François Gaston de Lévis
Dernier officier français vainqueur des affrontements franco-anglais d’Amérique du Nord durant la Guerre de Sept ans, François Gaston de Lévis voit le jour en 1719 au château d’Ajac près de Limoux, dans le Languedoc (aujourd’hui dans l’Aude). Il est le fils de Jean de Lévis Seigneur d’Ajac et de Jeanne de Maguelonne et est issu d’une famille de vieille noblesse, mais pauvre, qui puise ses racines dans l’Hurepoix (aujourd’hui Lévis-Saint-Nom dans le sud des Yvelines, au nord de Rambouillet).
– A seize ans, François-Gaston de Lévis entre comme cadet mais grâce à son cousin, le Duc de Lévis-Mirepois, il intègre le Régiment de la Marine comme Lieutenant en Second. Il fait ses premières armes lors de la Guerre de Succession de Pologne (1734-1737) durant la campagne du Rhin menée par le Maréchal de Berwick. Restant dans l’Armée, il participe à la Guerre de Succession d’Autriche comme officier d’un Corps auxiliaire français du Duc Bavière. Il connaît alors l’expédition de Chevert à Prague en 1742, puis la retraite en plein hiver 1743. Malgré le froid, il réussit à traverser le Rhin avec seulement 73 hommes issus de quatre régiments différents.
Capitaine, il combat lors de la défaite de Dettingen, avant de rejoindre le Maréchal de Coigny en Haute-Alsace pour s’y distinguer. En 1746, il obtient le grade d’Aide-Major Général des Logis sous les ordres de son cousin Mirepoix et combat en Italie, avant de participer à la défense de Nice et de la Provence (1746-1747). François-Gaston de Lévis obtient alors un brevet de Colonel Surnuméraire. Pour son courage et ses services, Louis XV lui octroie l’Ordre de Saint-Louis qui lui confère alors le titre de Chevalier.
– En 1756, lors du déclenchement de la Guerre de Sept ans, Lévis se porte volontaire pour combattre au Canada sous les ordres du Marquis de Montcalm. Il prend ainsi activement part à la campagne d’Oswego (Chouaguen). D’abord placer en garde sur les rives du Lac Saint-Sacrement, Lévis contribue à la victoire du Fort Carillon, avant de mener des raids destructeurs sur les frontières des treize colonies à la tête d’une troupe composée de soldats royaux, des miliciens du Canada et d’Amérindiens. Il s’enfonce ainsi jusqu’à Chouaguen dans l’Etat de New York. Seulement, si les relations avec le Marquis de Vaudreuil (Gouverneur de la Nouvelle-France), celles relations avec Montcalm ne tardent pas à se dégrader.
– En 1757, avec 3 000 hommes, le Chevalier de Lévis s’empare du Fort William Henry, avant de recevoir la mission de mener une expéditions sur la terre des Amérindiens Agniers en vue de les rallier à la cause française. Accompagné de 400 hommes, François Gaston de Lévis s’avance vers le Pays Agnier mais il est immédiatement rappelé par Vaudreuil pour défendre Fort Carillon aux côtés de Montcalm. Ramenant ses 400 hommes d’urgence au lieu-dit, il contribue à la défense acharnée face à 25 000 britanniques qui ne cessent d’attaquer. Mais la bataille s’achève par une victoire défensive.
– En 1757-1759, les relations avec le Marquis de Montcalm deviennent presque exécrables. Les deux hommes ne s’entendent guère, notamment sur la stratégie à adopter. Montcalm opte pour une série de batailles rangées, alors que Lévis préconise un combat de manœuvre entre les Lacs et le Saint-Laurent pour harceler les 60 000 hommes de Lord Wolfe. Durant l’été 1759, Lord Wolfe effectue une puissante offensive entre le Lac Ontario et Montréal. Montcalm consent alors à laisser Lévis quitter Québec pour détourner une partie des forces de Wolfe. Mais la défaite des plaines d’Abraham et la mort de Montcalm (comme de Wolfe) isolent Québec, qui est remise aux Anglais le 9 août par Jean-Baptiste de Ramezay. Mais la chute de la ville ne signifie pas l’arrête des combats, même si Anglais et Français vont bientôt entamer les négociations diplomatiques.
– Le Chevalier de Lévis et Vaudreuil décident donc de se placer en position défensive sur les rives du Lac Champlain durant l’hiver 1759-1760, en attendant de pouvoir reprendre Québec. Après avoir réorganisé ses forces, Lévis marche sur Québec avec ses 7 000 soldats réguliers, ses miliciens et ses alliés Amérindiens. Le combat a lieu à Sainte-Foy non loin de Québec le 20 avril contre les troupes de James Murray, inférieures en nombre. Français et Amérindiens sont vainqueurs mais ne peuvent s’emparer de Québec. Mais du point de vue stratégique, les Anglais sont vainqueurs puisque se sont les navires de Lord Colvill qui arrivent les premiers. Le Chevalier de Lévis se retirer alors en bon ordre sur Montréal. Il souhaite continuer le combat, quitte à incendier Montréal et à former un dernier carré de résistance sur l’Île de Sainte-Hélène mais Vaudreuil refuse catégoriquement.
– A l’issue du Traité de Jouy-en-Josas, les Français perdent leurs possessions du Canada – ce qui n’est pas sans déplaire à une partie de l’opinion (on connaît la formule de Voltaire sur les arpents de neige) – mais peuvent maintenir des droits de pêche à Terre Neuve grâce à l’habile Duc de Choiseul. Enfin, les Français du Canada dont les familles y sont établies depuis Henri IV, Louis XIII et Louis XIV passent sous la Couronne d’Angleterre mais peuvent conserver leur langue et la Religion Catholique.
Lévis choisit alors de rentrer en France. Il embarque en novembre et repose le pied dans le Royaume au début 1761.
Il reçoit alors le grade de Lieutenant-Général, une pension de 29 593 livres, ainsi qu’une lettre de William Pitt l’Ancien, le Premier Ministre de George III, qui lui fait savoir l’estime que lui porte le Roi d’Angleterre ! Placé sous les ordres du Maréchal de Soubise, il sert en Allemagne contre les Prussiens et Anglo-hanovriens. Il se marie tardivement en 1761 avec Gabrielle-Augustine de Danton. Ils auront un fils, Pierre-Marc-Gaston de Lévis et trois filles. François Gaston de Lévis termine la Guerre de Sept Ans dans l’Armée du Prince de Condé à la bataille de Nauheim (ou Johannisberg) en Hesse, où il se distingue une dernière fois en s’emparant des canons ennemis.
– Quittant le service actif en 1763, il commande d’abord l’une des quatre Compagnies de Gardes du Corps de Monsieur, avant de devenir Gouverneur d’Arras. Il se consacre alors à l’aménagement et à l’urbanisme. Il fait ainsi creuser un canal entre Béthune et la Lys et construire une route entre Boulogne et Saint-Omer. Âgé lors de la Guerre d’Indépendance américaine, il ne prend aucun commandement mais n’est pas empêcher de correspondre avec son ancien adversaire James Murray, avec qui il entretenait de cordiales relations.
Élevé à la dignité de Maréchal de France par Louis XVI en 1783, puis Duc en 1784, il succombe à la maladie peu avant l’ouverture des Etats d’Arras le 26 novembre 1787 après une carrière militaire remplie et réussie malgré le contexte d’alors, défavorable à la France.
Source :
– ECCLES W.J. : François-Gaston de Lévis, http://www.biogrpahica.ca