Hommage à l’un de nos plus grands écrivains, un géant du XVIIe siècle. Né à Rouen en 1606 dans une famille de bourgeois, Pierre Corneille fait d’abord des études de droit et obtient, grâce à son père, une charge d’avocat du Roi. Il officiera aux Eaux et Forêts ainsi qu’à l’Amirauté de France. Entre temps, il remporte des concours d’écriture.
– Timide et peu éloquent, il se fait connaître en écrivant quelques comédies telles Mélite, Clitandre, La Suivante, avant d’obtenir la consécration grâce à quelques chefs-d’œuvres de tragédie : Le Cid (1637), Horace (1640), Cinna (1641-42), Polyeucte (1642-43), Pertharite (1652), Nicomède (1658) et Oedipe (1659).
Après la parution de Surena (1675), il voit Jean Racine arriver sur la scène littéraire. Devant le talent du tragédiste, Pierre Corneille préfère renoncer à l’écriture.
Il s’éteint discrètement à Paris dans sa maison de la rue d’Argenteuil dans la Paroisse Saint-Roch (actuel quartier Saint-Honoré dans le 1er Arrondissement). Ne nous privons point de quelques-uns de ses plus fameux vers.
« Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie!
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers?
Mon bras, qu’avec respect toute l’Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi?
Ô cruel souvenir de ma gloire passée!
Œuvre de tant de jours en un jour effacée!
Nouvelle dignité, fatale à mon bonheur!
Précipice élevé d’où tombe mon honneur!
Faut-il de votre éclat voir triompher le Comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur :
Ce haut rang n’admet point un homme sans honneur;
Et ton jaloux orgueil, par cet affront insigne,
Malgré le choix du Roi, m’en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d’un corps tout de glace inutile ornement,
Fer, jadis tant à craindre et qui, dans cette offense,
M’as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger, en de meilleures mains. »
(Le Cid, extrait acte I, scène 4)