Chroniques de la Grande Guerre : le plan de mobilisation français d’août 1914
– Bien que présentant des lacunes en matière de logistique, la mobilisation française de 1914 est bien loin de l’image d’Épinal de joyeuse kermesse laissée par quelques vieux manuels scolaires. Bien au contraire, bien que présentant (forcément) des défauts et lacunes logistiques, elle reste une mécanique particulièrement bien huilée et rationnelle, mise au point par le Grand Etat-major sous la direction du Général Edouard de Curières de Castelnau. Une mécanique intégrant la coopération avec l’administration civile et le réseau des chemins de fer, qui permettra de mobiliser plus de 3 millions d’hommes en moins d’un mois et d’en concentrer environ 2 millions de la Frontière belge aux contreforts méridionaux des Vosges.
– Peu avant le 2 août, l’Armée Française encaserne 880 000 hommes d’active en Métropole et dans les Colonies. Il faut aussi compter sur les 2,2 millions de Réservistes issus des classes 1880 à 1890, ayant accomplis leur service militaire entre 1900 et 1911, ainsi que les 700 000 Territoriaux plus âgés (classes 1866 à 1879) qui intégrerons les unités d’appui.
– Lorsque Paris déclare la guerre à Berlin et Vienne, l’Ordre de Mobilisation est immédiatement diffusé par les préfets et les maires aidés par les Gendarmes, dans les Départements et Communes du pays, comme dans les arrondissements des grandes villes. Résultat, les récents conscrits montent en ligne aux côtés des hommes d’active pendant que les soldats de la réserve rejoignent leur caserne avec leur « barda ». On trouve alors une caserne régimentaire par préfecture et sous-préfecture de département et parfois-même par chef-lieu de Canton surtout dans les départements de l’Est et du Nord.
A ceux-là, il faut ajouter les 71 000 volontaires, souvent jeunes qui n’ont pas attendu d’être appelés, ainsi que 26 000 volontaires étrangers résidant en France (Italiens, Suisses, Espagnols, Polonais…) qui seront pour la plupart intégrés dans la Légion Étrangère.
1- MOBILISATION DES EFFECTIFS
– L’ordonnateur de la mobilisation des forces armées sur l’ensemble du territoire est le Lieutenant-Colonel Emile Giraud commandant du 1er Bureau de l’Etat-Major.
– Ainsi, durant les deux premières semaines du mois d’août, 3,87 millions de Français sont sous les drapeaux pour une population de 38 millions d’habitants, soit le ratio de 1 soldat pour 10 civils, ce qui est tout simplement considérable. Sans compter les unités encore en formation et à l’entraînement, l’Armée de la IIIe République peut s’appuyer sur 94 Divisions d’Infanterie (15 500 hommes environ), avec 45 d’actives et 48 de Réserve, 2 Divisions Coloniales, 10 Divisions de Cavalerie (3 200 hommes) et 11 Divisions Territoriales.
– La formation de 94 DI implique la mobilisation/création de plus de 380 Régiments d’Infanterie (3 200 hommes scindés en 3 Bataillons pour 9 Compagnies) soit 4 par Division mais aussi ; plus de 100 Régiments d’Artillerie et plus de 100 compagnies du Génie. Et c’est sans compter les Brigades ou Régiments d’Artillerie et du Génie comme le Train des Equipages qui seront directement rattachés à la Réserve ou à l’état-major des Corps d’Armée. Les Régiments non endivisionnés lors de la mobilisation (2 à 3 par RM formeront de nouvelles divisions a posteriori).
En outre, au niveau de l’Infanterie, il faut ajouter les 31 Bataillons de Chasseurs à Pied qui seront chacun rattachés à une Division.
– Les premiers soldats à être mobilisés sont bien sûr ceux issus de l’Active et ce, dès le premier jour de guerre. Le second jour, c’est au tour des réservistes de rejoindre leurs casernements afin de faire passer leur régiment d’affectation à ses effectifs de guerre. Ainsi, un Régiment d’Infanterie passe de 2 000 à 3 200 hommes. Au même moment, les réservistes parviennent à leurs casernements afin de former les Régiments de la Réserve Territoriale dans les Régions Militaires.
