VI – LA SECONDE OFFENSIVE DU XXth CORPS CONTRE METZ
1 – Préparatifs de Walker
– Durant la pause d’octobre, la IIIrd Army de Patton reçoit les renforts attendus afin d’achever la phase d’encerclement et de nettoyage du secteur de Metz. Afin de relever la 5th Infantry Division éreintée, le XXth Corps de Walker reçoit le renfort de la 95th Infantry Division « V for Victory » du Major.General Harry L. Twaddle et de la 10th Armored Division du Major.General William H.H. Morris, deux unités débarquées en France en septembre et n’ayant pas l’expérience du combat. En outre, Hodges et Bradley promettent à Walker le « contrôle opérationnel » sur la 83rd Infantry Division, pourtant rattachée à la Ist US Army. Pour l’heure, Robert C. Macon, le patron de la 83rd Division ne peut apporter qu’un soutien en artillerie en faveur de Walker ; celui-disposant déjà de 5 bataillons d’artillerie légère, 6 moyens et 8 lourds pour son XXth Corps auxquels s’ajoutent 2 bataillons du 422nd Field Artillery Group.
Walker peut aussi disposer de 5 Tank Destroyers Battalions, de 3 Tank Battalions autonomes, 4 bataillons de DCA (en plus des 4 dans chaque division), du 3rd Cavalry Group, et de 2 Combat Engineers Groups (8 bataillons). En tout, Walker peut compter sur 30 Bataillons d’Infanterie, près de 500 chars et plus de 700 pièces d’artillerie.
– Walker met à profit le temps de pause dont il bénéficie pour planifier minutieusement son offensive finale contre la Festung « Metz ». Rien n’est laissé au hasard cette-fois. Les unités de soutien aérien ont été dotées de plans de Metz montrant chaque bâtiment de Metz occupé par les Allemands qui sera à neutralisé. Le 3 novembre, l’état-major du XXth Corps établit l’Ordre de Campagne No. 12, définissant les grandes lignes de manœuvre à suivre. Au lieu de chercher à réduire chaque positions fortifiée autour de Metz, la mission prioritaire des Divisions de XXth Corps n’est autre que de DETRUIRE LA GARNISON DE METZ EN EVITANT LE SIEGE ET LA REDUCTION DE FORTS. Ainsi, le plan de Walker consiste à attaquer, encercler et détruire l’ennemi dans le secteur de Metz, avant d’effectuer une reconnaissance en force sur la Sarre en vue d’établir une tête de pont dans les environs de Sarrebourg. En face, les Allemands disposent du LXXXII. Armee-Korps du General der Infanterie Walter Hörnlein, ancien commandant de la Grossdeutschland à Koursk, formant l’aile gauche de la 1. Armee. Le secteur d’attaque de la 90th Division est tenu par la 416. Infanterie-Division.
– L’enveloppement de Metz est confié à la 90th Infantry Division (pince nord), toujours en état correct et à la 5th Infantry Division (pince sud) aux effectifs complétés. La 95th Infantry Division doit contenir les Allemands dans le saillant à l’ouest de la Moselle. Aussitôt l’enveloppement effectué, les trois divisions d’infanterie doivent opérer une attaque concentrique contre la ville. Après avoir traversé la Moselle sur les talons de la 95th Infantry Division, la 10th Armored Division doit ensuite refermer la tenaille à l’est de Metz en progressant sur la gauche de la 90th Infantry Division, tout en lançant des colonnes reconnaissances vers la Sarre, dans les environs de Merzig. Mais finalement, afin de garder de la cohérence, cette mission est confiée au 3rd Cavalry Group du Lt.Col. Polk.
2 – Début de l’attaque
– Durant les premiers jours de novembre. L’état-major de Walker peaufine les derniers détails de l’attaque contre Metz mais les convois de ravitaillement sont victimes du mauvais temps qui transforme les routes d’accès en bourbiers. Les autres victimes étant bien sûr les appareils de soutien qui ne peuvent décoller. Mais le plus grave reste le gonflement de la Moselle qui risque de perturber sérieusement sa traversée par les unités d’assaut.
– Pendant la nuit du 3 novembre, Walker envoie les cavaliers démontés du 3rd Cav.Group tenir le voisinage de Berg-s/-Moselle afin de réajuster son dispositif sur la gauche. A 08h00, les hommes du Lt.Col. Polk tiennent les hauteurs de Berg mais une contre-attaque allemande les en rejette.
Durant la nuit du 7 novembre, James A. Van Fleet commence à regrouper les unités d’assaut de sa 90th Infantry Division dans leurs secteurs de départ sur la rive ouest de la Moselle. Sur sa droite la 95th Infantry Division de Twaddle doit d’abord effectuer une diversion sur la rive ouest de la Moselle avant de traverser la rivière pour établir une tête de pont entre Uckange et Bertrange, un peu plus de trois kilomètres au sud de Thionville. Mais seule une force limitée doit participer à l’opération car Walker souhaite que la 95th Infantry Division maintiennent ses efforts à l’est de la Moselle pour faire croire aux Allemands que l’effort principal doit se produire dans ce secteur alors que c’est à la 90th Infantry Division qui fournira l’effort principal par la gauche. De son côté, la 5th Infantry Division fait face à la Seille après avoir regagné ses anciennes positions le 1er novembre. La division d’Irwin ne doit pas attaquer simultanément avec le XIIth Corps à droite.
– La nuit du 7 novembre, alors que Patton donne ses derniers ordres d’attaque, les troupes d’assaut du XXth Corps sont placées en avant pour l’assaut, accompagnées d’unités de soutien, de pontonniers et de générateurs de brouillard. Tout le matériel nécessaire est acheminé par camions ou à bras d’hommes. Tôt durant la matinée du 8, un grondement d’artillerie venant du sud annonce le début de l’offensive du XIIth Corps d’Eddy. Durant toute la journée du 8, les troupes du XXth Corps se positionnent tranquillement dans les bois ou dans les secteurs de repos. Et lorsque la nuit tombe, chaque unité d’assaut se place dans ses positions de départ.
2 – La tête de pont d’Uckange
– La traversée de la Moselle et l’établissement d’une tête de pont sur l’objectif limité d’Uckange reçoit le nom de code « Casanova ». Pour cette mission de diversion, le Major.General Harry F. Twaddle sélectionne le 377th Infantry Regiment du Colonel Fred E. Gaillard, dont une partie doit traverser la Moselle dans les environs d’Uckange avant d’étendre ses lignes sur 750 m en direction de la petite ville de Bertrange, tout près de la grand-route Thionville – Metz, donnant ainsi une couverture au flanc droit de la 90th Division. Le reste du 377th Infantry doit quant à lui réduire un petit saillant ennemi sur la rive ouest de la Moselle au sud-est de Maizières-lès-Metz. Le reste de la 95th Infantry Division de doit pas participer à l’attaque ; les 378th Infantry (Col. Samuel L. Metcalfe) et 379th Infantry (Col. Clifford P. Chapman) sont disposés afin de contenir les forces allemandes dans la tête de pont de Metz.
– Dans la nuit du 8 novembre, plusieurs petits détachements du 320th Combat Engineer Battalion franchissent la Moselle au sud d’Uckange dans des bateaux rapides, avant de ramper sur la rive opposée pour créer une brèche dans les fils de barbelés et les champs de mines allemands à l’aide de torpilles Bangalore, avant de retourner dans les lignes amies sans subir de pertes. A 21h00, Heure « H » pour le déclenchement de « Casanova », le 1/377th Infantry (Lt.Col. Joseph E. Decker) fait alors traverser sa A Company sans qu’elle ne reçoive un coup de feu. Cela s’explique par le fait que le Grenadier-Regiment 73 qui tient le secteur n’a pas de postes d’observation dans ce secteur. Aussitôt débarqués, les GI’s s’engouffrent dans la brèche créée par les éléments du génie et avancent sur plusieurs centaines de mètres vers l’est, avant de s’arrêter jusqu’à ce que tout le reste du bataillon traverse. Mais c’est alors que l’artillerie allemande donne de la voix contre plusieurs points du dispositif américain. Ainsi, le 135th Combat Engineer Battalion (1139th Engineer Group) ne parvient pas à prendre pied sur la rive gauche de la Moselle. Trois sections de pontonniers sont même détruites, retardant la construction du pont qui doit être déplacée déplacée dans un endroit plus sûr.
– L’attaque lancée par le 2/377th (Lt.Col. Robert L. Walton) et le 3/377th (Lt.Col. Ross Hall) pour réduire la poche de Maizières-lès-Metz sur la rive gauche de la Moselle se montre beaucoup laborieuse que la traversée de la rivière. Le Grenadier-Regiment 1215 de la 462. VGD. – qui avait été repoussé là par la 90th Infantry Division tient le secteur grâce à la protection d’un champ de mines dense. Trois compagnies d’assaut qui tentent de chasser les Allemands du petit bois de Semcourt, juste à la sortie de Maizières tombent dans un secteur miné, bien défendu et garni de fils de fer barbelé. Un section est même réduite à un officier et cinq hommes. Avertis par l’explosion de mines, les Allemands répliquent immédiatement au mortier et au canon, augmentant les pertes dans les rangs américains. Après plus d’une journée de combat, la F Company finit par tenir le Bois au nord de Sémecourt. Tard dans l’après-midi, les compagnies sont reformées et quelques chars s’ajoutent à l’attaque. Finalement, à la nuit tombée, le 377th Infantry chasse l’ennemi de Brieux-Château. Une petite poche allemande subsiste autour de Hauconcourt à l’est de Maizières. Le 10 novembre, en raison du temps exécrable, la Moselle déborde et envahit les rues de Hauconcourt et le front du 377th Infantry reste statique pendant les quelques jours suivant.
– De son côté, le 1/377th Infantry du Lt.Colonel Decker avance mieux dans la plaine et dépasse Bertrange avant de s’enterrer. Seulement, le tir d’artillerie allemande rend la traversée bien plus difficile, en dépit des efforts de la 161st Smoke Generating Company et Decker reçoit l’ordre de tenir Uckange avec tout son Bataillon. Mais il y a plus grave. La Moselle gonfle encore durant la nuit du 9 au 10, provoquant l’isolement des troupes américaines accrochées à la rive droite. Heureusement, la 19. Volks-Grenadier-Division ne lance aucune contre-attaque contre le 377th Infantry Regiment, se contentant d’effectuer quelques patrouilles devant les positions américaines. Durant les trois jours suivants, le ravitaillement (médicaments, sacs de couchage, munitions) est largué par voie aérienne grâce à de petits avions de liaisons. Le reste du 1/377th Infantry finit par traverser la Moselle sans aucune perte.
3 – La traversée de la 90th Infantry Division dans les environs de Cattenom
– Lorsque Harris W. Walker prit la décision de traverser la Moselle pour envelopper Metz par le nord, trois villes sur la Moselle sont considérées comme franchissables : Rettel, Malling et Cattenom. Le Major.General James A. Van Fleet, exclut Rettel car située sous un plateau d’observation allemand au nord-est. Y envoyer des troupes pour s’en emparer risque de représenter un gaspillage de temps et d’hommes. Le terrain au sud de Rettel semble alors plus favorable car la Moselle s’y écoule dans une large plaine bordée de rives assez basses. Au-delà, s’étend un terrain plat sur moins de 800 mètres qui s’achève par un plateau boisé aux pentes abruptes. Mais, il y a un inconvénient pour les Américains. Le secteur choisi pour l’opération peut être pris sous le feu des canons du Fort Königsmacker, juché sur l’extrémité d’un promontoire. Cela implique aux hommes de Van Fleet de contourner l’ouvrage avant de le faire tomber le plus rapidement possible. En son centre, la 90th Infantry Division devra progresser vers des fortifications de la Ligne Maginot. Là, l’obstacle principal n’est autre qu’un groupe de bunkers et d’ouvrages de campagne construits autour du village de Métrich qui bloque la route principale au sud du secteur de franchissement de Malling. L’aile nord de la Division fait face à un secteur naturel propice à l’installation d’une ligne de blocage. Une longue crête s’étendant de Sierck-les-Bains à Fréching, via le Mont Altenberg, permet de surveiller la progression de l’aile gauche de la 90th Infantry Division. Et cette position couvre les approches importantes par lesquelles l’ennemi peut frapper les secteurs de traversée américains : la grand-route vers Saarebourg (nord-est) et la route Merzig – Kerling venant de l’est. Van Fleet prévoit alors de faire traverser la Moselle à sa division avant l’aube du 9 novembre, en force suffisante pour tourner les forts du Königsmacker et de Métrich.
