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Campagne d’Alsace 1944-1945 (Seconde partie)

2 – LE NETTOYAGE DE LA PLAINE D’ALSACE

– Le 27 novembre, le gros de la 3rd US Infantry Division d’O’Daniel entre dans le secteur de Strasbourg et s’emploie à nettoyer le reste de la tête de pont sur la rive gauche du Rhin tenue par les Allemands, ce qui est accompli le 1er décembre. Au sud-ouest de Strasbourg, le 30th Infantry Regiment (Colonel McGarr) nettoie le secteur au sud de Molsheim et fournit temporairement 1 Bataillon à Leclerc. Dans le même temps, le 117th Cavalry Squadron effectue un bond depuis Wasselone pour atteindre Gambsheim au nord de Strasbourg. Les Cavaliers américains tentent alors d’occuper le village mais le manque d’armes lourdes et d’hommes d’appui les force à se retirer sur La Wantzenau, afin d’étoffer la protection du VIth Corps au nord.

– Pendant que son flanc gauche sécurise le flanc du XVth Corps, Brooks ordonne à son flanc droit de percer définitivement dans les Vosges. Sur le flanc sud du 30th Infantry Regiment, le 411th Infantry de la 103rd US Division (Colonel Donovan P. Yeuell) atteint Le Hohwald le 27 et en dépit d’une résistance locale, envoie une colonne dans la Plaine d’Alsace jusqu’à Barr, 10 km au sud de Molsheim. En revanche, Barr est bien défendue sa prise nécessite deux jours de violents combats au 411th Infantry, appuyé par des éléments du CC A de la 14th Armored.

– Alors que la Division du Brigadier.General Haffner combat pour s’assurer de la prise du Hohwald et de Barr, la 2e DB du Général Leclerc commence sa descente vers le sud de l’Alsace, vers Erstein par les N 83 et N 68. Mais les chars français et américains rencontrent de fortes difficultés dans leur progression en raison du terrain transformé en bourbier par les fortes pluies du mois de novembre. De plus, les Allemands ont détruit la plupart des ponts du secteur. S’ajoutent à cela la pluie et la neige qui brouillent les communications radios et empêchent les avions d’appui de prendre l’air. Des furieux combats ont lieu et Barr et Erstein. Dans la première localité, les fantassins du 411th Infantry doivent combattre rue par rue et maison par maison, pendant qu’une colonne du CC A y entre par le nord. Mais cette décision s’avère une erreur coûteuse puisque la colonne blindée et le peu de fantassins portés d’accompagnement se retrouvent englués dans un violent combat de rue et perdent 18 engins de la B Company du 48th Tank Battalion (8 devant être abandonnés sur place avec une partie du matériel lourd). Le 29 novembre, les fantassins de la « Cactus Division » finissent par libérer Barr et retrouvent les 8 chars abandonnés la veille, heureusement intacts.

– Les blindés américains éprouvent aussi des difficultés près d’Erstein. Les défenseurs allemands se battent plutôt bien et lancent même une contre-attaque qui obligent les Américains à quitter Benfeld, alors que les défenseurs d’Erstein sont eux aussi contraints de se retirer vers le nord le 28. Finalement, les soldats inexpérimentés du CC A sont relevés par la 2e DB durant la nuit du 28-29 novembre. Pendant ce temps, à la fin de la journée du 28, le GT D du Colonel Dio (12e Cuirassiers, 1er Bataillon du Régiment de Marche du Tchad, 4e Escadron du RMSM, 3e Escadron du RBFM, 1er Groupe du 3e RAC et 2/13e BG*) entre dans Erstein par le nord-est et doit faire face à une forte résistance ennemie. Mais à la tombée de la nuit, presque toute la ville est aux mains des Français.

Brigadier.General Charles H. Karlstad

Brigadier.General Charles H. Karlstad

– Le 29 novembre, le GT D tente de dégager Erstein mais se heurte quand même à une violente résistance mais finit par déboucher à l’ouest, au sud-ouest et au sud. Alors que le reste de la 2e DB roule entre Barr et Erstein, le CC A de Karlstad avance au sud de Barr mais se retrouve bloqué à moins de 1 km sur le chemin de Sélestat en raison des ponts détruits. Parallèlement aux combats de Barr et d’Erstein, le reste de la 103rd US Division réussit à déboucher définitivement des Vosges et contourne Barr par le sud pour atteindre Dambach-la-Ville, environ 4 km au nord de Sélestat le 30 novembre. Mais là encore, elle doit faire face à une résistance particulièrement opiniâtre.
Tout au sud, la 36th US Division  avance elle aussi lentement vers Sélestat, en progressant laborieusement dans le massif forestier des Hautes-Vosges. Tandis que le 141st Infantry (Colonel Charles H. Owens) opère par le Col du Bonhomme, les 142nd et 143rd Infantry (Colonels Lynch et Paul D. Adams), tombent sur des villages inoccupées et des routes avec des obstacles routiers pour seules défenses. Néanmoins, les progrès restent particulièrement lents en raison de la marche à travers champs et les points de résistance allemands à contourner. C’est le 3/142nd Infantry qui atteint la Plaine d’Alsace le premier le 30 novembre, à 4 km environ de Dambach-la-Ville.

