7 juillet 1807 : Paix de Tilsit entre Napoléon et le Tsar Alexandre
Après la victoire française de Friedland, l’Empire français était vainqueur certes mais la Grande Armée était fatiguée après les différentes batailles qu’elle a dû mener en Prusse. Les Russes avaient perdu plusieurs batailles mais le Tsar n’était pas à genoux.
L’entrevue entre les deux souverains a d’ailleurs lieu dans une tente flottante sur le Niémen, le fleuve qui marque alors la frontière entre la Russie et la Prusse-Orientale. Ensuite, une réception a lieu dans la ville voisine de Tilsit.
Outre les deux empereurs, le Traité sera négocié par le Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, le Prince Kourakine Conseiller du Tsar et le Prince Dimitri Lobanov. Il en ressortira donc un traité d’amitié et une (théorique) alliance mutuelle qui a permis au Tsar de gagner du temps sur le plan diplomatique. La Prusse était à genoux, l’Angleterre ne pouvait intervenir sur le continent et Vienne n’avait aucun moyen d’aider la Russie à ce moment.
Souhaitant alors constituer une grande alliance continentale dominée par la France et la Russie, Napoléon accepte de restituer plusieurs territoires au Roi de Prusse (Magdebourg, Prignitz, Brandebourg, Netze, Île de Nogat, Ermland, Glogau, Stettin, Küstrin, Breslau, Neisse…). Oldenburg et Mecklemburg-Schwerin restent néanmoins sous contrôle français. D’autre part, l’Empereur rompt avec la traditionnelle alliance qui unissait la Sublime Porte à la Couronne des Bourbons, laissant les mains libres aux Russes dans la Mer Noire. En échange, il obtient la reconnaissance de son Régime par le Tsar qui renonce à son protectorat sur les Sept Îles. Alexandre reconnaît aussi la création de la Confédération du Rhin L’avenir de la Pologne n’est pas évoqué, Napoléon ayant préféré sacrifié les aspirations de l’aristocratie de Varsovie en faveur de son alliance avec Saint-Pétersbourg.
Contre l’Angleterre, les deux puissances s’engagent à fermer leurs ports aux marchandises anglaises et à inciter les autres royaumes (notamment la Suède et le Danemark) à ne pas laisser entrer les marchandises anglaises. Russes et Français s’engagent aussi à faire pression sur Vienne pour que l’Autriche rejette tout projet de rapprochement (militaire, politique et commercial) avec Londres. Toutefois, en cas de Guerre, Alexandre obtient de Napoléon le pouvoir de se placer en médiateur. Et au cas où le gouvernement de Londres refuserait les clauses de la médiation, les deux Empires lui déclareront la guerre.
Il semble bien que Napoléon ait été victime de ses propres illusions lors de la signature du Traité de Tilsit car il n’avait pas vu que les clauses allaient à l’encontre des intérêts de la Russie, notamment en ce qui concerne le commerce (les négociants russes échangeaient beaucoup avec les Britanniques). L’Empereur des Français crut sincèrement à une alliance durable – tout au contraire de Talleyrand – et ne souhaitait plus la guerre avec la Russie, ce qui allait s’avérer être une chimère.