Nuit de prière pour la France et l’Europe
Lettre de Monseigneur Dominique Rey, évêque de Toulon :
« Des liens solides et privilégiés se sont formés depuis le baptême de Clovis, premier roi barbare à embrasser le christianisme romain, entre la France et l’Eglise. Dans son encyclique au titre révélateur, Nobilissima Gallorum Gens, publiée le 8 février 1884, le pape Léon XIII parlait de la France, « nation catholique … qui par son rayonnement culturel et spirituel, joua longtemps un rôle de colonne de l’Eglise. »
Au cours de sa visite apostolique en 1980, Jean-Paul II adressait une adjuration pathétique aux chrétiens de France : « France, fille aînée de l’ Eglise, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » … « France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ?»
Les peuples, comme les personnes, ont une âme et une vocation à remplir, en toute liberté. Une nation est une famille de familles qui a sa physionomie, son histoire temporelle et spirituelle particulières. Elle constitue un patrimoine principalement moral et religieux à l’intérieur d’un corpus de coutumes et de traditions, de monuments et de fêtes, rappelant à chaque citoyen qu’il ne doit à lui-même ni sa vie, ni son mode de vie, ni la langue qu’il parle, ni la culture, ni l’éducation qu’il a reçue. D’emblée l’être humain est constitué débiteur de tous ces biens. Le mot patrie signifie en latin « la terre des pères ». Ce terme fait donc le lien avec l’histoire, le patrimoine. Il y a quelque chose de charnel en lui.
L’amour de Dieu est certes le même pour tous les peuples de la surface du globe, même si ces derniers ne Le connaissent pas encore. Mais chacune des nations est aimée d’un amour de prédilection, qui correspond à son « genre de beauté » propre, c’est-à-dire à sa vocation communautaire spécifique.
Le rayonnement de la France à travers le monde s’enracine dans sa vocation chrétienne, source toujours vivantes d’une culture riche de poètes et d’écrivains, de philosophes et de théologiens, de penseurs et d’artistes de génie, surgis d’un terreau fécondé par la foi des apôtres et irrigué du sang des martyrs. On peut dire que l’Eglise catholique a fait la France et que la France, dès l’origine s’est vouée à la défense de l’Eglise catholique. Notre géographie est recouverte du manteau d’églises, de sanctuaires et de cités, qui souligne combien la foi a embrassé notre histoire.
Cette mémoire chrétienne est pour nous encore référence et espérance pour le futur. St Pie X le prophétisait ; « Va, fille aînée de l’Eglise, nation prédestinée, vase d’élection, va porter comme par le passé, mon nom, devant tous les peuples et tous les rois de la terre ». Cette mémoire est source de responsabilité pour l’expression de la laïcité et les choix éthiques, sociaux et politiques que notre pays devra poser aux prochaines élections présidentielles et législatives, et permette à la nation française d’inscrire son avenir dans la fidélité à sa vocation chrétienne.
Pays des droits de l’homme et de la liberté, de la « socialité raffinée » (Jean-Miguel Guarrigues), d’une culture humaniste qui se veut universelle au risque de tomber dans la suffisance, et le rationalisme, la France est un pays « anthropocentré » P. Bernard Peyrous. Si « l’Eglise ne peut ou ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société la plus juste possible… » Benoît XVI – Deus caritas est n°28), elle contribue néanmoins au bien commun en partageant les ressources de sa doctrine sociale, de son sens de la dignité de l’homme de la personne humaine et de la famille, et en rappelant l’exigence de solidarité et de partage. Cette contribution s’origine en France dans la vocation chrétienne de notre pays. A cette intention une nuit de prière est organisée en la cathédrale de Toulon le 16 mars à 20 h30. Je vous invite par votre présence ou par la pensée à vous y associer. »