– Des éléments des trois Régiments de la Division doivent participer à la traverser. Le 358th Infantry du Colonel Christian H. Clarke, placé sur la droite, doit traverser la Moselle près de Cattenom. Son 1st Battalion doit lancer une attaque directe pour prendre le Königsmacker et le village de Basse-Ham situé juste au pied de l’ouvrage. En même temps, les 3rd et 2nd Battalions doivent contourner le fort par le nord et tourner les lignes allemandes vers le sud-est. Le 359th Infantry du Colonel Raymond E. Bell (qui a remplacé Robert L. Bacon), doit traverser la Moselle à Malling et poursuivre l’attaque sur le flanc gauche de la division, avant de s’emparer du plateau entre le Mont Altenberg et le village d’Oudrenne. Le Régiment de réserve, le 357th Infantry (Col. Julian H. George), doit se préparer à franchir la Moselle plus tard, et se lancer sur les arrières de la ligne Maginot dans l’espace vide entre les 358th et 359th. Le premier objectif d’importance de la « Tough & Ombres » Division est la crête s’étendant du Königsmacker à Charleville-s/-Bois et qui domine Metz par l’est. Ce mouvement permettra au XXth Corps de refermer sa première pince.
– Van Fleet prépare son assaut pour faire en sorte de percer à travers les défenses allemandes dominant la Moselle et pousser rapidement à travers la crête par une puissante poussée, en utilisant deux bataillons par régiments pour l’attaque. Un bataillon des Engineers du Corps d’armée est rattachée à chaque régiment avec pour mission de faire traverser la Moselle à l’Infanterie de façon rapide et efficace. Du coup, le 315th Combat Engineer Battalion (unité du génie divisionnaire) doit aider à établir un pont sur la Moselle. Pendant ce temps, la 90th Reconnaissance Troop (renforcée) doit créer un écran de couverture sur le flanc droit de la division durant la poussée vers le sud-est, tout en maintenant le contact nécessaire avec des éléments de la 95th Infantry Division sur la rive est de la Moselle. La 10th Armored Division devra traverser la Moselle derrière l’Infanterie, puis se redéployer pour protéger le flanc gauche de la 90th Infantry Division. Le succès de l’attaque de la Division porte principalement sur l’effet de surprise et la chute rapide des premiers objectifs.
– Pendant que les unités d’assaut de la division se rassemblent dans la Forêt de Cattenom durant la nuit, pendant que l’artillerie de soutien déclenche son tir préparatoire. A l’aube du 8 novembre, 6 bataillons d’artillerie de soutien, 2 bataillons de Tank Destroyers, 1 bataillon de chars, 3 bataillons du Génie et 3 unités motorisées de pontonniers sont prêtes à entrer en action dans la Forêt et derrière les hauteurs. Enfin, les mortiers et les mitrailleuses doivent être placés pour arroser la rive droite de la Moselle en tir rapproché. Peu avant minuit, les Bataillons d’assaut des 358th et 359th Infantry s’approchent au plus près possible de la rivière avec leurs petits bateaux d’assaut.
C’est à 03h30 que démarre la traversée de la 90th Infantry Division, rendue beaucoup plus difficile par les fils barbelés noyés sous la Moselle. Seuls les bataillons de gauche des 2 régiments d’assaut prennent pied sur l’autre rive comme prévu, le 1st Battalion du 359th Infantry (Lt.Col. L.R. Pond) dans le secteur de Malling et le 3/358th (Lt.Col. J.W. Bealke) à Cattenom. Heureusement, les mines noyées elles aussi, ne causent aucun dommage. Aussitôt à terre, les GI’s chargent sur les quelques postes de garde disséminés de la 416. Grenadier-Division qui sont très vite submergés et nettoyés à la grenade, à la Thompson et à la baïonnette. A 05h00, les deux les deux bataillons de tête s’accrochent solidement sur la rive droite de la Moselle, permettant aux 1/358th et 2/359th de traverser en seconde vague sous un tir d’artillerie allemand mais sans grandes pertes. Pourtant, malgré le succès de la traverse, de plusieurs bateaux sont détruits sur la rive par les canons ennemis après avoir été abandonnés par leurs équipages. Dans le secteur du 358th Infantry, le nombre tombe très vite de 80 à 20.
Mais plus grave, les équipes de pontonniers ne peuvent fixer leurs câbles car les tirs provenant du Fort Königsmacker rendent la tâche impossible. L’envoi d’un radeau armé de soutien sur la rivière ne change pas grand-chose. Et les pièces du Königsmacker pilonnent aussi les positions d’observation d’artillerie dans le secteur de Cattenom.
– Heureusement, l’Infanterie d’assaut remplit bien son rôle. Le 1/359th se trouve à l’est de Malling et coupe la route Thionville – Metz en deux secteurs. La compagnie de réserve entre de Malling peu avant le réveil de la garnison allemande et s’empare rapidement de la ville, à l’exception de deux maisons fortifiées qui tombent avec l’arrivée d’une section de canons de 57 mm. Très vite, 133 prisonniers se rendent. Durant la journée, le 1/358th progresse vers le nord en repoussant plusieurs groupes de soldats allemands isolés.
Le 2/358th étend alors la tête de pont au sud en s’emparant de Hettange et Métrich. Durant l’obscurité, le Bataillon couvre une distance de moins de 1,3 km vers Oudrenne mais se trouve arrêté par un champ de mines devant les lignes du LXXXII. Armee-Korps.
De son côté, le 3/358th Infantry passe la Moselle et s’empare du village de Kerling sans coup férir et effectue sa jonction avec le 1/358th et occupe une section de la crête qui était l’objectif initial du 359th Infantry. Les éléments de tête du 3/358th Infantry avancent alors rapidement, contournant le Königsmacker et démarrant leur avance vers le plateau entre Kuntzig et Inglange, objectif initial de la 90th Division. Le 1/358th Infantry (Lt.Col. C.A. Lythe) se jette sur Basse-Ham avant que l’ennemi ne puisse réagir et envoie ses compagnies A et B effectuer un coup de main contre le Königsmacker. Les tranchées encerclant l’édifice sont investies beaucoup plus facilement que prévu par la A Company du Captain E.J. Blake mais les GI’s sont rapidement pris sous le tir de mortiers. Heureusement, la batterie de canons de 100 mm ne peut pilonner les positions du 1/358th.
– Comme le Fort Driant, le Fort Königsmacker comprend toute une série de tunnels et de salles souterraines, abritant un bataillon du Grenadier-Regiment 74. Celui-ci n’hésite pas à sortir de ses abris pour contre-attaquer sur les postions de la A Company qui tient au prix de trente-cinq hommes perdus. Mais une section du 315th Combat Engineer Battalion, emmenées par le 1st Lt. William J. Martin épaulé par deux sections d’assaut de la A Compagny, commence son travail de destruction des postes d’observation. Des charges explosives placées sur les portes en acier ouvrent plusieurs passages. Du gasoil est déversé par les bouches d’aération avant d’être enflammé par des grenades ou du TNT. D’autres charges sont parachutées par des avions Piper Cub. A la tombée de la nuit, les Américains sont solidement établis sur le côté ouest du Königsmacker mais l’artillerie de la forteresse et les mitrailleuses lourdes commandent toujours la route est, faisant feu sur le 3/358th qui s’efforce d’avancer.
– Pendant ce temps, le 2/358th Infantry traverse la Moselle, rejetant les derniers allemands tenant la rive et se regroupe à l’ouest de la petite ville de Königsmacker. Van Fleet en profite pour faire traverser les 2 et 3/357th Infantry qui se déploient respectivement dans les secteurs de Malling et Cattenom. Le 3rd Battalion qui ne dispose que de quelques navires pour traverser et met trois heures à traverser la Moselle, sous un violent tir de mortiers lourds allemands. Le 2nd Battalion a plus de chance en utilisant des navires rapides à moteur. A Minuit, le Major.General Van Fleet a quand même 8 bataillons d’infanterie et quelques canons antichars sur la rive droite de la Moselle.
– Du côté allemand, l’attaque initiale du 377th Infantry Regiment de la 95th Infantry Division sur Uckange a bien été perçue comme une manœuvre de diversion mais la réaction de la 1. Armee à l’assaut de la 90th Infantry Division a été plus lent, d’autant que les allemands ont été surpris par la rapidité de la manœuvre de Van Fleet. Preuve en est que le Grenadier-Regiment 73 n’expédie qu’une compagnie contre le 359th Infantry Regiment à Malling.
– Du côté allemand, au cours d’entretiens houleux durant la journée du 9 novembre, Hermann Balck tente de convaincre l’OKW de lui fournir de l’aide pour tenir le flanc nord de son Heeres-Gruppe G. Finalement, peu avant minuit, le QG de Jodl décide de libérer 4 bataillons de Panzer-Grenadiere de la 25. Panzer-Grenadier-Division (Paul Schürmann) afin de lancer une contre-attaque contre la tête de pont de la 90th Infantry Division. Mais le manque de véhicules et de gasoil oblige les bataillons sélectionnés à rester immobilisés au centre d’entraînement de Baumholder, jusqu’à la nuit du 11-12 novembre.
La seule unité disponible au sein de la 1. Armee pour lancer une contre-attaque immédiate reste le Grenadier-Regiment 59 de la 19. Volks-Grenadier-Division. Le 9 novembre à 03h00, une force d’infanterie se jette contre les positions d’éléments du 3/359th Infantry à Kerling. Les Allemands parviennent à dépasser les postes avancés américains et capturent 2 canons antichars bloquant la route à l’est du village. Toutefois, les L et K Companies résistent bien, jusqu’à ce que leurs mitrailleuses n’aient plus de munitions, permettant au reste du bataillon se replie au nord-ouest de Kerling par la route Kerling – Petite-Hettange. Mais l’état des forces allemandes ne leur permet sûrement pas de poursuivre jusqu’à la Moselle. Van Fleet ordonne à son artillerie de tirer un barrage concentré sur Kerling. Et à la tombée du jour, les I et G Companies parviennent à bloquer la route à l’ouest du village.
2 – La 90th Infantry Division poursuit son attaque
– Pendant la journée du 10 novembre, si le 359th Infantry Regiment ne doit faire face qu’à une faible activité, le centre de la 90th Infantry Division se heurte à une résistance beaucoup plus dure contre le Fort Königsmacker et la position de Métrich, tenues par le Grenadier-Regiment 74. Le 357th Infantry Regiment du Colonel George avait réussi à occuper la ville de Königsmacker sans combat la nuit précédente mais maintenant, son 3rd Battalion marche sous le couvert d’un brouillard matinal pour attaquer l’ouvrage de Métrich, moins de 1 km au sud-est de Königsmacker, objectif initial du Régiment. La compagnie de tête effectue l’assaut par la pente ouest de la cote dominée par l’ouvrage de Métrich, avançant avec un tir d’appui, tuant une trentaine d’Allemands dans les tranchées creusées au pied du fort et force les survivants à se réfugier dans les fortifications. Mais là, les Allemands font feu depuis leurs nids de mitrailleuses. Le commandant de la compagnie est tué, ainsi que son officier-adjoint et les GI’si doivent se réfugier. Et lorsque l’artillerie divisionnaire échoue à neutraliser ce point fort, le 2/357th rejoint le 3/357th pour former une ligne qui fait face aux ouvrages de la Ligne Maginot à la fin de la journée.
