Hugues Capet : le fondateur de la dynastie capétienne

La dynastie capétienne est l’une des plus importantes de l’histoire de France, ayant régné pendant près de huit siècles, de 987 jusqu’à la Révolution française. À l’origine de cette lignée se trouve Hugues Capet, un homme dont l’élection au trône de France a marqué un tournant décisif dans l’histoire médiévale française. Son accession au pouvoir a non seulement mis fin à la domination carolingienne, mais a également jeté les bases d’institutions qui ont perduré pendant des siècles.

L’accession au trône : contexte historique et élection

Le 3 juillet 987, Hugues Capet fut élu Roi des Francs à Noyon, marquant ainsi la fin de la dynastie carolingienne en France occidentale. Cette élection s’est déroulée dans un contexte politique particulièrement favorable pour Hugues. Le dernier prétendant carolingien, Charles de Basse-Lorraine, s’était rendu impopulaire en trahissant les Francs au profit des Allemands dans sa tentative d’usurper la couronne du roi Lothaire. Universellement détesté, Charles faisait face à un Hugues Capet bien-aimé pour sa défense de la Francia occidentale contre les Allemands et les Normands.

Hugues bénéficiait d’un soutien considérable parmi la noblesse française. En tant que chef de la Maison de Robert le Fort, il était l’homme le plus puissant du royaume. Son frère, Otton-Henri Ier, Duc de Bourgogne, ajoutait sa force considérable à la candidature d’Hugues. Sur les quinze grands seigneurs nobles de l’époque, presque tous soutenaient l’élection d’Hugues, à l’exception de Charles qui gouvernait la Basse-Lorraine et du Comte de Vermandois, dont la famille était la rivale perpétuelle des Robertiens.

Les alliés d’Hugues Capet

Le soutien dont bénéficiait Hugues Capet provenait de diverses sources stratégiques qui ont consolidé sa position lors de son accession au trône. Voici les principaux alliés qui ont contribué à son élection :

• L’Église catholique, dont les Robertiens étaient de grands mécènes
• Son frère Otton-Henri Ier, Duc de Bourgogne
• Les comtes de Blois et d’Anjou, vassaux des Robertiens
• Les Normands, devenus ses alliés
• Baudouin IV de Flandre, qui l’a soutenu en échange du titre de Comte
• Richard Ier de Normandie
• Guillaume IV d’Aquitaine

Un règne marqué par les défis

Le règne d’Hugues Capet, bien que relativement court (987-996), fut marqué par de nombreux défis politiques. Contrairement aux grands Mérovingiens et à la plupart des Carolingiens qui dominaient leur noblesse et gouvernaient l’ensemble de leurs territoires, Hugues ne dirigeait directement que les terres du nord héritées de son père et les petits domaines royaux restants. Il accéda à la royauté à une époque où les rois ne possédaient guère plus de pouvoir politique que les grands comtes et ducs de France.

La plus grande menace pour son règne vint de Charles de Basse-Lorraine. En 988, Charles rassembla une armée et marcha secrètement sur Laon. Ses alliés dans la ville fortifiée ouvrirent les portes, et les hommes de Charles prirent d’assaut l’intérieur où ils capturèrent l’évêque Ascelin. En réponse, Hugues se tourna d’abord vers l’Église pour éliminer son rival. Il tint un synode qui excommunia Charles, puis marcha sur la ville, mais les fortifications tinrent bon et Charles repoussa le roi. Peu après, l’évêque Ascelin s’échappa en descendant d’une tour par une corde, rejoignant alors Hugues. Hugues revint l’année suivante et mena un autre siège, mais fut repoussé une seconde fois.

La gestion des crises politiques

Le règne d’Hugues Capet fut marqué par une série de crises politiques qu’il dut gérer avec habileté pour maintenir son pouvoir. La mort de l’archevêque Adalbéron en 989 créa une situation délicate. Hugues se précipita à Reims pour sélectionner le successeur d’Adalbéron. Gerbert d’Aurillac attendait Hugues avec la pleine attente que le roi ferait de lui le nouvel archevêque, étant donné son ancien soutien lors de l’élection d’Hugues à la royauté, sa réputation comme l’un des plus grands érudits de France et le fait qu’il avait enseigné à Robert II. Gerbert fut rapidement déçu car Hugues décida de l’écarter au profit d’Arnulf, fils illégitime de l’ancien roi Lothaire.

La vision politique d’Hugues Capet

Malgré les défis de son règne, Hugues Capet fit preuve d’une vision politique remarquable. Comprenant que son règne serait toujours contesté, il prit des mesures pour assurer que son fils ne ferait pas face aux mêmes défis. Le jour de Noël 987, Hugues fit couronner son fils Robert II comme co-roi, afin que, lorsqu’il mourrait, Robert II serait déjà le roi légitime de France. Hugues fit même accepter la royauté de Robert II par la papauté, affirmant que si les musulmans attaquaient le royaume, il devrait quitter son royaume pour défendre la chrétienté tandis que Robert II maintiendrait la paix au sein du royaume.

