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Chroniques de la Bataille de Normandie – 18/ La Bataille de Saint-Lô (Seconde partie)

par adminfhesp
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5 – CONTRE-ATTAQUE DE LA « PANZER LEHR »

– Le 10 juillet, Paul Hausser vient observer le saillant de Graignes – Saint-André où se concentre la Panzer-Lehr du Generalleutnant Fritz Bayerlein, déploiement facilité grâce au mauvais temps qui empêche les Jabos de l’USAAF de décoller. Hausser prévoit que la Panzer-Lehr rétablisse la situation le long de la Vire en détruisant la tête de pont américaine au sud du Canal Vire-Taute. Selon Martin Blumenson, il semble que Bayerlein n’était pas au courant que la 9th Division était arrivée en renfort et pensait n’avoir à faire qu’à plusieurs Bataillons fatigués de la 30th et aux blindés légers du 113th Cav.Group. Bien que toujours considérée comme l’une des meilleures unités mécanisées allemandes déployées en Normandie, la Panzer-Lehr a subit de lourdes pertes depuis son engagement lors des durs combats de Tilly-sur-Seulles, courant juin. De plus, son transfert vers la région de Saint-Lô a été ponctué de plusieurs attaques aériennes qui ont causés d’autres dégâts.
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– Pour anéantir la tête de pont américaine, Bayerlein déploie les I et II/PzGren-Regt 902 , ainsi qu’un Abteilung de 20 Panzers au nord de Pont-Hébert. Le I/PzGren-Regt 901 (Hauptmann Uthe), appuyé par deux Kompanien de canons antichars (PaK) du Panzerjäger-Lehr-Abteilung 130 (Major Barth) prennent position dans Le Dézert. Enfin, le II/PzGren-Regt 901 et 11 Panzer sont placés en position offensive au Bois du Hommet. Chacune de ces unités est orientée vers le nord-est afin de frapper dans le flanc droit de Corlett.

– Les objectifs initiaux de la Panzer-Lehr sont Cavigny (I et II/902), Saint-Jean-de-Daye (I/901) et Le Mesniel-Veneron (II/901). Bayerlein prévoit que les trois colonnnes fassent leur jonction autour de Saint-Jean-de-Daye après avoir sectionné le dispositif américain. Ensuite, elles repartiront en avant vers la Vire.

A l’aube du 11 juillet, les Mörsers de 105 et 105 mm du Panzer-Artillerie-Regiment 130 (Oberst Luxemburger) et plusieurs tubes de 88 de FlaK ouvrent le feu sur les positions des 9th Division s’étendant parallèlement à la rive de la Vire. Ensuite, « vorwärts » (« en avant »), chars et Panzergrenadiere démarrent leur assaut, Panzer sur les routes et fantassins avançant sur leurs flancs à travers les haies et les hauts-talus.

USA-A-StLo-7– L’assaut de Bayerlein surprend tout d’abord les « Old Reliables » (9th Division) qui avaient pourtant pu observer des mouvements de véhicules ennemis la veille. Le 39th Infantry, reçoit une grande partie du choc, pendant que d’autres éléments de la Panzer-Lehr s’infiltrent dans l’espace laissé vide entre les 39th et 47th. Le PC du 3/39th est débordé pendant que le 1/39th se fait bousculer sur 500 m vers l’est.  Les communications téléphoniques reliant les PC de Flint et Smythe à celui d’Eddy sont sectionnées, rendant les deux régiments muets. Heureusement, grâce à la présence de la 9th Reconnaissance Troop qui informe la division de l’assaut ennemi, l’aguerri commandant des « Old Reliables » fait donner immédiaement les M10 du 899th Tank Destroyers Battalion qui s’en prennent aux Panzer, permettant ainsi aux 39th et 47th de se réorganiser. Le premier réussit à se positionner dans le secteur de La Schellerie – La Buhoterie, pendant que le second vient s’accrocher à la route du Mesnil-Veneron, tout en recevant l’appui du 60th Infantry, épargné par l’assaut allemand.