– Sur la droite, le 358th Infantry tombe lui aussi sur une résistance beaucoup acharnée dès le 10 novembre. Après avoir dû repousser une forte contre-attaque à Basse-Ham, couvrant le flanc droit du Régiment, la C Company s’avance vers le Fort Königsmacker dans un ultime effort pour prendre d’assaut l’ouvrage par le sud. Mais il trouve un secteur mieux défendu et protégé par 25 rangs de fils barbelés. La C Company glisse alors vers l’ouest pour rejoindre le reste du 1/358th Infantry pour repousser une contre-attaque allemande provenant du fort. Toutefois, les canons et les mitrailleuses ne se taisent toujours pas. Le lendemain, les troupes de tête du 3/358th Infantry contournent le Fort avec succès et s’enterrent sur la crête du Bois d’Elzange. Là, elles attendent le reste du Bataillon. Le 2/358th Infantry essaie alors d’obliquer au nord du Fort pour rejoindre le 3/358th Infantry mais est sévèrement arrêté par un feu nourri provenant du fort.
– Au soir du deuxième jour d’offensive, la tête de pont de la 90th Infantry Division semble alors plus précaire. Surestimant ce qu’il a en face de lui, James A. Van Fleet s’attend à devoir contrer une forte contre-attaque allemande, d’autant plus qu’il n’a ni char, ni Tank Destroyer sur la rive droite de la Moselle, son Infanterie est déjà fatiguée et transie de froid. Et la quantité de munitions commence à s’amenuiser. Et le ravitaillement rassemblé à Cattenom et Gavisse ne parvient pas puisque plusieurs puissants navires à moteur coulent dans la Moselle, dont le niveau continue de grimper. Le Colonel Bacon ordonne alors de faire traverser le 1/359th maintenu jusque-là en réserve, grâce à des bateaux à moteur mais l’état de la rivière le force à renoncer.
Tout dépend alors maintenant de l’état de construction des ponts par le Génie. Les compagnies de pontonniers s’activent alors dans les eaux de la Moselle et sous un constant tir d’artillerie. Mais les travaux sont lents. En fin de compte, vers minuits, le pont situé à Malling est achevée, permettant aux camions GMC de ravitaillement, aux Sherman et aux chasseurs de char de passer sur la rive droite.
En dépit du temps déplorable et du niveau élevé des eaux, le ravitaillement et les munitions attendues se trouvent de l’autre côté de la Moselle, ainsi que quelques canons antichars de 57 mm. Durant la matinée du 11 novembre, les trois Régiments de Van Fleet peuvent alors reprendre leur marche. Mais au lieu de l’avancée laborieuse attendue, les Américains avancent rapidement. Au centre les 2 et 3/357th Infantry lancent un assaut avant l’aube vers les contre-bas de la Ligne Maginot qui s’élève au-dessus des petits cours d’eau ; le Canner et l’Oudrenne. 1 Compagnie du 3/357th Infantry reste détachée pour nettoyer l’ouvrage de la position de Métrich qui tombe pendant la journée. Le gros du 357th Infantry avance rapidement sur le terrain rude et boisé pour contourner les nids de mitrailleuse de la Ligne Maginot. Des détachements laissés un peu en arrière font sauter les abris avec des charges explosives. Mais la plupart des forts de la Ligne Maginot disposent de terrain ouvert ou bien sont âprement défensif. Mais les Américains se contentent d’encercler les forts par un mouvement plus large, laissant des détachements pour maintenir les défenseurs dans leurs positions. Au soir du 11 novembre, l’infanterie de tête du 357th Infantry s’est accrochée sur le plateau situé au nord-ouest de Breistroff-la-Petite.
– Sur l’aile nord, le 359th Infantry se retrouve aux prises avec une série de contre-attaques locales, effectuées par des éléments de réserve de la 19. Volks-Grenadier-Division, avec fantassins et canons d’assaut. Les Allemands sont repoussés durement à Vidembusch et ne tentent plus rien en raison de l’artillerie américaine. A 09h00, le terrain est repris et l’attaque est relancée. Mais à Kerling, l’assaut allemand est presque en mesure de réussir localement car les roquettes de bazookas n’entement pas le blindage des StuG. Même si les Allemands sont déjà dans les lignes du 3/359th, l’artillerie divisionnaire effectue un tir direct sur les Allemands qui sont forcés de rebrousser chemin. Relançant son assaut sur les talents de l’ennemi, le 359th Infantry Regiment s’empare de Kerling mais pas d’Oudrenne. Toutefois, les carrefours au sud-est de Rettel sont pris, coupant ainsi la grand-route principale menant vers le nord et sécurisant le flanc gauche de la 90th Infantry Division.
– Sur le flanc sud, des éléments du 358th Infantry Regiment du Colonel Christian H. Clarke dépasse le Fort Königsmacker pour prendre position sur la Crête du Bois d’Elzange et capturent une patrouille de trois allemands qui informent les Alliés que 145 allemands arrivent pour renforcer la garnison du Fort. La K Company du 1st Lieutenant Frank E. Gatewood se met en position et tue la moitié de l’élément de renfort. Si le 1/358th Infantry continue à batailler pour faire chuter le Fort Königsmacker, le 2/358th dépasse l’ouvrage et s’empare de la Cote 254 qui permet d’avoir une bonne vue de Valmestroff et d’Elzange, tuant ou capturant sa garnison. De son côté, en présence du Colonel Clarke, le G Company du 358th Infantry réussit à percer les tunnels du Fort Königsmacker et à forcer le commandant allemand à sortir avec un drapeau blanc.
– Au soir du 11 novembre, le Major.General James A. Van Fleet peut se rassurer, sa « Tough & Ombres » est en position bien plus favorable que la veille et l’avant-veille. Mieux, grâce à une amélioration météorologique, le niveau de la Moselle commence à baisser. Du coup, commence une incessante noria de camions, de tracteurs et de jeeps apportent tout le ravitaillement et les munitions nécessaires. Les bacs et les barges qui ne sont plus menacés par les tirs d’artillerie peuvent aussi faire traverser la Moselle à des canons antichars et des véhicules légers.
– Du côté allemand, von Knobbelsdorf à Hörnlein ordonne qu’une contre-attaque soit lancée contre la 90th Infantry Division, avec la 416. Grenadier-Division, renforcée par l’Infanterie de la 19. VGD et un Kampfgruppe de la 25. Panzergrenadier-Division qui a pu recevoir du gasoil et des véhicules. Pendant la nuit du 11-12 novembre, se groupement se rassemble face aux positions du 359th Infantry. Von Rundstedt avait donné des ordres spéciaux pour que la contre-attaque soit lancée juste au sud de Sierck, éviter les ravins pour frapper au centre et à la droite du 359th Infantry.
Le 12 novembre à 03h00, le Kampfgruppe de la 25. PzGren.Div formé autour du Panzergrenadier-Regiment 35, avec chars et Sturmgeschützte. L’assaut initial allemand réussit à repousser le 3/359th du terrain au nord-ouest du village. A 06h00, les Allemands déclenchent leur attaque principale, avec une force progressant le long de la route Kerling – Petite-Hettange, frappant à la jonction des 1st et 3rd Battalion au sud de Hunting. Le but des Allemands est alors de saisir le Pont de Malling. Appuyée par des chars et des canons d’assaut, l’infanterie allemande marche en deux colonnes sur la route menant à Petite-Hettange tenue par le 2/358th Infantry. Mais ils sont arrêtés par la G Company – qui se bat très bien – et la Compagnie lourde du 2nd Battalion alors placées en réserve. Pendant ce temps, le Lt.Colonel Robert Booth, commandant du 2/359th Infantry, regroupe des cuisiniers, comme du personnel administratif et du renseignement pour tenir le carrefour menant à Petite-Hettange. Mais la force hétéroclite réussit à arrêter la colonne avec des armes légères et des bazookas. Mais la tentative est définitivement brisée par un important feu d’artillerie d’appui et par l’arrivée de chasseurs de chars. Plus tard, 200 cadavres d’Allemands sont retrouvés le long de la route.
– Le seconde attaque qui a lieu dans le secteur du 1/359th Infantry, déployé dans les bois au nord de Hunting se révèle elle aussi infructueuse en raison de la ténacité des GI’s. Dès que l’ennemi finit par se retirer, le 1st Lt. Budd s’élance dans le flanc allemand avec deux compagnies, transformant la retraite ennemie en carnage. Les Allemands ont perdu 550 hommes, dont 400 tués, 4 Panzer et 5 Sturmgeschützte. En fin d’après-midi, le 359th Infantry Regiment réussit à rétablir ces lignes.
– Au centre de la 90th Infantry Division, puisque le 357th Infantry du Colonel George avance rapidement durant la journée du 12 mais se heurte très vite à une résistance acharnée et son bataillon de réserve traverse la Moselle avec difficulté. Alors que le 3/357th Infantry sort du Bois de Königsmacker, il se retrouve pris sous un tir provenant d’une ligne de tranchées creusées au sud-est de Breistroff-la-Petite. Le combat pour neutraliser les défenseurs allemands dure plusieurs heures et s’achève à la mitrailleuse
– Sur la droite, le 1/358th Infantry tombe lui aussi sur des Allemands déterminés mais ses 2 et 3/358th lancent une attaque coordonnée contre Valmestroff et Elzange qui tombent après un dur combat marqué par une succession de contre-attaques allemandes. Au-delà de Valmestroff, le 2/358th se retrouve arrêté par un réseau de fortifications et de nids de mitrailleuses. Les Américains doivent alors faire face à une nouvelle arme allemande, une mine composée de bois et de plastique qui cause de terribles blessures.
– Sur la Moselle, les travaux vont bon train. Si le pont de Malling doit être réparé, un autre ouvrage est en cours de construction à Cattenom. Et grâce à l’apaisement du cours de la rivière, les Américains peuvent lancer plusieurs bacs qui acheminent deux sections de chasseurs de chars et des Jeeps. Mais ce qui manque encore aux GI’s de Van Fleet, ce sont les vêtements secs et les couvertures. Du côté allemand, Walter Hörnlein patron du LXXXII. Armee-Korps doit faire un rapport particulièrement sinistre à von Knobbelsdorff et Balck. Le manque d’expérience de la 416. Grenadier-Division, sa contre-attaque lancée sur un front trop étendu et le feu de l’artillerie américaine bien guidée par l’aviation de reconnaissance ont conduit à l’échec. Et le tableau dépeint devient même beaucoup plus sombre lorsqu’une officier américain fait prisonnier apprend aux Allemands que le XXth Corps tente d’encercler Metz par un double enveloppement. L’OB West enjoint alors fermement à Balck de ne pas conjurer la menace américaine au nord de Thionville. Mais Balck ne peut envoyer que deux bataillons de réserve au combat. Le 11 novembre, après avoir rassemblé ses unités de sécurité converties rapidement en formation de combat, Walter Hörnlein retire ses forces de la Moselle au nord du dispositif de la 90th Infantry Division pour barrer la route à l’attaque américaine. Là encore, Hermann Balck et ses subordonnés ont encore l’illusion de remporter un succès. Le Renseignement allemand rapporte alors que la 83rd US Infantry Division et une division blindée non identifiée doivent être déployées dans la tête de pont formée par la 90th Infantry Division. Et comme si cela ne suffisait pas, à 17h20 l’Etat-major du HG G apprend que la VIIth US Army vient de lancer son offensive en direction de Saverne et Balck ordonne à Hörnlein de repasser sur la défensive, ajoutant néanmoins à cet ordre la surprenante promesse une nouvelle division.
