Anne de Bretagne, Duchesse et Reine de France

by adminfhesp

Encore aujourd’hui, Anne de Bretagne reste l’un des personnages historiques les plus populaires chez les Bretons, sans doute pour avoir réussi à avoir conserver les coutumes et particularités du vieux duché en usant de sa place de Reine de France.


Anne voit le jour le 25 janvier 1477 au château ducal de Nantes. Elle est la fille du Duc
François II de Bretagne
et de Marguerite de Foix. La petite duchesse reçoit toute l’attention de son père. Celui-ci mène une bataille politique face au Roi de France Louis XI qui considère la Bretagne comme l’une des « cornes » menaçant son Royaume. François II s’était notamment allié à Charles le Téméraire Duc de Bourgogne lors de la Guerre de la Ligue du Bien Public et cherche constamment l’alliance avec l’Angleterre.

Anne grandit donc à Nantes et reçoit une bonne instruction en Français, en Latin et en matière religieuse de la part de Françoise Dinan. Jehan Meschinot son Maître de Chambre lui enseigne des bases de musique et de danse. Physiquement elle est plutôt petite et boîte. Elle n’est pas très belle mais dégage du charme et beaucoup de noblesse.

La règle de succession du Duché de Bretagne, non écrite, privilégie les héritiers mâles à la tête du Duché chez les Montfort puis chez les Penthièvre. Seulement, François II et Marguerite de Foix n’ont pas de garçon et Anne est l’aîné. Pour éviter que la Bretagne ne tombe dans l’escarcelle des Valois, François II décide, en 1481, de fiancer sa fille avec le Prince de Galles fils d’Edouard IV. Le Prince de Galles disparaît brusquement en 1483 et François propose Anne à Henri VII Tudor, alors détenu en Bretagne mais ce prétendant au trône d’Angleterre refuse.
Les évènement s’aggravent pour la Bretagne, le 28 juillet 1488, les Français défont l’armée ducale à Saint-Aubin-du-Cormier lors de la Guerre folle. Les deux partis signent ensuite le Traité du Verger qui oblige le Duc de Bretagne à rendre hommage au Roi de France et à ne pas engager de troupes étrangères sur le sol breton. Le 9 septembre, François II meurt des suites d’une mauvaise chute de cheval, en laissant Anne comme seule héritière. Elle n’a que onze ans mais le défunt Duc l’a placée sous la garde de Jehan IV de Rieux et lui a fait promettre de ne jamais assujettir la Bretagne à la France.

Après la mort du Duc, Anne épouse en première noce et par procuration Maximilien de Habsbourg Roi des Romains (héritier de Charles le Téméraire par sa mère). Mais Anne de Baujeu, sœur aînée de Charles VIII et Régente de France, y voit une violation du Traité du Verger car elle craint que la Bretagne ne tombe dans l’escarcelle de la Maison d’Autriche et ne lui serve de poste avancé dans l’Ouest de la France. La guerre reprend sans tarder et Charles VIII vient assiéger Rennes. Dos à la mer, la Bretagne n’a pas les moyens de résister à l’armée des Valois.

Toutefois, sur les conseils du Cardinal Jacques d’Amboise et de la Régente Anne de Baujeu, Charles VIII renonce à épouser la toute jeune Marguerite d’Autriche Princesse de Bourgogne, à laquelle il était jusque-là fiancé (et fort attaché), pour épouser Anne de Bretagne. Les fiançailles ont donc lieu dans la Chapelle des Jacobins de Rennes et le mariage sera célébré en toute discrétion au Château de Langeais le 6 décembre 1491. Le Pape Innocent VIII a validé l’annulation du mariage entre Maximilien de Habsbourg et Anne.

Anne de Bretagne joue un rôle politique effacé d’autant plus que ses grossesses se succèdent presque tous les ans. Malheureusement, les cinq enfants qui naissent de son union avec Charles VIII décèdent en bas âge (Charles-Orland, François, Charles de France, François de France et Anne). Intelligente, cultivée et raffinée elle embellit la cour de France avec de l’art italien, fait venir l’humaniste italien Fauste Andrelin, fait restaurer la chancellerie de Bretagne et édifier le tombeau de ses parents dans la Cathédrale de Nantes.

Après la port de Charles VIII accidentellement au Château d’Amboise en 1493, Anne de Bretagne est promise à Louis d’Orléans devenu Louis XII, cousin de Charles VIII et qui fut partisan de son père François II lors de la Guerre folle.
Le contrat de mariage stipule que Louis d’Orléans devra annuler son premier mariage avec Sainte Jehanne de France, la seconde fille de Louis XI qui se retirera dans les ordres à Bourges. Anne réussit à négocier des avantages pour la Bretagne, certains se répercutent toujours aujourd’hui. Anne est la seule héritière du Duché et si Louis y exerce bien le pouvoir régalien, il prend le titre de Duc Consort. D’autre part, elles maintient des privilèges fiscaux sur le duché, tel l’absence de perception de la gabelle (impôt sur le sel créé sous Charles VII) et le maintient des avantages sur les octrois.
Le mariage entre Louis XII et Anne de Bretagne est célébré à Lyon le 10 août 1501 à Lyon par Mgr. François de Buysleyden Archevêque de Besançon.
Huit enfants naîtront de cette union mais seules Claude de France et Renée de France survivront.
Pendant le règne de son époux, Anne de Bretagne accomplit un Tro Breizh dans son duché natal. Elle s’y rendra encore plusieurs fois et y sera acclamée par les Bretons.

Au niveau politique, elle s’oppose fermement au mariage de sa fille Claude avec François d’Angoulême, futur François Ier. Mais le mariage aura bien lieu à la mort de la Reine qui survient le 9 janvier 1514. Les obsèques d’Anne de Bretagne en la Basilique de Saint-Denis seront particulièrement fastueuses.

Lire :
MINOIS Georges : Anne de Bretagne, Fayard, Paris
LE BOTERF Hervé : Anne de Bretagne, France-Empire, Paris