France Histoire Esperance Histoire Gustave Thibon/ Hélie de saint Marc : Un enseignement « viril » pour les jeunes générations…

Gustave Thibon/ Hélie de saint Marc : Un enseignement « viril » pour les jeunes générations…

par adminfhesp
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Notre jeunesse doit se lever. L’avenir de nos sociétés en dépend. Jean Paul II s’adressant aux jeunes Français  (au Parc des Princes, le 1er juin 1980) disait lui-même que « l’Eglise regarde les jeunes avec optimisme et avec une profonde espérance. Elle voit en eux une énorme force de renouveau ». Tournons nous vers deux témoins qui ont également eu à cœur de parler à la jeunesse, en la prenant au sérieux…

Tout d’abord un beau texte de Gustave Thibon ( 1903-2001), penseur trop méconnu et pourtant  si riche d’analyses pertinentes, et plus que jamais actuelles. Ainsi l’ hommage qu’il rend à son ami Charles Maurras (1868-1952) lui donne l’occasion d’insister sur le trésor que constitue la véritable espérance et l’engagement personnel qui en découle nécessairement…

« Est-il un enseignement plus viril pour les jeunes générations, que de leur montrer qu’aucun héritage du passé n’est acquis, qu’aucune promesse de l’avenir n’est certaine et que la réalité de demain dépend uniquement de leur fidélité et de leur courage ? Tout ce qui s’est fait de grand dans le temps s’est fait, non en s’abandonnant à la fuite des heures, mais en résistant à leur pouvoir de dissolution et de mort. Il faut épouser son époque, bêlent en chœur les  amants serviles de la mode et de  l’opinion. Certes, mais non pour adorer ses tares ni pour obéir à ses caprices : pour la redresser au contraire, l’éduquer, la féconder en la pliant aux exigences immuables de l’être humain. C’est le sens du mot de l’Apôtre : Redimere tempus. Car l’histoire n’a de sens que celui que nous lui donnons. Et le temps qui ne gravite plus autour de l’éternité cède de tout son poids à l’attraction du néant.

Beauté, raison, vertu :  triangle divin où s’inscrit le cercle de notre destin. L’exemple de Maurras appelle à sa suite une légion d’hommes qui reprendront l’oeuvre qui n’a pas de fin. Des hommes qui porteront en eux assez d’espérance pour n’avoir pas besoin d’illusions. Et qui vaincront par la bénédiction des puissance de lumière et d’harmonie. Mais qui savent aussi, car il n’est pas d’espérance vraie sans incertitude et sans risque,  que si, l’effort accompli et le sacrifice consommé, les forces de l’ombre et de l’abîme doivent avoir raison dans les faits, ce sera l’éternel honneur de l’homme de mourir sans leur donner raison dans son cœur.

 Telle est la suprême leçon d’espérance que j’ai lue dans le dernier regard échangé avec Maurras, à quelques jour de sa rencontre avec le Christ- et c’était comme la mue de l’espérance humaine en espérance théologale. Contra spem in spe : Maurras avait assez longtemps espéré contre l’espoir pour que, selon le mot d’Héraclite, il lui fut donné, au terme de son existence, de trouver l’inespéré. »

(G. Thibon, extrait d’un article sur Charles Maurras)

Écoutons aussi l’appel vibrant du grand homme que fut Hélie Denoix de Saint Marc (1922-2013). Une invitation au courage, à la quête de absolu et au don de soi. Ce qu’il nomme « l’honneur de vivre »…

« Quand on a connu tout et le contraire de tout,
quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie,on est tenté de ne rien lui dire, sachant qu’à chaque génération suffit sa peine, sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
font partie de la noblesse de l’existence.
Pourtant, je ne veux pas me dérober,
et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,
en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

«Il ne faut pas s’installer dans sa vérité et vouloir l’asséner comme une certitude, mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère».(…)

La vie est un combat, le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent. Il faut savoir que rien n’est sûr, que rien n’est facile, que rien n’est donné, que rien n’est gratuit.Tout se conquiert, tout se mérite. Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu

 A mon jeune interlocuteur,

je dirai donc que nous vivons une période difficile
où les bases de ce qu’on appelait la Morale et qu’on appelle aujourd’hui l’Ethique,
sont remises constamment en cause, en particulier dans les domaines du don de la vie, de la manipulation de la vie, de l’interruption de la vie. Dans ces domaines, de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.

Oui, nous vivons une période difficile où l’individualisme systématique,
le profit à n’importe quel prix, le matérialisme, l’emportent sur les forces de l’esprit. Oui, nous vivons une période difficile où il est toujours question de droit et jamais de devoir
et où la responsabilité qui est l’once de tout destin, tend à être occultée.

Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.
Il faut savoir, jusqu’au dernier jour, jusqu’à la dernière heure,
rouler son propre rocher. « La vie est un combat, le métier d’homme est un rude métier. Ceux qui vivent sont ceux qui se battent. Il faut savoir que rien n’est sûr, que rien n’est facile, que rien n’est donné, que rien n’est gratuit.Tout se conquiert, tout se mérite. Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu. »

Je dirai à mon jeune interlocuteur que pour ma très modeste part, je crois que la vie est un don de Dieu et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît comme l’absurdité du monde, une signification à notre existence. Je lui dirai qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves, cette générosité, cette noblesse, cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde, qu’il faut savoir découvrir ces étoiles, qui nous guident où nous sommes plongés au plus profond de la nuit et le tremblement sacré des choses invisibles. Je lui dirai que tout homme est une exception, qu’il a sa propre dignité et qu’il faut savoir respecter cette dignité. Je lui dirai qu’envers et contre tous il faut croire à son pays et en son avenir. Enfin, je lui dirai que de toutes les vertus, la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres, de toutes les vertus, la plus importante me paraît être le courage, les courages, et surtout celui dont on ne parle pas et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse. Et pratiquer ce courage, ces courages, c’est peut-être cela «L’Honneur de Vivre»

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