Campagne d’Alsace (1944-1945) : quatrième partie

by adminfhesp

6–  HIMMLER DÉCLENCHE L’OPÉRATION « SONNENVENDE » 

– Pour soutenir « Nordwind », Himmler a prévu de déclenché une attaque le 5 janvier sur la rive gauche du Rhin sur deux axes principaux. Au nord, le XIV. SS-Korps d’Otto von dem Bach (553. VGD renforcée par des unités blindées et mécanisées) pour frapper dans le flanc de Brooks dans le secteur de Gambsheim, moins de 10 km au nord de Strasbourg. Deux jours plus tard, le 7, la 19. Armee de Siegfried Rasp doit déclencher une nouvelle attaque entre Strasbourg et Colmar, sur la lisière nord de la Poche. L’Opération est alors baptisée « Sonnenvende » (« Solstice d’hiver »), avec le LXIV. Armee-Korps de Helmuth Thumms (198. ID, 106. Panzer-Brigade ainsi que d’autres éléments blindés) avec une cinquantaine de Panzer et de canons d’assaut. Le but des Allemands est alors clairement de bousculer tout le flanc de la VIIth Armee vers les Vosges afin de reprendre Strasbourg comme le contrôle des cours du Rhin et de l’Ill. Ces deux attaques vont contraindre Alexander M. Patch à remodeler urgemment son dispositif.


1 – Secteur du VIth Corps

– Avec le déplacement des TF Harris et Herren au nord pour garder la Vallée de la Lauter, la TF Linden issue de la 42nd « Rainbow » Division se retrouve seule à garder le Rhin sur environ 34 km. Pour cette raison, Devers approuve le retrait du VIth Corps sur la Lauter afin de rétrécir les lignes de Brooks, ainsi que le transfert de la défense de Strasbourg au IInd Corps de Montsabert pour le 6 janvier. Mais en raison des attaques concomitantes lancées par Himmler sur Gambsheim et Rhinau, Jean de Lattre de Tassigny ne peut déployer des forces sur Strasbourg.

– Pendant ce temps, la TF Linden fait tout ce qu’elle peut pour enrayer les tentatives de percées ennemies. Mais sans unités de transmissions, d’artillerie et de transports – exceptée la présence de petites unités de la 79th Division en soutien direct – les bataillons de fusiliers de la Task Force ne peut tenir le coup. Le Génie doit alors faire passer hommes et véhicules sur la rive gauche du Rhin en toute urgence. Toutes les contre-attaques lancées sur les pointes allemandes ont été repoussés et la tête de pont allemande s’élargit à une vitesse alarmante.
Pendant ce temps, à l’ouest, les unités fraîches de la 6. SS-Geb.Div. déferlent dans les lignes défensives de la 45th Division dans les Vosges et capturent Wingen, l’objectif initial de la première percée de « Nordwind ». A ce moment, le Major.General Brooks a ses deux flancs pleinement engagés dans les combats et il n’a plus de réserves à lancer. Devers et Patch réagissent très rapidement. Le 6 janvier, les 36th et 103rd Divisions sont engagées sur le Front des Vosges, avec l’appui des éléments restants de la 14th Armored Division. De plus, Devers presse de Lattre d’engager rapidement des forces vers Strasbourg. Enfin, la 12th Armored Division d’Allen, dernière réserve opérationnelle du 6th Army Group, est intégralement déployée dans le secteur du VIth Corps.
Pour l’heure, Edward H. Brooks essaie de contrer l’attaque allemande sur Gambsheim, en prélevant des bataillons d’Infanterie à la 79th Division d’Ira T. Wyche, ce qui a toutefois le vice d’affaiblir le front nord. Le 8 janvier, Brooks envoie un Combat Command de la 12th Armored contre la tête de pont allemande.

Insigne de la 6. SS-Gebirgs-Division « Nord »

Insigne de la 6. SS-Gebirgs-Division « Nord »

– Dans les Vosges, les forces de Brooks continuent à tenir la ligne des Vosges, le 276th Infantry Regiment (Colonel Albert C. Morgan) de la TF Herren et 1 bataillon du 274th Infantry réussissent à reprendre le secteur de Wingen aux Waffen-SS dans l’après-midi du 7 janvier après plusieurs jours de sanglants combats. En revanche, sur le flanc est du VIth Corps, les contre-attaques américaines sont mises en difficulté en raison du quadrillage du secteur par les canaux, les cours d’eau et par les ponts détruits. Bien que retardés quelque peu, les Allemands concentrent alors leurs attaques sur Gambsheim, Herrlisheim et Offendorf.

