse un ultimatum au Roi des Belges Albert Ier le 2 août, alors que la France vient de décrété la mobilisation générale. Les Allemands exigent que le petit royaume laisse passer sur son territoire les quatre armées qui doivent déferler sur le nord de la France. Albert refuse et ordonne que la petite armée soit mobilisée pour défendre le territoire.
– En fait, l’invasion de la Belgique est prévue dans les lignes de la version finale du Plan Schlieffen. Du point de vue purement militaire, le Grand Etat-Major impérial avait défini la Belgique comme point de passage idéal pour les forces devant envahir la France et tourner l’Armée française sur son flanc gauche (nord). En effet, hormis quelques forts sur la frontière (Liège), la Belgique est dépourvue de grandes infrastructures de défense et – hormis le massif ardennais – offre un relief se prêtant parfaitement aux grandes manœuvres d’Infanterie.
Il était bien sûr impossible pour les Allemands de percer le front français sur la Meuse et la Meurthe car trop bien défendu. Impossible aussi de lancer une attaque par le massif vosgien, secteur difficilement praticable et prévisible.
Enfin, du point de vue politique, il suffit de reprendre la formule de Bethmann-Hollwegg qui parlait du traité de garantie de neutralité de la Belgique comme un « chiffon de papier » qu’il faudrait fouler si nécessaire. Autant dire que les hauts-responsables politiques du Kaiser s’étaient rangés définitivement du point de vue du Grand Etat-Major.
– Apprenant l’ultimatum, la population belge est foudroyée d’indignation et une vague de germanophobie se répand dans le pays.
Toutefois, le Comte Charles de Broqueville, chef du Gouvernement belge, avait estimé dans les années 1910 que la Belgique pourrait être sujette à une invasion en cas de conflit franco-allemand. Broqueville avait obtenu du Parlement l’autorisation de renforcer le dispositif défensif du Royaume et d’accentuer les efforts concernant la conscription (voir l’article de mars consacré à l’Infanterie belge).
Le 4 août donc, Helmut von Moltke fait appliquer les directives du Plan Schlieffen. Une partie de l’Armée allemande envahit le Luxembourg, pendant que l’Artillerie lourde de la I. Armee de von Kluck bombarde les fortifications de Liège, principal obstacle pour les divisions d’infanterie.
– En même temps, le Roi Albert fait immédiatement appel à la France et à la Grande-Bretagne. Côté britannique, on est définitivement convaincu du danger allemand où l’on perçoit l’invasion de la Belgique tel « un revolver pointé sur la tempe de l’Angleterre ».