« Berthier connaissait bien la carte, entendait bien la partie des reconnaissances, soignait lui-même l’exécution des ordres, était rompu à présenter avec simplicité les mouvements les plus composés d’une armée ». Ce sont les mots qu’employait le général Bonaparte lorsque il dut travailler pour la première fois avec Berthier qui allait devenir le meilleur chef d’état-major impérial quelques années plus tard. Chef d’état-major brillant, Berthier n’était cependant ni un stratège, ni un tacticien.
– Né le 20 novembre 1753 à Versailles, fils d’un Lieutenant-Colonel Ingénieur géographe de Louis XV qui terminera Gouverneur des Hôtels de la Guerre, de la Marine et des Affaires étrangères. Louis-Alexandre a deux frères : César et Victor qui choisiront aussi la carrière des armes.
Louis-Alexandre Berthier entre à l’Ecole royale du Génie de Mézières en 1764. Le Génie royal fait partie – avec l’artillerie notamment – des « Armes savantes », corps réservé principalement aux membres supérieurs du Tiers-Etat. D’où également, un esprit de corps bien ancré. Sont privilégiées les matières suivantes : mathématiques, géométrie, mécanique, hydraulique, dessin, plans et cartes, charpenterie… Sorti de l’Ecole de Mézières en 1766 avec 720 livres d’appointement annuel et cela, à treize ans seulement. Louis-Alexandre Berthier est ensuite versé à la Légion des Flandres, puis au Régiment des Dragons de Lorraine. Promu Capitaine en 1777, il participe à la Guerre d’Indépendance américaine au sein des troupes de Rochambeau. Pour faits d’armes, il reçoit de Louis XVI l’Ordre de Saint Louis, ainsi que la promotion de Lieutenant-Colonel l’année suivante.
Resté fidèle à Louis XVI alors qu’il est Major-Général de la Garde Nationale, il protège la famille royale en 1791 et aide Mesdames Adélaïde et Victoire à s’enfuir de Versailles. Cela ne l’empêche pas d’être nommé Maréchal de Camp avant d’être envoyé à l’Armée du Nord. Destitué lors de l’avènement de la Convention, il reste sans emploi durant trois ans mais ne semble pas avoir été inquiété pour autant durant la terreur.
Réintégré dans l’Armée par le Directoire en 1795, avec le grade de Général de Brigade, il part pour l’Armée d’Italie, alors commandée par Kellermann, afin d’assurer le commandement d’une division. Berthier se montre alors particulièrement courageux, n’hésitant pas à charger au sabre à la tête de ses troupes. Lorsque le Général Bonaparte prend la tête de l’Armée d’Italie, il noue avec Berthier un très fort lien d’amitié et le nomme commandant de l’Etat-major. Berthier se montre alors particulièrement efficace à ce poste mais n’hésite pas pour autant à charger à la tête de ses soldats comme au Pont de Lodi ou à Marengo où il reçoit une blessure.
En 1799, il joue un rôle important lors du Coup d’Etat du XVIII Brumaire et reçoit ensuite le Ministère de la Guerre. Sa fonction est alors très importante car Berthier est en charge de l’organisation, de l’approvisionnement et du fonctionnement de la Grande Armée. D’autre part, il organise la défense des côtes du territoire en fortifiant les places maritimes allant d’Antibes à Berg-op-Zoom en Hollande.
– En 1800, Bonaparte alors Premier Consul le nomme ambassadeur à Madrid pour négocier de l’approvisionnement en blé et de convaincre le Roi de déclarer la guerre au Portugal alors allié de Londres. En mai 1804, il fait partie de la première fournée des Maréchaux d’Empire avec Lannes, Davout, Masséna, Augereau, etc. En juillet, Napoléon lui octroie la dignité de Grand Veneur impérial et en février 1805, le grand Aigle de la Légion d’Honneur, en plus d’une rente annuelle de 1 million de francs Germinal qui lui permettent d’acquérir le château de Grosbois et l’Hôtel de la Colonnade à Paris.
– En 1805, Berthier devient Chef d’Etat-major de la Grande Armée. Même si l’Empereur ne lui octroie que peu de répit – jour comme nuit – Berthier s’emploie à faire appliquer efficacement les ordres de Napoléon, tout en faisant montre d’un réel talent d’organisateur et de courage au combat. Il remplit pleinement cette fonction à Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland et Wagram. Ses états de service lui valent de recevoir les titres de Prince de Neufchâtel et Vallengin (1806), de Vice-Connétable (1807) et de Prince de Wagram (1809). En 1810, il prend pour épouse Marie-Elisabeth de Bavière-Birkenfeld, de trente ans sa cadette. Dans le cercle des chefs de la Grande Armée, cette union vaut à Berthier le surnom de « Bav-Ber ». Néanmoins, Louis-Alexandre et Marie-Elisabeth Berthier auront trois enfants : Napoléon-Alexandre, Marie-Anne et Caroline.
Major-Général de la Grande Armée en Russie en 1812, puis en Allemagne sous les ordres du Prince Eugène de Beauharnais l’année suivante, Berthier sert toujours fidèlement Napoléon mais en 1814, il est blessé d’un coup de lance à Brienne.
– Rallié aux Bourbon – ce qui lui vaut de très larges critiques – Berthier se voit octroyé la dignité de Commandeur de l’Ordre de Saint Louis par Louis XVIII. Il faut expliquer cette attitude, non pas comme une soudaine défiance vis-à-vis de l’Empereur mais par la fatigue. Âgé de soixante ans, Berthier est le doyen des Maréchaux d’Empire en activité et sa blessure reçue pendant la campagne de 1814 ajoute à sa fatigue comme à sa dépression. Lors des Cent Jours, Berthier suit le Roi à Ostende et Napoléon, amer, le raye de la liste des Maréchaux d’Empire. Il rejoint ensuite sa famille à Bamberg en Franconie (nord de la Bavière) mais les coalisés préfèrent l’y retenir de peur qu’il ne se rallie à Napoléon à l’exemple de ses plusieurs de ses anciens frères d’armes.
– Mais leurs craintes s’estompent le 1er juin 1815 lorsque le Maréchal Berthier meurt soudainement et dans des circonstances restées encore inconnues.
Napoléon lui rendra néanmoins quelque peu hommage lorsque dans les lignes du Testament de Sainte-Hélène : « Si j’avais eu Berthier (à Waterloo), je n’aurai pas eu ce malheur ».
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