– Le 13 novembre, l’avance du 357th Infantry place ce regiment hors de portée de son artillerie de soutien. Le Colonel George fait arrêter son unité en en profite pour nettoyer les quelques petites poches de résistance en arrière, grâce à des charges explosives et des lance-flammes. Dans le même temps, le 359th Infantry reprend alors Kerling sans combattre mais lorsque son 2nd Battalion tente de rejoindre le 357th Infantry près d’Oudrenne, la compagnie de tête donne dans un champ de mines. Trois chars d’appui sont mis hors d’usage. Après l’échec d’une tentative de déminer le terrain, les fantassins sont forcés d’attaquer en avant à travers les mines, avec des pertes. Le 358th Infantry voit son avance elle aussi ralentie par des mines mais il ne se heurte qu’à une faible opposition. Le pont de Cattenom est alors achevé pendant la matinée par une équipes de soldats du Génie, sous la protection d’un écran de fumée, des mortiers chimiques et de 2 bataillons de canons de campagne. Seulement, aussitôt le pont achevé, les soldats américains découvrent avec déplaisir que l’ouvrage débouche sur un champ de mines qui nécessite cinq heures de déminage. Cette opération achevée, on commence à faire traverser les canons de chaque bataillon d’artillerie. La 90th Reconnaissance Troop et ses chars légers passent aussi de l’autre côté de la Moselle et établit la jonction avec la 95th Infantry Division à Uckange, donnant ainsi une plus grande cohérence à la tête de pont sur la rive droite. A l’aube du 14 novembre, tous les transports régimentaires et les 3 Bataillons divisionnaires de Howitzer 105 mm. Mais en utilisant le seul pont sur Malling, James A. Van Fleet avait fait traverser ses principales unités, ainsi qu’une importante artillerie de soutien. Et pour la première fois depuis six jours de combat, les GI’s du 90th Infantry Division reçoivent des vêtements chauds, des couvertures et des chaussettes sèches.
– Pendant la journée, le 359th Infantry Regiment du Colonel Bacon réussit à occuper Oudrenne et soude solidement son flanc droit avec la ligne tenue par le 357th Infantry. Le 358th Infantry continue lui aussi sa poussée et envoie le 3/358th sur la route Inglange – Distroff. Les deux villages sont alors pris à l’issue d’un violent combat et sous un dur pilonnage d’artillerie allemande. Le Captain J.S. Spivey décide alors d’attendre le déploiement d’artillerie et le soutien rapproché des chars pour relancer son attaque.
4 – L’extension de la ligne de front de la 95th Infantry Division
– Durant la nuit du 10 novembre, Harris W. Walker ordonne au Major.General Harry F. Twaddle de lancer une opération visant à étendre sa tête de pont sur la rive droite de la Moselle, où se trouvait déjà le 1/377th Infantry à Uckange. Walker a pour objectif d’établir un pont au centre de son offensive afin de permettre aux colonnes sud de la 10th Armored Division de passer sur l’autre rive. Twaddle reçoit alors l’ordre de faire passer sur l’autre rive son élément de réserve, le 2/378th Infantry (Lt.Colonel A.J. Maroun), afin de reconnaître le terrain au nord de Thionville afin de pouvoir y établir une tête de pont. Deux compagnies de ce même bataillon, appuyé alors par le 135th Engineer Combat Battalion franchit la Moselle, et à la mi-journée du 11 novembre, nettoient un petit secteur à l’est. Une plus forte résistance se fait sentir à la lisière de Thionville, en contrebas du Fort Yutz, une vieille fortification de type Vauban et séparé de la ville par un canal.
Heureusement, le canal peut être facilement traversé et les Compagnies F et G forcent le cours d’eau malgré un violent tir de mortiers. Mais la garnison allemande tient fermement avec des lance-flammes et des armes légères. Mais le 13 novembre, le 2/378th Infantry réussit à prendre le Fort Yutz d’assaut. Au nord de Thionville, les Américains réussissent à étendre le périmètre de leur tête de pont, même si un tir d’artillerie vient frapper Basse-Yutz. A l’est de Thionville, le 2/378th Infantry réussit à dépasser Haute-Yutz avant l’aube du 14 novembre en devant affronter une résistance limitée.
Mais les Américains sont bien moins euphoriques lorsque le 2nd Battalion oblique vers le sud pour tomber dans un périmètre beaucoup mieux défendu sur le plateau d’Illange, garni de quatre ouvrages du même type que le Fort Driant, plus petits certes mais plus modernes et couvrant le tronçon principal de la grand-route Metz – Thionville. Mais de façon quasiment inattendue, alors que le 2/378th approche prudemment du Fort Illange, il tombe sur un soldat allemand porteur d’un drapeau blanc. Mais après plusieurs pourparlers, la compagnie du Grenadier-Regiment 74 qui tient le Fort Illange refuse de se rendre. Il faut alors faire appel à l’artillerie qui pilonne le secteur à l’aide d’obusiers de 155 mm et 240 mm. Après la fin du tir de barrage, les fantassins attaquent depuis les bois et montent à l’assaut du fort qu’ils encerclent. A la tombée de la nuit la première enceinte est encerclée. De furieux échanges de tir rythment toute la nuit mais le lendemain, les GI’s escaladent chaque ouvrage et commencent à les ouvrir avec des charges explosives. Les occupants finissent pas se rendre vers 10h40. La capture des Forts d’Illange met fin à toute résistance organisée dans le secteur nord de la 95th Infantry Division sur la rive droite de la Moselle.
Le 15 novembre, alors que le Bataillon du Lt.Colonel Maroun combat pour les forts d’Illange, le Colonel Robert L. Bacon reçoit le commandement des troupes de la 95th Infantry Division à l’est de la Moselle, afin de former une Task Force avec son 359th Infantry, des Cavaliers de Reconnaissance, des éléments du Génie, ainsi que des chasseurs de char. Mais la TF Bacon ne disposent pas encore d’un commandement unifié, puisque le 2/378th et le 1/377th Infantry ne sont pas encore en contact.
– Durant la matinée du 13 novembre, la dernière compagnie du 1/377th Infantry franchit la Moselle pour rejoindre la petite force toujours concentrée dans la tête de pont d’Uckange. Le Major.General Twaddle ordonne au 1/377th d’attaque vers le nord pour s’emparer des villes de Bertrange, Imeldante, ainsi qu’Illange et établir le contact avec le 2/378th Infantry. La A Company débarque alors à l’aide de bateaux d’assaut et se lance immédiatement à l’attaque de Bertrange et d’Imeldange qui tombent sans grande difficulté. Le reste du 1/377th Infantry oblique alors vers le nord et établit sa défense dans les deux villages. Se préparant alors à camper durant la nuit, le 1/377th Infantry reçoit la contre-attaque d’éléments du Grenadier-Regiment 73 (19. VGD) et d’une unité mobile issue du Panzerjäger-Bataillon 485. Le combat tourne alors très vite à une violente confusion mais les chasseurs de chars placé sur la rive gauche de la Moselle apportent un appui feu direct au 1/377th mais la communication radio entre le bataillon et l’artillerie divisionnaire est perdu, pour être rétabli durant la matinée du novembre. Mais les Allemands lancent plusieurs attaques durant la journée avec l’appui de blindés légers. A 22h00, le Colonel Decker patron du 377th Infantry rapporte que la situation de son 1st Battalion est désespérée et le contact est encore rompu. Des patrouilles envoyées vers l’arrière pour porter des messages ne peuvent y parvenir. Mais durant la matinée du 15 novembre, les deux villages sont encore violemment attaqués mais le 1/377th tient bon avec des pertes. La situation tourne à l’avantage des Américains grâce à l’arrivée de renforts venus d’Illange et de chasseurs de chars. A 13h30, les Allemands doivent se replier et le 1/377th peut s’intégrer à la TF Bacon.
5 – La 10th Armored Division entre en scène
– Le 9 novembre, la 10th Armored Division du Major.General Morris se rassemble autour des localités de Molvange et de Rumelange, à bonne distance de toute observation ennemie, attendant l’ordre de Walker de démarrer son attaque en deux colonnes. Morris doit passer au-travers des lignes de la 90th Infantry Division pour frapper directement dans la profondeur du dispositif adverse. La colonne de gauche doit établir une tête de pont de l’autre côté de la Sarre, non loin de Merzig comme saisir Bouzoville, une importante artère routière et ferroviaire situées sur les deux côtés de la Nied. Mais le terrain désigné pour la 10th Armored Division est pourtant peu recommandé pour un déploiement blindé. On ne trouve qu’une seule route convenable, partant de Kerling et traversant Laumesfeld, Bibiche et atteignant Bouzonville. L’autre route qui peut être utilisé par les chars s’étend d’Oudrenne à Freistroff. Seulement, cette route n’a pas été utilisé par les Allemands pendant l’occupation et n’a pas été entretenue. Enfin, une progression dans les champs est fortement déconseillée avec le temps du mois de novembre.
– Pendant cinq jours, le Major.General Morris, attend de lancer sa division sur la rive droite de la Moselle. Cinq jours durant lesquels il reçoit ordres et contre-ordres. Il doit attendre le succès de l’assaut du 1/377th Infantry au nord de Thionville. Mais le 12 novembre, Walker ordonne au 1306th Engineer General Service Regiment du Lt.Colonel W.C. Hall de dresser un Pont Bailey sur la Moselle le 12 novembre et ce, sans considération pour le feu ennemi. En dépit d’un intense tir de canons allemands, le Pont Bailey est achevé à 09h30 le 14 novembre près de Thionville. Il reste alors le pont Bailey le plus log qui a pu être dressé sur le Front d’Europe occidentale.
Durant l’après-midi, le Combat Command B du Colonel William L. Roberts commence à traverser la Moselle, la tête de la colonne rejoignant le secteur de la 90th Infantry Division. Le 15 novembre à l’aube, tout le CC se trouve sur l’autre rive près de Kerling juste derrière l’écran protecteur formé par le 359th Infantry Division. Plus tard dans la journée, le CC A du Brigadier.General Kenneth G. Althaus traverse la Moselle pour se regrouper dans le secteur de Malling. Enfin, le 3rd Cavalry Group relève le flanc nord du 359th Infantry, en préparation d’une mission de reconnaissance sur le triangle Sarre – Moselle.
– Le CC B de Roberts commence le premier l’avance de la 10th Armored Division tôt dans la matinée du 15 novembre, avançant sous la pluie et la neige mêlées sur la route à l’est de Kerling. Le progrès du CC B est lent car les chars légers de reconnaissance placés en tête de colonne, sont forcés de faire plusieurs arrêts, à cause de la présence d’obstacles et de nids de mitrailleuses.