– Patch espérait que Barr et Sélestat soient définitivement sécurisées le 30 novembre et que la 2e DB eût atteint Colmar, faisant son possible pour déployer le reste du VIth Corps. Mais Patch, son état-major comme son Renseignement constatent que la résistance allemande se renforce au nord de Colmar et que sa réduction ne sera pas une simple formalité. Malgré cela, la 2e DB finit par tomber sur les hommes de la 198. ID et la 36th US ID capturent des membres de la 106. Panzer-Brigade. Devers et Patch commencent alors à revoir leurs plans. Le VIth Corps doit continuer son offensive sur Sélestat, pendant que le XVth Corps devra attaquer au nord seul, pour l’instant.
Le 30 novembre, Edward H. Brooks relance son corps à l’attaque de Sélestat. Le CC A  de la 14th Armored s’empare de Saint-Pierre sur la N 422 après un rude combat, ce qui ouvre la route au sud de Barr. Le jour suivant, l’unité de Charles H. Karlstad atteint les villes de Scherwiller et d’Ebersheim.

– Les 2-3 décembre, le CC A s’apprête à rejoindre le reste de la 14th Armored et la 2e DB, comme la 103rd US Division comencent par occuper ses positions. Alors que les Américains progressent lentement dans la Plaine d’Alsace, Leclerc décide de lâcher ses Groupements Tactiques vers l’est, tout en évitant soigneusement l’assaut sur les villes. Le GT R s’empare alors de Benfeld le 1er décembre et dégage la N 83 en avançant vers Sélestat. Plus à l’est, le GT D pousse vers le Rhin vers Friesenheim, tandis que le GT V du Colonel de Guillebon (501e RCC, III/RTM, 2/RBFM, 11e/64e RA et 2/13e BG) s’intercale entre les GT R et GT D. Le 3 décembre, les Français cessent leur avance en s’installant sur la ligne Ebersheim – Friesenheim, en attendant de nouveaux ordres, alors que les Allemands sont toujours enterrés sur la rive est du Rhin.

– De son côté, la 103rd US Division de Haffner entre dans Sélestat le 1er décembre, accompagnée par quelques éléments de la 36th US Division. Le lendemain, les deux divisions déploient chacune 2 bataillons bien soutenus par des chars et de l’artillerie pour prendre d’assaut le centre urbain de Sélestat, pendant que les autres bataillons d’assaut encerclent la ville. Il faut néanmoins deux jours de combats aux GI’s pour venir à bout de la résistance des éléments de la Bürcki-Division. Les combats cessent définitivement le 4 décembre. Mais après trois semaines de marche dans les Vosges et de combat, les troupes américaines font montre de fatigue.
Avec la libération de Sélestat, la mission du VIth Corps dans la Plaine d’Alsace est terminée mais Patch laisse la 36th Division – dont une moitié est encore dans les Vosges – aider Leclerc à pousser vers Colmar. Le reste des unités du VIth US Corps rejoignent alors leurs lignes assignées par Patch au nord de l’Alsace. Mais la progression est particulièrement lente en raison du mauvais temps. En revanche, la Ire Armée Française piétine toujours dans les Hautes-Vosges et sa logistique est défaillante. En revanche, les Allemands se renforcent dans la Poche de Colmar, ce qui n’augure pas de combats aussi faciles que prévus.

3 – L’AVANCE AU NORD DE L’ALSACE

A – Des progrès difficiles

– Le 26 novembre, alors que l’ensemble du XVth Corps effectue son déploiement, Wade H. Haislip ordonne à la 44th US Division de Spragins de continuer son opération de dégagement de l’ouest des Basses-Vosges en soutien de la 4th Armored Division de Gaffey dans la Vallée de la Sarre. A ce moment cette unité blindée tente de percer la ligne Wolfskirchen – Eywiller- Durstel au sud de Sarre-Union. Haislip lui rattache alors le 71st Infantry Regiment (Colonel Ercil D. Porter) afin de renforcer son infanterie d’accompagnement fatiguée par près de trois mois de combats sur le front lorrain. La 4th Armored avance lentement dans la boue et sous la pluie mais finit par s’emparer de Wolfskirchen et d’Eywiller le 27. Durstel tombe le 29 et Sarre-Union le 1er décembre, même si la ville n’est pas sécurisée avant le 5 (voir Soixante-dix ans de la campagne de Lorraine. Douzième partie). A ce moment, la 4th Armored Division sort du secteur du XVth Division et le 71st Infantry retourne sous le contrôle de la 44th US Division. Sur sa gauche, le 114th Infantry (Colonel Martin) s’empare de Tieffenbach le 28 novembre, pénétrant ainsi dans la principale ligne de résistance allemande. En revanche, en progressant vers l’est par la route N-419 dans les montagnes, le régiment tombe sur une résistance mieux organisée menée par des détachements des 361. VGD et Panzer-Lehr. Pendant ce temps, le 324th Infantry (Anderson) remonte la N-419 de l’autre côté des Vostes pour consolider le dispositif de gauche de la division. Le 2 décembre, le 114th Infantry s’empare de Frohmuhl, tandis que les deux autres progressent lentement sur la N-419.