– Le 8 janvier, le CC B de la 12th Armored (Colonel Charles V. Bromley) comprenant le 56th Armored Infantry Battalion et le 714th TB tentent de reprendre le contrôle de Herrlisheim au centre de la tête de pont allemande. Mais les chars ne peuvent se déployer correctement et les fantassins portés sont contraints de partir à l’assaut à pied. Ils tombent alors sur des Grenadiers allemands appuyés par des engins blindés. Le 9 janvier, en repartant à l’assaut les GI’s et les équipages de Sherman se retrouvent pris sous un feu d’enfer de l’artillerie allemande, pour se faire cueillir « comme des canards dans un stand de tir ». Dans la journée du 10 janvier, un parti d’obusiers motorisés M8 (en fait des chars légers Stuart armés d’un obusier de 75 mm) réussissent à s’approcher de la ville par plusieurs entrées afin de soutenir des troupes à pied. Mais la glace des canaux ne supporte pas le poids de certains d’entre eux et leur extraction ne peut avoir lieu avant la nuit. Seuls les chars légers Stuart du 714th TB réussissent à atteindre Herrlisheim. S’ils s’avèrent inutile en combat, au moins peuvent-ils acheminer du ravitaillement, des médicaments et des munitions. Finalement, le bataillon est forcé de se retirer avec l’aide du Génie. Herrlisheim ne s’avère pas un bon endroit pour une division blindée.

Insigne de la 70th US Division « Trailblazers »

Insigne de la 70th US Division « Trailblazers »

Brigadier.General Thomas W. Herre, commandant de la 70th US Division

Brigadier.General Thomas W. Herren, commandant de la 70th US Division

2 – Le IInd Corps d’Armée français

– Heureusement pour Brooks, l’attaque au sud de Strasbourg ne s’avère pas être une menace sérieuse. De Lattre réussit à y déployer la 1re DFL (ou DMI) du Général Pierre Garbay – rappelée de sa mission sur les poches de l’Atlantique –  et la 5e Division Blindée de Henri de Vernejoul. Mais Monsabert est sur le point de faire quitter les Vosges à la 3e DIA de Guillaume lorsque la 19. Armee déclenche son attaque contre Rhinau. De Lattre positionne alors de la 1re DFL  au sud de la capitale alsacienne; entre l’Ill et le Rhin. Au départ, elle ne devait pas se trouver là mais Monsabert a ordonné à Garbay de garder ce secteur. A désarroi rageur de Bernard Saint-Hillier qui regrette que son nouveau supérieur n’ait pas le caractère de feu Diego Brosset. Pour l’heure, la division grelotte, tout simplement parce que l’esprit de clocher de l’état-major de la Ire Armée empêche les FFL et leurs recrues de toucher les vêtements adéquats, toujours entreposés dans les stocks (J-Ch. Notin). En revanche, Garbay peut disposer du renfort de la Brigade de FFI Alsace-Lorraine que commande André Malraux dit Berger.

– Les objectifs initiaux de Sonnenwende restent limités et consistent à reprendre une zone en triangle entre les rives l’Ill et les rives du Rhin de Sélestat à Erstein, soit le quart du territoire sécurisé par la 2e DB de Leclerc en décembre. L’extension du contrôle allemand au nord d’Erstein, incluant une petite tête de pont logistique à Rhinau, doit servir de tremplin pour avancer vers Molsheim jusqu’à ce que Strasbourg soit investi. Rasp et Thumm étaient fort sceptiques quant aux chances réussites de Sonnenwende. Selon eux, tout dépend des renforts et de l’effort principal à fournir contre Strasbourg. Chargé de l’assaut initial, Helmuth Thumm concentre ses forces d’attaque sur la rive est du canal Rhin-Rhône, pendant que les forces françaises positionnées entre le canal et le Rhin se replieront si Erstein est prise au plus vite. Le 7 janvier, le gros des chars allemands et 1 régiment de la 198. VGD avancent vers le nord, atteignant Erstein dès le premier jour de l’attaque, avant d’obliquer au sud-ouest le long de l’Ill afin de piéger les unités françaises déjà engagées par le reste de la 198. VGD.

