Général Pichegru
Fils de cultivateurs du Jura, Jean Charles Pichegru voit le jour à Planches-près-d’Arbois le 16 février 1761. Il fait d’abord sa scolarité au Collège des Minimes d’Arbois et s’y révèle doué pour les Mathématiques.
En 1779, il entre au Collège de Brienne comme répétiteur de quartier. Il entre d’abord dans les ordres avant de se défroquer en 1783 pour s’engager au 1er Régiment d’Artillerie à pied. Montant rapidement en grade, il devient Adjudant. Promu officier en 1790, il embrasse de nouvelles idées et anime le Club Démocratique de Besançon. Rallié d’abord aux Jacobins, il obtient l’appui de Robespierre et de Saint-Just.
Placé à la tête d’un Bataillon de Volontaires du Gard en 1792, il rejoint l’Armée du Rhin pour y servir comme chef d’état-major. Général de Brigade en 1793, il se révèle un très bon tacticien et passe Général de Corps d’Armée, puis commandant de l’Armée du Nord en 1794 en remplacement de Jean-Baptiste Jourdan.
Mais le cadeau est quelque peu empoisonné car l’Armée du Nord manque de vivres, de vêtements et de munitions, d’autant qu’il fait froid et humide. Néanmoins, la Convention Thermidorienne ordonne à Pichegru de marcher sur les Flandres et la Hollande malgré le mauvais temps. En deux mois, Pichegru fait marcher son Armée du Nord contre les Autrichiens et les Hollandais et s’empare successivement de Cassel, Courtrai, Menin, Hooglède, Bruges, Gand, Anvers, Bois-le-Duc, Venloo, Nimègues et Amsterdam qui est prise le 19 janvier 1795 par un froid glacial. Le 23 janvier 1795 Pichegru ose une manœuvre particulièrement audacieuse. Afin de neutraliser une partie de la flotte hollandaise qui est prise dans les glaces du Helder, il dépêche les Généraux Jean-Guillaume de Winter et Louis-Joseph Lahure avec pour mission de s’emparer de flotte… par une attaque de cavalerie. Le 23 janvier, le 8e Régiment de Hussards débute sa manœuvre, chaque cavalier prenant en groupe un fantassin du 15e Régiment de Ligne. L’attaque réussit parfaitement et 14 vaisseaux de ligne sont capturés.
La prise d’Amsterdam et la neutralisation de flotte batave obligent la famille royale de Hollande à trouver refuge en Angleterre. Après cet épisode, Pichegru et son Armée occupent la Zélande et le Hainaut, avant d’achever victorieusement la campagne à Groningue le 14 février 1795.
Au printemps, Pichegru rentre à Paris et frappé – comme le reste de la France – par une grave crise économique due à l’effondrement des assignats et par une forte agitation dans les rues, marquées par un affrontement entre Royalistes « Muscadins » et Jacobins » ou entre « Talons rouges » et « Bonnets rouges ». Enfin, le rationnement pose de graves problèmes aux autorités de la capitale.
Le 12 Germinal An III (1er avril 1795), un groupe de manifestants, ouvriers et petits artisans, mené par un certain Van Heck se rassemble sur l’Île de la Cité. Rejoints par des Sans-Culotte, ils marchent sur l’Assemblée du Directoire dont ils forcent les portes. S’ensuit alors un important tumulte dans l’hémicycle, tumulte qui est réglé par la force par Pichegru et Legendre, député et ancien dantoniste.
En remerciement, le Directoire proclame Pichegru « Sauveur de la Patrie » et le nomme à la tête des Armés de Sambre-et-Meuse. Mais voilà, notre homme est ambitieux et rêve d’accéder à de plus grandes responsabilités politiques. C’est alors qu’il est approché par des agents royalistes du Prince Louis V de Bourbon-Condé qui réussissent à rallier le général à leur cause et de marcher sur Paris pour proclamer Roi Louis de Provence (Louis XVIII), contre 1 million de francs et la garantie du versement d’une rente de 200 00 francs et le gouvernorat d’Alsace. On lui promet aussi, qu’en cas de Restauration il obtiendrait la dignité de Maréchal de France, les cordons du Saint-Esprit et de Saint-Louis, ainsi que la château de Chambord. Du coup, Pichegru conduit la campagne des Armée du Rhin avec une plus grande négligence, empêchant même Moreau de s’emparer de Düsseldorf. « Voici un général qui a fait tuer ses hommes exprès par connivence avec l’ennemi » dira plus tard Napoléon Bonaparte.
Le Directoire vient alors à soupçonner Pichegru de trahison et lui retire son commandement au profit de Moreau. Toutefois, au vu de sa popularité, on le nomme Ambassadeur en Suède pour mieux l’éloigner. Lors des élections censitaires de 1797, Jean Charles Pichegru est élu Député au Conseil des Cinq-Cents et devient l’un des meneurs de l’opposition, avec le Directeur François de Barthélémy, Joseph Jérôme Siméon, Laffon de Ladebat, Willot et Ramel. Seulement, lors du Coup d’Etat du 18 Fructidor an V mené par les Directeurs La Révellière-Lépeaux et Reubell avec l’assentiment de Barras, Pichegru est arrêté avec les autres opposants mentionnés. Envoyé à Sinnamary dans notre actuelle Guyanne, il s’évade et rejoint l’Angleterre en 1797, puis la Prusse pour comploter contre le Directoire.
En 1800, Bonaparte alors Premier Consul demande fermement à Frédéric-Guillaume de Prusse d’expulser Pichegru de son Royaume. L’ancien général républicain rejoint alors Londres et y fréquente les agents royalistes qui y résident. C’est ainsi qu’il fait la connaissance du chef Chouan Georges Cadoudal et s’implique dans le complot visant à éliminer Bonaparte.
De retour à Paris en janvier 1804, Pichegru met en place la conspiration avec l’aide de Guillaume Sol de Grisolles chef Chouan de Loire-Inférieure, Charles d’Hozier et Athanase Bouvet de Lozier. Malheureusement, il est trahi par son meilleur ami, livré à la police et enfermé à la Prison du Temple.
Le 6 avril 1804, l’ancien Général Jean Charles Pichegru est retrouvé étranglé dans sa cellule, sa cravate serrée autour du cou. Il sera inhumé dans un totale discrétion à Clamart.
Sources :
– TULARD Jean : Histoire de la Révolution française, PUF, Paris
– http://www.napoleonbonaparte.wordpress.com