– Sur le versant est des Basses-Vosges, la 45th Division s’apprête elle aussi à partir à l’assaut contre les défenses allemandes encore accrochées au massif. Le 28 novembre, le 157th Infantry (Colonel O’Brien) tient Ingwiller, pendant que le 397th Infantry (100th Division) qui lui est rattachée temporairement, n’avance que de plusieurs centaines de mètres sur la N-419 en direction du nord-est. La 361. VGD défend alors cet axe routier de manière beaucoup plus déterminée. Haislip prévoit alors que le reste de la 100th Infantry Division force les positions allemandes entre Frohmuhl et Ingwiller, avant de continuer vers le nord aux côtés de la 44th Division. Robert L. Spragins reçoit alors pour instruction spéciale de forcer les défenses allemandes sur le plateau fortifié au nord de SIersthal, pendant que la 100th Division de Burress – avec de régiments – attaque sur Bitche à l’est de Siersthal, en plein dans le cœur de la Ligne Maginot. Le troisième régiment de la « Century », le 397th (Lt.Col. John M. King) doit contourner les défenses allemandes sur la n 419 à l’ouest d’Ingwiller, avant de rejoindre le reste de la division.
Les deux divisions doivent alors frapper dans un terrain montagneux qui les prive d’un soutien blindé adéquat. Les Américains doivent alors mener un combat fait de tirs d’artillerie et de mortiers, de contre-attaques locales et d’attaques de positions fortifiées. Le 3 décembre, la 100th Division atteint le hameau de Puberg, juste au sud de la N-419, pendant qu’à l’est, d’autres éléments divisionnaires attaquent Wingen-s/-Moder dans la nuit du 3-4. Mais une contre-attaque allemande bien menée encercle toute une compagnie qui doit se rendre. Wingen est encore aux mains des Allemands. Il apparaît alors clairement que l’objectif de s’emparer de Siersthal et de Bitche ne pourra être rempli dans les délais espérés, d’autant que le ravitaillement de la 100th Division devient de plus en plus difficile.

Source : http://ibiblio.org

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– Sur son flanc est, Haislip ordonne aux 45th et 79th Divisions, beaucoup plus expérimentées, d’avancer vers le nord en parallèle des deux autres divisions, sur une ligne d’un peu plus de 15 km située entre Rothbach (au pied des Basses-Vosges) et Bischwiller. La charnière des deux unités étant fixée à Mertzwiller, environ 6 km à l’est de Rothbach. En outre, le terrain est beaucoup plus favorable car composé de champs en openfield. En outre, les forces allemandes de renfort n’ont pas achevé leur déploiement dans ce secteur. Sur la gauche, la 45th Division s’empare d’Ingwiller le 28, le Rothbach le 29, comme de la plupart de ses objectifs sur son flanc gauche. En revanche, son flanc droit rencontre de sérieuses difficultés. Le 180th Infantry du Colonel Dulaney ne parvient peut franchir la Moser que le 30 au sud-est de Metzwiller, sans pouvoir aller plus loin. Cependant, Haislip compte bien profiter de la bonne avance du flanc gauche de la division d’Eagles et lui ordonne d’accrocher la ligne de chemin de fer entre Niederbronn-les-Bains et Mertzwiller. La division reprend son attaque le 1er décembre mais se heurte à une résistance acharnée de la part de la 245. VGD. Et les difficultés s’accroissent : mines, obstacles routiers, destructions… Néanmoins, la division réussit à s’emparer du tronçon de chemin de fer à Gundershoffen. En revanche, Mertzwiller reste entre les mains ennemies, ce qui incite Haislip à penser que  le LXXXIX. Armee-Korps allemand souhaite y développer un point de résistance entre ses deux divisions de droite.

– Tout à la droite du XVth Corps, la 79th US Division de Wyche effectuent des progrès plus modestes face à la 256. VGD qui tient encore une partie du secteur de Haguenau et occupe Gambsheim tout à l’est. Haislip ordonne alors à Wyche de lancer des reconnaissances en force, sans rechercher d’engagement sérieux. Du coup, le commandant de la « Cross of Lorraine » ordonne au 313th Infantry (Colonel Sterling A. Wood) et au 94th Cavalry Squadron d’éclairer le terrain au nord et au nord-est. Le 29 novembre, les deux unités avancent alors vers la rive de la Moder sis Gambsheim mais est repoussé par un violent tir d’artillerie, avant de découvrir que la ligne Schweighausen – Haguenau vient d’être évacuée par les Alllemands. Les Américains s’établissent alors dans ce secteur en attendant de nouveaux ordres.

– Jacob L. Devers se montre particulièrement énervé quant au retard pris par la VIIth Army au nord de l’Alsace, ainsi qu’aux difficultés rencontrées par la Ire Armée Française pour réduire la Poche de Colmar. Le 1er décembre, Devers rencontre de Lattre pour parler de l’Opération « Independance », qui doit mettre fin à toute présence allemande en Haute-Alsace, derrière la rive gauche du Rhin. Mais les Français prennent du retard dans le dégagement définitif des Hautes-Vosges  (IInd Corps d’Armée de Monsabert). Ainsi les vieux FFL de la 1re DFL/DMI de Pierre Garbay démarrent leur avancée le 9 décembre au lieu du 7, alors que la 1re DB – la « Saint Louis » – de Jean Touzet du Vigier ne pourra démarrer sa marche que le 17 décembre, au lieu du 10 ! Ajoutons à cela que l’hiver alsacien en cette fin d’année 1944 est particulièrement précoce et rigoureux. Le thermomètre chute en-dessous de 0°C, tandis que la neige s’abat sur la crête des Vosges et sur le Rhin. Les Tirailleurs d’Afrique grelottent et les cas d’engelures se multiplient, notamment au sein de la 9e DIC de Magnan. Beaucoup de Tirailleurs doivent être évacués. Beaucoup de soldats français, peu habitués à combattre dans ces conditions – exceptés les anciens de la Campagne d’Italie et les Tabors du Maroc – sont aussi victimes du froid.

