Les Cavaleries de 1914 – Les Britanniques et le Commonwealth (2)
Elle aussi héritière d’une longue histoire et forgées par des traditions pratiquement immuables au sein de certains régiments, la Cavalerie britannique est l’une des plus belles d’Europe mais souffre de plusieurs défauts semblables à son alliée française comme par exemple, l’utilisation idéalisée de la charge en force contre les lignes ennemies.
* UNE CAVALERIE PETRIE D’HERITAGES HISTORIQUES
– Mais il faut garder à l’esprit qu’avant le déclenchement de la Guerre contre les puissances centrales, la Cavalerie britannique a beaucoup servi lors d’opérations dans les colonies avec plus ou moins de succès. Parmi, ses faits d’armes les plus notables, le 21st Lancers a victorieusement chargé contre les mahdistes à Omdourman lors de la conquête du Soudan en 1898. Charge à laquelle a d’ailleurs participé un Lieutenant nommé Winston Churchill, alors détaché du 4th Hussars. Notons que les cavaliers britanniques chargent de préférence à la lance qu’au sabre.
– Enfin, tout comme leurs homologues et adversaires, les cavaliers de Sa Majesté vont aussi être « démontés » pour servir d’Infanterie. Toutefois, le Commandement britannique au Moyen-Orient va conserver plusieurs unités montées au Moyen-Orient contre les Turcs. Ils contribueront fortement aux succès d’Allenby en 1917 et 1918.
– La Cavalerie anglaise compte plusieurs régiments distincts. Les plus prestigieux sont intégrés à la Household Cavalry, soit la garde montée du Roi et de la famille royale. On compte ainsi le Composite Regiment, les 1st et 2nd Life Guards, ainsi que le Royal Horse Guards. Ses officiers sont issus des régiments ayant fait le preuve en Inde et en Afrique et on y entre difficilement sans quartiers de noblesse.
– Les unités combattantes mobilisables et déployables en permanence sont les Line Cavalry Regiments qui se partagent entre les Dragoon Guards, Royal Dragoons, Dragoons, Royal Hussars, Hussars, Carabineers, Royal Lancers et Lancers. Ceux qui ont le privilège de posséder la mention Royal arrivent en tête dans l’ordre de préséance.
– D’autres régiments sont levés au sein des Comtés (Shires) et portent la dénomination de Yeomanry (Norfolk Yeomanry, Staffordshire Yeomanry, Suffolk Yeomanry, etc.). Pendant l’Epoque médiévale, comme sous les Tudors et les Stuarts, les Yeomen étaient les propriétaires terriens pouvant s’acquitter d’un impôt et s’équiper d’une monture et d’armes.
– Par héritage historique toujours, un nombre important de régiments de cavalerie portent une seconde dénomination désignant leur parrain/marraine issu(e) de la famille royale ou de la haute aristocratie (King Edward’s, King George’s, Queen Victoria’s, Empress of India’s, Prince Albert’s, Prince Edward’s, Prince of Wales’, Duke of Connaught’s, Duke of York’s, Duke of Cambridge’s, Duke of Edimburgh’s, Princess Charlotte’s, etc.).
– La troisième catégorie d’unités montées royales regroupe les Special Reserve Regiments, unités de réserve comme l’indique leur dénomination qui peuvent sont levés immédiatement en cas de guerre. On y trouve notamment les North Irish Horse, King Edward’s Horse, South Irish Horse, Skinner’s Horse, et Lothian and Border Horse entre autres.
– Enfin, lors de la déclaration de guerre, la Grande-Bretagne contre 24 Reserve Cavalry Regiment mais les maintiendra en Grande-Bretagne et en Irlande durant le conflit.
– Arme de prestige, la Cavalerie britannique fournit une large part des officiers supérieurs de la Regular Army, alors qu’en comparaison, les principaux généraux français sont issus de l’Artillerie, du Génie et de l’Infanterie. Ainsi, John French (commandant du British Expeditionnary Force), William Robertson (chef d’état-major du BEF), Douglas Haig, Edmund Allenby, Julian Byng et William Birdwood, entre autres, sont respectivement issus des 19th Hussars, 3rd Dragoon Guards, 7th Hussars, 6th Dragoons, 10th Hussars et 12th Lancers.
