L’espérance : « le secret du croyant », Abbé de Tanouarn
Voici l’extrait d’une belle réflexion sur l’espérance publiée en avril 2010 sur http://ab2t.blogspot.fr/2010/04/lesperance-theologale-notre-desir.html
L’auteur insiste sur la dimension surnaturelle de la vertu d’espérance qui découle de la Foi. De cette espérance enracinée en « Celui qui peut tout » naît un véritable mode de vie et une « attente active » engageant de toute la personne…
L’espérance est notre indéracinable désir de Dieu, celui qui, en nous, jusqu’au bout, ne renoncera pas, celui qui n’accepte aucun démenti de l’existence : contra spem in spe, dit saint Paul : contre l’espérance dans l’espérance. Péguy l’a chantée de manière merveilleuse dans le Porche du mystère de la deuxième vertu. La petite fille espérance est… « une fille de la charité » (dixit Péguy) qu’aucune plaie ne dégoûte, qu’aucune misère ne rebute, qu’aucun désespoir ne lasse. En elle est le secret du croyant. C’est une vertu que saint Paul (sauf dans le fameux texte de I Cor. 13 que l’on nomme l’hymne à la charité) a tendance à mettre au dessus de tout. La charité, amour désintéressé, demande parfois un effort : « Aimez vos ennemis de charité » nous demande le Christ : pas si facile, n’en déplaise aux grenouilles de bénitier et autres batraciens à sang froid. Alors que l’espérance… L’espérance ne demande pas l’effort, elle l’exige, elle l’arrache, même au plus rétif.
Je ne dis pas que l’espérance est facile, encore moins qu’elle nous pousse à la facilité. Mais l’espérance nous commande tel ou tel geste, elle nous ordonne (dans les deux sens du terme : elle nous met en ordre de bataille et elle nous fait entendre un ordre clair et inconditionnel : celui de marcher toujours).
Quel est l’argument de l’espérance ? « le temps qui reste », selon le titre que Giorgio Agamben a repris à saint Paul. Nous avons peu de temps pour l’éternité. Autant y aller à fond ! Ne pas donner moitié.