– Pour l’heure, Devers fixe la limite entre le dispositif de la VIIth Army de Patch et celui du « Roi Jean » au nord de Plobsheim, à 6 km en-dessous de Strasbourg. C’est pour cette raison que Devers octroie la 36th Division et la 2e DB à de Lattre en lui ordonnant de renouveler son offensive dès que possible pour mettre fin à la résistance allemande autour de Colmar. Devers retourne alors son attention du côté du nord, estimant qu’une avance rapide des forces de Patch permettra d’atteindre la frontière allemande et d’entamer les défenses du West-Wall. Patch donne alors ses ordres selon les instructions de son supérieur. Le VIth Corps de Brooks doit prendre position sur la droite du XVth, la limite entre les deux dispositifs étant alors fixée à Saverne et le long de la Crête des Basses-Vosges. Le XVth Corps – comptant alors les 44th et 100th Divisions – doit attaquer au nord dans une profondeur de 8-12 km. A l’est, le VIth, qui prend sous son commandement les 45th, 79th et 103rd Divisions (moins la 3rd Division qui sécurise Strasbourg). Pour renforcer la force de frappe des deux corps jusque-là dépourvues de forces mécanisées, Devers octroie les 12th et 14th Armored Divisions à Haislip et fait savoir à Patch qu’il recevra les 42nd, 63rd et 70th Divisions tout juste débarquées à Marseille, ce qui permettra de relever la 3rd « Rock of the Marne » de sa mission défensive. Sauf que Patton demande à ce que la 12th Armored Division de Roderick R. Allen passe sous le commandement de la IIIrd Army afin de relever la 4th Armored Division dont elle pourrait exploiter l’avancée vers le Bassin de la Sarre. Mais Devers veut aussi la conserver. Alors un compromis est trouvé : la division d’Allen sera déployée dans le secteur du XIIth Corps d’Eddy mais restera « sous le contrôle tactique » d’Haislip. Du coup, le 7 décembre, le CC A de la 12th Armored vient relever les éléments de tête de la 4th Armored qui partent à l’arrière pour prendre un peu de repos.

– Le 4-5 décembre, le XVth Corps reprend son offensive. La 100th Division rencontre d’abord une faible résistance. Les 397th et 398th Infantry Regiments nettoient la portion de la N 419 entre Wingen et Ingwiller à travers les Basses-Vosges, ce qui place l’axe routier sous le contrôle définitif des Américains. Sur la gauche, les 324th et 114th Infantry Regiments de la 44th Division sécurisent Ratzwiller le 5, avant de s’emparer de Montbronn le 6. Malgré un terrain de basses montagnes couvertes de forêts difficiles à franchir, la 100th Division bouscule les petits groupes de soldats allemands qui lui offrent une résistance lâche et diffuse. Le secteur à l’est de Montbronn est dégagé et la ville de Mounterhouse dégagée. Pendant ce temps, le 106th Cavalry Group joue son rôle d’écran protecteur sur la gauche du XVth Corps. Wade H. Haislip retrouve alors son optimisme et assigne à ses deux divisions d’infanterie deux objectifs prioritaires : Siersthal et son plateau pour la 44th, ainsi que Bitche et ses fortifications pour la 100th. Une percée dans ce secteur permettra de développer une pénétration plus importante dans le Westwall. Haislip espère aussi que l’arrivée de la 12th Armored permettra de soutenir l’attaque des deux divisions d’infanterie.

 – Malheureusement, le 7 décembre, les Américains tombent sur une défense allemande bien plus dure, bien fournie en artillerie et en mortiers. En plusieurs points, les Américains sont forcer de reculer. Les Allemands se sont ancrés solidement dans des hameaux, des petites villes et des corps de ferme isolés. La progression américaine en est dramatiquement ralentie. Ajoutons à cela, les cratères d’obus qui criblent les routes et les chemins, ainsi que les ponts détruits, les mines et les « booby traps ». Enfin, il pleut, le brouillard s’installe et les fantassins grelottent. La lassitude et la perte de morale menacent la combativité des troupes. Les nuages bas et épais affectent considérablement le soutien aérien. Ainsi, du 5 au 20 décembre, le XIIth Tactical Air Command ne peut assurer le soutien aux forces terrestres que durant quatre jours.

– Plus à gauche, le 9 décembre, le Combat Command A de la 12th Armored Division (Brigadier.General Riley F. Ennis) rencontre des difficultés face aux positions du LXXXIX. AK à l’ouest de Ratzwiller  et dans le secteur Singling – Rohrbach. Le CC  perce à travers les positions mal défendues de la Ligne Maginot avant de sécuriser Singling le 9 et Rohrbach le 10. Mais en poussant vers le nord, il tombe sur des mines et un tir nourri de canons antichars allemands, le forçant à reculer les 10 et 11 décembre. Le 23rd Tank Battalion perd 8 chars dont son commandant, le Lt.Col. Montgomery C. Meigs. Le baptême du feu est difficile pour la division nouvellement engagée. Le 12 décembre, les forces allemandes placées devant la 12th Armored Division se retirent et le CC A, renforcé du CC R (Colonel Richard A. Gordon) consolident difficilement ses gains de terrains durant trois jours. Le 16 décembre, les soldats expérimentés de la 80th Division occupent le terrain saisi par la 12th Armored qui rejoint la réserve du XVth Corps.

