« Catinat réunit par un rare assemblage, les talents du guerrier et les vertus du sage » disait de lui Voltaire de façon pour le moins élogieuse.
Nicolas de Catinat de la Fauconnerie et de Saint-Gratien voit le jour le 1er septembre 1637 à Paris rue de la Sorbonne au sein d’une famille de magistrats de la Noblesse de Robe. Son père, Nicolas II de Catinat est Doyen des Conseillers du Parlement de Paris.
Il se destine d’abord à suivre la tradition familiale d’exercer la profession d’avocat. Étudiant d’abord le Droit, il est reçut au Barreau. Mais se découvrant une vocation militaire, il abandonne la robe pour entamer une carrière militaire dans l’Armée de Louis XIV en 1660. Officier, il rejoint le Régiment prestigieux des Gardes Françaises avec le grade de Lieutenant. Courageux, il se distingue dans les combats contre les Espagnols, notamment lors du siège de Lille mené par Vauban en 1667. En 1673 lors des Guerre de Hollande, il sert au siège de Maastricht sous les ordres de Vauban où il reçoit une blessure mais on le retrouve l’année suivante sous les ordres du Grand Condé à la victoire de Seneffe contre les Hollando-Impériaux au cours de laquelle il est encore remarqué. En 1675, placé sous les ordres de Turenne, il participe à la victoire de Türckheim contre les Impériaux. En 1678, on le retrouve aux sièges de Gand et d’Ypres.
Fait Capitaine en 1679, il est envoyé dans le Piémont capturer le Comte Mattioli, secrétaire particulier du Duc de Mantoue que Louis XIV accuse de jouer un double-jeu diplomatique entre la France et les Impériaux. La même année, Nicolas de Catinat participe au siège de Cazal.
– Lieutenant-Général en 1688, Catinat donne toute la mesure de son talent lors de la Guerre de la Ligue d’Augsbourg, même si l’Histoire a davantage retenu le nom du Maréchal de Luxembourg. Le 18 août 1690, il remporte la belle victoire de Staffarde en Italie dans un terrain marécageux défavorable contre le Duc de Savoie Victor-Amédée II et le Prince Eugène de Carignan-Savoie. Cette victoire permet à la France d’occuper Saluces et Suse. Le 4 octobre 1693, après avoir été élevé à la dignité de Maréchal de France par Louis XIV, Nicolas de Catinat remporte la victoire de La Marsaille, toujours contre le Duc de Savoie. Elle se caractérise par un choc brutal de l’Infanterie royale mené à la baïonnette contre les lignes savoyardes qui se sont débandées, ainsi que par une manœuvre de débordement de flanc par la Cavalerie, notamment la Gendarmerie Royale.
– En 1701, Catinat est placé à la tête de l’Armée d’Italie lors de la Guerre de Succession d’Espagne. Mais il commande à des forces mal équipées et mal instruites. Mal préparé pour la guerre, il subit l’unique revers de sa carrière à Carpi le 9 juillet contre le Prince Eugène. Mais ce revers suffit à le faire disgracier par le Roi qui le remplace par l’incompétent Maréchal de Villeroy. Ses soldats qui l’appréciaient pour sa proximité et son souci d’économie du sang viennent vite à le regretter.
– Le Maréchal de Catinat préfère alors se réfugier sur ses terres de Saint-Gratien, loin des intrigues de Versailles, même s’il entretien toujours de très bons rapports avec des personnages tels Fénelon et Bossuet. Il adhère alors au Quiétisme et prend soin de son domaine comme des habitants qui y vivent. Admirateur du Roi Saint Louis, on dit qu’il appréciait recevoir les villageois sous un marronnier afin de régler les litiges et prodiguer des conseils, retrouvant là son ancien métier d’avocat. Pourtant jamais avare de phrases acides, le Duc de Saint-Simon garda un très bon souvenir de Catinat : « Il avait de l’esprit, un grand sens, une réflexion mûre. Ses habits, ses équipages, ses meubles, sa maison, tout était de la dernière simplicité : son air l’était aussi, et tout son maintien. »
– Le Maréchal profite aussi de son exil forcé pour rédiger plusieurs recommandations tactiques pour les combats. Il préconise ainsi les chocs brutaux pour rompre les lignes ennemies et va jusqu’à réhabiliter la pique pour enfoncer les lignes ennemies. Toutefois, il préconise aussi d’économiser le sang de ses soldats lors des combats. Il reçut notamment le surnom de « Père de la Pensée ».
Ce grand chef de guerre français, malchanceux à la fin de sa carrière, s’éteint le 22 février 1712, loin des fracas de la Guerre de Succession d’Espagne.
Source :
– Nicolas de Catinat in Ville de Saint-Gratien, http://www.ville-saintgratien.fr