– Du côté de la 1. Armee allemande, la fureur s’empare du QG d’Otto von Knobelsdorff aussitôt l’annonce de l’arrivée d’une colonne mécanisée américaine (Combat Command A de la 4th Armored) dans le secteur de Dieulouard. Von Knobelsdorff fait alors immédiatement renforcer la défense dans le secteur de Bénicourt afin de protéger la route de Nomény. C’est aussi à ce moment que von Knobelsdorff obtient l’autorisation de Johannes von Blaskowitz d’évacuer Nancy.
– Dans le même temps, le commandant de la 1. Armee ponctionne 2 bataillons de Panzergrenadiere à la 17. SS « Götz von Berlichingen » stationnant à Metz qu’il attribue à la 3. Panzergrenadier. Enfin, il obtient l’arrête du transfert du Panzer-Grenadier-Regiment 115 (Oberst Wolfgang Maucke) – élément de tête de la 15. PzGren–Div. – à la 5. Panzer-Armee plus au sud, pour le concentrer dans le secteur de Dieulouard. Cependant, le Generalmajor Hans Hecker patron de la 3. PzGren, n’a pas attendu l’ordre de ses supérieurs pour mener des contre-attaques localisés contre les Américains. C’est ainsi que dans les premières heures du 14 septembre, Hecker décide de frapper la 80th US Infantry Division en profitant du terrain formé de collines, de bois, de cours d’eau et de ravin. Bien dotés en mitrailleuses et appuyés par des Panzer et des canons d’assaut (Sturm-Geschützte), des petites détachements de Panzergrenadiere malmènent durement les positions des 317th et 318th Infantry dans les secteurs de Sainte-Geneviève et de Loisy. Seulement, les éléments des PzGren-Regte 104 et 115 ne vont pas plus loin. En riposte, Eddy ordonne à McBride de lancer ses deux régiments à l’assaut pour reprendre Sainte-Geneviève et s’emparer de Nomény, Leyr, Serrières, du Mont Toulon ainsi que du Mont Saint-Jean. Le 317th Infantry de Cameron contre-attaque, reprend Sainte-Geneviève, rejette le Grenadier-Regiment 1119 (553. VGD) des pentes de la Falaise et accroche le Mont-Toulon.
– COMBATS DE LA CRÊTE DE MOUSSON
– De son côté, avec l’aide de M4 Sherman du 702nd Tank Battalion, le 318th Infantry – commandé alors par le Colonel Milton C. Shattuck – reprend Loizy et s’ampare d’Atton. La Forêt de Facq tombe après un violent combat et à 14h00, le petit château sis la Crête de Mousson passe aux mains du 3/318th. Les Allemands se contentent alors de lancer plusieurs petites contre-attaques dans le Forêt de Facq.
– Sauf que pendant la nuit, la 3. PzGren-Div reçoit d’importants renforts permettant à Heckert de coordonner une sa contre-attaque le lendemain. Il dispose donc du GR. 1119 sur le flanc sud de la 80th Infantry Division, de 4 à 5 compagnies du Lw-Fd-Regt. 92 et sur le flanc nord, du Panzer-Aufklärungs-Abteilung 115 (reconnaissance blindée) et de la 49. SS-Panzergrenadier-Brigade issue de la 17. SS « GvB » (Markus Faulhaber). Heckert ordonne de lancer la contre-attaque le 15 septembre.
– L’attaque de la 3. Panzer-Grenadier est encore plus brutale. Au sud, le 3/317th se fait rejeter des pentes de La Falaise et ne doit son salut qu’au barrage salvateur de 4 bataillons d’artillerie. L’avance se poursuit sur la route de Loisy mais le bourg reste aux mains des Américains grâce au renfort d’un bataillon du 319th Infantry venu renforcer le flanc droit du 318th. Au nord, progressant plutôt bien dès 05h00 du matin, les Allemands reprennent la Forêt de Facq et Atton. Plus grâce encore, en raison d’une confusion au niveau de la transmission des ordres, Sainte-Geneviève tombe sans grande difficulté durant la nuit du 14 au 15, les Américains étant forcés de se replier sur Landrémont. Résultat, le 3/318th se retrouve dangereusement isolé sur la Crête de Mousson. Le 2/317th tient la Cote 382 (centre de la Crête de Sainte-Geneviève) de haute-lutte face à une série d’attaques ennemies et sous un violent tir de mortiers. A 04h30, Horace L. McBride ordonne au 1/317thappuyé par quelques engins du 610th TDB de porter secours au 2/317th. Sur le coup de 13h00, les Américains réussissent à renforcer la Crête de Sainte-Geneviève. Quelques minutes plus tard, une colonne de 15 engins blindés allemands arrive par la Forêt de Facq. Les Tank Destroyers ouvrent le feu et mettent hors de combat neuf blindés ennemis. Heckert tente alors de prendre Sainte-Geneviève par une dernière contre-attaque mais il est devancé par un tir de barrage des 155 mm postés à l’ouest de la Moselle et par une attaque de chasseurs-bombardiers des 373rd et 406th Fighter Groups (303rd Fighter Wing, XIXth Tactical Air Command) commandés respectivement par William H. Schwartz et Anthony V. Grossetta.
