Cette victoire des Français et de leurs alliés Algonquins-Abénakis en Nouvelle-France (Québec), alors en très nette infériorité numérique, est à mettre autant au crédit de la bonne défense du Marquis de Montcalm que de l’incompétence du général anglais Abercombrie.
Le Fort Carillon était un petit édifice faits de retranchements, bâti à l’angle de la confluence entre le Lac Champlain et la Rivière de la Chute, au nord du Lac George (territoire anglais). Chargé de surveiller la frontière entre les Treize Colonies britanniques et la Nouvelle-France, il était presque naturel que les Anglais tentent de s’en emparer.
Le Général anglais James Abercombrie rassemble dont une force de plus de 15 000 hommes formée des régiments suivants : Roger’s Rangers, 80th Light Infantry, New York Regiment, Massachusetts Regiment (colonne de droite – William Havilland), 27th, 44th, 55th et 60th Light Infantry (colonne du centre – John Donaldson) et 46th Light Infantry et les Écossais du 42nd Highland Black Watch (Colonne de gauche – Francis Grant). Les New Jersey et Connecticut Regiments assurent la réserve. Abercombrie peut aussi s’appuyer sur des éclaireurs et auxiliaires Mohawks, alliés traditionnels des Anglais.
De son côté, le Marquis Louis-Joseph de Montcalm de Saint-Véran ne dispose que de 3 600 hommes dont 3 200 soldats Français issus des Régiments de la Reine, Royal-Roussilon, Berry, Béarn, Guyenne, La Sarre et Languedoc. Les 400 autres hommes dont dispose Montcalm sont, bien sûr, les Abénakis.
Le Général français dispose alors ses hommes derrière des redoutes et des abattis dans ou autour du Fort Carillon, ainsi que sur le Mont Espoir. Enfin, des Troupes de la Marine et des Miliciens du Canada surveillent les rives de La Chute et du Lac Champlain.
Le 7 juillet, le 80th Light Infantry de Thomas Gage chasse les éclaireurs Français et Amérindiens vers leurs positions. Abercombrie en profite alors pour faire avancer ses trois colonnes tout droit vers le fort Français, pensant que le combat commencera le lendemain pour 13h00. D’autre part, plusieurs barques anglaises chargées de canons doivent traverser La Chute afin de procurer l’appui d’artillerie nécessaire.
Le 8 juillet, Abercombrie ordonne à Havilland d’engager le combat. Le New York Regiment engage la défense française mais Havilland pense que les défenses françaises sont rompues. Toute l’aile droite anglaise charge alors en rangs contre le Fort Carillon pour se faire repousser par une violente mousqueterie française. Abercombrie décide alors de lancer assaut sur assaut dans l’espoir de faire tomber les positions du Marquis de Montcalm. Mais celui-ci tient bon et ne cesse d’encourager ses soldats, s’exposant au feu. Pendant ce temps, les barges anglaises chargées de canons traversent La Chute. Sauf qu’elles se trompent d’itinéraire et se retrouvent à portée des bouches à feu de Montcalm qui répliquent immédiatement. Deux barges sont coulées, les équipages des autres préférant rebrousser chemin, privant ainsi les fantassins anglais du soutien espéré.
En désespoir de cause, Abercombrie décide de faire donner sa réserve à 14h00. Une dernière charge anglaise est lancée mais les Français trouent littéralement les rangs de leurs ennemis. En dépit de ses lourdes pertes, le 46th Light Infantry réussit à accrocher les positions françaises. S’ensuit alors un féroce combat à la baïonnette, au couteau et au sabre que les Français remportent.
Ne pouvant alors que constater sa défaite, Abercombrie décide d’engager une humiliante retraite vers le Lac du Saint-Sacrement. 500 cadavres d’Anglais gisent sur le champ de bataille et plus de 1 000 sont blessés. Abercombrie avait donc perdu un homme sur dix pour 500 hommes tués et blessés du côté de Montcalm.