– Restant dans l’ombre des Juin, Leclerc et de Lattre de Tassigny aux yeux du grand public, Jean Louis Alain Touzet du Vigier voit le jour le 10 octobre 1888 à Chambéry. au sein d’une vieille famille. Il est le quatrième enfant d’Alain Touzet du Vigier et de Louise née Lochtenberg. Il a aussi une sœur aînée, Madeleine, ainsi que deux frères, Ghislain et Maurice.
– Après ses études, il souhaite intégrer l’Ecole de Saint-Cyr mais est d’abord refusé pour raisons de santé. Il s’engage alors en 1910 au 33e Régiment d’Infanterie encaserné à Arras et commandé par le Colonel Philippe Pétain.
Grâce à l’intervention d’Alexandre Millerrand ami de ses parents, il peut intégrer Saint Cyr en 1913 au sein de la 98e Promotion de Saint-Cyr « La Croix du Drapeau ». Il a pour camarades les futurs généraux Augustin Guillaume, Roger Noiret et Emile Hogard. Son passage à Saint-Cyr ne laisse pas un souvenir impérissable à l’Ecole étant donné que Jean Touzet du Vigier ne sort que 135e sur 249, sans doute en raison de sa santé. Jeune aspirant, il choisit alors la Cavalerie et se retrouve affecté au 9e Régiment de Cuirassiers du Colonel Vallée à Noyon.
– Sous-lieutenant à l’entrée de la France en Guerre, Touzet du Vigier connaît sa première expérience du feu au sein du 9e Cuirassiers qui participe à la campagne de Belgique près de Neufchâteau, avant d’être entraîné dans la retraite et d’arriver jusqu’à l’Ourcq. Le 13 septembre 1914, Jean Touzet du Vigier reçoit l’ordre de mener une reconnaissance sur l’Oise en avant des lignes de la I. Armee allemande de von Kluck. La patrouille de Touzet du Vigier se retrouve donc dans les lignes allemandes et mène des reconnaissances en échappant aux unités allemandes entre Ambleny et Compiègne. Finalement, en dépit quelques hommes perdus, Touzet du Vigier mène à bien sa mission et profite de la connaissance du terrain apportée par certains de ses hommes originaires de la région, comme du concours des habitants. Après trois jours, les cavaliers français sont de retour dans leurs lignes. Cette mission sera relevée par la Revue de Cavalerie de 1929.
– Touzet du Vigier participe alors aux combats du 9e Cuirassiers durant la Grande Guerre, le régiment allant être « démonté » pour être converti en Régiment d’Infanterie en 1916. On le retrouve donc à Monchy-aux-Bois fin 1914, à la Bataille de la Somme (1916) comme commandant d’une section de mitrailleuses (Cléry, Ommiercourt-les-Cléry, Tracy-le-Val) ; à Laffaux et à la victoire de la Malmaison (1917), à la bataille de Noyon (mars 1918) ; aux combats de Picardie durant l’été 1918 (Caumont, Caillouel, Thiescourt, Lassigny, Hauzy). Promu Lieutenant, puis Capitaine à titre temporaire, décoré de la Croix de Guerre, Touzet du Vigier termine la grande guerre lors de l’offensive de la IVe Armée du Général Gouraud (Tranchée du Dromadaire, Binarville et forêt d’Argonne). Entretemps, il s’est marié avec Françoise Magon de la Giclais.