Général Pierre Garbay, commandant de la 1re DFL

Général Pierre Garbay, commandant de la 1re DFL

– Le 5 janvier, l’assaut ennemi démarre avec une traversée du Rhin en force au nord et au sud de Strasbourg. Les « Pacifiens » du Bataillon d’Infanterie de Marine et du Pacifique (BIMP) du Commandant Edmond Magendie reçoivent tout le choc dans le secteur de Herbsheim. Des hommes sont surpris et capturés mais les « Pacifiens » se reprennent et réussissent à tenir Neuenkirch. Heureusement, le 6 janvier, Garbay rameute d’urgence des Fusiliers-Marins du 1er RFM et des Parachutistes du 1er RCP qui tirent les FFL d’affaire, avant l’arrivée d’un Bataillon de Légionnaires de Gabriel Brunet de Sairigné. Mais l’alerte a été particulièrement chaude. Garbay demande alors à Monsabert de pouvoir se retirer plus à l’est mais le général gascon refuse.

– Ayant échoué à Herbsheim, les Allemands décident de percer à Obenheim dès le 9-10 janvier avec les Jagdpanther de la 106. Panzer-Brigade « Feldherrnhalle » (Oberst Franz Bäke). Les 772 Marsouins du Bataillon de Marche (BM) 24 du Commandant Coffinier qui tiennent le secteur, sont sérieusement secoués à Obenheim. S’il compte encore des officiers et sous-officiers ayant connu l’Afrique, l’Italie et la Provence, la majorité des soldats sont des FFI ou de toutes jeunes recrues. Mais ils tiennent bon. Un officier allemand interpelle Coffinier par son propre nom mais se fait éconduire sans ménagement. Il n’empêche que le bataillon est presque isolé, les Allemands rameutant même des blindés. L’état-major de la 1re DFL tente d’apporter son soutien, pendant que des C-47 larguent du ravitaillement aux assiégés.  Mais les colis s’égaient dans le paysage. Le BM 11 du Commandant Bavière contre-attaque vers Obenheim depuis Sand et Osthouse, avec le concours d’éléments des anciens maquisards d’Isère (« Chambaran ») du 11e Régiment de Cuirassiers (Thivollet) mais la tentative butte contre les chars et les Panzergrenadiere.

– Garbay appelle à l’aide Leclerc (avec qui il était à Saint-Cyr) pour lui demander de lâcher le Groupement Tactique de Guillebon sur Obenheim. Mais Jacob L. Devers, qui a besoin de la 2e DB refuse net. Dans la nuit du 10-11 janvier, les Marsouins de Coffinier résistent encore mais manquent d’armes lourdes, de grenades et leurs munitions s’épuisent.  Le 11 janvier, les Allemands lancent une attaque avec l’appui de PzKw IV, Panther et Sturm-Geschützte. C’est la fin, les hommes de Coffinier ne peuvent lutter davantage. 193 ont été tués ou blessés et 572 sont capturés.
Ce succès permet aux troupes de Himmler de relancer une attaque entre Herbsheim et Rossfeld. Mais cette fois-ci, les Français sont prévenus. Garbay retire les Pacfiens et les Légionnaires de Brunet de Sairigné derrière l’Ill durant la nuit du 11-12. Mais 60 hommes sont perdus durant la traversée, ainsi que tout le matériel lourd. Garbay appelle alors André Diethelm Ministre de la Guerre pour lui annoncer que la 1re DFL fera son devoir mais risque d’être percée de toutes parts. Saint-Hillier fait creuser des mines et dresser des barbelés en toute urgence. Les Allemands lancent plusieurs attaques mais les Français tiennent jusqu’au 13. Le 14, de Lattre accompagné de Valluy (son chef d’état-major), de Monsabert, Touzet du Vigier, Guillaume et de Vernejoul vient personnellement au PC de la 1re DFL pour féliciter Garbay et Saint-Hillier de la bonne tenue au feu de la division. Mais les vieux FFL gardent une rancœur tenace envers la tête de la Ire Armée, notamment envers Monsabert pour avoir dû mener une résistance obstinée. Garbay a perdu 1 337 hommes dont 699 tués.

