En cette année 1214, le Roi de France Philippe II Auguste doit affronter une coalition germano-anglo-flamande menée par l’Empereur Othon IV, le Comte Ferrand de Flandres, Renaud de Dammartin, Thiébaud de Lorraine, Philippe de Courtenay-Namur, Henri de Brabant et l’Anglais Guillaume de Longue-Epée. Jean Sans Terre a alors débarqué dans le Poitou mais a été battu à la Roche-aux-Moines par Louis, fils du Roi de France. Son demi-frère le Comte de Salisbury était toutefois présent auprès des alliés Germaniques et Flamands.
De son côté, le Roi de France peut compter sur l’appui de sa Chevalerie et des Milices communales et paroissiales champenoises, picardes, bourguignonnes et du Soissonnais en plus la gendarmerie bretonne. Plusieurs grands noms du Royaume sont là : Eudes III de Bourgogne, Enguerrand III de Coucy, Gautier de Nemours, Barthélémy de Roye, Gaucher III de Châtillon, Girard Scophe dit « la Truie », Adam III de Melun, Robert de Dreux, Guillaume de Ponthieu, Mathieu de Montmorency, Guillaume des Barres et Guillaume de Garlande.
Le Duc de Bourgogne commande à l’aile droite, Philippe Auguste au centre, quant à Dreux et Ponthieu ils tiennent la gauche.
S’ensuit alors, une violente mêlée où le Roy de France, targe et masse d’arme au poing, fait montre de vaillance mais se fait désarçonner. C’est alors que, voyant le tabard (1) fleur-de-lysée à terre, les hommes de l’Empereur et les flamands se précipitent dans l’espoir d’envoyer le Roy de France à son dernier jugement. Mais la Chevalerie française se rue au secours de son Souverain. Le Chambellan Pierre Tristan vient protéger Philippe des assauts ennemis.
Même si les Bourguignons connaissent des difficultés sur le Pont de Bouvines, le Centre et la Gauche des Français malmènent sans pitié les coalisés. Guillaume des Barres et son compère Girard La Truie manquent même de capturer l’Empereur Othon IV. Ledit empereur préférant alors abandonner son oriflamme marquée de l’Aigle pour trouver son salut dans la fuite, ses gens à sa suite.
Quant à Ferrand de Flandres, il est capturé par les milices françaises avant d’être enfermé dans une cage pour être littéralement exposé aux yeux des sujets de Philippe avant d’entamer une captivité de quinze années dans les murs du Louvre.
Pendant ce temps, Chevaliers et Miliciens d’Eudes de Bourgogne profitent de l’élan français pour accroître le carnage. Mathieu de Montmorency s’illustre particulièrement en ramenant à son Souverain douze bannières ennemies. En récompense, l’illustre vieille famille des Montmorency sera autorisée à arborer douze aigles d’azur de plus sur son blason.
Philippe Auguste écrira aux recteurs de l’Université de Paris : « Louez Dieu ! Car nous venons d’échapper au plus grave danger qui nous ait pu menacer ».
Bouvines reste incontestablement l’une des plus grandes victoires de la dynastie capétienne. Renforçant la légitimité de la Couronne, elle permit alors d’asseoir davantage le pouvoir du Roi.
Enfin, certains ecclésiastiques et même quelques théologiens avancèrent l’idée que si Philippe Auguste a gagné ce jour là, ce fut de par la volonté de Dieu qui souhaitait punir les anglo-germano-flamands d’avoir poussé le Roi de France à guerroyer un dimanche. Or, depuis le Concile de Charroux au XIe siècle, cela ne devait point se produire.
(1) : Sorte de long manteau sans manche frappé des armoiries de son détenteur.
Lire :
– DUBY Georges : Le Dimanche de Bouvines
– GALLAND Philippe : Philippe Auguste, le bâtisseur du Royaume, Belin