Un discours mémorable et plus que jamais d’actualité, prononcé par le pape Jean Paul II le 1er juin 1980, au Bourget.
« Aujourd’hui dans la capitale de l’histoire de votre nation, je voudrais répéter ces paroles qui constituent votre titre de fierté: fille aînée de l’Église.
Et j’aimerais, en reprenant ce titre, adorer avec vous le mystère admirable de la Providence. Je voudrais rendre hommage au Dieu vivant qui, agissant à travers les peuples, écrit l’histoire du Salut dans le cœur de l’homme.
Cette histoire est aussi vieille que l’homme. Elle remonte même à sa « préhistoire », elle remonte au commencement. Quand le Christ a dit aux apôtres : « Allez, enseignez toutes les nations… », il a déjà confirmé la durée de l’histoire du Salut et, en même temps, Il a annoncé cette étape particulière, la dernière étape.
Cette histoire particulière est cachée au plus intime de l’homme, elle est mystérieuse et pourtant réelle aussi dans sa réalité humaine, elle est revêtue, d’une manière visible, des faits, des événements, des existences humaines, des individualités. Un très grand chapitre de cette histoire a été inscrit dans l’histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. Il est difficile de les nommer tous, mais j’évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande influence dans ma vie : Jeanne d’Arc, François de Sales, Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort, Jean-Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de Lisieux, sœur Elisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld, et tous les autres; Ils sont tellement présents dans la vie de toute l’Église, tellement influents par la lumière et la puissance de l’Esprit-Saint !
Ils vous diraient tous mieux que moi que l’histoire du Salut a commencé avec l’histoire de l’homme, que l’histoire du Salut connaît toujours un nouveau commencement, qu’elle commence en tout homme venant en ce monde. De toute façon, l’histoire du Salut entre dans l’histoire des peuples, des nations, des patries, des continents.
L’histoire du Salut commence en Dieu. C’est précisément ce que le Christ a révélé et a déclaré jusqu’à la fin lorsqu’il a dit : « Allez […], enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit ». […]
Le Christ, à la fin, dit encore ceci : « Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20) ; cela signifie donc aussi : aujourd’hui, en 1980, pour toute notre époque.
Le problème de l’absence du Christ n’existe pas. Le problème de son éloignement de l’homme n’existe pas. Le silence de Dieu à l’égard des inquiétudes du cœur et du sort de l’homme n’existe pas.
Il n’y a qu’un seul problème qui existe toujours et partout : le problème de notre présence auprès du Christ. De notre permanence dans le Christ. De notre intimité avec la vérité authentique de ses paroles et avec la puissance de son amour. Il n’existe qu’un problème, celui de notre fidélité à l’alliance avec la sagesse éternelle, qui est source d’une vraie culture, c’est-à-dire de la croissance de l’homme, et celui de la fidélité aux promesses de notre baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Alors permettez-moi, pour conclure, de vous interroger : France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ?
Permettez-moi de vous demander : France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples, es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse éternelle ?
Pardonnez-moi cette question. Je l’ai posée comme le fait le ministre au moment du baptême. Je l’ai posée par sollicitude pour l’Église dont je suis le premier prêtre et le premier serviteur, et par amour pour l’homme dont la grandeur définitive est en Dieu, Père, fils et Esprit. »
Jean-Paul II, 1er juin 1980, extrait de l’homélie prononcée au Bourget.
L’intégralité de l’homélie sur http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1980/documents/hf_jp-ii_hom_19800601_parigi-francia_fr.html