Hugues Capet comprit également l’importance du symbolisme royal. Lors de son couronnement, il emprunta une cérémonie pour les rois et prophètes hébreux bibliques et commença la pratique des rois français d’être oints d’huile par l’archevêque à Reims. Ce qui distinguait Hugues de Pépin le Bref, le premier Carolingien à usurper le trône, c’est qu’Hugues était directement lié à deux rois. Son grand-père était Robert Ier tandis que son grand-oncle était Eudes Ier. Du côté de sa mère, il était lié aux Ottoniens qui étaient alors les empereurs des Allemands. Ce pedigree aida à légitimer Hugues, bien que pour le reste de sa vie, il porta la tache de l’usurpation.

L’héritage d’Hugues Capet

Le règne d’Hugues Capet est généralement considéré comme un grand moment dans l’histoire de France, bien qu’il soit souvent perçu comme un roi faible et inefficace. Puisque Hugues ne revendiquait pas l’ensemble de l’Empire carolingien et ne cherchait qu’à régner sur les Francs, la Francia occidentale devint la France. De plus, Hugues devint le premier de la dynastie capétienne, dont les descendants régnèrent jusqu’à la Révolution, puis brièvement pendant la Restauration. Ce n’est pas une coïncidence si, lorsque le gouvernement révolutionnaire dépouilla Louis XVI de ses titres, ils le rebaptisèrent « Louis Capet ».

La plus grande réussite d’Hugues fut de s’emparer du pouvoir, de le conserver et d’assurer la succession de son fils. Rétrospectivement, ce sont des accomplissements majeurs. Avant son règne, le royaume était descendu dans une spirale de succession contestée, où les rois étaient déposés, assassinés ou mouraient sans héritier. Hugues mit fin à ce cycle et établit une dynastie qui régna pendant des siècles, apportant une stabilité politique à la France médiévale.

Conclusion

Hugues Capet, bien que n’étant pas un conquérant glorieux ni un législateur remarquable, a néanmoins réussi à établir les fondements d’une dynastie qui a façonné l’histoire de la France pendant près de huit siècles. Son habileté politique, sa compréhension de l’importance des alliances et sa vision à long terme pour assurer la succession de son fils ont permis à la dynastie capétienne de s’enraciner profondément dans le paysage politique français. Malgré un règne relativement court, son impact sur l’histoire de France est incommensurable, faisant de lui une figure fondamentale du Moyen Âge français.

En 996, Hugues mourut à Melun, à l’âge d’environ 55 ans, après avoir régné un peu plus de 9 ans. Son corps fut enterré à Saint-Denis, comme le seraient beaucoup de ses successeurs. Bien que son nom ait perduré pendant 800 ans, aucun futur monarque français ne s’est modelé sur le fondateur de leur dynastie – il n’y eut jamais d’Hugues II. Néanmoins, son héritage continue de résonner à travers les siècles, rappelant comment un homme de stature modeste a pu changer le cours de l’histoire française.

## Quiz sur Hugues Capet (987-996), fils de Hugues le Grand / Podcast sur Hugues Capet

• 1. Qui a été élu roi des Francs à Noyon le 3 juillet 987 ?
  • A. Charles de Lorraine
  • B. Hugues Capet
  • C. Otto-Henry I
• 2. Quelle était la principale raison pour laquelle Hugues Capet a été bien accueilli et soutenu par les nobles et l’Église ?
  • A. Il était un grand guerrier et conquérant
  • B. Il était bien-aimé pour sa défense de la West Francia contre les Allemands et les Normands, et il était un grand patron de l’Église
  • C. Il avait une grande fortune personnelle
• 3. Quel était le lien de parenté entre Hugues Capet et les Ottoniens, les empereurs des Allemands ?
  • A. Il était leur cousin germain
  • B. Il était leur neveu
  • C. Il était leur frère
• 4. Quelle était la principale raison pour laquelle Hugues Capet a fait couronner son fils Robert II co-roi le jour de Noël 987 ?
  • A. Pour s’assurer que son fils serait reconnu comme roi légitime à sa mort
  • B. Pour partager le pouvoir avec son fils
  • C. Pour montrer sa générosité envers son fils
• 5. Quelle était la principale raison pour laquelle Hugues Capet a fait excommunier Charles de Lorraine par l’Église ?
  • A. Pour obtenir le soutien de l’Église
  • B. Pour se venger de Charles
  • C. Pour prouver sa légitimité

## Réponses

• 1. B. Hugues Capet
• 2. B. Il était bien-aimé pour sa défense de la West Francia contre les Allemands et les Normands, et il était un grand patron de l’Église
• 3. B. Il était leur neveu
• 4. A. Pour s’assurer que son fils serait reconnu comme roi légitime à sa mort
• 5. A. Pour obtenir le soutien de l’Église