– LES OFFENSIVES D’AOÛT 1915 (Seconde partie)
** Echec des Néo-Zélandais à Çunuk Bahr
– Sur le flanc droit (sud), l’attaque doit être effectué par deux colonnes d’assaut, chacune appuyée par une force de couverture. La Right Covering Force formée de la New Zealand Mounted Brigade d’Andrew Russell, (avec les Wellington, Auckland et Canterbury Mounted Rifles) et de l’Otago Mounted Rifles doit attaquer sur le Poste N°3 (Old Post No 3 – en fait une extension de la « Crête du Rhododendron »), qui verrouille le débouche de Sazli Beit Dere.
– Anglais et Néo-Zélandais décident de ruser : ils chargent le destroyer HMS « Colne » de bombarder et d’illuminer le Post No 3 avec des projecteurs entre 21h00 et 21h10, puis une fois de plus entre 21h20 et 21h30. Cela permet aux Auckland Mounted Rifles de s’emparer du poste en surprenant les Turcs dans leurs abris. Dans la foulée, les autres postes avancés turcs sur la « Cote du Destroyer » et « Table Top » sont submergés par les Wellington Mounted Rifles, ouvrant ainsi le passage à la New Zealand Infantry Brigade qui forme la Colonne d’assaut de droite, celle qui doit percer par Sazli Beit Dere et Çailik Dere. Pendant ce temps, les Otago et Canterbury Mounted Rifles doivent mener un bref combat pour s’emparer de « Bauchop’s Hill », position qui garde l’entrée d’Aghyl Dere et situé au-dessus du couloir par leuquel doit déboucher la Colonne d’Assaut de gauche du Brigadier.General Vaughan Cox (29th Indian Brigade et 4th Australian Brigade). Pendant ce temps, la force de couverture de gauche, formé de 2 Battalions de la 40th Brigade, nettoie Damakjelik Bahr, afin de sécuriser fortement le flanc gauche.
– Sauf que la suite des évènements se gâte pour la 4th Australian Brigade de John Monash. En effet, partant avec des effectifs réduits en raison de la dysenterie et mal guidée de nuit par un grec, la brigade avance lentement dans l’étroit défilé de « Taylor’s Gap », entre « Bauchop’s Hill » et « Walden Point » sous le feu de tireurs isolés ennemis. Les soldats australiens ont dû mettre trois heures pour couvrir 550 mètres jusqu’à 02h00 du matin. Selon le plan, la 4th Brigade doit escalader la Crête d’Abdul Rahman et la Cote 971, pendant que la 29th Brigade doit attaquer au sud de la Cote « Q ». Mais désorientés par l’obscurité et les tirs des Turcs, les soldats de Monash se perdent et pensent avoir atteint les pentes de la Crête d’Abdul Rahman. Seulement, il s’agit de la continuation de Damakjelik Bahr.
– La Cote 971 s’étend en fait en longueur et en escalader les parois relève de l’impossible pour des soldats exténués. John Monash se trouve alors convaincu qu’il ne peut rien tenter avant la levée du jour. Derrière lui, la 29th Indian Brigade ne peut avancer davantage elle aussi.
Plus grave encore, la New Zealand Brigade (infanterie) de Francis Johnston n’arrive pas à se rassembler à temps sur la Crête du Rhododendron, alors que le Canterbury Mounted Rifles du Lt.Col Hughes n’a pas encore débouché de Sazli Beit Dere, n’ayant pu se guider décemment dans l’obscurité et se trouvant bloqué par des tirs de mitrailleuses. Ajoutons que l’état de santé de Johnston – et une forte tendance à l’alcoolisme – ne facilite pas la transmission des ordres chez les Néo-Zélandais, d’autant que l’ambiance entre officiers devient très vite exécrable. Au final, la NZ Mounted Brigade et les fantassins ne reprennent leur avance qu’à 06h30. Seule satisfaction notable pour les Néo-Zélandais, leur diversion a incité la 5e Division à envoyer ses quelques réserves autour de Kojadere, un village derrière « Gun Ridge ». De plus, l’attaque sur « Pine Ridge » avait encouragé l’Oberst Hans Kannengiesser à ventiler davantage sa 9e Division plus au sud. Mais lorsqu’il s’aperçoit que la menace sur Çunuk Bahr se précise nettement, le commandement de la Ve Armée turque ordonne aux renforts de se mettre en marche vers les hauteurs de Sari Bahr. En raison de la piètre performance de Johnston, les troupes de Kannengiesser atteignent le sommet de Çunuk Bahr à 07h00 pour voir les Néo-Zélandais occuper « l’apex » près de 450 m plus bas.
– A 08h00, Francis Johnston tient une réunion avec ses commandants de Battalions, afin que les Néo-Zélandais consolident leurs positions sur « l’apex » en poussant sur la Crête du Rhododendron et Çunuk Bahr. Mais pendant ce temps, les hommes de Kannengiesser renforcent activement leurs positions afin de barrer la route aux Néo-Zélandais.
– Lorsque la décision de Johnston parvient sur la table d’Alexander Godley, patron de la 1st NZ&A Division, celui-ci entre dans une colère noire et ordonne à Johnston de s’emparer des hauteurs de Çunuk Bahr sans plus tarder. Sauf que Johnston, qui attend toujours l’arrivée des cavaliers démontés du Canterbury Mounted Rifles, envoie les seuls fantassins de l’Auckland Battalion, avec le soutien de 2 compagnies du 2/10th Gurkhas alors positionnés un peu plus au nord. L’attaque a lieu à 10h30. Sauf que 500 Turcs ont déjà eu le temps de prendre position au sommet. Certes, sont-ils en nette infériorité numérique mais ils tiennent les hauteurs et peuvent observer les mouvements de Johnston. L’Auckland et les Népalais passent à l’attaque mais se font repousser avec des pertes sérieuses. Johnston envoie alors le Wellington Mounted Rifles du Lt.Col. Malone à l’assaut contre Çunuk Bahr. Malone refuse net, estimant qu’il ne fera qu’envoyer ses hommes au suicide. Mais finalement, de nouveaux ordres de Godley parviennent à Johnston pour lui signifier de cesser toute attaque jusqu’à nouvel ordre.
Source :
– HART Peter : Gallipoli, Profile Book, Grande-Bretagne