1 – Bénouville
Les premiers appareils à décoller sont bombardiers Halifax tractant les planeurs du groupe du Major Howard ; à 22h56 depuis l’aérodrome de Salisbury.
Les appareils volent à 6 000 pieds au-dessus de la Manche.
A bord, les parachutistes passent le temps en chantant. Pendant ce temps, des bombardiers de la Royal Air Force bombardent une usine de ciment située à six kilomètres au sud de Bénouville. Après un peu plus d’une heure de vol, Jim Wallwork, principal pilote du planeur d’Howard informe le Major que le pont de Bénouville est en vue. Les pilotes d’Halifax détachent la remorque à près de 6 000 pieds, laissant les planeurs plonger vers le pont. En raison de la dépressurisation, les parachutistes sont forcés de se boucher les narines tout en respirant par le nez.
Comme à l’entraînement, l’atterrissage est brusque et assomme littéralement les parachutistes. Toutefois, les six pilotes ont réussi à poser leurs planeurs à cinquante mètres seulement du pont, sur la rive droite de l’Orne, et les Allemands n’ont strictement rien entendu. En fait, la sentinelle postée en haut du pont a été trompée par l’un des bombardiers qui a été abattu par l’artillerie antiaérienne allemande et s’est écrasé à quelques kilomètres de là. D’autre part, la petite garnison du pont passe la nuit dans les quatre petits Blockhäuse qui tiennent chaque entrée, ainsi que dans les souterrains. Les Allemands entendent donc seulement le ronflement lointain de plusieurs bombardiers alliés.
– Après s’être « réveillés », les hommes d’Howard s’extraient des planeurs, en laissant la garde des appareils aux pilotes et s’avancent silencieusement vers le pont. La sentinelle ne voit rien et ne remarque pas que les britanniques égorgent les gardes dans les deux Blockhäuse de la rive gauche. C’est alors qu’un soldat allemand sort du souterrain et tombe nez-à-nez avec des visages noircis de parachutistes anglais. Sans crier gare, l’un d’entre eux ouvre le feu au PM Sten et l’allemand se fait tuer. Aussitôt toute la garnison se réveille en panique. Howard ordonne alors de lancer l’assaut, comme à l’entraînement. Plusieurs hommes lancent des fumigènes ainsi que des grenades au phosphore dans les nids de mitrailleuse. Le Lieutenant in 2nd « Den » Brotheridge s’élance en tête mais est fauché par un tir d’arme automatique ennemi. Brotheridge est le premier tué anglais du débarquement. Un second soldat connaît le même sort mais en à peine dix minutes, les Britanniques sont maîtres du Pont de Bénouville. Howard fait venir son radio et contacte les navires britanniques pour transmettre le message convenu : « Ham and Jam » (« Jambon et confiture ») ; pour annoncer que le pont est pris intact. En outre, Howard adresse un autre signal à coups de sifflet dans la nuit pour avertir les autres parachutistes que le pont est entre ses mains.
2 – La 6th Airborne
Les avions C-47 Dakota transportant les parachutistes des 3rd et 5th Brigades décollent depuis leurs aérodromes à 23h00.
Mais leur parachutage des deux Brigades s’avère beaucoup plus chaotique que l’atterrissage réussi des hommes d’Howard en raison des nuages bas et d’une navigation rendue difficile. Le Brigadier James Hill atterrit lui-même dans un marais, ce qui ruine ses sachets de thé ! Et en prime, Hill recevra une balle dans une fesse ce qui le rendra colérique durant tout le Jour-J. Le reste des hommes est dispersé entre Ranville et Cabourg – d’autres ayant été même parachutés du mauvais côté de l’Orne – et tentent de se regrouper. Un détachement du 1st Canadian Parachute Regiment mené par le Sergent Davies réussissent à détruire le pont de Varaville qui est l’objectif de l’unité.
La 5th Parachute Brigade de Nigel Poett a plus de chance puisqu’elle réussit à réunit un maximum d’hommes sur la rive droite de l’Orne entre Ranville et Bénouville. Les hommes du 12th Parachute Regiment de Peter Luard comme ceux du 13th d’Anthony Johnson réussissent à établir des positions défensives.
– Le 9th Parachute Battalion du Lt.Col. Terence Otway qui doit s’emparer de la batterie de Merville est lui aussi dispersé après son parachutage au-dessus de Saint-Pair. Otway ne réussit qu’à rassembler un quart de son unité avec quelques hommes du Génie Parachutiste qui doivent ouvrir des chemins dans les champs de mines ceinturant les bunkers. Problème, les Engineers ont perdu leur matériel et doivent déminer au poignard. Après avoir réussi à rallier quelques autres de ses hommes à l’appeau à canard, Otway déclenche son assaut qui bénéficie de l’effet de surprise et s’achève par un succès malgré des pertes. Les parachutistes britanniques détruisent les canons de 105 mm qui menaçaient Sword Beach.