– Cependant, les éléments de la Panzer-Lehr (Panzergrenadiere et Panther) réussissent contrôler le carrefour Le Hommet – d’Arthenay menant à la Charlemenerie et atteignent un point situé juste au sud de la Scellerie. Mais là, ils se font bloquer par la A Coy/39th et des TD. Un Panther et un SdKfz sont détruits contre un M10. Un scénario presque identique se répère à la Charlemenerie. Les équipages de Wolverines usent d’une technique aussi audacieuse qu’efficace. Appuyés par des fantassins et manoeuvrant à travers les haies autour des axes de progression de la Panzer-Lehr, les TD trouent les colonnes blindés pendant que les troupes à pied clouent les Panzergrenadiere au sol. La tactique est payante et le résultat plus satisfaisant car au final, 12 Panther et 1 Panzer IV sont détruits.

– La chance est avec les Américains car la pluie s’arrête de tomber. Brereton, commandant de la IXth Air Force envoie d’abord son aviation de reconnaissance. A 09h00, celle-ci repère alors 40 Panzer massés à couvert des haies et des bosquets. Eddy fait donc donner son artillerie qui forme plusieurs couloirs de feu infranchissables sur les axes de progression ennemis. Brereton lâche alors ses meutes de Thunderbolt et de Mustang qui crachent leurs roquettes sur les Panzer. Les pilotes revendiquent 22 chars détruits. Souvent, le « score » est à pondéré car il arrive que des Panzer n’ayant que des dégâts secondaires puissent être ramenés en atelier de réparation. Quoiqu’il en soit, à 16h00, les 39th et 47th Infantry repartent occuper leurs positions perdues, ce qui est accompli pour 21h00.  L’attaque de Bayerlein est donc un échec et ses Panzergrenadiere doivent se replier entre le Hommet et le Dézert.

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6 – ECHEC DEVANT HAUTS-VENTS

– La déconvenue de la Panzer Lehr incite Hobbs à reprendre son avance le 11 juillet, même si le 3/120th Infantry du Lt-Col. Paul W. McCallum, posté au pied de la Cote 91 doit repousser une attaque de char au Bazooka. 5 Panzer IV, 4 SdKfz sont détruits et 60 soldats ennemis sont capturés. Le 3/119th Infantry doit lui aussi neutraliser une infiltration ennemie entre La Coquerie et Bahais.

– A 11h00, le 119th Infantry s’apprête à partir à l’assaut de Hauts-Vents avec la TF Y/CCB et le 823rd Tank Destroyers Battalion. La TF Y s’avance au nord-est de Cavigny en deux colonnes depuis Bahais et la Coquerie au pris de six Sherman détruits par des Sturmgeschützte embusqué à l’est du cours près de Saint-Gilles. Mais la situation sur la Vire est sous contrôle dès le milieu de l’après-midi. C’est à ce moment que la TF Z renforcée par des éléments de la TF X s’apprête à passer à l’assaut de Hauts-Vents avec l’aide des 119th et 120th Infantry.

– A 17h36, malgré la perte de six engins et d’autres pertes causés par un tir ami, la TF Z réussit à établir une position défensive sur la Cote 91. Le KG Heintz et les éléments mécanisés de la « Das Reich » tentent de reprendre l’éminence mais les assauts sont repoussés par l’infanterie portée et les chars du CCB. Il reste juste moins de 500 mètres à couvrir pour s’emparer de Hauts-Vents.

– Les 1 et 2/119th réussissent à avancer d’environ 200 mètres avant de se faire bloquer par une contre-attaque et par des tirs d’artillerie et de fumigènes. Plus à l’ouest, le 120th Infantry de Birks, appuyé par des Sherman du 743rd TB réussit à forcer son passage en partant du Rocher et à établir le contact avec le CCB. Plusieurs équipages du PzRegt 130 tentent de bloquer l’avance américaine mais sans succès car les M10 du 823rd TD appuient efficacement les deux régiments de tête. Pour la seule journée du 11 juillet, la 30th Division perd 694 hommes dont 367 pour le seul 120th Infantry.

– Au vu des pertes, Bradley est forcé d’arrêter là son premier assaut. Hobbs n’a plus les moyens de poursuivre sont assaut, d’autant plus que son artillerie divisionnaire a vidé ses casiers de munitions de plus de 9 000 obus, contre 6 000 pour la 3rd Armored.
Le commandant de la Ist Army (qui compte près de 30 000 tués, blessés et portés disparus) sait qu’il joue contre la montre et redéploie son dispositif pour concentrer son assaut sur le flanc gauche du XIXth Corps, soit en amont de l’autoroute Saint-Lô – Bayeux.