– Pendant l’après-midi, Heckert déclenche un violent assaut tout à la gauche (nord) de la 80th Infantry Division à Loisy contre les positions tenues par le 1/319th et des hommes du 305th Combat Engineer Battalion, appuyés par des obusiers Howitzer de 105 mm. Mais à l’inverse des espoirs allemands, les Américains résistent avec détermination. Cela n’empêche pas les troupes d’Heckert d’exercer toujours une forte pression sur les Américains isolés sur la Crête de Mousson. Et comme si cela ne suffisait pas, la 80th Infantry Division perd son commandant d’artillerie, le Brigadier.General Edmund W. Searby tué par un tir allemand alors qu’il dirigeait le feu d’appui aux trois régiments d’Infanterie de la Division. Toutefois, les Américains n’enregistrent pas que des résultats négatifs durant la journée du 15. En effet, plusieurs mitrailleuses bien positionnées, des mortiers, ainsi qu’un tir de barrage effectué par les 105 mm du 314th Field Artillery Battalion positionné à Pont de Mons empêchent les Allemands de déborder la Crête de Mousson. Et quoiqu’il en soit, la brutalité des attaques d’Heckert n’empêche pas les pertes de s’accumuler dangereusement dans ses rangs. Côte américain, c’est la perte de moral qui atteint sérieusement les bataillons américains. A cela s’ajoute le fait de combattre dans un terrain particulièrement difficile. Le 317th Infantry qui a dix jours de combat dans les bottes a perdu une grande partie de ses forces.
– Les Allemands repartent à l’attaque le matin du 16 depuis la Forêt de Facq avec cette-fois le concours du Panzer-Grenadier-Regiment 115 de Maucke utilisé en bélier. Mais heureuement, sur ordre d’Eddy, Wood envoie le CC A de sa 4th Armored en renfort pour secourir le 1/318th. Parti du secteur d’Arracourt, le CC A du Colonel Bruce C. Clarke se met en marche. Mis à terre, les hommes du 53td Armored Infantry Battalion dégagent les pentes de la Crête de Mousson pendant que la Compagnie C du 35th Armored Battalion parvient en convoi danes les lignes du 1/318th. Le CC A envoie aussi environ 1 000 prisonniers allemands dans les lignes du XIIth Corps.
– Le 16 septembre, McBride ordonne au 1/318th de reprendre Sainte-Geneviève après avoir été réapprovisionné et relevé par le 1/319th. Le 1/319th poursuit alors les Allemands en retraite et pousse jusqu’à Lesménils, au nord de la Forêt de Facq. Pendant ce temps, plus au sud, le 1/318th reconquiert la Foret de Facq. Mais au centre, le 317th Infantry doit encore repousser plusieurs contre-attaques allemandes durant la journée. Les Allemands pilonnent duremment les pentes de La Falaise avec l’artillerie de la 3. PzGren-Div, avant d’y lancer leur Infanterie. Mais les Américains répliquent efficacement grâce à 11 P-51 Mustang qui massacrent les assaillants en rase-motte avant de déclencher un tir de contre-batterie. La tentative allemande de réduire la tête de pont de Dieulouard s’avère être un échec tactique mais pour le XIIth Corps, l’alerte a été particulièrement chaude. La confiance des hommes de la 80th « Blue Ridge » a été ébranlée et oblige Horace L. McBride à réorganiser ses trois régiments. En outre, les troupes de Patton ont perdu un instant ce qui faisait leur force plusieurs jours auparavant, la rapidité et la mobilité.