– A toutes ces unités, il faut ajouter les non-combattants qui viennent grossir les rangs des Divisions, Corps et Etats-Majors, secrétaires, comptables, médecins, ouvriers militaires, cheminots, infirmiers, aumôniers et personnels du renseignement…
– Chaque Division est rattachée à une Région Militaire qui donne naissance à un Corps d’Armée (40 000 hommes dont 30 000 combattants). Une Région Militaire correspond à un regroupement de 3 à 5 départements. On en trouve donc 21 en août 1914. Après la mobilisation, plus de 15 nouveaux Corps seront levés au cours de la première année de Guerre. Sinon, chaque RM lève aussi différentes unités de cavalerie, du génie et territoriales qui ne seront pas rattachées au Corps d’Armée. Notons aussi que le Département de la Seine (Paris) ne forme pas de Corps d’Armée en particulier mais se répartit par arrondissement et départements de la couronne suivant les affectations.
– Au niveau départemental, la mobilisation implique 1 section à 1 compagnie par commune (selon le peuplement), plusieurs compagnies à 1-2 bataillons par canton et 1 à 2 Régiments par Département.
La répartition des Régions Militaires a été effectuée par l’Etat-Major comme suit :
– Ire Région Militaire (Lille)
* Ier Corps d’Armée (Nord et Pas-de-Calais / Lille, Arras, Douai) : 1re et 2nde DI, 1re Brigade d’Artillerie (Brig.Art) et 1er Escadron du TRAIN des Équipages Militaires.
* Non incorporés : 145e Régiment d’Infanterie (RI), 4e Brigade de Cuirassiers, Eléments de la 3e Division de Cavalerie (DC), Eléments du 3e Régiment du Génie (RG), 1er, 2nd, 3e, 4e, 5e, 6e, 7e et 8e Régiments Territoriaux
– IInde Région Militaire (Amiens)
* IInd Corps d’Armée (Seine, Oise, Aisne, Somme, Ardenes et Meuse / Amiens, Saint-Quentin, Mézières et La Fère) : 3e et 4e DI, 2nde Brig.Art ; 272e et 328e RI, et 19e Régiment de Chasseurs à Cheval (RCC), Eléments du 3e RG et 2nd Escadron duTRAIN des Équipages Militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 13e Brigade de Dragons (Brig.Drag) : 10e, 11e, 12e, 14e, 15e et 16e RT
– IIIe Région Militaire (Rouen)
* IIIe Corps d’Armée (Seine, Calvados, Seine-Inférieure* et Eure / Rouen, Caen, Dieppe, Evreux, Paris et Versailles) : 5e et 6e DI, 3e Brig.Art, 239e et 274e RI, Eléments du 3e RG et 3e Escadron du TRAIN des Équipages Militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 13e BDrag. ; 17e, 18e, 19e, 20e, 21e, 23e et 24e RT.
– IVe Région Militaire (Le Mans)
* IVe Corps d’Armée (Seine, Eure-et-Loir, Orne, Sarthe et Mayenne / Paris, Le Mans, Chartres, Laval et Alençon) : 7e et 8e DI, 4e Brig.Art ; 315e et 317e RI, 4e Régiment de Hussars (RH) et 4e Escadron du TRAIN des Équipages Militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 7e DC, Eléments de la 13e BrigDrag ; 25e, 26e, 27e ; 28e, 29e, 30e et 31e RT.
– Ve Région Militaire (Orléans)
* Ve Corps d’Armée (Seine, Seine-et-Marne, Loir-et-Cher, Loiret et Yonne / Paris, Melun, Montargis, Orléans, Blois et Auxerre) : 9e et 10e DI, 5e BrigArt ; 313e et 331e RI ; 8e RCC et 5e Escadron du TRAIN des Équipages
* Non incorporés : Eléments de la 3e DC, Eléments de la 7e DC et Eléments de la 13e BrigDrag. ; 33e, 34e, 35e, 36e, 37e, 38e, 39e et 40e RT.
– VIe Région Militaire (Châlons-s/-Marne)
* VIe Corps d’Armée (Oise, Ardennes, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Marne, Aisne / Compiègne, Soissons, Mézières, Châlons-s/-Marne, Reims, Epernay, Verdun, Saint-Mihiel et Pont-à-Mousson) : 12e, 40e et 42e DI, 6e Brig.Art, 1re Brigade Légère de Cavalerie (Brig.LC) et 5e Escadron du TRAIN des Équipages Militaires.