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7 – SECONDE ATTAQUE SUR SAINT-LÔ

– C’est au tour de la 29th Infantry Division du Major-General Charles H. Gerhardt de porter l’effort principal le long de l’autoroute Saint-Lô – Bayeux. Sur le flanc droit, la 35th Infantry Division de Paul W. Baade doit exercer la pression entre la Vire et l’autoroute Isigny – Saint-Lô, sont objectif étant la flanc droit de la Vire. Enfin, à la gauche (flanc sud-est) de Gerhardt, la 2nd Infantry Division « Indianhead » du Major-General Robertson (détachée du Vth Corps de Gerow) doit s’emparer de la Cote 192 dès l’aube du 11 juillet. La capture de Cote 192 est primordiale dans l’attaque de Saint-Lô, ce que savent bien les Allemands.

– C’est le II. Fallschirm-Korps d’Eugen Meindl qui défend le secteur de la Cote 112. Natif de Paderborn, ancien briscard de la Kaisersherr dans les tranchées de 1914-1918, Meindl est un habile « fonceur » adulé par ses Fallschirmjäger. De taille moyenne, râblé avec un physique de guide de montagne, Meindl affiche d’impressionnants états de services ; campagne de France, saut sur la Crète en 1941 (où il a été blessé) et campagne de Russie. Si nécessaire, il n’hésite pas à saisir un Pistolet-Mitrailleur et à faire le coup de feu aux côtés de ses soldats. Meindl a sous ses ordres un faible Kampfgruppe issu des restes de la 352. Infanterie-Division de Dietrich Kraiss mais il peut surtout compter sur la redoutable 3. Fallschirm-Division de Richard Schimpf. Bien qu’accusant un manque d’armement lourd (canons antichars), elle est dotée, rappelons-le de 900 mitrailleuses MG et compte encore plus de 15 700 hommes environ. Schimpf a organisé sa division en plusieurs petits Kampfgruppen de 400 hommes environ, bien appuyés par des mortiers, des canons PaK et FlaK et répartis dans des abris fortifiés et des points de résistance articulés entre Saint-Lô, l’autoroute Saint-Lô – Bayeux et la Cote 192. Enfin, la 12. Fallschirm-Artillerie-Brigade assure l’appui feu pour la 3. FJD.

– Le terrain où doit se produire le second assaut du Corps de Corlett est caractéristique du bocage normand. Ces pourquoi les Américains se sont minutieusement préparés à cette partie de l’assaut en misant tout sur l’interraction du trinôme Infanterie-Blindés-Génie. Au sein de la 29th Division, Gerhardt et surtout son commandant en second, le Brigadier.General Norman D. Cota, le héros d’Omaha Beach, ont imposé un entraînement intensif à  la « Blue and Gray » pour le combat dans le bocage. Ils ont notamment insisté sur la coopération du binôme fantassins-chars avec des équipes de mortiers chargées du tir d’appui et de tirer des fumigènes pour aveugler les défenseurs ennemis. Cota insite aussi sur la progression dans des champs cloisonnés avec l’appui de Sherman, plutôt que de conserver la progression le long de haies et de clôtures qui étaient aisément bloquée par des tirs en enfilade des mitrailleuses ennemies. Enfin, plusieurs Sherman d’accompagnement du 747th TB doivent être reconvertis en Tank Dozers afin d’enfoncer les haies quand ce n’est pas à des Engineers de les trouer à coup de charges explosives (du TNT contenu dans des douilles d’obus de 105 et enterrés à la base des haies avant leur mise-à-feu).

Generalleutnant Eugen Meindl, commandant du II. Fallschirm-Korps

Generalleutnant Eugen Meindl, commandant du II. Fallschirm-Korps

Generalmajor Richard Schimpf (debout armé du FG 42à, commandant de la 3e Division Parachutiste allemande

Generalmajor Richard Schimpf (debout armé du FG 42à, commandant de la 3e Division Parachutiste allemande

Insigne de la 3. Fallschirm-Division

Insigne de la 3. Fallschirm-Division

– Seulement, ce sont les Fallschirmjäger qui ouvrent les hostilités. Le I/Fallschimr-Regiment 9 attaque les positions du 1/115th Infantry du Lt-Col. Glover S. Johns (29th Division) dans une manœuvre « aussi bien planifiée qu’exécutée », aux dires du chef du 1st Battalion. Des petits groupes de parachutistes allemands coupent les fils de communication des américains avant de faire donner les mortiers et les Mörser de 105 mm. Puis l’assaut allemand surprend complètement le 1/115th Infantry, dont le dispositif est troué de plus de 500 mètres entre les 1st et 3rd Battalions. Le Colonel Goodwin Ordway Jr. doit replier son régiment avec l’appui de l’artillerie divisionnaire. Mais le I/9. FJR ne vas pas plus loin.