– Le 16 septembre, Patton presse encore ses trois corps et ordonne à Eddy d’atteindre le Rhin pour accrocher les environs de Darmstadt. Eddy ordonne alors à McBride d’achever le nettoyage de la tête de pont de Dieulouard, pendant que la 4th Armored Division et la 35th « Santa Fe » doivent marcher en colonne vers le nord-est. Eddy ordonne aussi au CC B de la 4th Armored d’Holmes E. Dager de poursuivre sa route de puis la rive nord du Canal Marne-Rhin afin d’alléger la pression sur la 80th Infantry Division en direction de Nomény. Les 16-17 septembre, la progression du CC B en direction de Nomény se fait plus difficile que prévu, car les Allemands ont garni la route d’obstacles, de pieux et de mines. Durant l’après-midi du 17, le CC B se trouve encore à mi-chemin entre le canal Marne-Rhin et Nomény.
– Entre-temps, Patton attribue à Eddy le renfort de la 6th Armored Division « Super Sixth » qui avait activement participé à la conquête de la Bretagne le mois précédent. Cette unité est commandée par le Major.General Robert W. Grow, un ancien ingénieur diplômé de l’Université du Minnesota qui avait servi au Mexique en 1916 avant de se spécialisé dans la Cavalerie et l’Artillerie. Grow avait en outre participé à constituer la première force mécanisée de l’US Army dans les années 1930. En 1940, il avait servi au sein de la 2nd Armored Division sous les ordres de Patton avant de prendre le commandement de la 6th en mai 1943. Pour l’heure, seul le Combat Command B (Colonel George W. Read Jr.) de la « Super Sixth » était arrivé en Bretagne depuis la région de Lorient, précédent le reste de la Division et le CC A.
– LE CC A DE LA 6th ARMORED DEBLOQUE LA SITUATION
– L’arrivée de cette unité mécanisée à effectifs quasi-pleins assure au XIIth Corps la possibilité de relancer son offensive sur la rive orientale de la Moselle. Eddy décide alors de former une nouvelle Task Force avec le CC A de la 6th Armored, le 134th Infantry et le 737th Tank Battalion (Lt.Col. Richard Chadwick) qu’il place sous le commandement du Brigadier.General Sebree. Elle a pour mission de se porter vers le nord afin de nettoyer le Bois de Faulx et le Bois de la Rumont en liaison avec la 80th Infantry. Le CC B de la 4th Armored se regroupe avec le reste de la Division.
La Task Force Sebree démarre son avance le 17 septembre pour chasser les éléments de la 553. Volks-Grenadier des plateaux au nord-est de Nancy que domine le « Pain de Sucre », une butte qui offre un bon point d’observation. Le 18, le 1/134th s’empare du Pain de Sucre sans grande difficulté. Mais la 553. VGD passe à la contre-attaque dans l’obscurité depuis Agincourt et rejette les Américains qui perdent 150 hommes et des armes lourdes. Eddy ordonne alors à Sebree de contre-attaque immédiatement. En coordination avec le 137th Infantry qui attaque vers la colline d’Amance et appuyé par 3 Bataillons d’artillerie, le 3/137th reprend le Pain de Sucre en fin d’après-midi. Dans le même temps, 12 P-47 « Thunderbolt » du 36th Fighter Group (Col. Jim Tipton) mitraillent les pentes ouest de la Colline d’Amance et neutralisent plusieurs pièces d’artillerie, ce qui permet au 134th de s’assurer le contrôle du secteur, pendant que le 134th Infantry s’empare définitivement du « Pain de Sucre ». Malheureusement, la tentative de prendre le Bois de Faulx échoue à cause d’un tir nourri de mortiers allemands.
– Dans l’après-midi du 19 septembre, le 137th Infantry de Sears reprend son avance, réussit à nettoyer la Forêt de Champenoux avant d’accrocher la route Nancy – Château-Salins où il se trouve accueilli par des tirs de mortiers de 120 mm. Mais le 20 septembre, les Allemands déclenchent une violente contre-attaque par le nord de la Forêt de Champenoux, avec le Grenadier-Regiment 1120 renforcé d’éléments d’instruction. Les combats sont particulièrement violents, une compagnie américaine se retrouvant réduite à seulement 6 hommes. Il faut l’intervention de trois compagnies du régiment avec l’appui de chars du 737th TB pour dégager le bois. Mais la présence de canons de 88 mm empêche les Américains de reprendre la route vers Château-Salins.