* Non incororés : 164e, 165e et 166e RI, 2nde et 4e DC, Eléments de la 5e DC ; Commandements de la Défense des places de Verdun et de Reims ; 2nd Groupe des Troupes aéronautiques ; 9e, 13e, 44e, 46e et 48e RT
– VIIe Région Militaire (Besançon)
* VIIe Corps d’Armée (Ain, Doubs, Jura, Territ. de Belfort, Haute-Saône et Rhône / Lyon, Belfort, Remiremont, Langres, Vesoul, Besançon, Bourg** et Belley) : 40e et 41e DI, 7e BA, 352e RI, 45e et 55e Bataillons de Chasseurs à Pied (BCP), 11e RCC et 7e Escadron du TRAIN des Équipages Militaires.
* Non incorporés : 171e et 172e RI ; 8e DC ; Commandements de la Défense des places de Besançon et Belfort ; 7e et 23e Bataillons du Génie (BG), Groupe des Troupes Aéronautiques de Belfort ; 49e, 50e, 51e, 53e, 54e, 55e et 56e RT.
– VIIIe Région Militaire (Bourges)
* VIIIe Corps d’Armée (Cher, Nièvre, Côte d’Or et Saône-et-Loire / Bourges, Nevers, Dijon, Auxonne, Beaune, Chalon-s/-Saône et Mâcon) : 15e et 16e DI, 8e BrigArt ; 210e et 227e RI, 16e RCC ; Eléments du 4e RG, 8e Escadron du TRAIN des Equipages Militaires.* Non incorporés : Eléments de la 8e DC, 57e, 58e, 59e, 60e, 61e, 62e, 63e et 64e RT.
– IXe Région Militaire (Tours)
* IXe Corps d’Armée (Deux-Sèvres, Vienne, Indre, Indre-et-Loire, Maine-et-Loire / Niort, Parthenay, Saint-Maixent, Poitiers, Châtellerault, Châteauroux, Le Blanc, Tours, Cholet et Angers) : 17e 18e DI, 9e Brig.Art, Eléments du 6e RG, 9e Escadron du TRAIN des Equipages Militaires.
* Non incorproés : Eléments de la 9e DC, 65e, 66e, 67e, 68e, 69e, 70e, 71e et 72e RT.
– Xe Région Militaire (Rennes)
* Xe Corps d’Armée (Manche, Ille-et-Vilaine et Côtes-du-Nord / Saint-Lô, Cherbourg, Granville, Saint-Malo, Rennes, Vitré, Saint-Brieuc, Dinan et Guingamp) : 19e et 20e DI ; 10e Brig.Art ; 241e et 270e RI, 13e Régiment de Hussards et 10e Escadron du TRAIN des Equipages.
* Non incorporés : Eléments de la 9e DC, Eléments de la 3e Division d’Infanterie Coloniale (DIC), Eléments de la Brigade d’Artillerie Coloniale, Direction de l’Artillerie Navale (DAN ; Cherbourg), Commandant de la Défense de la Place de Cherbourg ; 73e, 74e, 75e, 76e, 77e, 78e, 79e et 80e RT.
– XIe Région Militaire (Nantes)
* XIe Corps d’Armée (Finistère, Morbihan Loire Inférieure*** et Vendée / Quimper, Brest, Vannes, Pontivy, Lorient, Nantes, Ancenis, La Roche-s/-Yon et Fontenay-le-Comte) : 21e et 22e DI ; 11e Brig.Art ; 293e et 33e RI, 2nd RCC, Eléments du 6e RG et 11e Escadron du TRAIN des Equipages.
* Non incorporés : Eléments de la 9e DC, Eléments de la 3e DIC, Eléments de la Brig.Art Coloniale, Commandement de la Défense des Places de Brest et Lorient ; 81e, 82e, 83e, 84e, 85e, 86e, 87e et 88e RT.
– XIIe Région Militaire (Limoges)
* XIIe Corps d’Armée (Charente, Haute-Vienne, Creuse, Corrèze et Dordogne / Angoulême, Magnac-Laval, Bellac, Limoges, Guéret, Tulle et Brive-la-Gaillarde) : 23e et 24e DI ; 12e Brig.Art, 300e et 326e RI, 21e RCC, Eléments du 6e RG et 12e Escadron du TRAIN des Equipages Militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 10e DC ; 89e, 90e, 91e, 92e, 93e, 94e, 95e et 96e RT.