Le CC A d’Althaus (scindé Task Forces Chamberlain et Standish) démarre son avance à la fin de l’après-midi et entre dans Lemestroff, à la gauche de la ligne tenue par le 357th Infantry. Mais Althaus doit bientôt faire face à la présence de canons ; ce qui le contraint à placer sa colonne lourde à l’avant au lieu des chars légers. Les éléments restant de la 416. VGD et du Kampfgruppe de la 25. PzGren.Div résistent fermement jusqu’au 16 mais les blindés d’Althaus ont alors bien pénétré dans les positions allemands. La Task Force Chamberlain (Lt.Col. Thomas C. Chamberlin) oblique dans Kerling pour attaquer au sud-est de la principale route goudronnée et campant à Laumesfeld pour la nuit. La Task Force Standish (Lt.Col. Miles L. Standish) roule à l’est, vers Lemestroff et s’empare de Sainte-Marguerite. Le CC B dépasse ensuite Kirschnaumen aux prix de faibles pertes.
– Les 17-18 novembre, la 10th Armored Division reprend son avance, scindée en plusieurs Task Forces. Les Allemands ne peuvent leur opposer une résistance cohérente. Seuls plusieurs petits groupes armées de Panzerfaüste, de Panzeschreck ou même de fusils antichars périmés osent s’en prendre aux blindés. Mais 600 Allemands se rendent, pendant que le Major.General Weyland lâche ses 405th (Robert L. Delashaw) et 406th (Anthony V. Grossetta) Fighter Groups sur les colonnes en retraite, avec des résultats désastreux pour l’ennemi. Le 18 novembre, un détachement du Combat Command A atteint la Nied près de Bouzonville mais trouve les ponts détruits. En revanche, un petit groupe de fantassins portés et de chars découvre un pont près de Filstroff, endommagé mais toujours utilisable. Chars et GI’s portés le passent donc pour se retrouver de l’autre côté de la Nied au nord de Bouzonville. En même temps, le Combat Command B s’empare de Launstroff près de Merzig. L’une de ses Task Forces dépasse aussi Schwerdorff, à environ 1 km à l’est du confluent de la Nied et de la Sarre.
– Le 19 novembre, le CC A établit une tête de pont de l’autre côté de la NIed, même si un détachement d’arrière-garde du Grenadier-Regiment 73 résiste avec ténacité, causant 46 pertes aux Américains. De son côté, le CC B voit sa progression ralentie par une résistance ennemie beaucoup plus dure sur les routes menant à la Sarre. Toutefois, le Major.General Morris avait presque mené sa mission à bien, puisque l’enveloppement de Metz est sur le point d’aboutir. D’autant que les Allemands n’ont pas assez de réserves pour lancer une contre-attaque assez puissante par l’est. Walker ordonne alors à Morris de retirer tout son CC A sur la Nied pour rejoindre le reste de sa division plus à l’est. Durant la nuit du 19-20 novembre, les troupes du Colonel Roberts franchissent les ponts sur la Nied et rejoignent les éléments de la 90th Infantry Division alors en marche pour attaquer la Sarre.
6 – La 90th Infantry Division poursuit son attaque
– Alors que la 10th Armored Division s’emploie à passer à travers les lignes du 359th Infantry Regiment, la tête de pont de la « Tough & Ombres » atteint une largeur de plus de 8 km sur une profondeur de 7. Seulement, si les 19. et 416. VGD étaient en plein état de déliquescence, il existe encore une force capable de nuire à la progression américaine ; le Kampfgruppe de la 25. Panzergrenadier-Division renforcé d’un bataillon du Grenadier-Regiment 74. Von Knobbelsdorff reçoit alors l’autorisation de lancer une nouvelle riposte. Le Kampfgruppe se regroupe alors avec chars, canons d’assaut et artillerie, dans le Bois de Stuckange, sur le flanc droit du 358th Infantry Regiment du Colonel Clarke.
– A l’aube du 15 novembre, le Kampfgruppe déclenche son attaque à Distroff tenu par le 2/358th, ses positions bloquant la route menant sur les arrières du régiment. Mais la A Company du 712th Tank Battalion campe autour du village, de même qu’un peloton du 773rd Tank Destroyer Battalion positionnée derrière Distroff. A 07h00, les obus allemands tombent brutalement sur le village et ce, pendant vingt minutes. Les éléments d’assaut du KG s’élancent ensuite à l’assaut le long de la route de Metzervisse avec quelques chars et canons d’assaut en tête, deux bataillons d’infanterie suivant à pied ou dans des véhicules légers SdKfz. Mais un troisième bataillon qui tente d’envelopper le 2/358th par le nord est arrêté par un tir de barrage et ne pourra prendre part au combat. Tout près de Distroff, les chars et Sturmgeschützte allemands subissent un tir de riposte provenant du village. Les équipages préfèrent alors évacuer la zone, laissant les Grenadier partir à l’assaut. Un premier assaut est lancé pour être repoussé. Mais les Panzergrenadier repartent à l’attaque pour finalement percer les rangs du 2/358th. S’ensuit alors un violent combat dans les rues de Distroff. Une autre force d’infanterie allemande vient couper la retraite au 2/358th Infantry. Mais le Major William Wallace, commandant-adjoint du bataillon, tient les abords du village avec chars et Tank Destroyers. Du coup, le combat se transforme en une série d’actions pour tenir chaque maison. Les Américains se battent alors depuis les portes, les fenêtres et les toits à l’arme légère et au bazooka. Wallace fait alors appel aux mortiers chimiques de 4.2-inches qui tirent directement sur la ville. De son côté, le Colonel Christian H. Clarke ordonne à un peloton de Tank Destroyers de venir renforcer le 2nd Battalion. Les M10 Wolverine progressent alors vers Bistroff sous le couvert des obus fumigènes des mortiers lourd et engagent le combat contre les engins allemands. Le Colonel Clarke n’est d’abord par enthousiaste à lancer son 1st Battalion qui forme sa réserve, car en même temps, le 3/358th positionné à Inglange, subit un violent tir d’artillerie lourde.
Toutefois, du côté du 2/358th, le bataillon réussit à repousser l’assaut allemand après quatre de combat. Quatre Panzer, quatre Sturmgeschützte et six autres véhicules chenillés sont détruits à l’intérieur et autour du village.
– Le 15 novembre toujours, le 357th Infantry lance deux bataillons à l’assaut de la crête entre Budling et Buding mais ils sont arrêtés dans un vallon par un tir d’artillerie – des pièces françaises de 75 mm – provenant du fort du Hackenberg. Toutefois, le 3/357th parvient à s’approcher du fort sans pour autant subir de lourdes pertes. Avec le 1st Battalion tiré de la réserve, l’arrivée d’obusiers motorisés comme de chasseurs de char et une puissante contre-batterie – qui ne se révèle pourtant pas efficace – le 357th parvient à dépasser le fort. Ce n’est que le lendemain que des tirs directs réussissent à mettre les canons allemands hors d’usage. Le 17, l’attaque continue sur le village de Klang et le 3/358th s’empare du Hackenberg. Il n’y a dès lors plus de résistance allemande organisée sur le flanc droit de la 90th Division.
– Le 359th Infantry étant alors placé en réserve par Van Fleet, le 358th Infantry de Clarke démarre sont attaque, douze heures après le 357th Infantry afin de stabiliser la situation à Distroff. Le Colonel Clarke relance alors une attaque coordonnée entre ses trois régiments. Résultat, Metzevisse tombe après avoir été martelé par l’artillerie divisionnaire et du XXth Corps, puis de Metzeresche le 17, avant d’accrocher la route Dalstein – Metz.
– Les événements du 17 causent alors l’inquiétude de Hermann Balck qui voit le flanc droit (nord) de la 1. Armee reculer vers rapidement vers l’est, ce qui peut alors créer une brèche dans le front allemande qui ne pourrait être comblée. A 19h30, Balck ordonne à von Knobbelsdorff de reculer les 19 et 416. VGD sur la ligne Borg – Launstroff – Bouzonville, tandis que le XIII. SS-Korps redéploie ses lignes pour maintenir la jonction avec le LXXXII. Armee-Korps. Pendant la nuit du 17-18 novembre, les bouches à feu allemandes ouvrent le feu sur les positions de la 90th Infantry Division et la colonne de droite de la 10th Armored Division, permettant aux éléments avancés du LXXXII. AK de quitter la ligne de front pour se retrancher sur la ligne Borg-Launstroff-Bouzonville, tandis que le XIII. SS-Korps vient se coller à la gauche du LXXXII. AK.
Le 18-19 novembre, les forces américaines talonnent les colonnes allemandes en retraite. James A. Van Fleet expédie le 359th Infantry en poursuite, tout en relevant le 358th Infantry qui a terriblement besoin de repos. Le 359th Infantry atteint alors Luttange. Mais il reste à tendre la main à la 5th Infantry Division qui arrive par le sud. Les fantassins de Bacon continuent alors d’avancer vers le sud en camion – tant qu’il en est possible – ou à pied. Heureusement, la vitesse de l’avance américaine empêche plusieurs équipes de démolition allemandes de faire sauter les ponts sur la Nied. A la fin du 19 novembre, le 359th Infantry a franchi la NIed à Condé-Northen, à 9,5 km à l’est de Metz. Puis, la 90th Reconnaissance Troop tient Avancy, bloquant ainsi l’une des routes principales permettant aux Allemands de s’échapper de Metz. Les cavaliers et leurs M8 Greyhound mettent alors hors d’usage une trentaine de véhicules ennemis et capturent 500 prisonniers.
– Le 19 novembre, le 359th Infantry coupe encore une route menant à Metz aux Etangs, avec la coopération des chasseurs-bombardiers du XIXth Tactical Air Command qui harcèlent les colonnes allemandes en straffing. Matraqué par les canons et les P-47, beaucoup d’Allemands préfèrent trouver leur salut dans la reddition. Vers 10h30, la 90th Reconnaissance Troop recontre le 735th Tank Battalion, unité de soutien de la 5th Infantry Division. Pour les Américains, cela indique que la fermeture de la poche de Metz est achevée. Van Fleet ordonne alors au 357th Infantry de George de lancer un assaut sur Boulay-Moselle mais il doit annuler ce projet car Walker lui ordonne de regrouper sa division en vue d’un assaut sur la Sarre. La rapidité et la performance de la 90th « Tough & Ombres » a impressionné Patton qui a qualifié son passage de la Moselle comme l’un des « franchissements d’une rivière épique dans l’Histoire ». Ayant en dû traverser la Moselle dans des conditions difficiles, les fantassins de Van Fleet ont infligé 2 100 pertes à l’ennemi, mis hors d’état 40 chars et canons d’assaut, 75 pièces d’artillerie et 200 véhicules. Mais la ténacité et les contre-attaques de l’ennemi, ainsi que la résistance des forts de la Ligne Maginot situés sur son passage, lui ont néanmoins coûté 2 300 officiers, sous-officiers et soldats.
VII – LA CAPITULATION DE METZ
– La situation urgente dans le secteur de Metz conduit Hermann Balck à prendre des mesures d’urgence. Ainsi, la Nr. 462 Division devient la 462. Volks-Grenadier-Division et reçoit un apport nécessaire en éléments du Génie et en Artillerie. Mais les jeunes élèves officiers de la Junkerschule qui avaient défendu les approches ouest de la ville sont partis intégrer d’autres unités sur le Front de l’Ouest. Du coup, von Knobbelsdorff et Hörnlein ne peuvent compter que sur des réservistes ayant largement dépassé la limite d’âge, des soldats mal entraînés des Festungs-Bataillone (bataillons de forteresse), des bataillons de malades. En fait, les types d’hommes affublés du sobriquet de « demi-soldats ». Le commandement de la défense de Metz est alors confié au Generalleutnant Vollrath Lübbe.
