Je m’appelle Pierre, j’ai 24 ans, et je veux devenir saint.
Je sais c’est un peu « cash » de commencer comme ça… mais je veux bien prendre le risque de passer pour fou ou présomptueux … Et puis il ne faut pas cacher ses ambitions. Comme beaucoup de jeunes j’ai de grands rêves et une aspiration non négociable au bonheur. J’ai aussi en tête ce fameux « n’ayez pas peur » lâché par Jean Paul II au début de son pontificat. Et j’ai envie de le prendre au mot. J’ai envie de croire qu’en « ouvrant les portes au Christ », comme il dit, ma misérable existence puisse prendre un sens et participer à quelque chose de beau et de grand. J’ai envie de dire haut et fort et particulièrement aux jeunes de France que cet appel, de celui qui sera bientôt proclamé saint par l’Eglise, attend plus que jamais une réponse personnelle de chacun de nous.
Oui, malgré toutes les incertitudes que l’on peut avoir sur l’avenir, et toutes les interrogations qui surgissent au sein de ce monde bouleversé par des crises qui n’en finissent pas, je voudrais appeler simplement chacun à faire sien cet appel de Jean Paul II. N’ayons pas peur ! N’ayons pas peur de devenir saints en laissant un peu plus de place chaque jour au Christ dans nos cœurs. Je crois fermement que c’est dans cette confiance de tous les jours en vers le Rédempteur que se cache un trésor : le trésor de l’espérance. Oui, « ne nous laissons pas voler l’espérance » comme nous le rappelle notre Pape François.
Et notre monde à autant besoin de saints que d’espérance. L’un et l’autre sont étroitement liés. En effet, les saints que l’Eglise nous donne sont autant de flambeaux qui font rayonner la véritable lumière, celle qui ne s’éteint pas et qui provient de Dieu Lui-même. Cette lumière est la véritable espérance de ce monde qui croule sous le fardeau et la souffrance. Et qu’est-ce que la sainteté si ce n’est l’ouverture à l’action du Christ dans nos cœurs ? Comme le souligne le pape Polonais l’homme ignore malheureusement trop souvent ce trésor qui gît au fond de lui :
« Aujourd’hui, si souvent l’homme ignore ce qu’il porte au-dedans de lui, dans les profondeurs de son esprit et de son cœur. Si souvent il est incertain du sens de sa vie sur cette terre. Il est envahi par le doute qui se transforme en désespoir. Permettez donc – je vous prie, je vous implore avec humilité et confiance – permettez au Christ de parler à l’homme. Lui seul a les paroles de vie, oui, de vie éternelle ! » ( Jean Paul II, Homélie du 22 octobre 1978)
Mais être saint n’est pas réservé à une élite ou à une caste de « purs ». Non, les saints ne sont ni des surhommes ni des extraterrestres ! Voilà ce que l’Eglise nous rappelle en élevant à la gloire des autels des hommes de chair de sang. Et la liste et longue de tous ces hommes qui se sont simplement ouverts à l’action de l’Esprit Saint et à la miséricorde de Dieu. En effet, c’est cette miséricorde infinie qui permet à des personnes faibles et misérables de devenir des modèles et des intercesseurs. Oui être saint est à portée de main, à condition de tendre cette main ! Et parce que rien n’est impossible à Dieu, il nous est possible de devenir saints ! Oui, c’est en implorant la Miséricorde divine que l’homme tel l’enfant prodigue, découvre qu’il est infiniment aimé par son père. Ainsi, être saint n’est rien d’autre que croire en la miséricorde divine comme le bon larron qui fut le premier à entrer au paradis ! Ça tombe bien puisque nous approchons de la fête de la Miséricorde divine instituée dans l’Eglise catholique et romaine par Jean Paul II le 30 avril 2000- jour de la canonisation de Faustine Kowalska (Sainte Faustine). Cette fête suit justement le dimanche de Pâques, jour où le Christ a brisé le pouvoir de la mort et nous a réconciliés avec le Père. N’hésitons pas à plonger dans ce torrent de miséricorde qui se déverse du Sacré Cœur de Jésus, l’homme-Dieu qui a porté tous nos péchés et qui nous a aimés jusqu’au bout.
Ayons en tête ces paroles que notre Seigneur a lui-même prononcées, paroles reçues pas sainte Faustine et inscrites dans son célèbre « Petit journal » :
« Ma fille, parle au monde entier de mon inconcevable Miséricorde. Je désire que la Fête de la Miséricorde soit le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les pauvres pécheurs. En ce jour les entrailles de ma Miséricorde sont ouvertes, je déverse tout un océan de grâces sur les âmes qui s’approcheront de la source de ma miséricorde ; toute âme qui se confessera (dans les huit jours qui précèdent ou suivent ce Dimanche de la Miséricorde) et communiera, recevra le pardon complet de ses fautes et la remise de leur peine ; en ce jour sont ouvertes toutes les sources divines par lesquelles s’écoulent les grâces ; qu’aucune âme n’ait peur de s’approcher de moi, même si ses péchés sont comme l’écarlate. […] La Fête de la Miséricorde est issue de mes entrailles, je désire qu’elle soit fêtée solennellement le premier dimanche après Pâques. Le genre humain ne trouvera pas la paix tant qu’il ne se tournera pas vers la source de ma Miséricorde. » (Petit Journal, § 699).
Bref, conscients que la miséricorde divine se nourrit de notre misère, n’ayons pas peur d’être des saints. Notre monde en a tant besoin ! Notre pays en a tant besoin ! Ainsi, il faut qu’ une nouvelle génération de saints se lève afin de faire renaître l’espérance dans les cœurs.
Méditons enfin sur ces belles pensées sur l’espérance de George Bernanos exprimées au cours d’une conférence en 1945 :
« L’espérance…ce désespoir surmonté …L’espérance est une vertu héroïque. On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’ espérance… Il n’ y a qu’un sûr moyen de connaître, c’est d’aimer. Le grand malheur de cette société moderne, sa malédiction, c’est qu’elle s’organise visiblement pour se passer d’espérance comme d’amour ; elle s’ imagine y suppléer par la technique, elle attend que ses économistes et ses législateurs lui apportent la double formule d’une justice sans amour et d’une sécurité sans espérance. »
« Ô mon Dieu, mon unique espoir, j’ai mis toute ma confiance en Toi et je sais que je ne serai pas déçue » ( Sœur Faustine, Petit journal, §317)
Pierre de la Taille
Ps : Un très bon ouvrage que je viens de lire sur la miséricorde…