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Général Jean-Marie Degoutte

Entièrement passé dans l’oubli, Jean-Marie Degoutte reste tout de même considéré comme l’un des meilleurs plus jeunes commandants français de la Grande Guerre, au même titre que d’hommes tels Georges Humbert ou Henri Gouraud. C’est aussi lui qui dirigea les travaux de la Ligne Maginot des Alpes dans les années 1920-1930.

697_001-885692– Jean-Marie Degoutte voit le jour en 1866 au village de Charnay dans le Beaujolais (Département du Rhône), au sein d’une famille d’agriculteurs. Après de très bonnes études secondaires au Lycée de Bourg-en-Bresse, Jean-Marie Degoutte s’engage dans l’Armée et sert d’abord au 30e Régiment d’Artillerie. Bien noté par ses supérieurs, il entre à l’École de Saint-Cyr en 1888 grâce au Colonel commandant le Régiment. Intégrant la Promotion Grand Triomphe, il a pour camarade un certain Henri Gouraud. Il se fait encore remarquer en bien puisqu’il est classé 9e sur 435 à sa sortie en 1890. Il choisit alors l’Infanterie et intègre le 4e Régiment de Zouaves en Tunisie où il reste quatre ans.

– Mais le jeune officier trouve le temps long et demande à être intégrée à l’expédition à Madagascar en 1895. On refuse sa candidature mais loin de se décourager, il apprend le malgache en un temps record avant se s’embarquer pour la Grande Île sur le navire d’une mission jésuite et cela, sans aucune autorisation de sa hiérarchie. Arrivé à Madagascar en avril 1895, Jean-Marie Degoutte vient se mettre au service du Général Denis Auguste Duchêne, un officier compétent mais rigide et au caractère réputé exécrable. Duchêne s’empresse alors de mettre le Lieutenant Degoutte aux arrêts en attendant de le traduire en justice militaire. Heureusement, Degoutte doit son salut au Colonel Maurice Bailloud, un briscard de la Coloniale, qui souhaite garder auprès de lui un des rares officiers qui parle le Malgache. Notre homme se fait encore remarquer dans les missions de pacification de la Grande Île.
En 1896, il revient en Tunisie avec le grade de Capitaine. Affecté ensuite un temps au 21e Régiment d’Infanterie, Jean-Marie Degoutte arrive à Paris pour suivre des cours de perfectionnement à l’Ecole de Guerre.

– En 1900, le Général Bailloud rappelle Degoutte à ses côtés pour servir au sein du Corps Expéditionnaire français (commandé par Adolphe Guillaumat) partant pour la Chine afin de mettre fin à la Révolte des Boxers. Degoutte s’y distingue une fois de plus et se voit octroyer deux citations à l’ordre du Corps. En 1902, Degoutte revient à Paris pour suivre de nouveaux cours de perfectionnement à l’Ecole de Guerre. C’est là notamment, qu’il fait la rencontre avec deux officiers qui deviendront plus tard ses supérieurs ; Ferdinand Foch et Philippe Pétain. Pendant dix ans, à l’instar de bon nombre de ses collègues, le Capitaine Degoutte vit au rythme de différentes affectations entre la Métropole et l’Afrique du Nord :  état-major du Général Bailloud à Alger, 112e RI dans les Alpes, état-major du XIXe Corps à Alger et le Maroc. Promu Lieutenant-Colonel en 1912, il sert quelque temps à Paris au sein du Centre des Hautes-Etudes d’Etat-major.

– Au déclenchement de la Grande Guerre, Jean-Marie Degoutte sert au sein de l’état-major du IVe Corps d’Amée du Général Victor Boëlle (VIe Armée de Maunoury). Lors de la Bataille de la Marne, le IVe Corps reçoit l’ordre de Maunoury de contre-attaquer entre Penchard et Monthyon. Les pertes sont lourdes mais le IVe Corps tient son rang. Degoutte apporte une aide précieuse à Boëlle grâce à son sang-froid. Promu Colonel, il reste à l’état-major du IVe Corps lorsque cette Grande Unité passe sous le commandement de la IVe Armée de Ferdinand de Langle de Cary. Degoutte sert alors au même poste pendant la Bataille de Champagne et gagne une citation supplémentaire.
Au début 1916, il retrouve son camarade de promotion Henri Gouraud (remplaçant de Langle de Cary) qui le prend comme chef d’état-major de la IVe Armée. Entre-temps, Jean-Marie Degoutte a été promu Général de Brigade. Promu Général de Division courant 1916, il reçoit le commandement de l’une des meilleures unités de l’Armée française ; la Division Marocaine (commandée alors par Codet). Outre, les Zouaves et les Tirailleurs d’Afrique du Nord, cette belle division comprend aussi le Régiment de Marche de la Légion Etrangère (RMLE). Se reposant d’abord dans la Somme après avoir subi de lourdes pertes, la Division Marocaine se regroupe en Champagne au début de 1917. En avril, Degoutte mène sa division à la bataille de Montrovilliers et s’empare avec succès du Mont-Sans-Nom et d’Auberive.

