Fils d’un comptable des Fonderies, Charles Delestraint voit le jour à Biache-Saint-Vaast dans le Département du Nord. Après avoir brillamment obtenu son Baccalauréat à Lille en 1897, il intègre l’Ecole de Saint-Cyr.
– Sorti dans les premiers de la Promotion de Bourbaki, il intègre le 16e Bataillon de Chasseurs à Pied à Lille en 1899. Il reste au sein de la même unité durant treize ans, avec un détour à l’état-major du Ier Corps, avant d’intégrer l’Ecole supérieure de Guerre en mars 1914 après avoir été promu Capitaine.
Lorsque éclate la Grande Guerre, le Capitaine Charles Delestraint commande la
9e Compagnie du 58e Régiment d’Infanterie. Il se distingue en Belgique en contre-attaquant contre un détachement ennemi à Haybes sur la Meuse. Son action permet de maintenir la liaison entre la IVe et Ve Armées et lui vaut la Légion d’Honneur, la Croix de Guerre et la Croix de Guerre belge. Mais il est capturé le 30 août à Chesnoy-Auboncourt et part en Allemagne pour quatre ans de captivité.
– En 1919, il est détaché au Grand Quartier Général de l’Est à Chantilly avant d’être promu Chef de Bataillon. Breveté d’état-major, il intègre ensuite le 2e Bureau, Section Armées étrangères. De 1923 à 1925, Charles Delestraint effectue plusieurs missions au sein des forces occupant la Ruhr et fait notamment un passage au 517e Régiment de Chars de Combat. En 1927, il est promu Commandement en second de l’Ecole de Chars de Combat de Versailles. Delestraint se spécialise alors dans la Cavalerie Mécanisée. Colonel en 1932, il commande le 505e RCC à Vannes jusqu’en 1936, date à laquelle il accède au grade de Général de Brigade et prend le commandement de la 3e Brigade de Chars de Combat à Metz. Cette unité compte les 507e et 509e RCC. Le premier de ses deux régiments est commandées à partir de 1937 par un certain Colonel de Gaulle.
– Devant être envoyé en retraite en 1939, le Général Delestraint est rappelé par Gamelin et prend le commandement de l’ensemble des chars de la VIIe Armée, commandée respectivement par les Généraux Henri Giraud et André Corap.
Nommé à la tête de l’Inspection des Chars en 1940, il prend ensuite (le 2 juin), le commandement du Groupement Cuirassé qui ne dispose que de deux Divisions de Cavalerie Légère. Malgré ses moyens plus que limités, le Général Delestraint obtient un succès tactique en couvrant la retraite d’une partie de l’armée française à Abbeville.
– Après l’Armistice de 1940, il reste d’abord légaliste envers le Gouvernement de Vichy mais entre très vite en Résistance. Ses premières actions sont de dissimuler des chars, ce qui lui vaut plusieurs rappels à l’ordre de la part du Gouvernement en février 1942 mais il n’est pas plus inquiété. Sur avis d’Henri Frenay, chef du Mouvement « Combat » et patron de la Résistance lyonnaise, Jean Moulin propose alors à Londres que Delestraint soit nommé commandant de la future Armée Secrète. Delestraint accepte et entre dans l’action clandestine sous le surnom de « Vidal ». Il contribue à la mise en place des premiers maquis dans l’Ain et dans le Vercors et renforce les structures de la Résistance en Zone Nord.
– Malheureusement, il est arrêté le 9 juin 1943 à la station de métro La Muette à Paris, peu de temps après l’arrestation de Jean Moulin. D’abord incarcéré à Fresnes, il est ensuite envoyé au camp de Natzwiller-Struthof en Alsace. En septembre 1944, il est envoyé à Dachau.
Charles Delestraint est exécuté par les gardiens du camp le 19 avril 1945 peu avant la l’arrivée des Américains.