– En 1919, Jean Touzet du Vigier retrouve la Cavalerie au sein du 2e Régiment de Chasseurs d’Afrique au Maroc. La même année, il est nommé instructeur à l’Ecole d’Application de la Cavalerie et du Train à Saumur, poste au sein duquel il reste une année. En 1920, le Général Henri Niessel le choisit pour participer à la Mission militaire française en Pologne que conduit Weygand pour aider la jeune Pologne de Pilsudski à repousser les bolcheviks de Toukhatchevski et Boudienyi. Affecté à Varsovie, Touzet du Vigier – toujours Capitaine à titre temporaire – dispense des cours de tactique de Cavalerie aux officiers polonais, tout en se chargeant d’activités plus administratives sous la direction du Chef de Bataillon Charles de Gaulle, de deux ans son cadet. Touzet du Vigier racontera plus tard l’anecdote selon laquelle, lors d’une réception, une Comtesse polontaise se serait assise sur les genoux de de Gaulle qui aurait levé les deux bras au ciel en forme de « V » ; signe repris plus tard en d’autres circonstance.
– Rentré en France en 1921 et nommé définitivement Capitaine, Jean Touzet du Vigier commande un escadron du 18e Régiment de Chasseurs à Cheval. Il intègre l’Ecole de Guerre de 1923 à 1925 mais n’y brille pas particulièrement. Il connaît alors des années assez difficiles sur le plan professionnel et intellectuel, naviguant entre différent états-majors. Toutefois, il fait partie des premiers qui prêchent la mécanisation de la Cavalerie française à l’aide de chars et d’automitrailleuses. Il faut bien savoir que durant cette période marquée par un profond pacifisme au sein de la population, le développement du char en France s’est heurté au conservatisme intellectuel de l’Infanterie. Ce corps ayant même réussi à écarter définitivement le Général Estienne, le « père » du Char Renault FT-17. Aussi, pour beaucoup, le Char d’assaut doit d’abord rester une arme d’appui d’Infanterie. Toutefois, il réussit à percer et revient à l’Ecole de Cavalerie de Saumur comme instructeur où il peut mettre en avant ses idées face à un public. Touzet du Vigier n’est pas le seul à promouvoir cette nouvelle vision de l’emploi des forces. Outre que de Gaulle, on trouve d’autres généraux français plaidant en ce sens comme Aubert Frère et Charles Delestraint. Promu Chef d’Escadron en 1932, il intègre le 18e Régiment de Dragons à Reims deux ans plus tard. Touzet du Vigier continue de développer ses idées et conférences et en exercices sur le terrain, prêchant aussi pour l’action interarme. Avec un groupe d’officiers, il élabore la création de la 1re Division Légère Mécanique (DLM). En théorie, celle-ci doit comporter 3 Régiments blindés, 1 Régiment d’Infanterie portée, 1 Régiment d’Artillerie tractée, d’une batterie antichar et de 1 Bataillon de Sapeurs. En 1936, Touzet du Vigier intègre l’Etat-Major du Centre d’Etudes Tactiques Interarmes à Versailles, ce qui lui permet de développer davantage ses idées. Il en est convaincu, l’avenir de la guerre se trouve dans la mécanisation et dans l’emploi des chars. Les activités de notre officier oscillent alors entre cours, conférences et exercices interarmes à Mourmelon et Valdahon. Promu Lieutenant-Colonel en 1938, il est affecté à l’Etat-Major de la Cavalerie lors de l’entrée en guerre contre l’Allemagne avant de se retrouver au Centre d’Organisation Mécanique de la Cavalerie (OMC) à Fontrevault où le Général Jean Langlois constitue la 3e Division Légère Mécanique, forte d’environ 115 chars. Touzet du Vigier prend alors le commandement du 2e Régiment de Cuirassiers qui compose cette nouvelle unité avec le 1er Cuirassiers du Colonel Henri de Vernejoul (futur commandant de la 5e Division Blindée française en 1944), le 12e Cuirassiers (Colonel Leyer), le 11e Régiment de Dragons Portés (Colonel Revouy), le 76e régiment d’Artillerie Tractée tout-terrain et le 39e Bataillon de Sapeurs.