– Les forces de Thumm, renforcées par 1 régiment de la 269. VGD, alors tenue en réserve sur la rive droite du Rhin, nettoie toute la rive ouest de l’Ill le 11 janvier et sécurise la rive ouest du Rhin au-delà d’Erstein. Le 13 janvier, Sonnenvende est officiellement achevée. Même si Hitler a ordonné à Himmler de poursuivre son attaque au nord avec toute la 269. ID, il annule l’ordre car la division doit être expédiée d’urgence sur le Front Oder-Vistule. Mais sa remplaçante, la 2. Gebirgs-Division est en route.

Colonel-Général Johannes Blaskowitz, commandant du Groupe d'Armées G

Colonel-Général Johannes Blaskowitz, commandant du Groupe d’Armées G

3 – L’attaque du XXXIX. Panzer-Korps

– Le quatrième assaut allemand contre la VIIth Army commence le 7 janvier contre la position la plus vulnérable au nord du saillant de Lauterbourg. Le jour précédent, Johannes Blaskowitz obtient finalement la permission de Hitler d’engager ses unités blindées de réserve dans ce secteur. Le XXXIX. Panzer-Korps de Karl Decker arrive alors pour prendre le contrôle de l’opération avec les 25. PzGren.Div et 21. PzD, ainsi que la 254. VGD en soutien. Ayant observé l’évolution des opérations avec attention, le commandant du Groupe d’Armées G reste convaincu que le redéploiement américain depuis la Lauter avait réduit les défenses dans cette zone et pense qu’il faut frapper à hauteur de Saverne aussitôt que possible. Pendant ce temps, Edward H. Brooks retire ses forces de défenses de 4 à 8 km depuis les portions de la Ligne Maginot et la ligne de défense la plus avancées consiste en quelques bataillons d’Infanterie comme des troupes de soutien des 45th et 79th Division, ainsi que le 242nd Infantry Regiment (Colonel Norman C. Caum) de la TF Linden. Par conséquent, la 79th Division d’Ira T. Wyche s’efforce de contrôler les forces suivantes réparties de gauche à droite et d’est en ouest : 222nd Infantry (Colonel Henry J. Luongo), 315th Infantry, 313rd Infantry, 232nd Infantry (Colonel Alfred McNamee) et 314th Infantry. C’est ce dernier qui essaie de tenir la tête de pont de Gambsheim avec l’aide du CC B de la 14th Armored, du 232nd Infantry, ainsi que des éléments de la 3e DIA. Mais avec l’apparition des deux divisions mécanisées allemandes au nord, c’est toute la ligne de défense américaine qui peut se retrouver en danger. Néanmonins, dans le saillant de Lauterbourg, l’agrégat hétérogène d’unités américaines occupant les fortifications de la Ligne Magniot mènent une défense énergique contre des forces allemandes dépourvues d’appui blindé. Le manque de reconnaissance efficace, les mines semées par les équipes de la 79th Division et les barrages d’artillerie, le mauvais temps, le gel, ainsi que la présence inattendue de la TF Linden retardent considérablement les Allemands. Déçu par le manque de progrès, Johannes Blaskowitz visite le front de Lautebourg pour relancer ses unités de Panzer en avant. Il va même jusqu’à menacer de cour martial ses commandants d’unités principales pour leur manque d’agressivité. Finalement, le 9 janvier, les blindés de Karl Decker réussissent à percer le centre du VIth Corps qui doit se replier dans la Forêt de Haguenau, forçant Brooks à lancer toute la 14th Armored Division – sa dernière réserve – dans le secteur Hatten – Rittershoffen. Les blindés américains doivent alors engager les Panzer ennemis dans les villes, les champs et sur les routes. La journée tourne alors en une série d’engagements cuirassés dans le froid rigoureux, tout aussi sanglants les uns que les autres. Le VIth Corps combat durement pour maintenir ses lignes dans ce qui s’apparente à une mêlée générale. Le Major.General Albert C. Smith, commandant de la 14th Armored, doit prendre le contrôle opérationnel sur les 242nd et 315th Infantry Regiments au-dessus de la Forêt de Haguenau, pour être appuyé par son artillerie et celle de la 79th Infantry. En retour, dans la nuit du 13-14 janvier, Karl Decker fait donner des renforts : Fallschirmjäger-Regiment 20, puis le 16, le Grenadier-Regiment 104 (Oberstleutnant Eberhard Nolte) de la 47. VGD (Max Bork). Sur tout le long du front du VIth Corps, la situation devient alarmante. Les combats les plus durs se concentrent à Rittershoffen et Hatten. Si les Allemands s’emparent de la partie est des deux villes, les Américains tiennent encore l’ouest. Les champs et les routes sont transformés en no man’s land par l’artillerie des deux camps. Dans les villes, Panzergrenadier et Infanterie blindée s’étrillent dans de violents combats de rues., avec parfois l’appui de chars. Le 15 janvier, alors que Decker envoie de plus en plus d’Infanterie dans les deux villes, les Américains font de même en accroissant leurs défenses, tout en faisant des prodiges dans l’évacuation des blessés. Néanmoins, la 14th Armored et l’infanterie qui lui est attachée réussissent à tenir leur ligne en bloquant l’effort allemand. En revanche, elle a dû laisser un tiers de son effectif et de ses hommes.