8 – L’ASSAUT DE LA 29th DIVISION

– Le plan de Gerhardt est le suivant : à gauche, le 116th Infantry du Col. Charles Canham (celui d’Omaha Beach) doit attaquer de front vers le suf avec ses trois bataillons en colonnes avant de bifurquer vers l’ouest (Saint-Lô) depuis la Cote 192 ; à droite le 115th Infantry d’Ordway doit s’emparer de La Luzerne afin de protéger le flanc du 116th Infantry d’actions ennemies. Enfin, le régiment de réserve, le 175th Infantry doit exploiter le succès en venant en envoyant des renforts aux deux autres régiments dans leurs secteurs d’attaque.

– Le 11 juillet à 06h00, dirigée par le Brigadier.General William H. Sands, l’artillerie de la « Blue and Gray » ouvre un impressionnant tir de barrage cause de lourdes pertes à la 3. FjD. Ensuite,  les GI’s du 116th bondissent de leurs positions de départ avec des Sherman et des Engineers du 121st CEB, selon les procédés imaginés par Cota et progressent le long de la route Couvains – Le Calvaire. Mais le 2/116th du Major Syndey W. Bingham, fer de lance du 116th Infantry, se heurte à une violente résistance de la part des Fallschirmjäger du FjR.9 (Major Kurt Stephani) dissimulés dans les haies entre Saint-Martin-de-l’Epine et Martinville. Les attaques du 2nd Battalion sont particulièrement gênées par les mines antipersonnel qui infestent les champs. L’artillerie de la 29th Division se déchaîne une fois de plus et le 2/116th réussit à reprendre sa progression aidé en cela par des équipes de déminage du 121st CEB. Les GI’s découvrent des Fallschirmjäger tués dans leurs trous. Enfin, l’intervention des mortiers de 4,2 pouces du 92nd Chemical Mortar Battalion qui tirent sur la Crête de Martinville (Cote 147) empêche les armes lourdes allemandes de riposter et permettent au 116th de poursuivre son avance.  Le mortier de 4,2 pouces étaitune  arme redoutée des Allemands car plusieurs de leurs vétérans raconteront qu’ils n’entendaient pas le sifflement de leurs obus.

mp20– Après avoir neutralisé la résistance ennemie autour de Saint-André-de-l’Epine, le 116th Infantry pivote de 90° vers l’ouest et fait même de très bon progrès, profitant d’une brèche entre les II et III/FJ-Regt. 9. A 13h00, Gerhardt décide d’introduire le 3/116th afin d’exploiter le succès du 2nd Battalion, tout en plaçant le 175th Infantry en alerte. Celui-ci s’élance alors depuis Saint-André-de-l’Epine vers l’autoroute Bayeux – Saint-Lô. Sauf que la résistance des Fallschirmjäger se durcit, rendant l’avance plus pénible. A 19h20, Gerhardt ordonne néanmoins au 116th Infantry de « pousser plus loin, si possible vers Saint-Lô ». Tout le 116th avance alors dans l’obscurité et le 2/116th abat près d’un kilomètre pour s’accrocher au pied de la Crête de Martinville. Parallèlement, le 3/116th accroche les abords de l’autoroute Saint-Lô – Bayeux mais y subit un violent tir de barrage d’armes légères.

2nd Infantry Division fighting in France– Le 115th Infantry d’Ordway a moins de chance que le régiment de Canham. En effet, devant s’emparer de Belle-Fontaine avant La Luzerne. Le pan d’Ordway est de faire manœuvrer ses 1st et 3rd Battalion contre Belle-Fontaine pendant que le 2nd couvre le flanc droit du régiment le long de l’autoroute Saint-Lô – Isigny.  L’avance est lente mais constante durant la journée (environ 700 m) mais une action de la 29th Reconnaissance Troop permet de découvrir un trou « géant » entre les 115th et 116th Infantry. Mais Gerhardt décide de poursuivre son avantage sans tarder car le 116th Infantry de Canham a téussi à opérer une importante pénétration dans le dispositif ennemi, le long de l’autoroute Saint-Lô – Bayeux. Succès qui ne va pas tardé à être complété par l’action de la 2nd Infantry Division contre la Cote 192.