– La question de la défense de Metz suscite plusieurs interrogations au sein du commandement allemand. Si Gerd von Rundstedt se montre sceptique quant au maintien de la tête de pont, plaidant même pour son abandon, le loyal sinon servile Feldmarschall Wilhelm Keitel – qui parle au nom de son maître Hitler – refuse toute idée de retraite. Et Hermann Balck et son état-major vont quelque peu dans le même sens que Keitel, à ceci dit près qu’ils estiment pouvoir retarder les Américains dans un combat urbain à l’intérieur de Metz, le temps de laisser au reste de la 1. Armee le temps de se replier au plus près des frontières du Reich. Balck veut ainsi montrer sa volonté de tenir Metz, tout en refusant catégoriquement d’expédier le peu de blindés qui lui reste dans un contre-attaque à l’issueplus qu’incertaine.
– Les forces de la garnison de Metz avant le début de l’attaque américaine se chiffrent à environ 14 000 soldats et officiers, dont 9 000 à 10 000 combattants mais à la qualité très inégale. La 462. VGD forme alors le gros des forces de défense avec 7 000 combattants. Le Grenadier-Regiment 1215 de l’Oberst Stössel couvre le flanc nord de la ville non loin de Maizières-lès-Metz et maintient la jonction avec la 19. VGD sur la Moselle. Le Sicherheits-Regiment 1010 (Régiment de Sécurité) de l’Oberst Anton se tient dans le secteur de Norroy-Amanvillers. Sur son flanc gauche, le Grenadier-Regiment 1217 (Oberstleutnant Richter) est déployée sur une ligne étroite entre Ars-sur-Moselle et la rive ouest de la rivière. Le Festungs-Regiment 22 (Régiment de Forteresse) tient un secteur restreint de l’autre côté de la Moselle et fait la jonction avec la 17. SS-Panzergrenadier-Division « Götz von Berlichingen ».
Les autres unités de forteresses comptent 3 bataillons d’infanterie, 1 bataillon de mitrailleuses lourdes réparti dans divers secteurs fortifiés et dans la ville. L’artillerie disponible de Lübbe se limite à l’Artillerie-Regiment 761, au Festungs-Artillerie-Bataillon 1311 et à quelques batteries de FlaK.
Enfin, les seules troupes de réserves disponibles sont le Grenadier-Regiment 1216 (462. VGD), le Füsiller-Bataillon 462, ainsi qu’un bataillon de reconnaissance émanent de la 17. SS-PzGren.Div.
2 – La 5th Infantry Division démarre l’enveloppement par le sud
– La 5th Infantry Division a profité de la pause du mois de novembre pour panser ses plaies, completer ses effectifs et se reposer, tout en relevant la 95th Infantry Division dans la tête de pont au sud de Metz. En vue d’envelopper Metz par le sud et par l’est, le Major.General Leroy S. Irwin a placé ses troupes comme suit : le 2nd Infantry Regiment occupe le saillant formé sur la rive droite (est) de la Seille, soit l’aile droite ; le 10th Infantry tient le centre et le 11th Infantry la gauche. Enfin, c’est l’aile droite de a division, soit le 2nd Infantry du Colonel Worrell A. Roffe, qui doit porter l’effort principal de l’attaque, avec comme objectif principal le secteur baptisé « goose egg » (œuf d’oie), soit le secteur de Sanry-s/-Nied – Ancerville, sur la Nied Française. Le choix de cet itinéraire doit permettre à la 5th Infantry Division de contourner les ouvrages de la Ligne Maginot qui lui ont donné du fil à retordre en septembre-octobre précédents. D’autre part, le contrôle des deux rives de la Nied Française permettra au XXth Corps de couper les routes de communications allemandes au sud-est de Metz, dont la grand-route Metz – Château-Salins – Strasbourg, très importante pour les Allemands. Ainsi, la 5th Infantry Division doit couper l’axe Metz – Strasbourg empêcher l’ennemi de s’assurer la jonction ferroviaire menant à Sarrebrück. Cependant, les obstacles les plus importants à franchir restent la Seille et la Nied Française. A priori, ni l’une ni l’autre de ces deux rivières ne présente de gros problèmes de franchissement mais leurs cours ont été gonflés par les fortes pluies de novembre.
– A la 5th Infantry Division appuyée par le 735th Tank Battalion, les Allemands opposent la 17. SS-Panzergrenadier-Division « Götz von Berlichingen » du SS-Brigadeführer Werner Ostendorff, convenablement complétée – sauf pour ce qui concerne son parc blindé – et forte de 15 843 officiers et soldats. Même si elle manque des chars et de canons d’assaut, elle possède tout son parc d’artillerie, en plus des canons et obusiers (mörsers) de soutien du XIII. SS-Korps de Hermann Priess. Une partie du Panzergrenadier-Regiment 38 se tient en réserve entre Courcelles-Chaussy et Han-s/-Nied, afin d’appuyer directement la 462. VGD dans Metz si nécessaire.
Le saillant de Cheminot, formant une sorte de balcon entre la 5th Infantry Division et l’aile droite du XIIth Corps (80th Infantry Division) est tenu par quelques troupes de la 48. Infanterie-Division. Enfin, Hermann Balck a donné l’ordre d’établir une défense en profondeur, même si les effectifs de Priess ne le permettent pas.
– Dans la nuit du 5-6 novembre, les 2nd et 10th Infantry Regiments commencent à relever les mines et les « booby traps » placés devant leurs lignes de départ. Des patrouilles relèvent un qu’un pont est resté intact près de Longueville-lès-Cheminot. Et le 774th Tank Destroyer Battalion suit l’Infanterie de près. Cependant, les rivières gonflent à cause des pluies. Le 8 novembre, la Seille est en crue. Et la Moselle noie les lignes de communication de la division.
Toutefois, le 9 novembre, l’US Air Force est en mesure d’intervenir. Ainsi, la VIIIth US Air Force de Carl Spaatz peut aligner 1 299 appareils B-17 et B-27 pour appuyer les Ist, IIIrd et VIIthArmies. Dans le seul secteur du XXth Corps les bombardiers lourds larguent 3 753 tonnes de bombes à plus de 20 000 pieds, visant particulièrement la ceinture de forts autour de Metz. Rien que dans la cité, 689 bombes lourdes sont lâché mais aucun des forts n’est atteint, même si les lignes de communications (routières et téléphoniques) de l’ennemi sont endommagées. 432 autres bombardiers visent Saarbrück sans grand résultat, pendant qu’à Thionville, les avions manquent totalement leurs cibles. La IXth Bombardment Division rassemble 94 bombardiers moyens pour frapper quatre des forts de Metz. Mais le temps nuageux ne permet d’en regrouper que 74. Finalement, les appareils reçoivent l’ordre de frapper les centres de regroupement allemands de Dieuze et Faulquemont. Là encore, le bombardement américain n’a que peu d’effet sur les positions allemandes. Toutefois, le Major.General Otto P. Weyland se montre assez satisfait, estimant que le bombardement massif a permis un bon déploiement des fantassins du XXth Corps, en frappant dans les réserves allemandes.
– Du côté des troupes au sol justement, la 5th Infantry Division d’Irwin doit attaquer en parallèle de la 80th Infantry Division du XIIth Corps d’Eddy pour le 8 novembre, afin de maintenir le cohésion à la jointure de l’aile gauche et du centre de la IIIrd Army. Mais visiblement, Horace McBride n’en a pas été informé. Ce manque de coordination va continuer d’affecter les divisions situées aux ailes de chaque corps pendant plusieurs jours. A 06h00 le 9 novembre, le 2nd Infantry Regiment du Colonel Roffe démarre son attaque le long de la Seille en crue grâce à des petits navires d’assaut. Une escouade réussit à investir Cheminot dont les canons tiennent le cours sud de la Seille. Mais les Allemands avait déjà reçu l’ordre de s’échapper du piège créé par l’avancée de la 80th Infantry Division. Le 10th Infantry Regiment (Colonel Robert B. Pell) lance aussi son assaut, conjointement avec le 2nd Infantry mais son 3rd Battalion se heurte à une forte résistance aussitôt arrivé sur la rive droite de la Seille. Une compagnie d’Allemands solidement retranchée dans les bâtiments de la Ferme de la Hautonnerie, résiste avec détermination. Lorsque l’Infanterie américaine encercle la ferme, le Hauptmann allemand envoie un message pour signifier qu’il résistera jusqu’à la mort « pour le Führer ».
– Si le 3/2nd Infantry se retrouve freiné un temps dans son effort, le 2/2nd avance bien plus rapidement, appuyé par les chasseurs-bombardiers du 362nd Fighter Group, qui frappe directement les lignes de communication allemandes, forçant l’ennemi à se retirer tout droit vers le nord, dans la zone du 10th Infantry. A la tombée de la nuit, les trois bataillons du 2nd Infantry sont sur la rive droite de la Seille, de même que deux du 10th Infantry. La tête de pont de la 5th Infantry fait alors près de 4,9 km de long et 5,6 km de large. Au nord-est de Louvigny, les 2 Régiments joignent leurs flancs, rendant la ligne avant beaucoup plus cohérente. Les Américains ont alors capturé 200 Allemands seulement, le reste ayant préféré s’échapper par le nord et par l’est.
– Le 10 novembre, malgré plusieurs résistances, l’aile gauche de la 17. SS-PzGren risqué de s’effondrer. Les trois bataillons du 2nd Infantry avancent alors en pointe, suivis de flanc par le Combat Command B de la 6th Armored Division (Colonel Read), du XIIth Corps. La Task Force Lagrew chasse alors les Allemands de Vigny. Le 2/2nd Infantry du Lt.Col. L. K. Ball dépasse Vigny sur le coup de 13h20, en coopération avec les chars.
Pendant ce temps, les blindés du CC B de la 6th Armored coupent la route Vigny – Buchy. A milieu d’après-midi, la TF Lagrew s’empare de Buchy qui est alors contourné par le 3/2nd Infantry du Lt.Col. R.E. Connor. Cette prise permet alors aux XXth et XIIth Corps de « souder » leur ligne de ravitaillement. Plus tard durant la journée, le 1/2nd Infantry passe à travers les lignes du 2/2nd Infantry et roule vers le nord, capture Pagny-lès-Goin à l’issue d’une bref mais difficile combat, puis après un combat coûteux mais réussi, il s’empare de Silly-en-Saulnois, aidé par l’avance de la 6th Armored Division sur sa droite.
Le 11 novembre, le 2nd Infantry Regiment maintient son avance rapide vers l’est et la NIed Française depuis Silly-en-Saulnois. Arrivé sur la Nied, le 50th Field Artillery Battalion se place en position et ouvre le feu sur Courcelles-Chaussy à l’est de Metz, situé sur une jonction ferroviaire menant sur Sarrebrück. Pendant ce temps, la colonne de gauche du CC B s’empare d’un pont à Sanry-s/-Nied, ce qui place son avant-garde à 2 km plus au nord des lignes du 2nd Infantry
– La bonne avancée des hommes du Colonel Roffe nécessite une sécurisation de ses lignes de ravitaillement. Profitant de l’absence de toute réaction allemande contre les lignes du 2nd Infanty, Irwin ordonne alors au 11th Infantry du Colonel Pell d’étendre son flanc droit au-delà de la Seille, permettant alors au 10th Infantry du Colonel Yuill de se déployer sur une ligne ouest-est face au Bois de l’Hôpital. Pendant que le 2nd Infantry se redéploie au nord et que la 2/2nd Infantry de Ball franchit la Nied Française tôt durant la matinée du 12 novembre à Sandry-s/-Nied, passant à travers du dispositif du CC B et se déployant pour défendre Sandry. Pendant la nuit du 12-13 novembre, plusieurs patrouilles de combat de la « Götz von Berlichingen » convergent vers Sandry pour tenter d’y chasser les Américains. Mais les Waffen-SS sont durement repoussés par les Américains, renforcé par une section de Sherman et une autre de chasseurs de chars. Toutefois, la 17. SS-PzGren.Div prend avantage de l’obscurité pour se retirer vers le nord.