– Manton S. Eddy est cependant décidé à mettre la fin à la résistance qui retarde ses 80th et 35th Infantry Divisions. Il ordonne alors à Wood de placer toute la 4th Armored Division pour tenir et pousser sur le flanc droit du XIIth Corps. Action qui doit être coordonnée avec une attaque combinée des 80th « Blue Ridge » (centre) et 35th « Santa Fe » (centre-gauche) ainsi que du CC B/6th Armored Division (flanc gauche) pour le 21 septembre. Eddy rattache alors le CC B du Col. Read à la 35th Division de Baade. Eddy remarque alors qu’il existe une brèche au sud-ouest de Lunéville entre les forces allemandes afrontant la 4th Armored et celles qui retiennent la 35th Division. C’est par ce « trou de souris » que le CC B de Read devra s’engouffrer. Le 21, il se concentre dans le secteur de la Forêt de Grémecey avec le 69th TB, le 44th Armored Infantry Battalion et les canons automoteurs M7 Priest du 212th Armored Field Artillery Battalion. Le 22 septembre, le Colonel Read quitte ses positions par la brèche attribuée à son unité et se dirige au sud-ouest vers la Seille en maintenant un contact radio avec le 35th. L’avance se passe bien et les équipages de Sherman de Rear se retrouvent dans le dos de la 553. VGD complètement surprise et progressent en trois colonnes – au prix de 6 chars de perdus – pour atteindre et dégager Armaucourt.
– Presque simultanément, les « Thunderbolt » du XIXth TAC, les « Long Tom », obusiers M1 et canons lourds de 240 mm du XIIth Corps déclenchent un déluge de feu et d’acier sur les secteurs d’Amance, de Champenoux et de Leyr, détruisant des véhicules et massacrant des chevaux. Dès que le feu cesse, Paul W. Baade lance ses 134th et 137th Infantry Regiments qui nettoient tout le secteur en faisant plusieurs centaines de prisonniers. Le lendemain 23, le Bois de Faulx est nettoyé. La 553. VGD qui a réussi à se replier en grande partie lance alors plusieurs contre-attaques locales qui sont repoussées. Le jour même, l’Oberst Erich Löhr ordonne – sans autorisation – de replier ses unités affaiblies sur Château-Salins. Il sera jugé par une Cour martiale pour cette décision. Le commandement de la 1. Armee ordonne alos de lancer une contre-attaque sur la ligne Custines – Leyr – Ajoncourt mais cette entreprise se révèle impossible.
– LA 80th DIVISION REPREND L’OFFENSIVE
– Sur le flanc sud du XIIth Corps, la 80th Infantry Division retrouve de l’élan et attaque sur l’ensemble de a ligne malgré l’affaiblissement de ses régiments. Le 317th Infantry du Colonel Cameron nettoie le triangle Landrémont-Morey-Milléry avant de prendre d’assaut le Bois de la Rumont le 21. Le repli de la 553. VGD permet ensuite à la division de s’emparer du bas massif à l’est de Serrières ; en particulier des Monts Saint-Jean et Toulon.
Patton qui suit la progression de la Division de McBride ordonne alors à ce qu’elle exerce une poussée vers la Seille et d’y organiser une ligne de défense. McBride indique à son supérieur que cette mission peut-être exécutée à travers Moivron et Jeandelaincourt. Il donne alors l’ordre au 318th Infantry d’attaquer plus au sud afin de soutenir l’attaque du 317th. McBride demande aussi un plus fort appui en artillerie, ce qu’Eddy lui octroie en envoyant les obusiers lourds du 404th Field Artillery Group derrière la Moselle près de Millery. Le 26 septembre, appuyé par les chars de la « Super Sixth » et par un important parti d’artillerie, le 2/317th attaque Moivron. Mais son Infanterie épuisée et décimée ne peut s’emparer de la petite ville. Et le 318th qui se retrouve pris sous un tir de barrage sur le Mont Saint-Jean n’a pas plus de succès. Néanmoins, la 80th Infantry Division a réussi à former une tête de pont de 8 km de large et d’environ 2 km de profondeur, empêchant ainsi la 3. Panzer-Grenadier-Division pour mettre sur pied une nouvelle contre-attaque pour éliminer sa tête de pont.
– Si la « Blue Ridge » a capturé 1 905 Allemands depuis la fin du mois d’août, elle a connu de lourdes pertes, avec plus de 2 100 hommes tués, blessés et portés disparus.
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