– Alors que la division d’Allen tente de dégager le nord de Rohrbach, la 44th Division se dépense pendant cinq jours – du 7 au 11 décembre – pour dégager le nord de Siersthal. La ville est définitivement prise par le 71st Infantry le 11 décembre, juste au moment où plus à l’est, le 324th réussit à s’intercaler entre Siersthal et Rohrbach. Mais sur la droite du Corps, la 100th Division combat toujours dans un terrain vallonné et forestier mais réussit à s’approcher à moins de 2 km de Bitche.


B – Les combats pour la Forteresse de Bitche

– La capture de Siersthal ouvre alors une route passant par la Vallée de la Schwalb, qui permet d’accéder aux installations défensives au nord-ouest de Bitche. Il apparaît toutefois que les Allemands ont bien décidé de défendre le secteur autour de la ville. Pressé par el temps, Haislip ordonne alors à Spragins et Burress de lancer un assaut sur les forts de l’ouest et du centre. Les deux commandants de division ont juste à espérer que les allemands n’offriront pas une résistance acharnée. Sauf que les défenseur se trouvent dans un secteur favorable, puisque les forts de la Ligne Maginot de Bitche ont été conçu pour résister autant à une attaque venue du nord, qu’une autre venue du sud. L’ensemble s’étend vers l’est depuis les environs de Hottwiller, le Camp de Bitche et jusqu’au Fort Grand Hoherkikel. L’ouvrage majeur permet tient sous son feu la D 35, la route qui permet de traverser la Vallée de la Schwalb et la ville de Bitche. De plus, on trouve toute une série de forts tenant le secteur au sud de Hottwiller et la D 35 : le Fort Schiesseck à l’est de Simershof avec 11 « unités » de béton et d’acier, le Fort Freudenberg au sud de la D 35 et le Fort Otterbiel au nord de Bitche. Toutes ces fortifications sont ceintes de films de fer barbelés, de champs de mines et de murs antichars. Les Allemands utilisent aussi les canons français en défense rapprochée tandis que leur propre artillerie de campagne peut quadriller le secteur de Bitche en étant postée au nord. La défense du secteur est assurée par une partie du XC. Armee-Korps  de Pettersen (25. Panzergrenadier-Division) et par le Gruppe « Höhne » comptant les restes de la 361. VGD.

– Du côté américain, Haislip et Spragins viennent vite à la conclusion que le secteur de Bitche doit être pris par une série d’assauts séquencés et non pas par un assaut général. La première attaque aura lieu contre le Simserhof, l’ouvrage fortifié le plus à l’est. Le 71st Infantry de Porter se chargera de l’assaut principal par le sud depuis Holbach, pendant que le 324th Infantry franchira la Schwalb pour s’emparer du plateau dominant Hottwiller, afin de sécuriser le flanc de l’attaque.
L’assaut a lieu le 13 décembre. Si le 324th d’Anderson ne rencontre qu’une faible opposition, le 71st Infantry avance avec peine sous un déluge d’obus provenant du secteur de la Ferme de Freudenberg. Aucun progrès significatif n’est enregistré durant la journée. Le 14, l’assaut reprend et le 71st parvient à sécuriser la Ferme de Freudenberg, tout en enlevant plusieurs positions mineures entre les Forts Simserhof et Schiesseck. Aidé par des soldats du 63rd Engineer Combat Battalion, il tente d’entrer dans le Simserhof par l’est mais les progrès sont beaucoup plus land. Dès le lendemain et durant quatre jours, Spragins déploie son artillerie, ses chars d’appui du 749th TB et les chasseurs de chars du 776th TDB pour canonner sans ménagement les installations du Simserhof, pendant que les fantassins du Colonel Porter et les hommes du Génie se chargent de l’assaut direct. Si les GIs  doivent repousser plusieurs petites contre-attaques de Grenadier, une partir réussit à s’approcher des entrées des munitions et du personnel. Ils  commencent à les investir le 17, tandis que d’autres éléments régimentaires nettoient la surface et investit d’autres fortifications. Le 19 décembre, le 71st Infantry lance son attaque finale sur le reste des installations du Simserhof mais les Allemands évacuent leurs positions durant la nuit.
Le 19 toujours, le 114th Infantry du Colonel Martin s’empare de Hottwiller sans rencontrer de résistance. La 44th Division commence alors à se regrouper pour attaquer en direction du West-Wall, avec le soulagement de quitter le secteur de Bitche.