– Le 13 novembre au matin, le 1/2nd Infantry traverse la Nied et s’empare d’Ancerville sans rencontrer de résistance organisée. Mais ce même jour, la pluie se mêle à la neige, causant le ralentissement de la progression de la 5th Division. Du coup, Leroy S. Irwin ne donne pas d’ordre au 2nd Infantry de continuer au nord de la Nied. Bien que cinq compagnies ont déjà traversé la Nied, les Allemands ne tentent rien, permettant au génie divisionnaire de poser un pont sur la Nied près d’Ancerville pour renforcer le dispositif défensif sur la rive est de la Nied. Les troupes allemandes situées dans les environs tentent néanmoins de lancer des incursions durant la nuit du 13 novembre. Ainsi, une force combinée issue des SS-Panzergrenadier-Regiment 38 et de la 21. PzDiv parvient dans Sandry mais elle est repérée et repousser avant d’avoir pu détruire le pont. Le 13, le 10th Infantry Regiment occupe les Forts de l’Aisne et de l’Yser, situés sur l’anneau extérieur des Forts de Metz, au sud du Bois de l’Hôpital. Et le 11th Infantry s’assure le contrôle du secteur Fey – Pournoy-la-Chétive et Coin-lès-Cuvry, qui avait dû être abandonné en septembre.
– Le 13 novembre, Walker appelle Irwin pour le féliciter de l’avance de sa division et lui explique que la jointure des dispositifs des 5th Division et 95th Division a été modifié afin de permettre à Metz de tomber. Walker laisse alors à Irwin la décision d’envoyer, ou non, le 2nd Infantry Regiment traverser la Nied. Ne voulant en aucun cas perdre le contrôle de sa tête de pont acquise, Irwin ordonne au Colonel Roffe de renforcer son dispositif à l’est de la Nied. Manœuvre très peu risquée, étant donné la couverture d’artillerie assurée en faveur du 2nd Infantry.
Les 10th et 11th Infantry Regiments reprennent leur avance vers le nord sous une pluie froide. Le 11th chasse l’ennemi du bois au sud-ouest de Ferdun et s’empare ensuite de Prayelle après un violent combat. Le 10th Infantry progresse très bien de son côté en nettoyant la moitié ouest du Bois de l’Hôpital. Alors que le 11th Infantry combat durement contre une résistance allemande plus dure, les troupes d’avant-garde du 10th se trouve à plus de 3,5 km de la limite de Metz. Irwin ordonne alors au Colonel Yuill de pousser tout droit en direction de la ville. Irwin souhaitait libérer le 2nd Infantry Regiment du flanc droit de la Division mais Patton refusa catégoriquement afin de ne pas exposer le flanc gauche du XIIth Corps d’Eddy.
– Le 15 novembre, les lignes de la 5th Division sont renforcées et les unités se regroupent afin de lancer l’assaut sur Metz. Remontant la rive gauche de la Seille, le bataillon de droite du 10th Infantry chasse définitivement les Allemands du Bois de l’Hôpital, avant d’entrer dans Marly tenue par le Festungs-Maschinengewehr-Bataillon 48 (bataillon de mitrailleurs de forteresses). S’ensuit alors un combat particulièrement violent. Au milieu de l’après-midi, un bataillon du SS-Panzergrenadier-Regiment 38 débouche des fortifications au nord de Sorbey pour tenter de reprendre le contrôle de la rive ouest de la Nied, avec pour objectif le pont de Sanry. Mais les Allemands sont accueillis par un feu nourri du 2nd Infantry Regiment et finissent par se retirer vers le nord en évacuant Sorbey. Le 3/2nd Infantry bondit alors de ses lignes de départ et chasse des éléments du SS-Pz.Gren. 38 de Mécleuves. Pendant ce temps, après de très durs combats contre des détachements de mitrailleurs, le 11th Infantry du Colonel Pell capture Augny et parvient à la limite de l’aérodrome de Frescaty à la tombée de la nuit.
4 – Situation ennemie dans Metz
– Pendant la nuit du 11 novembre, sur aval de Hermann Balck, Otto von Knobbelsdorf fait évacuer Metz, laissant la defense de la ville à Lübbe avec la 462. VGD et l’agrégat d’unités de forteresses qui y est sciemment sacrifié. Le mot d’ordre d’évacuation est diffusé par les membres du Parti Nazi. L’anabase vers la Sarre s’effectue alors avec des camions Renault et Citroën. La 17. SS-Pz.Gren.Div quitte alors la Moselle par la brèche au sud de la ville. Mais Hitler, éprouvant alors un soudain intérêt stratégique pour Metz ordonne que des éléments de mitrailleurs et de soldats bien pourvus en Panzerfaüste se joignent à la défense en vue d’un long siège. Le Führer se fait encore des illusions.
En outre, le haut-quartier-général allemand reste dubitatif quant aux capacités de commandement de Lübbe pour assurer la défense de Metz, étant donné qu’il a été victime d’une attaque aérienne. Keitel enjoignit alors à Balck de soumettre une liste « d’élus » pour prendre le commandement de la défense de Metz. Après plus envois de messages, la mission de défendre Metz revient au Generalleutnant Heinrich Kittel, patron de la 49. Infanterie-Division. Kittel prend son poste le 14 novembre, pendant que Lübbe le remplace à la tête de la 49. ID. Kittel était un officier chevronné de l’Ostfront qui avait l’expérience des combats urbains et de la défense des villes. Sa première remarque était de montrer que l’appellation de « Forteresse de Metz » était quelque peu usurpée. Sur le plan tactique, il était déterminé à tenir les positions le long de la rive ouest de la Moselle autant que possible, en articulant sa défense à partir des Forts Jeanne d’Arc, Driant, de Plappeville et de Saint-Quentin.
– Lorsqu’il prend son commandement, Heirich Kittel ne trouve que deux jours de rations disponibles pour sa garnison. Mais pendant la nuit du 14 novembre, un train de provision – le dernier – arrive à Metz pour acheminer du ravitaillement pour deux semaines, 48 pièces d’artillerie de modèles allemands et italiens – en majorité des obusiers légers d’infanterie de calibre 70 mm – et des munitions. Mais si les fantassins et les mitrailleurs vont pouvoir disposer de munitions suffisantes, les canons, tous calibres confondus, ne peuvent compter que sur 4 000 obus. L’artillerie divisionnaire de la 462. VGD n’avait des munitions que pour trois jours de combats intenses.
D’autre part, Kittel réclame 12 000 civils pour renforcer les ouvrages et les structures défensifs mais l’OKW refuse de dépenser un travailleur. Ses requêtes pour renforcer les champs de mines et les lignes barbelées restent aussi sans réponse.
– A peine prend-t-il son commandement, que Kittel ordonne de lancer une contre à l’ouest de Metz afin de soulager le Grenadier-Regiment 1216, durement engagé dans la défense de Thionville. Hermann Balck lui octroie alors ce qui reste du SS-PzGren.Regt 38, alors réduit à 800 hommes environ. Mais celui-ci a été durement engagé par la 5th US Infantry Division et ne peut se désengager de ses positions avant le 15 novembre. Le Füsillier-Bataillon 462 tente alors une contre-attaque à l’ouest du Fort Jeanne d’Arc mais c’est un échec. Au nord, la poussée américaine s’avère si vigoureuse que les Grenadier-Regimente 1215 et 1216 ne peuvent coordonner efficacement leur riposte. Lorsque la nuit tombe le 15 novembre, il apparaît certain qu’aucune contre-attaque ne peut être lancée.
Balck ordonne alors à Kittel de préparer de nouvelles positions et de tenir autant que possible sa principale ligne de défense. Mais, Kittel se voit aussi enjoindre de contre-attaque localement, notamment près de Woippy (nord) et sur l’aérodrome de Frescaty (sud) afin de repousser les pénétrations américaines. Par conséquent, Kittel doit reconnaître que la situation qui se présente à lui est désespérée. Il ne peut recevoir le renfort (dérisoire) que de 400 hommes de la Volkssturm, armés de vieux fusils Lebel, qui s’installent entre le Fort de Saint-Privat et le Fort Queuleu.
6 – L’attaque de la 95th Infantry Division
– Avec la réussite des mouvements de flanc, la 95th Infantry Division de Twaddle se retrouve libre pour lancer une offensive de front contre Metz au centre du XXth Corps. Après avoir réduit le saillant de Maizières-lès-Metz les 8-9 novembre, la 95th Division passe une semaine à sonder les lignes ennemies en lançant de patrouilles nocturnes. Harry F. Twaddle et son état-major mettent alors au point un plan de manœuvre suivant lequel, le 379th Infantry Regiment du Colonel Clifford P. Chapman doit effectuer une progression au nord du Fort Jeanne d’Arc, avant de percer la chaîne des petits ouvrages dite des « Sept nains ». Celle-ci faisant le lien entre le Fort Jeanne d’Arc et le Fort Driant. Son objectif final est d’atteindre Jussy et la lisière du Bois de Vaux, sur le plateau bordant la Moselle.
– A l’aube du 14 novembre, les obusiers de 105 mm du 359th Field Artillery Battalion ouvrent le feu sur le ouvrages allemands, suivis par tous les bataillons d’artillerie du XXth Corps. Après trente minutes de tirs préparatoires, le 2/379th Infantry (aile gauche du régiment) se lance à l’assaut sur la route située entre les ouvrages de Guise et le Fort Jeanne d’Arc. Quinze minutes plus tard, c’est autour du 1/379th d’attaquer en vue de passer à l’attaque de la ligne à l’est de Gravelotte. Les fantassins américains progressent sous un déluge d’obus provenant du Fort Driant. Mais ils ne rencontrent aucune résistance sérieuse de la part de l’Infanterie allemande. A 11h00, 2 compagnies (E et F) du 2nd Battalion ont contourné le Fort Jeanne d’Arc pour se mettre à l’abri sur le plateau boisé au nord-ouest de Rozerieulles, derrière le fort. Les Allemands tentent alors de lancer une contre-attaque mais sont immédiatement repoussés dans leurs abris. Les Allemands reviennent deux fois à l’assaut pour être deux fois repoussés avec de lourdes pertes. Sur la droite, 2 compagnies du 1st Battalion (A et B) connaissent davantage de difficultés dans leur progression, en raison d’un terrain plus difficile en contrebas du Fort Driant. Heureusement, les « Sept Nains » ne comprenaient pas un nombre de soldats suffisant. Du coup, peu après 14h00, les deux ouvrages de Jussy et le Fort Saint-Hubert tombent. La A Compagny tente alors de prendre d’assaut le Fort du Bois de la Dame à 16h00 mais n’y parvient pas en raison du tir nourri provenant du Fort Driant, suivi d’une contre-attaque de la garnison. En fin de soirée, la situation du 379th Infantry devient critique car 2 compagnies de son 1st Battalion se retrouvent coupées du reste du régiment par des éléments du Füsilier-Bataillon 462 à l’est de Gravelotte. Plus grave encore, la force d’attaque du 2nd Battalion se retrouve désorganisée et l’unité perd son commandant, le Lt.Col. J.J. Golson qui est sérieusement blessé. Les deux bataillons ont vu leurs pertes augmenter pendant la journée et la seule roue de ravitaillement disponible est prise sous le feu des canons du Fort Jeanne d’Arc. Le seul moyen de les ravitailler reste l’envoi de munitions et de médicaments par les airs.