– XIIIe Région Militaire (Clermont-Ferrand)
* XIIIe Corps d’Armée (Allier, Puy-de-Dôme, Haute-Loire et Cantal / Moulins, Montluçon, Clermont-Ferrand, Riom, Le Puy, Aurillac, Saint-Etienne, Roanne et Montbrison) : 25e et 26e DI ; 13e Brig.Art, 41e, 43e, 50e et 71e BCP, 3e RCC, Eléments du 4e RG et 13e Escadron du TRAIN des Escadrons Militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 6e DC ; 97e, 98e, 99e, 100e, 101e, 102e, 103e et 104e RT.
– XIVe Région Militaire (Lyon)
* XIVe Corps d’Armée (Isère, Drôme, Savoie, Haute-Savoie, Hautes-Alpes, Basses-Alpes**** et Lyon / Lyon, Bourgoin, Sathenay, Vienne, Grenoble, Romans-s/-Isère, Montélimar, Annecy, Thonon, Rumilly, Chambéry, Modane, Moutiers, Bourg-Saint-Maurice, Barcelonnette, Gap, Embrun et Draguignan) : 27e et 28e DI, 14e Brig.Art, Eléments du 4e RG et 14e Escadron du TRAIN des Equipages Militaires
* Non incorporés : 12e, 13e, 22e, 22e, 28e et 30e BCP ; 159e RI, Eléments du 158e RI, Eléments des 2nd et 3e Régiments de Zouaves (RZ), 3e Groupement des Troupes Aéronautiques, Section de Télégraphistes, Commandement de la Défense des Places de Lyon, Grenoble et Briançon ; 105e, 106e, 107e, 108e, 109e, 110e, 111e et 112e RT.
– XVe Région Militaire (Marseille)
* XVe Corps d’Armée (Bouches-du-Rhône, Var, Vaucluse, Ardèche, Gard, Bases-Alpes, Alpes-Maritimes et Corse / Marseille, Toulon, Antibes, Hyères, Avignon, Aix-en-Provence, Nîmes, Privas, Pont-Saint-Esprit, Nice et Bastia) : 29e et 30e DI ; 15e BrigArt, 6e RH, Eléments du 7e RG, 15e Escadron du TRAIN des Equipages militaires.
– Non incorporés : Eléments de la 2nde DIC, 6e, 7e, 23e, 24e et 27e BCP, 163e et 173e RI, 7e et 10e Régiment d’Artillerie à Pied, Dépôt des Troupes Coloniales à Toulon ; 113e, 114e, 115e, 116e, 117e, 118e, 119e, 120e et 145e RT.
– XVIe Région Militaire (Montpellier)
* XVIe Corps d’Armée (Montpellier, Béziers, Mende, Lodève, Rodez, Carcassonne, Albi et Castelnaudary) : 31e et 32e DI, 16e BrigArt, 322e et 342e RI, 1er RH, Eléments du 2nd RG et 16e Escadron du TRAIN des Equipages militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 10e DC, 6e Brigade d’Infanterie Coloniale ; 121e, 122e, 123e, 124e, 125e, 126e, 127e et 128e RT.
– XVIIe Région Militaire (Toulouse)
* XVIIe Corps (Haute-Garonne, Ariège, Gers, Tarn-et-Garonne, Lot, Lot-et-Garonne / Toulouse, Saint-Gaudens, Foix, Pamiers, Auch, Mirande, Montauban, Marmande, Cahors, Agen) : 33e et 34e DI, 17e BrigArt, 207e et 209e RI, 9e RH, 17e Escadron du TRAIN des Equipages militaires.
* Non incorporés : 129e, 130e, 131e, 132e, 133e,134e, 135e et 136e RT.
– XVIIIe Région Militaire (Bordeaux)
* XVIIIe Corps d’Armée (Bordeaux, Charente-Maritime, Gironde, Landes, Basses-Pyrénées***** et Hautes-Pyrénées / Bordeaux, Libourne, La Rochelle, Saintes, Rochefort, Mont-de-Marsan, Pau, Bayonne et Tarbes) : 35e et 36e DI ; 18e Brig.Art, 218e et 249e RI, 10e RH, Eléments du 2nd RG
* Non incorporés : Eléments de la 3e DIC, Eléments de la 10e DC, 3e Régiment d’Artillerie à Pied, Eléments de la Brig.Art Coloniale, Sous-intendances militaires de Rochefort et de Bordeaux.