– De son côté, dès que le 14 décembre, la 100th Division de Burress démarre son assaut dans le secteur des Forts de Freudenberg et de Schiesseck. Très vite, le 398th Infantry (Colonel Paul G. Daly) se heurte très vite à une forte résistance allemande dans les collines boisées au sud de la D-35 et de Bitche. Les canonniers allemands abrités dans les Forts de Schiesseck et d’Otterbiel offrent un feu nourri sur les GI’s qui sont contraints à revenir sur leurs bases de départ. Burress fait alors donner toute son artillerie divisionnaire (obusiers de 105 et 155 mm), ainsi que des obusiers lourds de 240 mm dans l’espoir d’assommer les défenseurs allemands. Les artilleurs américains canonnent à leur tour les forts durant deux jours, en conjonction avec les P-47 dès que le temps le permet. Si l’épaisseur de qualité des murs construits par les Français dans les années 1930 n’est guère entamée, le moral des défenseurs chute soudainement devant la puissance de feu américaine. Pendant ces deux jours, les chefs de bataillons et de compagnies du 398th Infantry planifient plus soigneusement leur approche des fortifications, autant que leur assaut. L’attaque reprend donc le 17 décembre et le 398th Infantry s’empare du petit fort de Freudenberg, tout en sécurisant les deux entrées du Fort Schiesseck. Il faut encore une journée pour mettre fin à la dure opposition allemande et d’entrer à l’intérieur de l’ouvrage avec l’aide des hommes du 325th Engineer Combat Battalion. Ensuite, plusieurs équipes composées de fusiliers et d’hommes du Génie s’engouffrent dans les galeries qu’ils attaquent à l’arme légère, aux explosifs et au lance-flamme. Le 20 décembre, le 398th achève la sécurisation des onze « unités » du Fort Schiesseck et se regroupe avec l’ensemble de la « Century Division » afin de pousser vers les frontières du Reich. Cette opération de nettoyage lui a coûté un peu plus de 95 hommes, dont 15 tués. Quelques forces restent toutefois en arrière dans le secteur Simserhof – Schiesseck afin de protéger le flanc gauche de la Division. Bitche reste encore aux mains des Allemands, comme les Forts d’Otterbiel et du Grand Hohekirkel. Devant ce succès américain, von Rundstedt ordonne à Höhne et Petersen de retirer leurs forces vers le nord.

C – L’offensive du VIth Corps au nord

– A partir du 5 décembre, Edward H. Brooks assure le contrôle opérationnel sur les 45th et 79th Divisions. Et pendant les jours suivants, la 103rd Division vient s’intercaler entre la 45th et la 79th, avec la 14th Armored Division d’Albert C. Smith rassemblée sur leurs arrières en appui. Le plan d’offensive de Brooks se divise comme suit : la 79th Division de Wyche mènera l’attaque dès le 9 décembre, suivie sur sa gauche par la 103rd le 10. Dès que possible, la 14th Armored passera à travers les lignes de la 103rd pour atteindre Wissembourg, environ 15 km au nord de Haguenau. Arrivée dans ce secteur, blindés et fantassins portés devront sécuriser les points de passage sur la Lauter, rivière qui marque la frontière franco-allemande dans le secteur de Wissembourg, afin de pousser vers le Westwall dans un second temps. La 45th « Thunderbird » reçoit un rôle de soutien avec des attaques limitées sur l’aile gauche du Corps d’Armée (Niederbronn). Son chef William W. Eagles doit être évacué après que sa jeep ait sauté sur une mine. Il est remplacé le 3 décembre par le Brigadier.General Robert T. Frederick qui avait commandé la 1st Airborne Task Force qui a sauté sur le Var le 15 août.
En face du VIth Corps,  le Gruppe Höhne  dispose de 2 divisions à opposer aux Américains. La 245. VGD tient une ligne Niederbronn (au sud-est de la Moder) – Schweighausen et la 256. VGD occupe la ligne Schweighausen – Forêt de Haguenau.

– Le 5 décembre, les 45th et 79th Divisions déclenchent leurs opérations préliminaires depuis leurs lignes de départ. La 45th continuent d’attaque sur la voie ferrée Niederbronn – Mertzwiller mais ses progrès sont lents en raison des difficultés à traverser les monts boisés et les rivières dans les vallées. Chaque village ou hameau est constitué en réduit difficilement expugnable et chaque route est bloquée par des obstacles ou endommagée à l’explosif. Sur la droite de la division, le 180th Regiment de Dulaney, plus favorisé quant au terrain, réussit à dégager presque tout Metzwiller le 5 mais le lendemain, une contre-attaque de Panzergrenadiere le rejette sur la Zintsel du Nord. Mais les Allemands ne choisissent pas d’exploiter leur succès. Heureusement, car le 7 décembre, 1 bataillon du 410th Infantry arrivant depuis les Hautes-Vosges relève le 180th, permettant à Frederick de le retirer du front durant trois jours. Sur la gauche, le 157th Infantry d’O’Brien progresse lui aussi lentement mais parvient à contourner les défenses de Niederbronn par le nord et l’ouest. La ville tombe le 9 décembre. Au centre, le 179th de Murphy a moins de chance puisqu’il butte sur un secteur particulièrement bien défendu par des Grenadiere de la 245. VGD près de Gundershoffen, entre Niederbronn et Mertzwiller.

