Le bombardement des positions d’Omaha débute sur le coup de 5h20, à une quinzaine de kilomètres des côtes, pendant que les GI’s et les Rangers descendent prendre place dans leurs chalands LCVP. Mais les pièces lourdes des cuirassés USS « Texas » (Chares A. Baker) et « Arkansas » (F.G. Richards), ainsi que des destroyers n’entament que très peu les fortifications allemandes.
Les fantassins doivent effectuer une traversée de près d’une heure dans une mer particulièrement agitée. Les barges LCVP prennent l’eau et les fantassins américains doivent écoper à l’aide de leur casque. Les GI’s sont également assommés par les médicaments anti-vomissements qui se montrent inefficaces.
– A 05h35, les chars amphibies du 741st Tank Battalion du Lt.Colonel Robert N. Skaggs et ceux du 743rd TB du Lt.Colonel John S. Upham sont mis à flots à 4,5 km. Cette décision s’avère catastrophique car la quasi-totalité des Sherman coulent dans une mer démontée. Huit seulement parviennent sur la plage et sont allumés par les canons antichars allemands.
– Après une traversée particulièrement éprouvante, les barges LCA approchent du rivage. Les premières raclent le fond marin mais certains jeunes pilotes britanniques de la Royal Navy, trop inexpérimentés, préfèrent abaisser les rampes bien avant la distance réglementaire. Résultat, des GI’s se noient, coulant à pic sous les 35-40 kg de leur équipement. En raison de la forte houle, plusieurs compagnies du 116th Infantry sont ballottées et abordent le sable à plusieurs kilomètres de leur point initial de débarquement.
Plus grave encore, en raison d’une épaisse fumée causée par le feu naval, les pilotes de barges se perdent et guident leurs embarcations au juger. Seuls les barreurs américains expérimentés des Coast Guards réussissent à aborder correctement le rivage.
– Sur le coup de 6h35, les premières barges de débarquement abaissent leur rampe… et les Allemands ripostent impitoyablement au mortier et à la mitrailleuse. La première vague américaine est immédiatement fauchée par les tirs croisés des MG 34 et MG 42. Les mitrailleurs trouvent aussi judicieux de concentrer leurs tirs sur l’ouverture des péniches, causant de véritables carnages. Ceux qui échappent aux tirs sautent alors dans 1,50 m d’eau froide et pataugent dans les flots complètement trempés. Ceux qui réussissent à s’accrocher au rivage, se cramponnent alors comme ils le peuvent derrière les obstacles. Ils doivent encore courir sur 300 mètres sous un feu d’enfer. De l’autre côté, les mitrailleurs Franz Gauckel et Heinrich Severloh tirent sans discontinuer, le doigt constamment appuyé sur la détente de leur Spandau (MG-42). Severloh abattra et blessera plusieurs centaines de soldats américains à lui tout seul.
– Certaines compagnies ont déjà perdu 70% à 90% de leurs effectifs. Les morts et les blessés jonchent la plage d’Omaha. Pour les Américains, c’est le chaos complet, les hommes ne savant même plus où se trouve leur propre compagnie. De nombreux officiers sont tués et des sergents décidés et à l’esprit d’initiative prennent eux-mêmes la tête de détachements qu’ils rassemblent sans se préoccuper à quel bataillon ils sont rattachés.
– Du côté des chars DD, la majorité d’entre eux est au fond de la Manche. Toutefois, certains ont pu accoster par leur propre moyen ou grâce à l’aide d’un pilote de LCT qui a refusé de lâcher les engins à 4,5 km pour les mener directement à la plage. Mais les engins blindés ne peuvent enfoncer les positions allemandes en raison du mur antichar. Ils se contentent alors de couvrir les fantassins jusque à la digue. Pendant ce temps, au prix de lourdes pertes, les équipes du génie réussissent à déminer le terrain et à ouvrir des passages par lesquels des groupes d’hommes décidés s’engouffrent pour se jeter au pied de la digue et des fils barbelés. Les Allemands tentent alors de les déloger à coups de mortiers dont les obus font éclater les galets. Le Brigadier Cota échappe même à la mort mais c’est son radio qui est tué à sa place.
