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Maréchal Michel Maunoury

– Fils d’un médecin, Michel Joseph Maunoury voit le jour le 17 décembre 1847 à Maintenon. La situation familiale lui permet de passer le Baccalauréat. Reçu au concours de l’Ecole Impériale Polytechnique en 1867, il en sort quatre-vingt-dix-neuvième sur cent-vingt-quatre deux ans plus tard, avec le grade de sous-lieutenant.

– Choississant l’Artillerie, il intègre l’Ecole d’application de Metz avant d’être versé au 2e Régiment avec le grade de Lieutenant. Combattant contre les Prussiens durant la Guerre de 1870, Michel Maunoury se distingue au feu lors du siège de Paris, reçoit une blessure à Champigny, puis la Légion d’Honneur.
Après la défaite, le lieutenant Maunoury intègre le 20e RA de Rennes (1871), avant de suivre les cours d’Artillerie et du Génie jusqu’en 1872. Comme beaucoup de ses collègues, sa carrière se mue en une série d’affectations successives et en manœuvres. Promu Capitaine en 1874, il suit un stage à l’Ecole de Cavalerie de Saumur, avant de commander une batterie du 32e RA de Versailles (1875-1881). De 1881 à 1883, il est élève à l’Ecole de Guerre et en sort diplômé. Promu Chef d’Escadron,  il dirige le cours d’Artilelrie de l’Ecole Spéciale Militaire avant de retrouver le 32e RA, y restant de 1888 à 1891. Il sert ensuite à l’Etat-major du XIe Corps d’Armée basé à Nantes (1891-1893), avant d’obtenir le grade de Lieutenant-Colonel et de devenir Directeur de l’Instruction et Commandant en second de l’Ecole d’application de l’artillerie (1893-1897), il est ensuite nommé Commandant militaire du Palais Bourbon. Ensuite, promu Colonel, il commande le 11e RA de Versailles jusqu’en 1901. Cette même année, il est promu Général de Brigade et prend la tête de la 84e Brigade de Verdun, avant de devenir membre du Comité Technique d’Etat Major et membre du Comité Consultatif des Colonies en 1903.

– Promu Général de Division en 1906, il devient ensuite sous-chef d’Etat-major général de l’Armée et commandant de l’Artillerie de la Place et des Forts de Paris. Il est aussi membre du Comité Technique de l’Artillerie, du Comité consultatif des poudres et salpêtres et préside aussi la Commission des écoles militaires. Général de Corps d’Armée en 1907, il dirige l’Ecole Supérieure de Guerre, avant de commander successivement le XVe Corps à Marseille, puis le XXe Corps à Nancy.

Membre du Conseil Supérieur de Guerre en 1910, Maunoury est nommé en 1912, Gouverneur Militaire de Paris. Mais atteint par la limite d’âge la même année, il passe à la réserve et n’exerce aucun commandement durant plus d’un an.
Mais le 12 août 1914, après la déclaration de guerre à l’Allemagne, Joffre rappelle Michel Maunoury dans l’active. Il est alors l’un des Généraux français les plus âgés – soixante-six ans – à retrouver un commandement et l’un de ceux qui a connu le feu en 1870 (avec Foch et Castelnau).
Placé à la tête de l’Armée de Manœuvre, appelée ensuite Armée de Lorraine au début de la Guerre, il se retrouve à commander des Divisions de réserve qui passent à l’attaque contre la V. Armee du Kronprinz Frédéric-Guillaume. Maunoury y remporte un succès tactique mais l’échec général de Joffre à Charleroi l’oblige à ne pas poursuivre les Allemands.

– Mais devant la pression allemande dans le nord de la France, Joffre fait transporter par rail les 80 000 réservistes de l’Armée de Lorraine qui arrivent en Picardie pour formée « l’Armée de la Somme », appelée ensuite VIe Armée, qui regroupe le IVe Corps (Victor Boëlle), le VIIe Corps (Frédéric Vautier), ainsi que les 5e et 6e Groupements de Divisions de Réserve. Positionnée sur l’Artois et à l’est d’Amiens en Picardie, la VIe Armée reçoit l’ordre de contre-attaquer contre la I. Armee d’Alexander von Kluck qui forme l’aile droite des armées allemandes qui avancent en France. Mais les attaques des Français échousent sur le mur de feu des Allemands. Bapaume et Péronne tombent aux mains du II. Armee-Korps d’Alexander von Linsingen (29 août). Cependant, Maunoury ordonne à la 14e Division d’Etienne de Villaret de retarder les collones du II. Korps. Cette mission est accomplie avec des pertes mais permet à Maunoury de retirer ses forces en bon ordre sur l’Ourcq.