– Les attaques préparatoires de la 79th Division sont plus importantes. Comme les Allemands tiennent encore le secteur de Gambsheim, le Major.General Wyche est contraint d’abord de sécuriser le secteur Gries – Weyersheim avec le 313th Infantry de Wood, comme de positionner le 94th Cavalry Reconnaissance Squadron (14th Armored Division) au sud du second bourg. Au sud, le 117th Cavalry Squadron, surveille le secteur entre Gambsheim et La Wantzenau, juste au nord de Strasbourg. Wyche veut dégager Gambsheim car cela permettra d’achever le nettoyage de la rive droite du Rhin en Basse-Alsace avant de concentrer l’effort principal de sa « Cross of Lorraine » dans l’attaque au nord. Dans le cas contraire, Gambsheim restera une hernie dans le flanc droit des Américains dont il faudrait venir à bout, monnayant plusieurs jours de retard sur l’agenda. C’est donc au 94th Cav.Squad. que revient cette mission, avec le renfort d’un peloton de Sherman, de 2 compagnies d’infanterie blindée et d’une batterie d’obusiers de 105 mm motorisés M7 Priest. Après une préparation d’artillerie d’une demi-heure, les Cavalrymen attaquent et rencontrent d’abord une résistance tenace des Grenadiere appuyés par des mitrailleuses, des canons et des mortiers. Les artilleurs allemands tirent aussi depuis la rive droite du Rhin. Toutefois, au soir du 8, la force combinée américaine atteint Gambsheim et délivre la ville le lendemain, capturant seulement 25 soldats ennemis. Le même jour, les environs sont dégagés  définitivement. Les hommes de Wyche ont en face d’eux la 256. VGD (Gerhard Franz) en sous-effectifs. Ses défenses principales sont localisées autour de Haguenau.
Le 9 décembre, l’attaque démarre comme prévu. Le 314th Infantry (Colonel Warren A. Robinson) atteint la Moder sans grande difficulté mais le 315th (Colonel Andrew J. Schriner) se retrouve bloqué au sud de Kaltenhouse. De son côté, le 313th  réussit à s’emparer d’un pont sur la Moder laissé intact. Le même régiment nettoie Bischwiller en fin de journée avant de traverser la Moder. Wyche voit alors l’opportunité d’exploiter le succès du Colonel Wood. Il ordonne à un bataillon du 315th de traverser la Moder à Bischwiller avant d’obliquer vers l’ouest en longeant la rive nord.  Le bataillon s’exécute, frappe dans le flanc des défenseurs allemands et occupe le Camp d’Oberhoffen, centre d’entraînement militaire français avant 1940. Le 313th consolide alors la tête de pont en avançant sur Schirrhein, tandis que sur la droite des éléments du 94th Cav.Recce.Squad. atteignent Herrlisheim.

– Alors que l’attention des Allemands se trouve fixée sur Haguenau, les 45th et 103rd Divisions démarrent leur offensive sur le flanc ouest du VIth Corps contre la 245. VGD complètement prise au dépourvu. Le 10 décembre, le 157th Infantry – placé tout à gauche de la 45th Division – et donc du Corps – au nord-est de Niederbronn gagne environ 1,5 km de terrain, tandis que le 180th Infantry de retour sur le front, s’empare du carrefour formé par la voie ferrée et la N-62 à Gundershoffen, au sud de Niederbronn. Glissant ensuite vers le nord-est, le 180th laisse le 411th Infantry avancer à l’est de Gundershoffen. Plus au sud, le 410th Infantry reprend Mertzwiller après un violent combat rue par rue et maison par maison, délivrant ainsi 80 hommes du 180th qui étaient restés cachés dans le bourg depuis le 6 décembre. Après Mertzwiller, le 410th avance moins de 1 km vers la Forêt de Haguenau, qui s’étend sur 18 km. Les bois sont scarifiés de nombreux chemins et sentiers rendus impraticables par temps pluvieux. En outre, plusieurs installations de la Ligne Maginot se trouvent dans le tiers est de la forêt. Si les Allemands avaient eu les moyens d’y offrir une résistance déterminée, l’offensive de Brooks aurait été rendue encore plus difficile. Mais soir du 10 décembre, toute la ligne de front du Gruppe Höhne commence à craquer étant donné que la 245. VGD n’est guère en mesure d’offrir une résistance structurée. Gustav Höhne peut constater très vite que ses flancs sont gravement menacés. Il ordonne à Franz d’allonger le flanc droit de sa division vers le nord-ouest mais la pression brutale de la 79th Division rend la mission impossible. Höhne décide alors de retirer ses deux divisions sur une seconde ligne de défense entre Nehwiller et Fort Louis sur le Rhin. Cela indique que les Allemands abandonnent Haguenau et ses forêt sans combats, afin de préciser l’intégrité de ce qui leur reste de forces.

– Le 11 décembre, les trois divisions de Brooks effectuent de remarquables progrès. Sur la droite, le 314th Infantry reprend Haguenau sans opposition, tandis que le 315th s’assure le contrôle du secteur copris entre Bischwiller et Haguenau, mettant la main sur un important dépôt de vivres et de ravitaillement au Camp d’Oberhoffen. Si le 313th rencontre une plus forte résistance à Soufflenheim, ses patrouilles de reconnaissance ne relève aucune résistance dans la Forêt. Sur la rive gauche du Rhin, d’autres patrouilles avancent sur un peu plus de 2 km au nord de Herrlisheim. Le même jour, le 94th Cav.Recce.Squad rejoint la 14th Armored et cède ses lignes au 117th Cav.Recce.Squad.