– En 1917, après un passage dans l’Aisne, la Division Marocaine est redéployée à Verdun. Le 20 août, Légionnaires, Zouaves et Tirailleurs réussissent encore une très belle opération avec la prise de Verdun-Cumières et du Bois-des-Corbeaux. Après un passage au sein de deux états-majors, Jean-Marie Degoutte s’est révélé un très bon chef d’unité et un remarquable meneurs d’hommes. Le 1er septembre 1917, le Général Degoutte cède le commandement de la Division Marocaine au Général Daugan et reçoit le commandement du XXIe Corps d’Armée en remplacement du Général Ferdinand Pont. Le XXIe CA fait alors partie intégrante de la VIe Armée du Général Paul Maistre. Du 23 au 25 octobre 1917, Degoutte et son XXIe CA participent avec succès à l’offensive localisée de la Malmaison, sur le flanc ouest du Chemin des Dames.

– Le 27 mai 1918, lors de la Grande Offensive de Ludendorff sur l’Aisne et la Marne, Degoutte commande toujours au XXIe CA. D’abord surpris comme le reste de la VIe Armée de Duchêne et contraint de se replier derrière Soissons, Degoutte reprend ses unités en main et résiste fermement à la VII. Armee de Max Ferdinand von Böhn lors de la bataille de Crise.
Le 10 juin, Jean-Marie Degoutte prend une revanche sur Duchêne car Foch reproche au second de s’être laissé surprendre. Degoutte prend alors le commandement de la VIe Armée et laisse le XXIe CA à Stanislas Naulin.

– Le 18 juillet, après une très bonne planification et grâce à une coopération accrue des fantassins, des chars et de l’Aviation, la VIe Armée de Degoutte contre-attaque sur la Marne avec la Xe Armée de Charles Mangin et la IXe Armée d’Antoine de Mitry contre les forces de von Böhn et de von Einem (IX. Armee). Après de furieux combats, Degoutte reprend Château-Thierry et dégage le Tardennois.

– Ayant laissé temporairement son commandement de la VIe Armée à Antoine Bauchron de Boissoudy, Jean-Marie Degoutte part pour le Front des Flandres afin de participer à la reconquête de la Belgique au sein du Groupe d’Armées des Flandres. Cette mission achevée, Degoutte reprend le commandement de la VIe Armée avec laquelle il achève les derniers mois de la Grande Guerre.

– En 1919, Jean-Marie Degoutte reçoit de Foch le commandement de l’Armée du Rhin. Il est aussi nommé au Conseil Supérieur de la Guerre. Fervent partisan de l’occupation de la Ruhr, c’est lui qui occupe cette région de l’Allemagne en 1923. Mais la signature du Plan Dawes à l’initiative de la Grande-Bretagne force la France à évacuer. Degoutte décide alors de quitter son commandement. Toujours membre du CSG, il termine sa carrière comme ordonnateur de la construction des fortifications de la Ligne Maginot dans les Alpes. La ligne de forts couvrira alors la frontière franco-italienne de Bourg-Saint-Maurice (Haute-Savoie) jusqu’au Cap Martin (Basses-Alpes/aujourd’hui Alpes-Maritimes).

– Le Général Jean-Marie Degoutte décide de quitter le service actif en 1931. Il disparaît le 31 octobre 1938. Il était titulaire de la Grand Croix de la Légion d’Honneur. En 1902, il avait épousé Eléonore Péguet. Ce grand chef français repose aujourd’hui à Miribel dans l’Ain.