– Au début du mois de septembre 1914, les troupes de Maunoury couvrent le nord de Paris en tenant la ligne Le Mesnil-Aubry – Dammartin-en-Goëlle. Mais grâce à l’énergie déployée par Joseph Galliéni alors Gouverneur Militaire du camp retranché de Paris, Maunoury peut disposer d’unités de réserves et de renforts en bon nombre. A ce moment précis, la VIe Armée fait la jointure avec les Britanniques de French au niveau de la Marne. Le Général Maunoury installe son PC dans la ville du Raincy (aujourd’hui en Seine-Saint-Denis).
Le 6 septembre, voyant que von Kluck infléchit sa progression, laissant son aile droite (IV. Reserve-Korps) insuffisamment protégée, Joffre ordonne à Maunoury de lancer sa VIe Armée sur l’Ourcq. Le même jour, Maunoury envoie ses deux corps à l’assaut contre le IV. Reserve-Korps de von Gronau. Les combats sont particulièrement violents car von Gronau s’attend en effet à une attaque française et a fait disposer ses troupes face à Maunoury avec armes lourdes et mitrailleuses. Penchard, Monthyon, Bouillancy, Chambry, Marcilly, Lamaze et Etrapilly sont âprement disputés mais au final, les troupes de Maunoury prennent le dessus le 8 septembre. Mais ses troupes sont épuisées et ne peuvent rejeter le IV. Korps de la ligne Plessis – Belleville – Monthyon – Saint-Souplets.
Néanmoins, le 9 septembre, par l’Instruction particulière N° 20, Joffre ordonne à Maunoury de tenir l’Ourcq pour appuyer l’attaque conjointe des Britanniques de la Ve Armée de Franchet d’Espérey sur la Marne. Le 13 septembre, Joffre ordonne à Maunoury d’avancer vers le nord-est. Mais Maunoury informe le Généralissime que ses troupes « n’ont eu aucun jour de repos après quinze jours de combats et ont besoin de vingt-quatre heures de pause ». Propos appuyé par les constats de Foch et de Franchet d’Espérey qui font remarquer à Joffre que von Kluck et von Bülow consolident leurs positions sur l’Aisne.

– Jusqu’à fin septembre, au cours de combats tout aussi furieux, les forces de la VIe Armée réussissent à reprendre Soissons et Château-Thierry et avancer vers l’Aisne mais ne peuvent déboucher en raison de leur état d’épuisement et du manque de réserve. La guerre va alors se figer dans les tranchées. Toutefois, pour son commandement, Michel Maunoury se voit octroyer la Grand-Croix de la Légion d’Honneur.

– Pendant cinq mois, Maunoury fait enterrer ses hommes sans lancer d’offensive. Mais le 11 mars 1915, alors qu’il rend visite aux soldats et inspecte les positions avancées du VIIIe Corps d’Armée à l’ouest de Soissons, Michel Maunoury est pris pour cible par un tireur allemand. Atteint d’une balle à la tête, il perd un œil alors que le second est gravement endommagé. Evacué et hospitalisé, il est rendu inapte au commandement en raison d’une cécité totale. Cependant, on lui octroie la Médaille Militaire.

– Fin 1915, Maunoury est nommé Gouverneur Militaire de Paris mais laisse ce commandement le 6 avril pour être versé en deuxième section des officiers généraux. Ne prenant plus aucun commandement, il se retire à Herbilly dans le Loir-et-Cher, tout en devant président de l’Union des aveugles de guerre.
Affaibli par sa blessure, il s’éteint le 28 mars 1923 à Mer. Ses funérailles ont lieu dans la même localité en présence de Joffre et Foch. Il est ensuite promu Maréchal de France à titre posthume. D’abord inhumé à Herbilly, le corps du Maréchal Maunoury est transféré aux Invalides en 1931.