– Vers 07h45, la seconde vague aborde le rivage dans les mêmes difficultés que la première avec les officiers supérieurs commandant au plus près de leurs hommes ; Norman D. Cota, Canham pour le 116th Infantry et Taylor pour le 16th.
Allant et venant au milieu de ses soldats, Colt 45 au poing, le Colonel Taylor motive ses hommes par ses mots restés célèbres : « Ne resterons sur cette plage que deux types d’hommes : ceux qui sont morts et ceux qui vont mourir. Alors foutons le camp de cet enfer ! » Le Colonel Canham en fait de même, avec le bras en écharpe.
– Sur le coup de 8h30-9h00, après avoir songé à rembarquer et abandonner Omaha au risque de compromettre toute l’Opération Overlord, Omar N. Bradley (qui se trouve à bord du croiseur Augusta) ordonne à Kirk de faire avancer l’USS « Texas » le plus près possible de la plage et d’appuyer les hommes au sol par un tir de couverture. Ayant reçu l’ordre, le Captain Baker approche le vieux cuirassé et déclenche un feu nourri à l’aide des pièces latérales de 127 mm qui procure un répit inespéré à Cota et Taylor qui en profitent pour faire avancer leurs hommes.
– Vers 9h30, fantassins et hommes du génie trouvent le moyen de faire sauter les lignes de fils barbelés grâce à des torpilles « Bangalore ». Puis, par petits groupes, les GI’s attaquent les positions ennemies à l’arme automatique et à la grenade. Après de violents combats, les Américains se rendent maîtres de la plage à partir de 10h45 dans plusieurs secteurs.
– Cota ordonne à ses hommes de chercher des sorties sur la droite et sur la gauche d’ « Easy » et « Dog » en vue d’escalader la colline, pendant que Taylor fait de même sur « Fox ». Mais la délivrance pour les Américains arrive sur l’aile gauche du 16th Infantry. En effet, débarqué à Saint-Laurent-sur-Mer en seconde vague à l’est de, son 2nd Battalion du Lt.Colonel Herbert C. Hicks Jr, réussit à s’aventurer dans la profondeur des terres en essuyant une légère résistance. Côté allemand, on signale alors plusieurs centaines de fantassins américains progressant dans les terres. Cette nouvelle incite alors Kraiss à retirer le GR 916 de la côte. En fait, en dépit de leur féroce résistance, les hommes du II/GR 916 ne tardent pas à être submergé par les Américains.
Le même scénario se répète à peu près dans le secteur « Dog Green » entre Vierville-s/-Mer et Les Moulins. En effet, le 2/116th du Lt.Col. Charles W. Bingham débarque dans des conditions assez convenables malgré de lourdes pertes infligées à l’une de ses compagnies. Mais finalement, plusieurs groupes du Bataillon parviennent à s’enfoncer dans les terres sans de trop grandes difficultés.
– A 11h00, dans le secteur de Colleville-sur-Mer, le Colonel George A. Taylor peut ordonner aux quelques Sherman DD rescapés d’emprunter la sortie E3 qui mène vers la route de Sainte-Honorine-des-Pertes. A 12h00, dans le secteur de la 29th Infantry Division, Vierville tombe aux mains du 116th.. Enfin, à 14h00, trois sorties de plages sont aménagées par le Génie, à Vierville (D1), Colleville (E3) et sur près de la Wiederstand-Nest 60.
Le soir même du 6 juin, la jonction est opérée avec les Britanniques près de Port-en-Bessin et des unités du 116th s’approchent de la Pointe du Hoc. Mais les héroïques derniers 90 Rangers du Lt.Colonel James E. Rudder, accrochés dos à la mer ne seront définitivement dégagés que le lendemain par l’arrivée des restes des A, B & C Coy du 2nd Rangers Battalion et du 5th Rangers, avant-garde de la 29th Division. « Rangers lead the way », selon les mots d’un Colonel américain, deviendra la devise de ce corps.
– Le débarquement d’Omaha Beach reste connu comme le plus sanglant du Jour-J. Pour toute la journée, 3 000 GI’s et Rangers sont tombés dont 1 500 tués.