– XIXe Région Militaire (Alger)
* XIXe Corps d’Armée (Alger, Constantine, Oran) : Divisions de Constantine, d’Alger et d’Oran ; 19e Bataillon du Génie et Détachement de Tunisie.
* Non incorporés : Bataillons des Tirailleurs Sénégalais d’Algérie, 6e Groupe d’Artillerie à Pied d’Afrique et 9 Compganies du TRAIN et des Equipage.
– XXe Région Militaire (Nancy)
* XXe Corps d’Armée (Vosges, Aube et Haute-Marne / Nancy, Toul, Lunéville, Neufchâteau, Saint-Nicolas-de-Port et Troyes) : 11e et 39e DI, 20e Brig.Art, 41e et 43e Régiments d’Artillerie Coloniale (RIC), Eléments du 10e RG et 20e Escadron du TRAIN des Equipages.
* Non incorporés : 2nde DC, 4e, 89e et 109e RI, 167e, 168e et 169e Régiment d’Infanterie de Forteresse (RIF), 6e Régiment d’Artillerie à Pied, 26e Bataillon du Génie, Groupement des Troupes aéronautiques de Toul ; 41e, 42e, 43e, 44e, 45r et 52e RT.
– XXIe Région Militaire (Epinal)
* XXIe Corps d’Armée (Haute-Marne, Haute-Saône, Vosges, et Meurthe-et-Moselle / Epinal, Rambervillers, Baccarat, Brienne, Chaumont, Langres, Clairvaux, Raon-l’Etape, Montbéliard) : 13e et 43e DI ; 19e Brig.Art ; 57e, 60e et 61e BCP, 4e RCC, Eléments du 11e RG, 7e Escadron du TRAIN des Equipages Militaires.
* Non incorporés : Eléments de la 2nde DC, Eléments de la 8e DC, 170e RI, Eléments du 4e RAP, 7e et 27e Bataillon du Génie.
2 – PROCÉDURE DE CONCENTRATION DES FORCES
Du point de vue de la concentration des Armée Françaises, l’Etat-Major de Joffre prévoit d’acheminer rapidement le maximum de Forces sur la Frontière est en vue d’attaquer par l’Alsace et la Sarre comme le prévoit le Plan XVII, ainsi que masser d’autres forces au niveau des Ardennes et dans l’Aisne.
Pour cela, l’Etat-Major a prévu une coopération étroite avec les chemins de fer français, selon le Plan Freycinnet qui date de 1879 mais qui a été réaménagé. Cette mission est alors confié au Lieutenant-Colonel Ragueneau commandant du 4e Bureau (chargé du transport et de la concentration des troupes).
– La procédure du Plan XVII (validée par le Conseil Supérieur de la Guerre en 1912) prévoit d’abord d’opérer une couverture de mobilisation, tout en entamant la concentration grâce aux voies ferrées. Déjà, des troupes sont préventivement placées sur la ligne de fortification de l’Est bâtie sous la direction du Général Seré de Rivières dans les années 1870-1880, afin de surveiller les frontières et les ouvrages d’art (ponts, viaducs, etc.).
– La couverture débute avant la déclaration de guerre, soit le 25 juillet, avec le rappel immédiat des officiers et chefs de corps d’active. Suite à cela, les permissionnaires des 5 Corps d’Armées basés aux frontières (Ier, IInd, VIe, XXe, XXIe et VIIe) sont rappelés. Le 31 juillet, ces 5 Corps doivent opérer un « exercice complet de mobilisation ». En parallèle, les Gouverneurs des 4 Places de l’Est (Nancy, Verdun, Toul et Belfort) doivent lancer des travaux de défense.
– Le 1er août, les Colonels des Régiments basés sur les frontières est doivent « faire partir les troupes de couverture » en train sur les frontières : Haute-Meurthe, Basse-Meurthe, Hautes-Vosges et Woëvre. Des groupes incluant des Bataillons d’Infanterie, des Chasseurs Forrestiers et même des Douaniers doivent surveiller les frontières contre toute incursion ennemies.
