9 juillet 2004 : Disparition de Jean Lefebvre
Né le 3 octobre 1922 à Barlin tout près de Valenciennes, fils d’un maréchal-ferrant, Jean Lefebvre veut se lancer dans le spectacle dans les années 1930 et débute des études au Conservatoire.
Engagé dans les Spahis en 1940, il est fait prisonnier mais s’évade du camp avec une quarantaine d’autres détenus par un tunnel.
Il tente par la suite de passer la ligne de démarcation mais cette tentative. Poursuivant ses études au Conservatoire durant l’Occupation, il obtient le second prix d’opéra-comique. Repéré par le Professeur d’art dramatique René Simon, Jean Lefebvre débute sur les planches dans les cabarets « L’Amiral » et « Les Vignes du Seigneur », avant d’intégrer le « Club des Branquignols » avec notamment Robert Dhéry, Darry Cowl, Micheline Dax et Jean Richard. Grâce à cette rencontre, le comédien peut jouer au théâtre, tout en fréquentant assidûment le Casino de Deauville avec les « Branquignols ».
Dès les années 1950, Jean Lefebvre commence à se produire au cinéma dans des seconds rôles où il s’avère plutôt efficace. On le retrouve notamment dans « Bouquet de joie », « Et Dieu créa la femme » (R. Vadim), « Les Diaboliques » (H-G. Clouzot), « La belle américaine », « Les grands chemins », « Le Gentleman d’Epsom » (G.Grangier) et « Faites sauter la banque ».
C’est durant cette période qu’il fait la connaissance de Georges Lautner, de Lino Ventura, de Bernard Blier et de Francis Blanche. Dès lors, sa carrière prend de la hauteur puisqu’il figure à l’affiche de très bonnes comédies populaires, certaines étant devenues cultes : « Allez France » (R. Dhéry), « Les Tontons flingueurs » (G. Lautner), « Quand passent les faisans » (E. Molinaro), « Du mou dans la gâchette » (L. Grospierre) et « Ne nous fâchons pas ». Jean Lefebvre est alors bien connu du public pour son « air de cocker triste » comme le disait Lino Ventura, qui lui permettait d’incarner des rôles de français moyen, un brin ahuri et benêt, tout comme de petites frappes sans grande envergure.
Lefebvre figure aussi dans les trois premiers volets du « Gendarme à Saint-Tropez » aux côtés de Michel Galabru et Louis de Funès mais il se brouille avec Jean Girault qui l’éjecte de la série après le tournage du « Gendarme se marie ».
Durant les années 1970, la carrière de Jean Lefebvre glisse brusquement dans le navet et le nanar, figurant à l’affiche de sous-productions franchouillardes, façon « jambon-beurre » et sans grand intérêt telles : « Le plumard en folie » (J. Lemoine), « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule » (J. Besnard), « Comme un pot de fraises » (J. Aurel), « Le jour de gloire » (J. Besnard), « Ils sont fous ces sorciers » (G. Lautner), « Plein les poches pour pas un rond » (D. Daert), « Papy superstar », « Prend ta rolls et va pointer » ou encore, « N’oublie pas ton père au vestiaire » (R. Balducci) et « On n’est pas sorti de l’auberge » (M. Pecas).
Notons tout de même son rôle honorable de l’hilarant soldat Pithivier dans la trilogie réalisée par Robert Lamoureux « La Septième compagnie » ; dans laquelle il forme un trio caricatural (mais très réussi) avec Aldo Maccione/Henri Guibet et Pierre Mondy. Le succès auprès du public français ne se dément pas.
Amusé par cette partie de sa carrière, Jean Lefebvre déclarera : « J’ai tourné dans tellement de navets qu’au j’aurai pu être un potager ».
En revanche, il s’est produit pendant plus de cinquante ans au théâtre – 900 représentations à son actif – avec de beaux succès, tout en apparaissant à la télévision.
Jean Lefebvre s’éteint à Marrakech le 9 juillet 2004.