9 – LA COTE 192 TOMBE

– La 2nd Infantry Division de Walter M. Robertson a elle aussi profité d’un temps de repos depuis ses combats de la mi-juin pour mettre au point ses proptes techniques de combat dans le bocage. S’appuyant sur le trinôme Chars-Infanterie-Génie, la 2nd Division incite les chars d’accompagnement du 741st TB (équipé de M4A3 Sherman Jumbo armés d’un canon de 105 mm) à tirer « préventivement » sur les haies et les taluts qui semblent suspect, avant de laisser les Engineers poser les charges TNT à la base des haies. D’autre part, pendant la progression, les fantassins peuvent utiliser des téléphones installés à l’arrière des Sherman pour demander des tirs direct de soutien. Enfin, une équipe de reconnaissance soutenue par des FM mitrailleur BAR doit longer les haies pour débusquer les positions ennemies.

– Concernant l’appui d’artillerie, en plus des Howitzer de la 2nd Infantry Division et du Vth Corps, la 2nd Armored Division de Brooks fournit son 62nd Armored Artillery Battalion, pendant que 48 P-47 THunderbolt sont chargés de l’appui aérien rapproché, les artilleurs devant marquer les cibles avec des fumigènes rouges.

– L’assaut contre la Cote 192 revient au 38th Infantry Regiment du Colonel Ralph F. Zwicker. Si la pente est plutôt douce avec une dénivellation de (150 pieds) sur moins d’un kilomètre, la Cote 192 est garnie de trous individuels et d’abris fortifiés en bois et en sac de sables tenus Fallschirmjäger du III/FJ-Regt 9 et du I/FJ-Regt 5 qui n’ont donc rien négligé. Le renseignement américain pense aussi que les quatre petits villages formant une ligne à la base de la Cote 192 (Cloville, Le Soulaire, Saint-Georges-d’Elle et La Croix-Rouge).  De son côté, le 23th Infantry du Col. Jay B. Lovless doit s’emparer de Saint-Georges-d’Elle et de la Croix-Rouge. Engin, le 9th Infantry du Col. Hirschfelder doit tenir le flanc est (gauche) de la division pour prévenir de toute action lattérale de la part des Allemands.

* Le 11 juillet à 06h30, le 38th Infantry déclenche son assaut vers la Cote 192 avec l’appui de 2 Compagnies du 741st TB, d’éléments du 2nd Engineer Combat Battalion et du 81st Chemical Mortar Battation, en suivant l’imposant barrage roulant déclenché par l’artillerie divisionnaire. Bientôt, la E Coy (2nd Battalion) rencontre une forte résistance au hameau de Cloville (complètement détruit), l’un des points forts de la résistance allemande bientôt baptisé « Kraut Corner » par les Américains. « Kraut Corner » est donc défendu fanatiquement par une-demi Kompanie de Fallschirmjäger rescapé du bombardement d’artillerie. Les Werfer (mortiers), 1 Panzer IV et 1 Mark III FlaK 88 mm (canon autopropulsé), arrosent les chemins sans discontinuer. Mais un Sherman intervient et détruit les deux engins ennemis, permettant à la E Coy d’atteindre les champs au sud de Cloville et à 12h45, elle fait sa jonction avec le 2/116th.

– La chute de Cloville permet au 2/38th de progresser vers la pente sud de la Cote 192, dépasant Le Soulaire. Vers 17h00, les unités d’assaut américaines atteignent l’autoroute Saint-Lô – Bayeux et les fantassins traversent la chaussée à temps. En une journée, la 2nd Division vient de parcourir 800-900 mètres et atteint ses principaux objectifs.

– Le 1/38th du Lt-Col. Frank T. Mildren est moins chanceux. Démarrant son assaut à 06h20, il se retrouve très vite bloqué par un mur de feu créé par les mortiers et les MG du FJ-Regt 9 et ne peut quitter sa ligne de départ, d’autant plus que ses Sherman d’accompagnement s’égarent dans le bocage. Le commandant de la Compagnie du 741st TB informe Mildren que ses chars ne peuvent grimer la cote 192 sous peine d’être attaqués au lance-roquette ou à la mine magnétique sans pouvoir réagir. Mildren approuve et autorise les Sherman à trouver des routes alternatives pendant que son 1/38th repartira à l’assaut.