– En 1940, la 3e DLM est intégrée dans un Corps de Cavalerie (avec la 2e DLM du Général Bourgrain) et envoyée aider l’Armée Belge à protéger le Canal Albert. Elle connaît son premier engagement à Hannut les 12-13 mai contre le XVI. Panzer-Korps allemand d’Erich Höppner. Mettant en pratique tous ses exercices précédents malgré plusieurs difficultés, Jean Touzet du Vigier affronte courageusement les chars de la 4. Panzer-Division de Stever et parvient à les repousser avant de devoir reculer en bon ordre et en combattant, derrière la Dyle. Le 2e Cuirassiers ne se déshonnore nullement face aux Allemands, combattant sans relâche à Thisnes et à Jandrain. Touzet fait embarquer les restes ecténués de son régiment à Dunkerque. Après le bref passage en Angleterre, il rentre rapidement en France où on le place à la tête de la nouvelle 5e Brigade Légère Mécanique (BLM) qui forme la nouvelle organisation de la 3e DLM. Mais l’Armée française connaît la défaite et Touzet du Vigier combat encore contre les Allemands jusque sur la Loire jusqu’à l’armistice du 22 juin. Mais il échappe à la captivité en réussissant à mener son unité jusque dans le Périgord.
– Comme praticien reconnu du combat de Cavalerie, Touzet du Vigier reste dans l’Armée d’Armistice en Zone Libre et se voit affecté au 3e Bureau d’Etat-Major de l’Armée en novembre 1940. Il est promu Colonel en décembre. Légaliste mais farouchement patriote et anti-allemand, il entre très vite en relation avec des officiers préparant la revanche. Il entretien aussi des liens très étroits avec René Carmille. Polytechnicien de formation et Contrôleur Général des finances, Carmille met en place le « Service National des Statistiques », acronyme qui masque la planification d’une mobilisation clandestine sur l’ensemble du territoire français. Il mourra exécuté à Dachau. Touzet du Vigier participe aussi à la création de dépôts d’armes clandestins, avant d’intégrer l’ORA que commande le Général Aubert Frère. C’est aussi lui qui met au point le plan d’évasion du Général Giraud.
– En janvier 1942, le Colonel Touzet du Vigier est envoyé en Algérie pour prendre le commandement de la 2nde Brigade de Cavalerie d’Algérie à Mascara. Il continue alors ses activités de préparation de la revanche jusqu’au débarquement allié au Maroc et en Algérie. Le 8 novembre 1942, il prend le commandement d’une Brigade Légère Mécanique constituée avec du matériel maintenu dans les dépôts, contrairement à ce que prévoyait les accords d’armistice. En dépit d’un matériel quasiment dépassé, Touzet du Vigier participe aux combats sur la Dorsale Tunisienne contre les Germano-Italiens de l’Afrikakorps.
– Promu Général de Brigade à titre temporaire en décembre 1942, Touzet du Vigier se voit alors attribué le commandement de la toute nouvelle 1re Division Blindée Française, créé en Tunisie le 1er mai 1943 avec l’apport d’éléments du Maroc et d’Algérie. Comme l’explique Jean-Christophe Notin*, la décision de créer cette nouvelle unité mécanisée intervient en même temps que pour la 2e Division Blindée. Fort de son expérience en Libye et en Tunisie, Philippe Leclerc vient rencontrer son aîné Touzet du Vigier et les deux officiers s’apprécient très vite, autant pour leur culture de Cavalerie que pour leurs antécédents contre l’Axe. Mais là où Leclerc apprécie très peu se voit attribuer des éléments de l’Armée d’Afrique qu’il accuse vertement de « passivité » voire de « lâcheté » contre les Allemands, Touzet du Vigier lui réplique qu’il faudra au contraire composer avec les unités de l’ancienne unité d’armistice pour la reconquête de la France.