– Pendant la matinée, le planeur Horsa 70.I transportant le Major.General Richard « Windy » Gale se pose sans encombre et Gale foule le sol normand chaussé de ses bottes de chasse et établit son QG au Château de Ranville. Il fait alors état de son entière satisfaction d’être le premier général anglais à marcher sur le sol français depuis 1940.
L’autre audacieuse action des parachutistes de Gale est à mettre au crédit du Commandant Roseveare du 3rd Parachute Royal Engineer Squadron. Réunissant un groupe d’homme et réquisitionnant une jeep d’une Ambulance Company sans aucune forme de procès, Roseveare et ses hommes chargent du TNT sur le véhicule et foncent vers Troarn. Franchissant le bourg à toute allure en ne perdant que les mitrailleurs, les parachutistes plastiquent le pont de Troarn qu’ils réussissent à endommager sérieusement. Il sera détruit le lendemain et privera la 21. Panzer-Division d’un point de passage sur la Dive
3 – « All Americans » et « Screaming Eagles »
– Les Parachutistes des 82nd et 101st Airborne sont aussi dispersés dans le sud du Cotentin. Certains se noient dans les marais du Merdertet en raison de leur paquetage trop lourd. D’autres sont abattus aussitôt arrivés au sol. Certains attendent le lendemain quand il fait jour pour retrouver leur unité. Arrivés au sol, les Généraux Taylor et Ridgeway sont très vite isolés de leur propre état-major et réunissent comme ils le peuvent les troupes qu’ils retrouvent. Taylor perd même son commandant en second, le Brigadier.General Donald S. Pratt, tué par une Jeep dans un planeur.
– Mais selon leurs instructions, d’autres rejoignent des groupes de parachutistes n’étant pas de leur Régiment, ni même de leur division pour tenir le terrain et créer une panique dans les lignes de la 91. Luftlande-Division. Remontés par leurs officiers qui les incitent à tuer tout allemand qu’ils trouvent sur leur chemin s’emploient à tendre des embuscades. C’est ainsi que des hommes de la 82nd Airborne attaquent un convoi de plusieurs véhicules légers allemands et tuant leurs occupants. Parmi les allemands tués, le général Wilhelm Falley commandant de la 91. Luftlande-Division.
– Tout un stick de la F Company du 505th Parachute Regiment tombe en plein dans Sainte-Mère-Eglise dont un bâtiment est en prie à un incendie. En fait, les pilotes de Dakota ont confondu l’incendie avec le balisage. Les soldats allemands présents sur place massacrent 17 parachutistes sur 18. Le seul rescapé étant John Steele. Mais le lendemain, des groupes de parachutistes réussissent à se regrouper autour de Sainte-Mère-Eglise et donnent l’assaut à la ville pour en chasser assez vite les quelques troupes allemandes et la tenir jusqu’à l’arrivée des renforts.
– Revenons aussi sur l’un des plus hauts faits d’armes des parachutistes mais de la 101st Airborne cette fois, très connu grâce à l’excellente au livre et à la série Band of Brothers. Remplaçant de facto le Lt. Meehan, commandant la Easy Company du 506th PIR tué dans l’explosion de son appareil en vol, le Lt. Richard D. Winters décide de mener l’attaque de la batterie du manoir de Brécourt dont les obusiers allemands de 105 mm tirent sur Utah. Sur 120 hommes, Winters ne peut en rassembler que douze :
John Plesha, Joseph Liebgott, Walter Hendrix et J. Petty aux mitrailleuses, le Lieutenant Lynn « Buck Compton », le S-Sergent Carwood Lipton, le Sergent, « Wild Bill » Guarnere, Joe Toye, Robert « Popeye » Wynn, Donald G. Malarkey, ainsi que Gerald Lorraine chauffeur du Colonel Sink volontaire pour l’occasion et John Hall (tué) de la A Coy du 506th. L’arrivée du Lt. Ronald « Sparsky » Speirs avec plusieurs hommes permettra d’achever le travail
L’attaque menée par Winters s’avère très efficace et la batterie est détruite en peu de temps au prix de deux tués (Hall et un homme de Speirs, « Rusty » Houch) et d’un blessé (Wynn, atteint malencontreusement d’une balle dans le fessier). Mais très peu d’allemands en sont sortis. Malarkey eut de la chance car il risqua sa vie pour récupérer ce qu’il croyait être un pistolet Lüger.
Winters ne reçut pas la Congress Medal of Honor qui aurait pu lui revenir car elle fut décernée à un autre officier du 506th pour une charge à la baïonnette (la règle voulait pas plus d’un CMH par Régiment). Il recevra la Distinguished Service Medal mais consolation : son action est toujours enseignée à West Point. Compton, Guarnere, Lipton, Toye et Lorraine recevront la Silver Star ; Malarkey, Wynn, Liebgott, Plesha, Hendrix et Petty la Bronze Star Medal.
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