Abel Servien : diplomate de Louis XIII et Louis XIV
Injustement passé dans l’oubli, Abel Servien, Comte de la Roche-aux-Aubiers, Seigneur de Sablé et de Bois-Dauphin voit le jour à Biviers au sein de la noblesse parlementaire du Dauphiné.
D’abord Procureur du Parlement de Grenoble, il devient ensuite Maître des Requêtes de l’Hôtel du Roi. Devenant l’une des « créatures » du Cardinal de Richelieu qu’il sert avec fidélité, Servien est envoyé en inspection en Guyenne. Reconnu pour ses qualités d’administrateur et de négociateur, Louis XIII le nomme Intendant de la province.
Après avoir accompagné Louis XIII en Italie lors de la Guerre de Mantoue, il est nommé Intendant de l’Armée d’Italie, puis Gouverneur de la Place de Pignerol. C’est lors de son séjour dans le Piémont qu’il rencontre Giulio Mazarini avec lequel il se lie d’amitié. C’est notamment grâce à Servien que le Cardinal Sicilien va rencontrer Richelieu. Abel Servien négociera les deux Traités de Chérasco (1631) avec le Duc de Savoie et la Maison de Habsbourg-Autriche.
Nommé ensuite Secrétaire d’État à la Guerre (après une courte période à la présidence du Parlement de Bordeaux), il appose sa signature à côté de celle du Roi sur la déclaration de Guerre à l’Espagne. Mais victime de l’animosité que son ascension politique suscite auprès de Claude Bouthillier de Chavigny (Affaires Etrangères) et Claude de Bullion (Finances) – autres « Créatures » de Richelieu – et de sa mésentente avec le Père Joseph « L’Eminence grise » du Cardinal, Abel Servien doit s’exiler en Anjou sur ordre du Cardinal pour soupçons de malversations. Richelieu qui l’appréciait pourtant, avait décidé de le sacrifier politiquement afin de conserver la cohésion du Conseil dans une période militaire difficile. Le Cardinal dira que « son éloignement de la Cour n’était pas pour avoir desservi l’État ».
Abel Servien revient aux affaires après la mort de Richelieu et de Louis XIII. Avec Claude de Mesme Comte d’Avaux il est plénipotentiaire principal pour négocier au nom du Roi de France les Traités de Westphalie mettant fin à la Guerre de Trente Ans ; de laquelle la France sort victorieuse militairement et politiquement.
Pendant la Fronde, il reste entièrement fidèle à Anne d’Autriche et à son ami Mazarin. Il sera même qualifié par certains historiens et mémorialistes comme le Premier des anti-frondeurs.
En 1653, Mazarin le nomme aux côtés du Chancelier Pierre Séguier (autre grand fidèle de Richelieu) dans un Ministère étroit et lui confie la Surintendance des Finances. Mais il doit bientôt s’éclipser au profit de l’ambitieux Nicolas Fouquet.
Il se retire à Meudon où il consacre les six dernières années de sa vie et sa fortune personnelle à la restauration du Château de Meudon, ancienne propriété de la Famille de Guise, qui n’existe plus aujourd’hui. Il y meurt de la maladie de pierre le 17 février 1659.
Il était aussi l’oncle d’Hugues de Lionne, futur grand Secrétaire d’État de Louis XIV.