– Le plan de Guy Simonds est le suivant : traverser l’Orne près de Colombelles, poursuivre en direction de la RN 158, attaquer Vaucelles et Cormelles pour ensuite prendre d’assaut la Crête de Verrières. C’est la 2nd Canadian Infantry Division du Major.General Charles Foulkes, arrivée en Normandie dix jours auparavant, qui doit se charger du gros de l’opération. La 3rd Canadian Division de Keller, affaiblie depuis les combats qu’elle mène depuis le 6 juin est chargée du soutien, tout comme la 2nd Canadian Armoured Brigade (Bingham), en plus d’éléments de la 4th Canadian Armoured Division (Kitching), elle aussi récemment arrivée.
– Du côté allemand, Eberbach discerne très vite l’objectif des Canadiens et donner ordre à Dietrich de placer d’importantes forces en positions défensive, avec canons, mortiers, mitrailleuses, Nebelwerfer et blindés. Ce sont les éléments des 1. SS-PzDiv « Leibstandarte Adolf Hitler » de Theodor Wisch et de la 12. SS-PzDiv « Hitlerjugend » de Kurt Meyer qui tiennent la Crête avec les Tiger du schwere-Panzer-Abteilung 503 de l’Oberst von Rosen. Enfin Dietrich place en réserve les 272. Infanterie-Division (Schack) et 116. PzDiv (von Schwerin). Bien que ne mesurant que 27 mètres de haut, la Crête de Verrières permet aux Allemands de disposer d’une très bonne vue sur l’agglomération caennaise et donc, de surveiller la progression ennemie.
– Le 18 juillet, en soutien de Goodwood, la 3rd Canadian Division et la 51st Highland Infantry Division de Bullen-Smith lancent une attaque de diversion contre Colombelles qui n’a guère grande incidence sur la suite des opérations.
– L’assaut de la 2nd Canadian Division de Foulkes démarre donc durant la matinée du 20 juillet avec l’appui des Mosquitos et Typhoon. C’est la 5th Canadian Infantry Brigade de Megill qui ouvrent la marche. Aux prix de furieux combats contre les Grenadiere des 272 et 346. ID, les « Canucks » parviennent à prendre les quartiers industriels de Colombelles et le Faubourg de Vaucelles. Pendant l’après-midi, deux Compagnies du Canadian Black Watch Regiment (5th Brigade) réussissent à traverser l’Orne à l’aide de canots pneumatiques. La A Compagny perd 20 hommes tués et blessés dans l’affaire. Les Black Watch réussissent à former une tête de pont sur l’Orne, lorsque les deux autres Battalions de la 5th Brigade ; Calgary Highlanders (Lt-Col. Donald G.H. McLauchlan) et Canadiens Français du Régiment de Maisonneuve franchissent l’Orne à leur tour pour en sécuriser la rive droite. Les Calgary Highlanders bifurquent alors vers le sud pour s’accrocher au Point 67 qui est à la base de l’éperon de la Crête de Verrières. Avec des pertes dues à son premier engagement, la 5th Brigade de Megill a toutefois bien rempli sa mission.
– Simultanément à l’assaut sur l’Orne, Foulkes place alors ses deux autres brigades – 4th de Garroney et 6th de Young – face au gros morceau qu’est la Crête de Verrières. L’assaut démarre avec une force combinée infanterie-char formée des Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada, South Saskatchewan Regiment et des Sherbrooke Fusiliers (2nd Canadian Armoured Brigade). Bien entendu, les Typhoons tournent comme des frelons au-dessus des positions défensives allemandes. Sauf que les appareils d’appui ne peuvent rester dans les airs en raison de la pluie torrentielle qui provoque l’arrêt de Goodwood. Les Cameron Highlanders tentent de s’emparer de Saint-André-sur-Orne mais piétinent face au dispositif des SS-Panzergrenadiere des « Leibstandarte Adolf Hitler » et « Hitlerjugend », pendant que les Nebelwerfer crachent leurs roquettes sur les Canadiens. Les South Saskatchewan tentent de gravir la crête de Verrières dans la boue avec l’aide limitée de quelques Sherman du Sherbrooke Fusiliers mais les bouches à feu de la « Leibstandarte » comme les mortiers et MG clouent les canucks sur place. Le South Saskatchewan perd 282 hommes en un après-midi, soit plus du quart de son effectif. La retraite de ce Battalion incite Theodor Wisch, patron de la « Leibstandarte », de lancer son SS-PzGren-Regt 1 « LSSAH » (Albert Frey) contre les Canadiens, imité par Meyer qui lâche les restes toujours mordants de la « Hitlerjugend ».
– Les « Hitlerjugend » malmènent durement l’Essex Scottish Regiment (4th Brigade) qui résistent comme il peut mais doit se retirer du versant de Verrières en laissant 300 hommes à terre. Les deux autres Battalions de la 4th Brigade de Garroney (Royal Regiment of Canada et Royal Hamilton Light Infantry) arrivent en urgence pour tenter de rétablir la situation. Face à cela, Simmonds ordonne à Foulkes d’expédier sans tarder les Black Watch et Calgary Regiments, déjà fatigués, au pied de Verrières pour rééquilibrer la situation et tenir la Cote 67. Les Battalions canadiens réussissent à tenir leur ligne mais leurs pertes s’accumulent face à des Waffen-SS particulièrement combattifs. Il faut donc que plusieurs éléments de la 3rd Canadian Division interviennent pour limiter les dégâts, forçant Wisch et Meyer à retirer leurs forces sur le sommet de la Crête.
– Atlantic est donc un demi-succès (ou un demi-échec). Si la Crête de Verrières est toujours solidement tenue par les Allemands, au moins la banlieue de Caen est-elle enfin aux mains des Anglo-Canadiens. Simmonds peut préparer l’opération « Spring ».
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