« Bessières, voilà un beau boulet, il fait pleurer ma Garde ! » lança Napoléon à l’un de ses fidèles Maréchaux à la suite d’un tir d’artillerie autrichien. Voici l’une des anecdotes l’histoire a retenu de cette bataille. Mais penchons-nous y plus en détail.
– La victoire Wagram s’inscrit dans la Guerre de Cinquième Coalition (avril-octobre 1809). Pour Napoléon, il s’agit à la fois de franchir le Danube comme prendre sa revanche sur la bataille indécise d’Essling, qui a vu la mort du Maréchal Lannes.
– Wagram se situe à une quinzaine de kilomètres au nord de Vienne, sur la rive gauche du Danube. Napoléon s’est établi sur l’Île de Lobau. Sa Grande Armée (188 000 soldats) tient les deux côtés la route Hirschstadten – Glinzendorf (voir carte ci-dessous). Le 3e Corps de Louis-Nicolas Davout est tout à droite (nord-est) avec les Divisions Morand, Friant, Gudin (Infanterie), Montbrun (Cavalerie légère), Fully (Dragons) et Grouchy (Dragons), pendant qu’André Masséna (4e Corps) forme l’aile gauche (Divisions d’Infanterie Carra Saint-Cyr, Molitor et Boudet), appuyée sur sa droite par la 4e Division de Cavalerie Légère d’Antoine Charles Lasalle (Chasseurs à Cheval et Hussards). Le centre français est formé à l’avant du 2e Corps d’Oudinot (à droite de Davout – Divisions Frère, Tharrau et Grandjean), du 9e Corps de Jean-Baptiste Bernadotte (à droite d’Oudinot – Division Dupas et Divisions saxonnes de von Zerschwitz et von Polenz ) et du 5e Corps d’Étienne McDonald (issu de l’Armée d’Italie du Prince Eugène de Bauharnais – Divisions Lamarque et Broussier). Enfin, l’Artillerie impériale est placée sous le commandement de Jacques Alexandre Law de Lauriston.
– De son côté, l’Archiduc Charles Duc de Teschen dispose de 132 000 hommes. Il commande personnellement à l’aile droite autrichienne qui fait face à MacDonald. Le point fort du disposif autrichien est son aile gauche (nord-est), qui fait face à Davout et Bernadotte. Elle est disposée en équerre (Stadlau – Aderklaa – Wagram – Markgrafen Neusiedl) et formée par les 4e Corps de von Rosenberg (3 divisions – 18 000 hommes) et 2nd Corps de von Hohenzollern (2 divisions – 25 000 hommes). Le centre autrichien (face à l’aile gauche de Bernadotte et à Oudinot) est formé par les 1er et 3e Corps commandés respectivement par von Bellegarde et von Kollowrat (deux divisions chacun). Charles a décidé d’attendre Napoléon à Essling et Aspern.
– Il est important de noter que l’Armée autrichienne ne ressemble plus vraiment à celle qui fut sérieusement battue à Austerlitz. Lors de cette bataille, von Weyrother alignait plusieurs grosses colonnes avec un coopération interarmes inefficace. A Wagram, marque d’un apprentissage douloureux mais réel, l’Archiduc Charles a tout simplement repris le schéma utilisé par la Grande Armée (Corps, Divisions). Toutefois, il manque encore aux Autrichiens le savoir-faire interarmes et manœuvrier qui font de l’armée de Napoléon un instrument toujours redoutable.
– Les troupes de l’Empereur des Français passent l’île de Lobau et viennent se placer devant les forces Autrichiennes, ce qui contrarie les plans autrichiens. Le 5 juillet, Napoléon prévoit de percer le front autrichien afin de s’emparer d’Aderklaa et du village Wagram.
La journée du 5 juillet est marquée par une grande confusion côté français. Tout d’abord, l’assaut de MacDonald et de Bernadotte commence plutôt bien. Les fantassins et cavaliers des 5e et 9e Corps bousculent les autrichiens et s’emparent de Wagram. Malheureusement, MacDonald fait tirer sur les Saxons de Bernadotte et Dupas car il confond leurs uniformes blancs avec ceux des Autrichiens. Reprenant ses troupes en main, l’Archiduc Charles lance les deux divisions de Hohenzollern (Brady et Siegenthal) contre les Français qui sont repoussés le soir même.
– Ceci-dit, à l’aube du 6 juillet l’Archiduc Charles déclenche l’attaque son attaque. Celle-ci débute contre les ailes Françaises. Rosenberg (Divisions Radetzky, Hohenlohe-Bartenstein et Rohan) s’en prend à Davout mais le très habile Maréchal Duc d’Auestädt repousse toutes les attaques autrichiennes.
pour se faire accueillir comme il se doit par Davout et son 3e Corps.
Au centre, l’Archiduc ordonne à son artillerie de canonner les lignes de Masséna qui se retrouve sérieusement menacé. La Division Boudet, placée perpendiculairement au Danube est même isolée du reste du 4e Corps. Napoléon ordonne à Lauriston d’expédier 100 canons dont 40 de la Garde Impériale pour venir au secours de Masséna, tout en soutenant MacDonald avec les Bavarois de la Division von Wrede, le Corps de Réserve de Cavalerie de la Garde Impériale de Bessières (1re Division de Nansouty, 2nde de Bonardi de Saint-Sulpice et 3e du Duc de Padoue) et la 4e Division de Cavalerie Légère de Lasalle. Celle-ci est une véritable force de frappe mobile et de manœuvre avec ses 10 régiments (8e Hussards ; 3e, 13e, 14e, 16e, 19e, 23e et 24e Chasseurs à Cheval ; Dragons de Bade et Chevau-Légers de Hesse).
– Sur l’aile droite Française, Davout décide de passer à l’attaque à son tour avec les Divisions Morand, Friant, Gudin, Montbrun et les Dragons de Grouchy. Malgré une pluie de boulets et au prix de furieux combats, les soldats de Davout s’emparent du village de Markgrafen Neusiedl et met le pied sur le plateau de Wagram.
Fort de cette bonne nouvelle, Napoléon lance alors Oudinot et MacDonald en contre-attaque. Le premier réussit à s’emparer de Süssenbrünn et MacDonald se saisit de Wagram grâce à l’appui des cavaliers de Bessières et de Lasalle.
Bessières qui commande la Cavalerie Lourde (Chasseurs à Cheval et Grenadiers à Cheval de la Garde, Cuirassiers de Nansouty) et qui fut l’auteur (avec Rapp) de la magnifique charge de cavalerie contre les Russes à Austerlitz, culbute les Autrichiens mais manque de mourir sous son cheval soufflé par un boulet (ce qui lui arrivera en 1813…). Apprenant la mésaventure du brave général, la Garde Impériale perdit un instant le moral.
– En revanche, l’autre cavalier de valeur, le général Antoine de Lassalle, modèle du Hussard, tombe sur le champ de bataille de Wagram. Avant de mourir, il avait dit de façon quelque peu prophétique : « Diable de journée ! J‘y serai tué ».
– A 14h00, les Autrichiens se replient vers le nord, en bon ordre.
Lire :
– NAULET Frédéric : Wagram (5-6 juillet 1809). Le canon tonne sur le Danube, Economica