Insigne de la 63rd US Division « Rainbow »

Insigne de la 63rd US Division « Rainbow »

Brigadier.General Henry H. Linden

Brigadier.General Henry H. Linden

– Un combat aussi désespéré et violent se déroule en même temps entre Mouterhouse et Baerenthal, engageant le 157th Infantry Regiment (Colonel O’Brien) de la 45th Division et des unités de la 6. SS-Geb.Div « Nord ». L’engagement dure sept jours (du 14 au 21 janvier). Si le 3rd Battalion du 157th Infantry parvient à enfoncer les lignes défensives allemandes, les deux autres sont incapables de suivre. 5 Compagnies (L, I, C, K et G) sont encerclées et isolées et doivent se battre violemment durant trois jours dans la bourrasque, tandis que des éléments des 45th et 103rd Divisions, ainsi que par le 36th Combat Engineer Battalion ne parviennent pas à desserrer l’étau. Les blessés doivent être abrités dans des trous. Le 20 janvier, 125 soldats tentent de percer dans les lignes allemandes mais seulement 2 réussiront à atteindre le dispositif ami. Cette attitude a été motivée par le massacre de Malmédy, dont l’histoire largement diffusée dans la VIIth Army, a conduit nombre de GI’s à refuser de se rendre aux Waffen-SS.


4 – L’assaut blindé

– Le  janvier, Pendant ce temps, le haut-commandement allemand débat sur le rôle d’utiliser les réserves, notamment les 10. SS « Frundsberg », 11. Panzer, 7. Fallschirmjäger, 47. VGD  et la 2. Gebirgs Divisionen. Au soir du 8 janvier, Johannes Blaskowitz propose d’utiliser les Volksgrenadier, la division parachutiste et les unités de montagne pour capturer les sorties est des Basses-Vosges et de frapper vers Haguenau et Gambsheim. Pendant ce temps, les troupes de Decker doivent occuper les Américains au nord. Hitler accepte de déployer toutes les forces prévues pour l’Opération « Zahnarzt » mais insiste pour que la 10. SS « Frundsberg » soit déployée à l’est de la Forêt de Haguenau le long du Rhin, afin de se lier au Heeres-Gruppe Ober-Rhein dans la tête de pont de Gambsheim. Le reste des réserves pourra être utilisé par les chefs d’unité lorsqu’ils le jugeront bon. Mais le temps que les instructions soient communiquées, les forces de Karl Decker ont réussi à percer entre Hatten et Rittershoffen, faisant ainsi du XXXIX. Panzer-Korps la seule grande unité de soutien à l’Opération « Sonnenvende ». Mais les Allemands rencontrent de sérieux problème pour tirer un avantage tactique de la situation. Lorsque Hitler donne son ordre pour déployer les réserves, Blaskowitz ne les reçoit que vingt-quatre heures plus tard. Et le même temps est nécessaire pour transmettre l’ordre de Hitler à Decker.