– A l’Ouest, le 157th Infantry de la 45th Division s’empare de Nehwiller le 11 et perce dans le dispositif défensif du Gruppe Höhne à peine constitué. Le régiment se lance ensuite au nord-est par les Basses-Vosges sur moins de 1 km, tandis que le 180th couvre plus de 2 km. Seulement, le terrain devient de plus e plus difficile. Dans le secteur de la 103rd Division, les 411th et 409th Regiments avancent eux aussi d’un peu plus de 2 km et percent la ligne allemande près de Woerth. Sur la droite de la division, le 410th Infantry s’empare de Walbourg au nord-est de la Forêt de Haguenau. Aucune résistance sérieuse n’est à relever. Le 12 décembre, les Allemands continuent de céder du terrain. Dans les Vosges, la 45th Division s’empare de Philippsbourg, là où plus de deux-cents ans auparavant, le Maréchal de Louis XIV, Jacques de Berwick trouva la mort. La « Thunderbird Division » contourne aussi le point fortifié de Lembach à moins de 3 km de la frontière. Sur la droite de la 45th, la 103rd atteint Surbourg sur le Rhin, soudant ainsi davantage son dispositif avec celui de la 79th. Celle-ci s’empare définitivement de Soufflenheim et couvre environ 7 km vers Niederroedern et Seltz. Wyche s’attend à ce que les Allemands tentent de contre-attaquer sur la portion est de la Forêt de Haguenau mais ses patrouilles n’y trouvent que des ponts détruits, des obstacles routiers abandonnés et des fortins de la Ligne Maginot vidés de leurs occupants. Les Américains ne sont retardés que par la boue, le temps froid et exécrable et par quelques tirs d’artillerie provenant d’Allemagne. En revanche, comme l’écrit l’historien américain Paul Fussell – lui-même ancien soldat de la 103rd Division – le mauvais temps et le fait de ne pouvoir terminer la guerre avant Noël provoquaient chez les GI’s un sentiment de lassitude. En dépit des succès tactiques, beaucoup d’officiers relèvent chez leurs hommes une forte de perte de motivation, alimentée par le mal du pays. Nombre d’entre-eux – notamment chez au sein des trois divisions « vétérane » d’Afrique, de Sicile, d’Italie et de Provence – n’ont pas vécu Noël en famille depuis 1941 !
Il n’empêche que du côté allemand, la journée du 12 décembre se révèle être un désastre. Höhne ne parvient pas à opposer une défense coordonnée. Au centre de son dispositif, la 245. VGD craque et sur le Rhin, la 25. VGD n’est pas en meilleur état. Seule l’arrivée urgente du Panzergrenadier-Regiment 192 de l’Oberst Josef Rauch (21. PzD) limite encore la catastrophe.

– Brooks peut alors en profiter pour lancer ses forces vers le West-Wall. Le 13 décembre, la Forêt de Haguenau est définitivement dégagée. Partant d’une ligne Surbourg – Niederoedern, la 45th Division s’empare des points de passage sur la Lauter, au sud-est de Wissembourg, tandis que les 103rd et 79th Divisions repoussent les forces allemandes vers la frontière. Brooks décide aussi de faire donner la 14th Armored Division. Son commandant, Albert C. Smith lance alors le Combat Command B du Colonel Francis J. Gillespie sur Surbourg avant d’obliquer vers l’est sur 5 km le long de la Forêt de Haguenau jusqu’à Hatten avant de rencontrer une plus forte résistance. Le CC A de Karlstad suit alors le CC B et poursuit sa route sur un peu plus de 1 km vers Soultz-/s-Forets, où les équipages de blindés font leur jonction avec le 409th Infantry Regiment du Colonel Lloyd. Le 14 décembre, le CC A remonte la N-63 sur l’axe Haguenau – Wissembourg.
Le 13 décembre, la 79th Division reprend sa route vers le nord et nettoie les secteurs de Seltz et de Niederroedern, avant de dépasser Eberbach et atteindre la Lauter à Scheibenhard et Lauterbourg le lendemain.
Enfin, tout à gauche, la 45th Division continue de combattre dans les Basses-Vosges ; s’empare de Lembach et atteint Wingen le 14. Sur son flanc droit, la 103rd rencontre une forte résistance à Climbach à l’est de Wingen, où le 614th TDB subit de Lourdes pertes mais contribue à rejetter une contre-attaque d’éléments de la 21. PzD avec le 411th Infantry. Finalement, le 15 décembre, la 103rd atteint Rott et le secteur de Wissembourg.

* Acronymes pour les unités américaines
– TB : Tank Battalion (Bataillon de chars)
– TDB : Tank Destroyer Battalion (Bataillon de Chasseurs de Chars)
– Cav.Recce.Squad. : Cavalry Reconnaissance Squadron (Escadron de Cavalerie de Reconnaissance)

** Acronymes pour les unités allemandes
– VGD : Volks-Grenadier-Division (Division de Grenadiers du Peuple, nouvelle appellation pour l’Infanterie)
– PzD : Panzer-Division (Division Blindée)
– PzGren. : Panzergrenadier (infanterie mécanisée)

*** Acronymes pour les unités de la 2e DB :

– RMSM : Régiment de Marche des Spahis du Maroc
– RCC : Régiment de Chars de Combat
– RCA : Régiment de Chasseurs d’Afrique
– Cuir. : Régiment de Cuirassiers
– RMT : Régiment de Marche du Tchad
– RA : Régiment d’Artillerie 
– RAC : Régiment d’Artillerie Coloniale
– RBFM : Régiment de Marche du Tchad
– BG : Bataillon du Génie