Fernand Gambiez naît à Lille le 27 février 1903 dans une famille modeste. Toutefois, son père choisit de rejoindre les rangs de l’Armée française et accède au grade d’officier avant la Grande Guerre, ce qui est plutôt rare pour l’époque. Physiquement, Fernand Gambiez n’est pas très grand mais il est trapu et de bonne constitution.
– Grâce à la nouvelle situation de son père, Fernand Gambiez peut préparer l’entrée à Saint-Cyr en 1921 à la « corniche » du Lycée Saint-Louis à Paris. Reçu, il intègre la Promotion « Chevalier Bayard » en 1923. Sorti en 1925, il est intégré à la XXe Région Militaire de Nancy et rejoint le 4e Bureau du XXe Corps d’Armée, le glorieux « Corps de Fer ». Il part ensuite pour le Maroc au sein de la Légion étrangère. De retour en France en 1935, il est stagiaire à l’Ecole de Guerre et obtient le grade de Capitaine.
Promu Lieutenant-Colonel en 1940, il commande le 30e Bataillon de Chasseurs Alpins basé à Saint-Laurent-de-Céris en Charente, puis à Saint-Avold en Lorraine.
– En 1940, Gambiez combat les Allemands en Lorraine et dans l’Oise, avant de se replier sur la Loire où son Bataillon est dissous.
Après l’Armistice de 1940, le Lieutenant-Colonel Gambiez est maintenu en activité à un poste dans l’Etat-major de l’Armée de Vichy. Il fait alors partie de ses officiers « légalistes » qui refusent la défaite et attendent le moment pour reprendre les armes.
– En novembre 1942, les Allemands envahissent la Zone Libre. Après avoir accompagné sa femme à la Maternité, le Lieutenant-Colonel Gambiez quitte son poste et s’enfuit en Espagne pour rejoindre la Grande-Bretagne ou l’Afrique du Nord. Incarcéré à Barcelone, il est libéré au début de 1943 et rejoint l’Armée d’Afrique dans le Premier convoi des évadés.
Il obtient alors le commandement d’un nouveau Bataillon à Staoueli en Algérie. Il a alors sous ses ordres de jeunes français volontaires, certains ayant connu la dureté du camp d’internement espagnol de Miranda. Gambiez a une idée qu’il soumet au commandement de l’Armée d’Afrique avec insistance : transformer son Bataillon d’Infanterie en Unité de Choc capable d’être projetée en Méditerranée ou en France pour des actions de harcèlement derrière les lignes ennemies en coordination avec les unités classiques ou les formations de Résistances, à l’exemple des SAS ou des Chindits de Wingate. Après négociations, Gambiez obtient carte blanche et rebaptise sa formation 1er Bataillon de Choc. Celui-ci est scindé en trois compagnies numérotées de 1 à 3.
– Les hommes du 1er Choc, équipés et armés légèrement, sont soumis à un entraînement intensif qui les rend autant capable de participer à des opérations amphibies qu’à des largages aéroportés.
Opérationnels dès août, les hommes du 1er Choc sont désignés par Giraud pour participer aux opérations de la Libération de la Corse (Opération « Vésuve »).
Le 13 septembre 1943, le sous-marin Casabianca débarque la 3e Compagnie du Capitaine Manjot dans le Port d’Ajaccio. Assistant les Résistants locaux, les hommes de Manjot reçoivent la reddition des Allemands et des Italiens. Les 1re et 2nde Compagnies suivent ensuite et tout le 1er Choc, Gambiez à sa tête, participe à la Libération de la Corse en remontant vers Bastia.
– En juin 1944, Fernand Gambiez mène activement son 1er Choc lors de la prise de l’Île d’Elbe – Opération « Brassard » – , notamment en nettoyant les batteries allemandes qui ceignent la péninsule. Toutefois, une section commandée par le Lieutenant Corley, comptant aussi le futur écrivain Raymond Muelle – est parachutée sur le plateau du Vercors pour venir en aide aux Maquisards.
– En août 1944, Fernand Gambiez quitte le commandement du 1er Choc qu’il laisse alors au Capitaine Hériard-Dubreuil. Renvoyé à Staoueli, il forme alors les Commandos de France, avec l’aide de cadres du 1er Choc. Les Commandos de France doivent alors devenir l’unité sœur du 1er Choc. Finalement, par couplage avec le 1er Choc d’Hériard-Dubreuil, ils forment la Demi-Brigade de Choc incorporée au IInd Corps d’Armée du Général de Montsabert.
Bien entendu, Gambiez commande la Demi-Brigade qu’il conduit dans une série de durs combats de la campagne Vosges-Alsace : Haut-du-Tôt, Essert, Thann et Colmar. Malheureusement en janvier 1945, l’assaut contre le village du Durrenentzen, transformé en bastion par les Allemands, est un échec coûteux.
– Placée en repos en février 1945, la Demi-Brigade de Gambiez est réintégrée à la Ire Armée de Lattre et participe à la bataille d’Allemagne. Les commandos franchissent le Rhin et le 3 avril et s’emparent de Karlsruhe. Vient ensuite la percée en Forêt-Noire (Dennach, Unterotenbad…) qui permet à l’unité de déboucher dans le Bade-Würtemberg et sur le Lac de Constance, coupant la retraite à des forces allemandes épuisées qui tenteraient de passer en Autriche. Gambiez termine la guerre à la tête de ses Commandos non loin de Bregenz le 1er mai 1945.
– Après la capitulation allemande, le Colonel Gambiez enseigne à l’Ecole des Cadres de Saint-Maixent, avant de prendre le commandement du 37e Régiment d’Infanterie à Sarrelouis.
Fort d’une grande expérience en matière de combats en petits groupes, Fernand Gambiez – alors promu Colonel – part pour l’Indochine en 1949 pour opérer sous le commandement du Général de Lattre de Tassigny. Le « Roi Jean » place alors notre officier à la tête de la Province catholique de Ninh Binh (diocèses de Phat Diem et Bui Chu), située au sud d’Hanoï et qui commande le passage entre le Tonkin et l’Annam.
Gambiez mène avec succès des actions commandos contre le Viet-Minh, en coopération avec les indigènes anticommunistes. Tombé gravement malade, il rejoint la France pour convalescente avant de retourner en Indochine en 1953. Son fils aîné, Capitaine, sera tué à Diem Bien Phu. En 1954, le Colonel Gambiez est fait « 1re Classe d’Honneur de la Légion Etrangère ».
– Après la Guerre d’Indochine, Fernand Gambiez est promu Général et passe un temps en Métropole avant de rejoindre l’Algérie pour mener des opérations de pacification. Il est d’abord Chef d’Etat-Major de la 2nde Division Nord-Africaine. De 1957 à 1958, il commande la 11e Division d’Infanterie, avant d’être promu Général de Corps d’Armée et de prendre la tête du Corps d’Armée d’Oran en 1959. Inspecteur Général de l’Infanterie et Commandant des Forces Armées d’Algérie, Gambiez reste loyal à l’Élysée lors du putsch des Généraux, ce qui lui vaut d’être arrêté lors du « Quarteron ».
En 1962, il est membre du Conseil Supérieur de la Guerre et prend la Direction de l’Institut des Hautes-Etudes de Défense. Enfin, s’il prend sa retraite en 1965, il préside la Commission Nationale d’Histoire Militaire de 1969 à 1989. En 1974, il est élu membre de l’Académie des Sciences Morales et Politiques.
– Ce grand chef de guerre de la France Combattante s’éteint le 29 mars 1989 à Saint-Mandé.