– Pendant la nuit du 14-15 novembre, Kittel envoie des réserve face au centre du dispositif américain. Mais le 15, Twaddle déploie des éléments du 378th Infantry Regiment du Colonel Samuel L. Metcalfe sur la rive ouest de la Moselle, avec pour objectif de progresser vers le nor et le nord-ouest afin de défaire la pression sur le 379th Infantry. A 09h00, les C et L Companies, emmenées par le Lt.Colonel Tobias R. Philbin commencent à lutter pour se frayer un chemin pour rejoindre les deux compagnies isolées du 1/379th Infantry. Mais là encore, les Allemands profitent des avantages du terrain, ralentissant la progression américaine. Mais elle ne l’arrête pas, puisque juste après 12h00, la C Company établit la jonction avec le 1/379th Infantry. Toutefois, une tentative pour atteindre Jussy se solde par un échec. Et la G Company, réserve du 2/379th ne rencontre pas plus de succès en voulant renforcer les troupes au sud-est du Fort Jeanne d’Arc.
Les Américains tentent d’envoyer des équipes de démolition durant la nuit mais là encore, en vain. Il apparaît alors à Twaddle que le 379th Infantry ne pourra atteindre son objectif initial sans une route de ravitaillement sécurisée. Ainsi, le 16 novembre, le 3/379th Infantry tenu jusque-là en réserve est envoyé dans la zone du 2/379th où il capture les Blockäuse de la Ferme de Saint-Hubert et de la Ferme de Moscou, avant de nettoyer les tunnels menant à l’arrière des forts principaux.
– Au sud du Fort Jeanne d’Arc, le Füsilier-Bataillon 462 continue de combattre pour repousser le 1/379th Infantry. Harris W. Walker envoie l’ordre à Twaddle, comme à ses autres généraux subordonnés, de reprendre l’attaque vers Metz. Mais du côté de la 95th Infantry Division, le 379th Infantry est hors d’état de poursuivre tout effort en raison de ses pertes et du manque de ravitaillement. Toutefois, tôt durant la matinée du 18 novembre, un convoi de 30 Jeeps atteint les lignes du 3/379th et le contact est enfin rétabli entre ce bataillon et le 1st. Le 379th Infantry relance alors son attaque vers Moulins-lès-Metz et durant la soirée, une patrouille de GI’s met la main sur le pont autoroutier menant à Metz.
Même s’il a laissé des troupes allemandes sur ses arrières dans les Forts Jeanne d’Arc et des Sept Nains, le régiment n’est pas inquiété car l’ennemi encerclé reste terré dans ses forts. Durant la nuit du 18-19 novembre, le premier convoi de Jeeps et de camions GMC atteint Moulins-lès-Metz. La principale route de ravitaillement est alors sécurisée, afin de permettre la suite de l’offensive vers Metz.
7 – L’attaque des 377th et 378th Infantry Regiments
– Alors que le 379th Infantry attaque le secteurs des Forts Jeanne d’Arc et Driant, les 377th et 378th Infantry (moins 1 bataillon chacun) se rattachent à la Task Force Bacon sur la rive droite de la Moselle, afin de commencer une manœuvre coordonnée. Le 378th Infantry devant attaquer la ligne Canrobert et la Crête de Fèves et le 377th Infantry du Colonel Fred E. Gaillard se trouvant en charge du principal effort en poussant vers le sud le long de la rive ouest de la Moselle.
Pendant la nuit du 14-15 novembre, les 1 et 3/378th Infantry se déportent au nord pour se regrouper près de Pierrevillers, laissant le Captain William M. Saint-Jacques, commandant de la Service Company du Régiment tenir une ligne de 7 km avec une section antichar, une escouade de reconnaissance et quelques unités d’intendance et de logistique.
– Face au 378th Infantry, l’ennemi tient encore la ligne du Bois de Fêves, le long de laquelle s’étend la ligne Canrobert avec quatre forts, eux-mêmes couverts par les fortifications d’Amanvillers. Toutefois, les actions de la 90th Infantry Division avaient permis d’enfoncer le flanc nord de la Ligne Canrobert qui n’était pas couvert, lors de la poussée dans le secteur de Maizières-lès-Metz.
Le 15 novembre à 08h00, après un tir préparatoire d’artillerie de quinze minutes, le 1/378th Infantry et la B Company du 778th Tank Destroyer Battalion (chasseurs de chars M10) démarrent leur assaut contre le Fort de Fêves, tout au nord de la Ligne Canrobert. Il y a beaucoup de brouillard et le temps est humide. La A Company est arrêtée lorsque son commandant, le Captain G.W. Hunter est tué mais un officier blessé, le Lieutenant Leo Prough réussit à atteindre la Ferme de Frémecourt pour se retrouver derrière le Fort de Fêves qui tombe à 11h00. Cela permet aux Américains d’approcher Metz par le nord et le nord-ouest. L’attaque se poursuit alors sur le plateau aud-ouest du Bois de Woippy. Pendant l’après-midi, les troupes de sécurité des Sicherheits-Regiment 1010 et le Grenadier-Regiment 1215 qui finissent par évacuer leurs lignes en désordre après une dure mais éphémère résistance. A 16h00, le 3/378th comble le vide entre lui et le 1st Battalion.
– Mais l’effort principal de la 95th Infantry Division commence à 10h00 avec le 377th Infantry Regiment qui s’alance au sud de Maizières-lès-Metz contre les positions du Grenadier-Regiment 1215 réduit à la moitié de ses forces. Précédés par les chasseurs de chars, les GI’s font de sérieux progrès. En milieu de journée, le 3/377th s’est emparé de La Maxe, pendant que le 2/377th combat durement pendant tout l’après-midi pour nettoyer Woippy à plus de 2 km du centre de Metz, contre des éléments du Gren.Rgt 1215 et du SS-PzGren.Regt 38. En soirée, les derniers combattants allemands se sont rendus ou ont abandonné la ville.
– Pendant la nuit du 15 novembre, plusieurs patrouilles lancées par les deux régiments entrent en contact les unes avec les autres. Les succès américains de la journée ont non seulement permis de tourner le flanc nord de la tête de pont allemande à l’ouest de la Moselle, mais aussi de menacer le corridor de ravitaillement et d’évacuation passant par les Monts de Metz. Enfin, les forces de Kittel sont privées de leurs points d’observation de la Crête de Fêves. Heirich Kittel cherche alors à envoyer des renforts dans ce secteur mais ne trouve qu’une compagnie du SS-Pz.Gren.Regt 38. Il envoie alors des ordres au Sicherheits-Regiment 1010 pour qu’il se replie sur une ligne ouest – est passant par la Ferme de Leipzig et le Fort de Plappeville. Seulement, le régiment en question est gravement démoralisé et désorganisé. Du coup, l’ordre de Kittel ne se concrétise que par des retraits de petits groupes qui se transforment très vite en sauve-qui-peut. Le Fort Lorraine est abandonné sans combat. Le 16 novembre, les 2 compagnies du SS-Panzergrenadier 38 évacuent le secteur de Woippy, causant l’effondrement du Grenadier-Regiment 1215.
– Pendant la nuit du 16-17 novembre, l’attaque des 377th et 378th Infantry se transforme en pousuite sur des routes jonchées de véhicules, de canons et d’équipements abandonnés. Durant la matinée du 18 novembre, après une réorganisation, les deux régiments de la 95th Division reprennent leur avance, alors que des équipes de Pioniere posent des charges de démolition sur plusieurs ponts de Metz enjambant la Moselle. Plusieurs sautent sauf un qui est laissé intact. Le 377th Infantry atteint la banlieue de Sansonnet, avant que le Colonel Gaillard n’envoie une compagnie de fantassins appuyés par quelques chars s’emparer d’un pont sur le Canal de Hafen. Les GI’s ramassent alors 250 prisonniers. Une patrouille du 3/378th Infantry atteint elle aussi le pont dans cette zone. A 11h40, des patrouilles de la 95th Infantry Division rencontrent le 10th Infantry Regiment près Vallières, juste au nord de Saint-Julien-lès-Metz. Le 11th Infantry Regiment pénètre lui aussi dans Metz le 18 novembre, pour nettoyer les rues et les maisons entre la Moselle et la voie de chemin de fer dans le secteur au sud-ouest de la ville. Toutefois, son 2nd Battalion reste tenu en échec face à la défense acharnée du Fort de Saint-Privat.
8 – Capitulation de Metz
– Le 16 novembre, Heirich Kittel comprend que ses lignes ouest, nord et sud sont en train de s’effondrer. Et les lignes est restent sans défense, exceptés quelques points tenus par quelques troupes maintenant un contact fragile avec le reste de la 1. Armee. Otto von Knobbelsdorff envoie alors pour ordre à Kittel de commencer une évacuation vers l’est. Les derniers civils allemands résidant à Metz sont alors évacués par quatre companies motorisées. Suivant un ordre apparent de Hitler, les éléments restant du SS-Panzergrenadier 38 quittent eux aussi Metz pour rejoindre la « Götz von Berlichingen » qui doit participer à la contre-offensive des Ardennes. Mais un tel ordre n’est pas parvenu à Kittel qui apprend le départ des Waffen SS le 17 novembre seulement. Kittel et ses forces sont alors livrés à eux-mêmes et le commandant de Metz ne peut plus coordonner ses efforts défensifs. Les restes hagards du Sich.Regt 1010 sont regroupés autour du Fort de Plapeville, pendant que ceux du GR 1215 sont encore positionnés autour de l’ouvrage de Saint-Quentin. Le Füsi.Bat 462 est coupé du reste des forces au Fort Jeanne d’Arc, le GR 1217 tente d’établir une nouvelle ligne de défense autour du Fort Driant. Le Festungs-Regiment 22 se retrouve fragmenté en détachements autour des Forts de Saint-Privant, Queuleu et Saint-Julien. Et enfin, environ 400 irréductibles défendent encore l’Île Chambière.
– Au soir du 17 novembre, les échanges téléphoniques entre l’Île Chambière et le commandement central de Metz cessent définitivement. Les Allemands ne tentent aucune bataille urbaine sérieuse hormis la défense de quelques bâtiments. Le 21 novembre, une patrouille de la 95th Infantry Division tombe sur Heirich Kittel dans un hôpital sous-terrain. Le général alelmand a été sérieusement blessé et se trouve sous morphine. Pendant l’après-midi, les combats cessent officiellement. La 462. VGD a cessé d’exister. Les sources allemandes estiment alors les pertes de la defense de Metz à 400 tués, pour 22 000 blessés.
Enfin, les derniers forts contournés durant le dernier assaut seront réduits par les pièces de 155 mm et l’assaut des GI’s. Dans le secteur de la 5th Infantry Division, le Major.General Irwin doit mobiliser tout le 2nd Infantry du Colonel Roffe pour en venir à bout. Les combats pour leur prise va durer jusqu’à début décembre. Le Fort de Saint-Quentin se rend le 6 décembre, le Fort de Plappeville le 7 et le Fort Driant le 8 à 15h45. Le même jour à 16h00, la 87th Infantry Division du Major.General Curtis G. Cullin vient relever la 5th Infantry Division. En raison de son isolement, le Fort Jeanne d’Arc ne se rend que le 13 décembre au IIIrd Corps du Lieutenant.General Milikin nouvellement arrivé sur le front.
– Pour la seconde offensive contre Metz, la planification effectuée par Walker et son état-major, ainsi que le sens de l’initiative des commandants de division et de regiments ont mené à un veritable succès avec des pertes limitées. Toutefois, les Allemands ont résisté avec ténacité, du moins jusqu’à la mi-novembre. Aussi bref fut-il, le retard pris par les Américains dans la défense de Metz a pemis aux restes étrillés d’Otto von Knobbelsdorff de se retirer sur la Sarre.