– Durant l’année 1943, Touzet du Vigier constitue la nouvelle 1re Division Blindée Française. Puisqu’elle a été formée en Tunisie, on décide de la placer sous le patronnage du Roi Saint Louis qui succomba à la peste à Tunis lors de la Neuvième Croisade en 1270. Touzet du Vigier lui donne alors la devise « Nomine et Virtuta Prima » et la Croix de Saint Louis pour insigne. Mais pour l’instant, tout comme Juin et son CEF, Touzet du Vigier se heurte à une difficulté en matière d’armement, de matériel et de ravitaillement. En effet, pour l’instant sa division dépend entièrement de la bonne volonté du Commandement et des Services de l’US Army. Cependant, constatant la souplesse organisationnelle des Armored Divisions américaines, Touzet du Vigier décide de donner la même structure (Medium – Moyenne), tout en conservant certaines dénominations françaises. Touzet du Vigier a notamment la grande satisfaction de retrouver son 2nd Cuirassiers. Notons bien que cette unité comprend une majorité écrasante de troupes composées de soldats et d’officiers métropolitains. Pour son infanterie, on lui donne le 2nd Régiment de Zouaves mais celui-ci se retrouve dissous pour être scindé en 3 Bataillons de Zouaves Portés (BZP). La « Saint Louis » comprend donc 1 Régiment de Reconnaissance équipé de chars légers et d’automitrailleuses (3e Régiment de Chasseurs d’Afrique), 3 Régiments Blindés de 40 chars chacun (2e Cuirassiers ; 2nd et 5e Chasseurs d’Afrique), les 1er, 2nd et 3e BZP montés sur véhicules Half-Tracks, 1 Régiment d’Artillerie de Campagne (68e RA), 1 unité de Chasseurs de chars M10 Wolverine (9e Chasseurs d’Afrique), 1 Compagnie de Transport (291e), 1 Compagnie de Transmission (91/84e), 1 Groupe de FTA (38e, défense antiaérienne), 1 Bataillon du Génie (88e), 1 Régiment du Train, 1 Groupe d’Escadron de Réparation (GERD), 1 Compagnie de Service et 1 Groupe d’exploitation.
Le Général Touzet du Vigier entraîne alors sa division en alliant des modèles tactiques américains, notamment les Combat Command qui renforcent la mobilité et la manœuvre de débordement, tout en inculquant à ses hommes un esprit d’agressivité, la rapidité et l’audace. Il reçoit ses deux étoiles de Général de Division (à titre temporaire) le 25 août 1943, le jour de la Saint Louis, justement.
– Après une année d’entraînement intensif, la « Saint Louis » est définitivement incorporée à l’Armée B (future Ire Armée) du Général de Lattre de Tassigny. Désignée pour participer au débarquement de Provence, la 1re DB se rassemble à Oran et Mers-el-Kébir fin juillet 1944 et appareille le 10 août pour la Corse. Là, Touzet du Vigier reçoit l’ordre de placer temporairement sa division sous le commandement du Lieutenant.General américain Lucian K. Truscott qui commande le VIth US Army Corps chargé de l’assaut amphibie de l’Opération « Anvil-Dragoon » sur la côte varoise. Touzet du Vigier attribue alors le Combat Command 3 de sa division commandé par le Colonel Aimé Sudre. Le CC 3 doit alors débarquer en seconde vague après la 36th US Infantry Division du Major.General John E. Dahlquist dans le secteur « Alpha » (Fréjus). – Les 15-16 août, la « Saint Louis » débarque en Provence et repasse sous les ordre de la Ire Armée du Général de Lattre et plus précisément sous ceux du IInd Corps d’Armée de Monsabert. Pendant une dizaine de jours, Touzet du Vigier mène sa division dans la reconquête de la Provence. Monsabert l’engage dans la prise de Toulon et dans la Libération de Marseille aux côtés des FFI, où elle déborde les défenses allemandes avant d’être engagées dans des combats urbains. Mais les soldats de la 1re DB connaissent aussi leurs premiers accueils dans la liesse. En septembre, Touzet du Vigier conduit sa division à la poursuite de la I. Armee allemande à travers la vallée du Rhône pour remonter jusqu’en Bourgogne, passant par Saint-Etienne, Anse, Villefranche-s/-Saône, Chalon-s/-Saône, Chagny, Beaune, Dijon et Langres. Elle reçoit ensuite l’ordre de foncer vers l’Alsace en forçant le massif vosgien. Touzet du Vigier met sa division en marche début octobre dans des conditions météorologiques épouvantables (vent, pluie, boue), libère plusieurs villes et stations vosgiennes après de durs engagements et atteint la lisière de la Plaine d’Alsace le 18 octobre. Touzet du Vigier connaît alors la satisfaction de voir sa division citée à l’Ordre de l’Armée.