– Appuyés par les fusils-mitrailleurs BAR et des mitrailleuses M01 Cal. 30, les fantassins du 1st Battalion progressent méthodiquement à travers les haies et arrivent au contact rapproché avec les Fallschirmjäger. Sauf qu’une section d’Allemands défend efficacement la zone au Panzerschreck et aux fusils automatiques et bloque l’A Coy. Cependant la B Coy force le passage et atteint le pied du sommet de la Cote 192 à 13h30, après avoir traversé le bosquet déchiqueté par le barrage d’artillerie de la 2nd Division. Robertson s’attendait telllement à ce que les bosquets face l’objet de combats acharnés qu’il ordonna à son artillerie et au 81st CMB d’arroser le secteur avec des obus explosifs et au phosphore. Mais lorsque les hommes du 1/38th, les Fallschirmjäger se sont déjà repliés en emportant leurs blessés.

– Satisfait de la tournure des évènements, Robertson ordonne à ce que le 38th Infantry contrôle définitivement la route Saint-Lô – Bayeux pour 19h00. Mais le 1/38th ne peut avancer que d’environ 200 mètres et doit s’enterrer au-dessus de l’autoroute.

Normandie, Fallschirmjäger mit MG 42– Sur le flanc gauche de la « Indianhead », le 23rd Infantry du Colonel Lovless attaque Saint-Georges-d’Elle. Son 1st Battalion (Lt-Col. John M. Hightower) qui doit avancer dans un terrain très difficile et labourré par l’artillerie divisionnaire, se heurte à une (redoute) que ses hommes vont bientôt baptiser « Purple Heart Draw ». Avançant d’abord d’environ 200-400 mètres, le 1/23rd se heurte à un mur de feu dévastateur qui troue littéralement ses rangs. Se repliant une première fois, il relance son assaut avec l’appui des Sherman du 741st TB qui explosent les murs des habitations dans lesquelles se sont retranchées les Fallschirmjäger. Finalement, la seconde charge américaine vient à bout de la féroce résistance allemande. Soulignons que l’une des sections de l’A Coy se retrouve commandée par un Sergent.

Sur la droite du 1/38th, les GI’s doivent nettoyer plusieurs positions ennemies à la grenade et réuissent à dépasser « Purple Heart Draw » et avancent sur plusieurs centaines de mètres malgré le manque de coordination. A la fin de la journée, le 1/23rd a réussi à progresser de 1,4 km et à s’enterrer à 400 mètres au sud de l’autoroute Saint-Lô – Bayeux. Seuls quelques parachutistes tiennent encore férocement sur « Purple Heart Draw ».

– Côté Allemand, en dépit de la belle résistance de leurs Fallschirmjäger, Meindl et Schimpf ne peuvent faire que constater l’ampleur des pertes dues à l’artillerie américaine dans les rangs des FJ-Regt 5 et 9. Meindl décide alors de rapprocher directement la 12. Fallschirm-Artillerie-Brigade en couverture rapprochée de la division de Schimpf. Celui-ci n’ayant d’autre choix que de remplacer le III/9 FJ-Regt par le III/FJ-Regt 8 et de jeter son Fallschirm-Pionier-Bataillon 3 (Hauptmann Beth) et sa Fallschirm-Aufklärung-Kompanie 3 (3e Compagnie de Reconnaissance)  dans la fournaise sans aucune forme de procès.

– Le 12 juillet à 11h00, le 1/38th relance son attaque contre la Cote 192 sans préparation d’artillerie. Mais la 12. Fallschirm-Artillerie-Brigade ouvre le feu et quelques mitrailleuses doivent être neutralisées le long de la route menant à la Cote. Mais la progression reprend sans aune autre difficulté notable car les restes du FJ-Regt 9 et le III/FJ-Regt 8 se sont établis sur des lignes défensives en aval de la Cote 112. La 2nd Division de Robertson se rend maître de son objectif durant le début de l’après-midi. 69 ont été tués et 328 blessés mais les Américains disposent du meilleur observatoire sur Saint-Lô.

Source iconographique :
– http://www.ibiblio.org

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