** ORGANISATION ET EQUIPEMENTS EN 1914
– Au déclenchement du conflit, les Britanniques lèvent plusieurs Cavalry Brigades indépendantes en Métropole comme en Inde, avant de les regrouper en division après les premiers combats en Belgique et en France. A la fin 1914, le British Cavalry Corps (Edmund Allenby) et le Ist Indian Cavalry Corps (Michael Rimington) sont créés par addition de 3 divisions pour chacun.
– La Division montée se scinde en trois Cavalry Brigades à 3 Regiments chacune et compte aussi l’état-major divisionnaire, un détachement du Royal Horse Artillery Regiment (RHA), avec une batterie (Battery) par Brigade, ainsi que les unités de Transport, du Génie (Engineers), de santé, d’administration, de fourrage, de ravitaillement et vétérinaires. Pour les opérations de combat, les Britanniques privilégient l’élevage et l’utilisation des pur-sangs anglais et arabes, tandis que mules et mulets sont astreints au transport du matériel.
– Unité tactique de base, le Cavalry Regiment compte 549 officiers, sous-officiers et hommes du rang (dont 528 hommes réellement à cheval). Il est scindé en 3 Squadrons (Escadrons) désignés par les lettres A, B et C. Son ’état-major comprend plusieurs officiers spécialisés (intendance, administration, transmission, transport, médecine et service vétérinaire).
– Du point de vue de la tenue et de l’armement, les cavaliers de Sa Majesté se distinguent des fantassins seulement par la culotte de cavalerie serrée aux jambes par des bandes molletières ou des jambières de cuir. Les cavaliers portent eux aussi la tunique kaki, ainsi que la casquette frappée du cab badge (insigne en métal) régimentaire. Ils portent leurs munitions dans des cartouchières portées en bandoulière. Les officiers chargent et combattent au sabre au revolver Webley Mk II ou Mk III, alors que sous-officiers et hommes du rang chargent à la lance et font le coup de feu avec le SMLE Lee Enfield porté en fonte.
3 – CAVALERIE DU COMMONWEALTH
– Le Commonwealth et les colonies fournissent eux aussi leurs contingents de cavaliers, les plus importants provenant d’Inde et d’Australie (Australian Cavalry). On compte aussi plusieurs contingents au Canada (Canadian Hussars, Royal Canadian Dragoons, Lord Strathcona’s Horse et Fort Garry Horse), de Nouvelle-Zélande (New-Zealand Cavalry), d’Afrique du Sud (Natal Mounted Rifles, Imperial Light Horse).
– Attardons nous un instant, sur la Cavalerie de l’Army of India. Conformément à la pensée en vigueur chez les militaires britanniques qui font la promotion des « martial races » (« races guerrières »), les éléments montés indiens sont recrutés au sein d’ethnies au traditions guerrières réelles ou supposées comme les Sikhs, les Cipayes, les Rajpoutes et les Jats. Les Cipayes et les Rajpoutes fournissant les unités de lanciers. Mais il est intéressant de noter que plusieurs Cavalry Regiments des Indes portent une dénomination britannique (Lancers) ou le nom de leur fondateur (Hodson’s Horse, Skineer’s Horse, Gordon’s Horse) et non une dénomination autochtone comme c’est le cas dans l’Infanterie. Seuls lesDeccan Horse, 34th Prince Albert Victor’s Own Poona Horse et Central India se distinguent.
– Chaque brigade de cavalerie indienne est recrutée à partir d’une ville du sous-continent (Mhow, Lucknow, Meerut, Sedunderabad, Sialkot, Ambala…). Chaque brigade doit compter un régiment issu de la Métropole. C’est notamment les cas des 8th King’s Royal Irish Hussars et 6th King’s Edward Own Cavalry. Notons enfin qu’il est permis aux officiers et aux sous-officiers britanniques servant dans les régiments indiens peuvent porter les coiffures traditionnels du régiment auquel ils sont rattachés, ce qui traduit un attrait certain pour l’exotisme.
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