– Ce dernier tente de percer entre Hatten et Rittershofen et de dépasser la Forêt de Haguenau mais il se heurte à des éléments de la 14th Armored Division arrivés en trombe dans la nuit du 10-11 janvier. Avec les quelques troupes de montagne des 6. SS et 2. Geb.Div. dont il reçoit le renfort au compte-goutte, Decker tente alors de forcer le passage. Des éléments de la 7. Fallschirm-Division se joignent à la mêlée dans les deux localités. En même temps, Blaskowitz commence à rassembler la 10. SS « Frundsberg » au nord-est pour la lancer sur la rive gauche du Rhin.
Tard dans la journée du 11, Blaskowitz retourne à son QG, abandonnant apparemment l’idée d’une percée rapide. En même temps, jugeant que le XXXIX. PzK est quasiment livré à lui-même, Hitler décide de transférer la poursuite de l’attaque principale à l’est des Vosges au Groupe d’Armée Ober-Rhein. La décision devient effective le 12 janvier, avec le transfert du QG du XXXIX. PzK, ainsi que des 10. SS « Frundsberg » et 7. Falschirm Divisionen à Himmler ; pendant que les 21. PzD, 25. PzGren et 47. VGD se retrouvent sous le commandement du LXXXIX. Armee-Korps de Gustav Höhne. Enfin, tout le front des Vosges se retrouve sous la responsabilité du XC. Armee-Korps de Petersen. Mais alors que les deux groupes d’armées procèdent à leurs transferts de commandement, le charismatique Heinz Harmel rassemble ses « Frundsberger » dans le secteur de Lauterbourg pour attaquer au sud.
En face, Patch et Brooks s’efforcent aussi de réorganiser leurs lignes de défense. Mais avec la fin de l’attaque allemande dans le secteur Rhinau-Erstein le 13 janvier, de Lattre peut accélérer le déploiement des tirailleurs de la 3e DIA sur Strasbourg. Et l’arrivée de la 103rd Division donne à Brooks l’opportunité de relever les éléments fatigués de la TF Herren.

– Même le SHAEF commence à  prêter attention au champ de bataille sur son flanc sud. L’état-major d’Eisenhower informe alors Patch qu’il recevra de l’artillerie supplémentaire et – quelque peu surprenant – le renfort des « Screaming Eagles » de la 101st Airborne Division, au bord de l’épuisement après les Ardennes. Pour l’heure, Patch et Brooks transfèrent le reste de la 12th Armored et la 36th Infantry Divisions à Brooks qui les envoient immédiatement verrouiller le secteur de Gambsheim, pour y relever les éléments fatigués des TF Linden et 79th Infantry Division. Hormis le secteur de Hatten, le front du VIth Corps reste assez calme.