– Le 2 août, le premier incident de frontière est signalé, voyant la mort du jeune Caporal Jules Peugeot et de l’Unterleutnant (Sous-lieutenant) Albert Mayer. Dès lors, la mécanique de la mobilisation est pleinement enclenchée avec la déclaration de guerre.
– Le 3 août, l’Escadre de Toulon appareille en Méditerranéen afin de couvrir les liaisons entre le Midi de la France et l’Afrique du Nord, ainsi que l’appareillement des régiments de Zouave, de Spahis et de Tirailleurs d’Afrique vers la Métropole.
– Dès le 4-5 août, les premiers transports de troupes (Infanterie, Cavalerie et Artillerie) se déploient sur les grands axes ferroviaires selon 10 lignes (voir carte ci-dessous) définies par le Plan Freycinnet :
– Ligne A : Transfert du XIVe Corps depuis Lyon vers Lure et Epinal, via Bourg et Besançon.
– Ligne B : Transfert des VIIIe et XIIIe Corps depuis Bourges, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand vers Epinal.
– Ligne C : Transfert des XVe et XVIe Corps depuis Marseilles, vers Pont-Saint-Vincent en Lorraine (Meurthe-et-Moselle) via Mâcon, Dijon, Langres et Mirecourt.
– Ligne D : Transfert des IXe et XVIIIe Corps depuis Bayonne-Bordeaux et Tours-Orléans jusqu’à Toul et Nancy.
– Ligne E : Transfert des XIIe et XVIIe Corps depuis Limoges et Toulouse vers Commercy.
– Ligne F : Transfert du Ve Corps depuis les gares de Melun et d’Orléans vers Bar-le-Duc et Saint-Mihiel.
– Ligne G : Transfert des IVe et XIe Corps depuis Le Mans et Nantes vers Verdun, via Versailles, Choisy-le-Roi et Reims.
– Ligne H : Transfert des IIIe et Xe Corps depuis Rouen et Rennes vers Vouziers (Ardennes) via Mantes, Pointoise, Compiègne et Rethel.
– Ligne I : Transfert du IInd CA depuis Amiens vers Stenay (Argonne) et Dun via Laon, Mézières et Sedan.
– Ligne J : Transfert du Ier CA depuis Lille vers Hirson et Rimogne via Douai, Valenciennes et Avesnes.
– Malheureusement, le transfert des troupes vers la ligne de front ne se fait pas sans heurts puisque plusieurs accidents et ralentissements du trafic sont à signaler durant les premières journées de la guerre. Toutefois, il faut signaler les bonnes conditions dans lesquelles les Divisions de Constatine et d’Oran, ainsi que la Division Marocaine du Général Humbert ont pu bénéficier pour traverser la Méditerranée, avant de remonter vers le nord-est de la France.
3 – CREATION DES ARMES FRANCAISES
– Au regard de l’issue du plan de Concentration, l’Etat-Major en vient à créer de nouvelles Grandes Unités de 200 000 – 300 000 hommes chacune, par amalgame de plusieurs Corps d’Armés. Ses Grandes Unités reçoivent alors la nouvelle dénommination d’« Armées ».
– Ire Armée (Auguste Dubail) – Vosges, Epinal et Belfort : VIIe, VIIIe, XIIIe, XIVe et XXIe Corps
– IInde Armée (Edouard de Curières de Castelnau) – Nancy-Toul-Morhange : IXe, XVe, XVIe, XVIIIe et XXe Corps
– IIIe Armée (Pierre-Xavier Ruffey) – Verdun-Woëvre : IVe, Ve et VIe Corps
– IVe Armée (Ferdinand de Langle de Cary) – Argonne : XIIe et XVIIe Corps et Corps Colonial (nouvellement formé).
– Ve Armée (Charles Lanrezac) – Ardennes (trouée de Stenay) : Ier, IInd, IIIe, Xe et XIe Corps.
– La VIe Armée confiée à Michel Maunoury sera mise sur pide pendant la Bataille des Frontières.
Lire :
– DELHEZ Jean-Claude : La bataille des Frontières, Economica
– PORTE Colonel Rémy : Joffre, Perrin
* Seine-Maritime
** Bourg-en-Bresse
*** Loire-Atlantique
**** Alpes-de-Haute-Provence
***** Pyrénées-Atlantiques