– Après une brève période de repos en Haute-Saône, passe sous le commandement du Ier Corps d’Armée du Général Antoine Béthouart et reçoit l’ordre de foncer vers le Rhin en longeant la frontière suisse (trouée de Belfort). Touzet du Vigier lance ses trois Combat Commands à l’assaut sous la neige et dans un froid mordant. Au prix de durs combats contre les Allemands, les hommes de la « Saint Louis » longent la frontière suisse et s’emparent successivement de Pfetterhouse, de Krembs, d’Héricourt, puis de Delle avant d’atteindre le Rhin à Rosenau (CC 3). Enfin, la 1re DB libère Mulhouse le 23 novembre. – Seulement, les Allemands ont réussi à maintenir une tête de pont dans la région de Colmar et vont en profiter pour lancer une contre-attaque, d’autant plus que l’offensive américaine de la VIIth Army de Patch se heurte à des difficultés en Haute-Alsace. Du coup, de Gaulle et de Lattre ordonne à Touzet du Vigier de défendre Mulhouse, ce à quoi il s’emploie énergiquement. Mais le 5 décembre 1944, le Général Touzet du Vigier doit céder le commandement de la « Saint Louis » au Colonel Aimé Sudre promu Général. Il a tout de même la satisfaction de voir Aimé Sudre bien mener la 1re DB dans la défense de Mulhouse et de la faire passer le Rhin en tête de la Ire Armée française. – Jean Touzet du Vigier termine la Seconde Guerre mondiale comme Commandant de la 10e Région Militaire et Gouverneur Militaire de Strasbourg. Il réussit à maintenir la cohésion et assurer la défense de la ville alors que les Allemands lancent contre-attaques sur contre-attaques.
– Le 25 juin 1945, il reçoit ses quatre étoiles de Général de Corps d’Armée et et nommé Chef d’Etat-Major de l’Armée où il s’atèle à la réorganisation de l’Armée Française. Même s’il a atteint la limite d’âge, il obtient une dérogation prolongeant son activité d’une année. Adjoint du Général de Lattre de Tassigny à l’Etat-Major Général en 1946, Touzet du Vigier devient aussi membre de la Commission de Réforme de l’Armée de Terre, accédant ensuite à la Vice-Présidence. De Lattre lui remet la Grand-Croix de la Légion d’Honneur le 5 octobre 1947, mais il doit quitter la Commission de Réforme de l’Armée de Terre le 10.
– Retiré de tout commandement, le Général Touzet du Vigier conserve néanmoins des activités d’ordre militaire comme la Présidence de la Saint-Cyrienne, de l’Union de la Cavalerie et d’Arme Blindée des Chars. Ses nouvelles activités sont alors pour lui un prétexte pour soutenir et observer la réforme de la Cavalerie. – Ce Général français méritant s’éteint à près de quatre-vingt-douze ans le 16 août 1980. Outre la Grand-Croix de la Légion d’Honneur et de la Croix de Guerre 1914-1918, Jean Touzet du Vigier était titulaire de la Croix de Guerre 1939-1945, de la Legion of Merit américaine et de l’Ordre Polonia Restituta.
* Lire : NOTIN, Jean-Christophe : Leclerc, Perrin