Insigne de la 63rd US Infantry Division

Insigne de la 63rd US Infantry Division

5 – L’attaque finale

– Le 16 janvier, le XXXIX. Panzer-Korps – avec la 10. SS « Frundsberg », la 7. Fallschirm-Div., les 384. et 667. Sturmgeschützt-Brigade et même le Reichsführer-Begleit-Abteilung, lance son attaque vers la rive gauche du Rhin depuis Lauterbourg, malmenant les défenseurs de la TF Linden et de la 79th Division et établissant leur jonction avec les éléments de l’OB Ober-Rhein qui attaquent  dans la tête de pont de Gambsheim. Certains éléments de la « Frunsberg » ont même été transbordés sur la rive gauche du Rhin. Les commandants allemands espèrent alors pouvoir attaquer encore au sud, derrière la principale ligne de résistance du VIth Corps, en frappant vers la trouée de Saverne. Patch et Brooks s’attendaient bien à une nouvelle attaque allemande mais pas à ce changement d’axe qui les prend par surprise. L’unité qui reçoit le choc de l’attaque n’est pas la 14th Armored, ni la 79th Division mise en alerte mais la 12th Armored Division, qui opère sur le flanc ouest de la tête de pont de Gambsheim. Le 16 janvier, la 12th Armored effectue un nouvel effort pour s’emparer de Herrlisheim, dont la possession permet de s’assurer le contrôle de la ligne de communication allemande Nord-Sud dans la tête de pont de Gambsheim. A ce moment, le CC B renouvelle ses efforts au nord de Herrlisheim, attaquant encore à l’est de la Zorn, tandis que le CC A (Riley F. Ennis) – avec 2 bataillons d’Infanterie blindée et 1 bataillon de chars – effectuent une traversée de la Zorn au sud de Weyersheim et e porte sur Herrlisheim. Roderick R. Allen espère que ses deux unités pourraient encercler et isoler la ville, tenue selon son renseignement par 500 – 800 fantassins sans réelle organisation. Une fois Herrlisheim encerclée, Allen pense que ses trois bataillons d’infanterie mécanisée pourront nettoyer la ville facilement. Evidemment, cette mission est davantage l’apanage d’une division d’infanterie mais ni la 36th Division, ni la 3e DIA ne sont encore déployée en force dans ce secteur. Mais l’attaque commence déjà très mal. Le CC B est encore incapable de s’assurer le contrôle des points de passage au nord. L’artillerie allemande empêche tout effort pour lancer des ponts. Pendant la nuit du 16-17 janvier, une attaque des 43rd Tank et 66th Armored Infantry Battalions au sud de Herrlisheim rencontrent une résistance déterminée. Le CC A se rend très vite compte que des canons antichars sont positionnés dans la ville, ainsi que dans Offendorf. A l’aube du 17 janvier, Allen ordonne à ses deux Combat Commands de reprendre leur attaque. Le CC A doit lancer les compagnies de renfort du 17th Armored Infantry Battalion (Major James W. Logan) à la bordure sud de Herrlisheim, tandis que le 43rd TB (Lt.Col. Nicholas Novosel), accrochera l’est de la ville. De son côté, le 66th Armored Infantry, renforcé par des éléments du 23rd Tank Battalion et de l’artillerie, tente de prendre les bois par le sud. La force de Logan avant d’abord à pied, atteignant la lisière sud de Herrlisheim sans incident, tandis que la force de Novosel formée de 28 chars M4 Sherman peints en blanc se porte vers l’est. Mais très vite les deux unités rencontrent une très forte résistance. Tard dans l’après-midi, les fantassins du 17th Armored Infantry semblent avoir consolidé leurs positions au sud de la ville. En revanche, aucune trace du 43rd TB ; le 17th AIB perd tout contact radio avec lui sur le coup de 10h00. Mais peu de temps après, Novostel donne la localisation de son bataillon ; quelque part dans la portion est de Herrlisheim. Vers 13h30, un nouveau message indique que le char de Novostel a été touché et que le bataillon se cramponne à l’est de la ville. Durant la nuit, le CC A et les véhicules de ravitaillement du 43rd TB tentent de retrouver l’unité perdue. Mais pendant ce temps, la résistance allemande se durcit dans Herllisheim. Le Major Logan appelle l’artillerie pour appuyer les troupes isolées mais il doit informer Allen que son unité doit céder du terrain. A 04h00 du matin, le bataillon isolé est encerclé par les éléments de pointe de la « Frundsberg ».

Major.General Roderick R. Allen (à droite), commandant de la 12th Armored Division

Major.General Roderick R. Allen (à droite), commandant de la 12th Armored Division

– Le 18 janvier, un avion d’observation trouve le 43rd Tank Battalion, disposé comme un cercle de charriots de pionniers. L’avion signale que plusieurs chars sont transformés en carcasse calcinée mais d’autres sont toujours opérationnels. Allen déploie alors tout le reste de sa division pour lancer une mission de secours. Sauf que pendant la soirée, le déchiffrage radio capte un message allemand annonçant la capture de 300 prisonniers américains, tout comme la destruction ou la prise de 50 blindés.

– L’attaque de la « Frundsberg » sur l’aile droite de son VIth Corps contraint Brooks à retirer vers la Moder les unités situées au nord de la Forêt de Haguenau dans la nuit du 20-21 janvier. Ce mouvement prend les Allemands par surprise, les empêchant de talonner les éléments en retraite. Brooks établit alors de nouvelles positions le long des Zorn, Modern et Rothbach, ce qui raccourcit ses lignes. En revanche, les Allemands ne se retrouvent pas à leur avantage puisque leurs lignes logistiques – déjà assez mal en point – se retrouvent davantage étirées. Outre ses quatre divisions d’infanterie et deux divisions blindées en ligne, Brooks peut compter sur la présence de la 3e DIA à Strasbourg, comme de l’arrivée prochaine de la 101st Airborne (épuisée).
Dans la nuit du 24-25 janvier, le VIth Corps est ainsi capable de repousser une série d’attaques allemandes. Si les assaillants réussissent à percer ici-et-là, ils sont violemment repoussés par des contre-attaques menées par les 100th et 42nd Divisions maintenues en réserve rapprochée, ainsi que par la 36th Division de Dahlquist et des éléments de la 3e DIA de Guillaume. Aussi soudainement qu’elle avait commencé, l’offensive allemande doit s’arrêter. Furieux, Hitler remplace Johannes Blaskowitz par le dévoué SS-Oberstgruppenführer Paul Hausser.

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